Z.O.F. : Zone d'Occupation Française.
A la fin de la Seconde guerre mondiale l'Allemagne a été divisée en 4 Zones d'Occupation : britannique, américaine, soviétique et française. La française était la plus petite, concédée par les Alliés, histoire de ne pas froisser immédiatement le Général de Gaulle. 2 petites zones en bordure du Rhin, aux frontières de la France et de la Suisse.
Le narrateur est René Valenton, officier du Renseignement qui était en poste à Londres avant l'occupation de la France et a rejoint tout naturellement les rangs du Général de Gaulle. Il est originaire d'Alsace et toute sa famille a disparu pendant cette période. Septembre 1945 il est nommé à Baden-Baden capitale de la ZOF et ville thermale au coeur de la Forêt Noire. Cette affectation va lui permettre de rechercher sa famille ou du moins savoir ce qu'il s'est passé.
Les environs de Baden-Baden sont ravagés par les bombardements et il assiste au retournement de situation qui fait des français des occupants et des allemands des occupés ! Il raconte ce qu'il a vu, appris, entendu et dont l'Histoire nous parle peu : le quotidien dans la Zone d'Occupation française. Pendant que les gradés et les puissants se gobergent à Baden-Baden beaucoup de soldats français se vengent des exactions des nazis. Sur les nazis emprisonnés et qui sont abattus lors de “chasse” en Forêt Noire ; sur la population, dont il est difficile de deviner le sentiment vis-à-vis du régime d'Hitler, à coup de mépris, de vexations voire pires.
Toute l'humanité dans ce qu'elle a de meilleure et de pire est présente dans la zone et la guerre froide se profile non seulement entre les Alliés et les Soviétiques (loin de la ZOF) mais aussi entre les factions politiques françaises qui désirent prendre le pouvoir aux prochaines élections.
Les seuls romans que j'ai lus, du moins dont j'ai le souvenir, sur les Zones d'Occupation sont ceux de la Trilogie Hambourgeoise de
Cay Rademacher, secteur Britannique. On retrouve ici la même misère, les haines, les trahisons, les exécutions sommaires mais l'auteur va plus loin dans ses descriptions puisqu'il écrit la vision de l'occupant et même s'il ne donne pas énormément de détails sordides, les faits brutaux sont là !
Mais on y croise aussi des personnages charismatiques et généreux qui travaillent à l'après sans oublier les humains derrière les vaincus et le fait qu'il faudra recommencer à vivre en voisins et se reconstruire, tel
Edgar Morin, qui conservera ce nom de résistant, attaché de “Propagande” dans la ZOF.
Il n'est pas que question de politique ou de récit historique, mais j'ai ressenti Valenton et sa vie comme un support au format roman plutôt que comme une histoire à part entière. Tout ce qui concerne sa famille et ses recherches est à mon goût assez maladroitement amené mais comme j'étais plus intéressée par le reste ce n'est pas quelque chose qui m'a manqué.
La forme romancée du récit rend la lecture plus facile malgré les horreurs qui y sont décrites et elle n'enlève rien au fait que certains occupants ont eu la belle vie et se sont rempli les poches pendant leur séjour à Baden-Baden.
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