AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,33

sur 829 notes
5
49 avis
4
28 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai tendance à 'oublier' ce qui fait la différence entre un roman sympa (mais pas vraiment marquant) et un grand livre (qui sera lu et apprécié par des générations). Et là, après Fouché, je m'en souviens !
Fouché est un grand livre. Et, surtout, Zweig est un grand écrivain.

Ses phrases sont ciselées, son propos est limpide et ses expressions sont toujours justes, au point qu'on se prend à relire certains passages ne serait-ce que pour la musique des mots. J'ai relevé quelques citations, mais il y a de petites perles de style presque à chaque page. Il paraît d'ailleurs que c'est encore mieux en VO allemande, j'essaierai peut-être un jour...

Cette écriture fluide et belle sert un contenu tout à fait intéressant : l'étude du caractère de l'intrigant et opportuniste Joseph Fouché, et de son parcours de ruse et de trahisons dans les coulisses de la Révolution et de l'Empire. La petite histoire, celle des alliances et des changements de camps au gré du vent, croise la grande, et contribue à la faire. En ce sens, ce livre est instructif. Et l'instruction est fort plaisante grâce à l'analyse psychologique très fine de ce héros méconnu, brillant et travailleur, mais irrémédiablement amoral. Bref, un livre passionnant.
Commenter  J’apprécie          804
Je connaissais Stefan Zweig pour ses romans et ses nouvelles ; j'ai découvert très tard qu'il avait également écrit une série de biographies historiques, dont celle-ci, consacrée à l'un des personnages les plus étranges de la Révolution française et de l'époque napoléonienne : Joseph Fouché.

Si vous ne vous êtes jamais réellement penché·e sur cette période, il se peut que le nom de fouché ne vous dise rien, éclipsé par les frasques plus célèbres d'un Robespierre ou d'un Napoléon. Ce personnage plus obscur a toutefois réussi l'exploit de participer à tous les régimes politiques depuis la Révolution jusqu'à la Restauration en passant par l'Empire. Après avoir massacré des centaines d'insurgés à Lyon, il parvient à se brouiller avec Robespierre pendant la Terreur sans y laisser sa tête ; invente la police (rien que ça) et parachève la chute de Napoléon, pour finir par mourir exilé et oublié de tout le monde. Autant dire que son parcours politique a été pour le moins mouvementé et imprévisible. Côté intrigues et manipulations, il n'y a guère que Talleyrand, sa némésis, pour lui tenir le haut du pavé (l'excellente pièce le Souper, de Jean-Claude Brisville, imagine d'ailleurs leur concertation/confrontation post-Waterloo, dans un jeu politique de haute volée).

Zweig s'attache tout particulièrement à dresser un portrait psychologique de fouché, à discerner la logique et ses évolutions derrière ses innombrables revirements : là-dessus, c'est très réussi. On sent d'ailleurs toute la passion de Zweig pour l'analyse psychologique. Quant à savoir si cette biographie nous présente le "vrai" fouché ou l'interprétation de Zweig, le débat reste ouvert. Là où ça aurait pu être un peu plus creusé, c'est en ce qui concerne l'apparition des mécanismes politiques qui ont plus ou moins perduré par la suite (notamment le déplacement de l'arène politique de la scène aux coulisses et les fondements de la police moderne). Toutefois, c'est peut-être un peu trop demander à une biographie historique qui n'en reste pas moins remarquable. Je n'exclus pas d'en lire d'autres de Zweig un jour.
Commenter  J’apprécie          531
Qui se cache derrière les grands hommes? D'autres grands hommes, mais dans l'ombre, grands par l'influence mais qui, plus libres que ceux dressés devant la grande lumière, peuvent s'autoriser tous les machiavélismes et se laisser aller, par leur talents diplomates, là où les portent leurs intérêts les plus vils.
Pas étonnant que ce grand observateur de l'âme humaine qu'est Zweig se soit intéressé au personnage de Fouché, car on tient là un incroyable spécimen de cette race de grands hommes de l'ombre : aussi terne par l'aspect qu'il est puissant par l'esprit, dépourvu de morale et avide de puissance, bourreau de travail, opportuniste et versatile, il faut reconnaître que le bonhomme est aussi répugnant que fascinant!

J'ai beaucoup appris de cette biographie qui traverse quelques unes des plus grandes pages de l'histoire de France et adoré découvrir, sous la plume toujours aussi impeccable de Zweig, la vie hors normes de cet homme parti de rien, qui a commencé par servir le clergé comme professeur de mathématiques pour se retrouver sur les bancs de l'assemblée aux grandes heures de la Révolution, toujours attentif à tourner dans le sens du vent au bon moment, envoyé à Lyon pour mettre à bas les ennemis de la Révolution avec une violence zélée pour ensuite tourner casaque et se prononcer pour la mort de Robespierre, et aboutir au plus haut rang de l'Etat derrière Napoléon, à la tête d'une police qu'il a structuré pour longtemps et dont il a fait un état dans l'Etat.

Quel horrible personnage, mais quel incroyable destin!
On lit cette biographie comme un roman d'aventures de temps héroïques, ceux de la Révolution et de l'épopée bonapartiste qui, comme le dit Zweig, prennent fin avec la disparition de leurs derniers grands protagonistes, dont Fouché, pour laisser la place à l'ère de la bourgeoisie.
Passionnant!
Commenter  J’apprécie          533
Imaginez un être avide de lumière négociant depuis l'ombre, à la duplicité invariable, la fourberie inflexible, l'hypocrisie nette. Sa raison n'est pas idéologique, elle est pragmatique : être du bon côté de la barrière quelle que soit l'herbe qu'il y a à brouter. À une époque trouble après la révolution, où l'indécision entre république et royauté semble pouvoir basculer au gré des courants d'air de la guillotine ou des sifflements de boulets, Joseph Fouché a forcément tergiversé. D'un camp à l'autre, d'un extrême à l'autre. Louis XVIII ou Bonaparte, les Girondins ou les Montagnards, un as de la voltige, la vedette de tous les mercatos politiques. Capable de tueries mémorables en se faisant passer pour humaniste, c'est le roi de la contradiction et de la manipulation d'opinion, l'équilibriste de l'indécision tant que la majorité n'est pas fixée, se tenant à l'affût, prêt à récupérer les billes qu'il a placées prudemment dans les deux camps. Elle est d'ailleurs surtout là sa tactique, se positionner partout, être capable de se justifier sur tout, même son contraire. Un génie de l'embrouille malaimé et pour cause, peu aidé on s'en doute, mais pourtant toujours là une trentaine d'années durant.
De là à dire qu'il est le parangon du politique, je n'ose croire à l'ère de la mémoire vidéo à portée de clic qu'un tel parcours soit possible aujourd'hui. Qu'un tel homme politique avide de lumière puisse exister encore, peu de doute là-dessus par contre.
La bio qu'en dresse Stéphan Zweig est passionnante, axée sur les faits historiques et les travers psychologiques. À la fois fine et dense, croustillante et précise, elle m'a emporté dans sa prose toujours aussi élégante. Du coup je jette un oeil curieux vers ses autres bios.

« C'est dans de tels moments de tension, deux minutes avant la décision, que sa nature amphibie se sent le mieux à l'aise. Être craint par deux partis et être en même temps l'objet des avances de chacun d'eux tout en sentant trembler dans sa propre main le fléau de la balance, c'est toujours pour cet intrigant passionné la volupté des voluptés. »
Commenter  J’apprécie          514
Après Marie-Antoinette, Marie Stuart et Magellan, Stefan Zweig m'a raconté fouché.
Quel destin pour cet homme sulfureux, ambivalent, traite et cynique.
Près de 300 pages denses ; une biographie qui s'attarde sur la psychologie d'un homme qui trace son chemin sans ciller et qui aura le dessus sur Robespierre et Bonaparte.
L'opportunisme comme mode de vie.
L'écriture flamboyante, le ton ironique, le style pince-sans-rire et la richesse des faits historiques rendent cette lecture passionnante.
Commenter  J’apprécie          412
♪♪ Je crie vive la révolution
Je crie vive les institutions
Je crie vive les manifestations
Je crie vive la collaboration
Non, jamais je ne conteste
Ni revendique ni ne proteste
Je ne sais faire qu'un seul geste
Celui de retourner ma veste
Toujours du bon côté
♪♪♪♫♫♫
S'il y a un personnage historique qui aurait pu fredonner ce succès de Jacques Dutronc en boucle toute sa vie, c'est bien Joseph Fouché.
J'avoue que découvrir la vie de ce personnage via la plume de Stefan Zweig est vraiment un moment de pur bonheur littéraire.
Homme de l'ombre, amoral, ambiguë, ambivalent, machiavélique, d'une intelligence fine mais dangereuse, manipulateur, on ne peut compter les termes qui définissent ce personnage hors du commun qui a clairement marqué son époque.
Fouché , sous la plume de Zweig, revit et on ne peut faire autrement que de s'intéresser à ce personnage qui est tout sauf sympathique, mais qui fut un grand homme dans son genre..
Zweig nous dresse un portrait sans concession, mais d'une finesse de Fouché, qui fut l'homme de toutes les situations de la Révolution française à l'abdication de Napoléon .
Ce livre m'a permis de me rafraichir la mémoire, car même si je connaissais le personnage, j'ai réalisé grâce à Zweig qu'il tenait la dragée haute à Talleyrand qui était jusqu'à présent pour moi l'un des personnages historiques les plus retors…mais Fouché, franchement…respect…
Je n'avais pas réalisé qu'il avait un pouvoir aussi impressionnant. Pour moi, il était juste le ministre de la police pas très populaire de Napo…. D'ailleurs ,quel duo que ces deux : ils ne s'aimaient pas mais chacun reconnaissait à l'autre son génie…
Fouché a aussi été l'ennemi de Robespierre, ce que je ne savais pas et a su changer ( déjà à l'époque ) de bords aux bons moments lors de cette période ou quelquefois un mot de travers signifiait un aller simple vers la guillotine…
Le style de Zweig, magnifique, son écriture fluide, sa façon de raconter l'histoire de Fouché m'ont complètement envoutée et j'ai lu avec beaucoup de plaisir ce que je ne peux que qualifier de petit bijou littéraire. L'auteur a su analyser avec beaucoup de justesse et de psychologie celui qui de prêtre défroqué devint un jour duc d'Otrante….

J'ai adoré, et puis c'est tout !!


Challenge ABC 2019/2020
Challenge Solidaire 2020
Commenter  J’apprécie          4010
Merci à Cécile et Isabelle qui m'ont permis de mieux faire connaissance avec ce personnage historique que j'avais déjà côtoyé sans bien le cerner, mais le connaissant mieux, désormais, s'il était encore de ce monde, je m'abstiendrais de fréquenter son environnement !
Joseph Fouché, un être ambigu, paradigme du politicien rusé, magister pour beaucoup d'épigones politiques habiles à tourner leur veste, à changer leur fusil d'épaule, à faire volte- face passant , sans vergogne, d'un camp à l'autre, sachant rester tapis dans l'ombre, à guetter, comme un fauve, et bondir, sans complexe, sans scrupule à pieds joints pour se retrouver, le moment opportun au premier rang , celui qui était, quelque temps auparavant la lignes ennemie.
Stephan Zweig s'attache avec brio, dans cette biographie, qui est présentée comme le chef-d'oeuvre de toutes les biographies qu'il a écrites, à dévoiler les multiples facettes de fouché. Zweig fouille, décrypte, analyse et explique le comportement de cet homme étrange, ondoyant, qui, nourri de préceptes catholiques, deviendra un terrible séide pilleur d'église, menant une politique de déchristianisation, tombeur de Robespierre, tenant un rôle primordial dans l'avènement de Bonaparte au Consulat, dans l'accession de Napoléon sur le trône impérial.
Une lecture qui m'a plongée dans un pan de notre histoire particulièrement dramatique. Zweig, en s'appuyant sur la biographie de Louis Madelin, a su mettre en exergue toute l'intensité de la dualité de fouché.
A travers cette lecture, j'ai mieux saisi les méandres sophistiquées de cette période riche en évènements et je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'aurait été l'attitude d'un tel personnage aussi retors, imprévisible, amoral et immoral dans le tumulte de la Seconde Guerre mondiale.
Commenter  J’apprécie          4013
Né dans une famille de commerçants, Joseph Fouché est placé très jeune dans une école catholique pour y devenir prêtre, seule carrière qui peut s'offrir aux enfants de familles desargentées. Il se coule étonnamment bien à la discipline et y apprend des qualités qui lui serviront toute sa vie de diplomate, la technique du silence, l'art de la dissimulation, l'observation et la connaissance psychologique de ses interlocuteurs. Il renonce rapidement à la prêtrise pour devenir professeur de sciences à Nantes puis s'engage avec son ami Robespierre en suivant les États Généraux qui se tiennent en 1789 et parvient à se faire élire à la Convention en 1792. Commence alors une carrière politique qui va lui permettre de traverser tous les régimes politiques Révolution, Directoire, Consulat, Empire, et retour de la Monarchie, parvenant au sommet du pouvoir en tant que ministre de la police, alternant exils et disgrâces, mais revenant toujours au premier plan à force d'intrigues et de dossiers secrets qu'il accumule patiemment pour les ressortir au moment le plus stratégique.

S'appuyant sur une biographie de Louis Madelin, Zweig propose un portrait psychologique de Joseph Fouché , remettant en cause les interprétations des écrivains qui se sont emparés de ce personnages sulfureux qui, par son sang froid et son absence de scrupules, a fait couler beaucoup d'encre.
Plus machiavélique que Machiavel lui-même, Joseph Fouché apparaît comme un camelon génial qui sait rester en retrait, attendre son heure, se taire pour laisser l'interlocuteur se dévoiler, sentir la direction du vent et attendre pour s'engager dans le camp qui sera vainqueur. Louvoyant et surfant sur la vague qui lui permet de se maintenir au pouvoir, son attitude relève plus de la manipulation que d'une recherche de gloire ou d'argent, deux valeurs qui ne sont pas les moteurs de sa psychologie.
Cette biographie permet de cerner un homme controversé qui a su traverser plusieurs périodes historiques tourmentées en tirant toujours son épingle du jeu, grâce à un flair politique hors du commun mais aussi grâce à son intelligence opportuniste, dénuée de scrupules, cynique, n'hésitant pas à sacrifier ses pions, et grâce à des qualités de retrait et de discrétion qui l'ont toujours fait passer entre les mailles du filet.
Une biographie édifiante et glaçante, comme le personnage....
Commenter  J’apprécie          393
Le joli petit monde des "biographies" de Stefan Zweig est l'avatar de "La Comédie humaine" De Balzac : on y dépeint l'humanité ordinaire... et quasi-immuable, ici au fil des siècles.

Certes, récits vus par le prisme d'un destin (tragique, pour l'essentiel) tout particulier... Courbe existentielle de quelques figures "historiques" saillantes et révélatrices d'une Epoque, ni plus ni moins "barbare" ou cruelle qu'une autre : Joseph Fouché, Marie-Antoinette, Marie Stuart, Honoré [de] Balzac, Sigmund Freud, Magellan...

Ce petit "livre de poche" (282 pages) non seulement ne dépare pas la série des biographies... mais l'éclaire en nous passionnant pour un personnage antipathique et, osons le dire, touchant puisqu'il mérite notre compassion -- grâce à l'éclairage empathique que pose sur lui notre nouvelliste viennois "compassionnel" favori...

Répétons-le encore ici : l'autrichien Stefan Zweig est un CONTEUR et -- comme nous le dirions aujourd'hui -- un "bosseur fou", un perfectionniste (dans ses recherches biographiques puis dans le cisèlement de ses phrases et sa pensée, toujours brillantes) [Cf. son "Balzac" : dix années de son énergie vitale consacrée à cet autre grand homme des lettres... ], obsessionnel du "petit détail vrai" (ce qui nous ramène à la matière des romans de Simenon, "bosseur fou", lui aussi d'une prolixité extraordinaire dans une qualité également constante et extraordinaire...)...

La saloperie de "Jo Fouché" ne nous est pas masquée ; cependant, nous sommes "avec lui" , nous soufflons et respirons d'aise quand le "mitrailleur de Lyon" vient à bout -- sournoisement, certes, mais par habile tactique -- de la saloperie rigide et autocratique de Maximilien de Robespierre !

Nous sommes presque navrés de sa fin misérable, fruit du désaveu royal -- final, sournois mais logique -- vis-à-vis d'un "régicide" parmi d'autres...

Epoustouflés par cet art de survivre, de passer "à travers les gouttes" (ou plutôt des flots de sang de l'invention du Docteur Guillotin...)

Car il nous émeut, ce salopard de Fouché ! Il est comme nous : humain... Il tenait, au fond, juste à "sauver sa peau" et accessoirement : "faire son trou" et "avoir sa part du Gâteau" en ces temps plus que changeants et troublés...

Et tout cela, Stefan Zweig nous le fait RESSENTIR sans jamais rien surligner ! Et le respect constant de la vérité humaine de tous ces personnages croisés... Si loin des vulgarités ("flatte-goût-du-jour") d'un Jean Teulé prostituant son écriture dans l'imbécile "Heloïse, ouille !" (!!!)

Bref, DE LA LITTERATURE, pas de la pâtée industrielle à Gros-Blaireaux : une expérience humaine relatée en 1929, et qui restera dans nos consciences de lecteurs pour longtemps.

C'est que... Stefan Zweig était un ARTISTE, lui ! ;-)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
Commenter  J’apprécie          385
Deuxième biographie de Stefan Zweig que je lis après l'enthousiasmante Marie-Antoinette, fouché qui m'a tenu en haleine, se lit comme un page-turner.
Joseph Fouché, un peu moins connu, tout du moins à mes yeux, que les grandes figures de la Révolution, comme Danton, Robespierre ou Desmoulins, est sans conteste, de par sa carrière politique et sa personnalité, un personnage extraordinaire qui présentait toutes les caractéristiques pour attirer l'attention de Stefan Zweig.
Issu d'un milieu commerçant nantais assez modeste, professeur de mathématiques chez les Oratoriens, il devient rapidement député à la Convention lorsque la Révolution éclate. D'abord Girondin, il bascule chez les Montagnards après avoir voté la mort de Louis XVI. Il est envoyé à Lyon pour anéantir la ville où il est responsable de la mort de plus de 1500 personnes et où il gagne le surnom de "mitrailleur de Lyon".
Après avoir joué un rôle de premier plan dans la chute et l'exécution de Robespierre, il disparait des radars mais revient très vite et enchaîne les postes de ministre de la Police, sous le Consulat, le Directoire, le premier Empire, et le règne de Louis XVIII. Il connait des périodes de disgrâce mais rebondit toujours, jusqu'à son exil en Autriche pour régicide et sa mort à Trieste.
Le curriculum-vitae est brillant sur le papier, mais ce qui le rend exceptionnel sous la plume de Stefan Zweig, c'est l'analyse du fonctionnement et des traits de caractère de ce personnage.
fouché est un animal au sang froid. Après dix années dans les rangs de l'Eglise, sans prononcer les voeux, il ne se dévoile pas, n'exprime pas ses émotions et ne se donne jamais à personne et à aucune force politique. Il suit le mouvement et, sans valeurs ni principes, a l'art consommé de choisir au dernier moment le parti du plus fort et de "retourner sa veste".
Adepte de Machiavel, fouché est le prototype de l'opportuniste et du traître. Il n'a ni foi, ni loi et, grâce à son travail acharné, son génie politique et ses manipulations, rebondit systématiquement, en suivant le sillage des puissants. Il sait repérer et sentir les hommes de talent, les accompagne et se met à leur service, mais, pour sauver sa peau, au moment opportun, leur porte un coup fatal.
Il a à son actif, la mort de Louis XVI, celle de Robespierre, la chute de Napoléon, dont il aura été le très proche ministre de la Police. Son ralliement à la Royauté sous le règne de Louis XVIII, après avoir été un des plus fervents révolutionnaires, lui sera fatal.
Stefan Zweig, par son érudition, ses connaissances historiques et socio-politiques, sa rigueur de biographe, sa finesse psychologique, son écriture moderne, nous offre le magnifique portrait d'un homme qui n'aime que le pouvoir et l'argent, et dont le profil est celui d'un joueur grisé par l'instant décisif de la victoire ou de l'échec.
Remerciant Freud d'avoir permis à des auteurs comme Proust ou Joyce d'avoir écrit leurs livres, Stefan Zweig lui dit que la psychologie est la grande affaire de sa vie. C'est ce qui fait la beauté et la puissance de ses biographies.

Commenter  J’apprécie          315




Lecteurs (1938) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1880 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}