Des aliens non anthropomorphes supérieurs à l'homme dans un roman paru il y a plus de 100 ans.
Un plaidoyer pour le respect du vivant, contre la recherche animal et les zoos humains. Autant dire un propos subversif, à rebrousse poil de l'opinion générale de ce début de 20ème siècle
A redécouvrir d'urgence.
Dans la région du Bugey, juste à côté du Grand Colombier près de la Suisse, des événements étranges font leurs apparitions. Mais ces farces deviennent de plus en plus étranges, des fruits et légumes, en passant par quelques jardinières et girouettes, des outils, des aiguilles d'horloge, des animaux de la basse cour et de la ferme se mettent à disparaitre. Jusqu'au jour où c'est une femme qui se volatilise.
Les mois passent, les disparitions sont regardés de haut depuis la Capitale : les faits divers mystérieux ne sont pas pris très au sérieux par les autorités. Paris est bien loin du Bugey et du Grand-Colombier. le mystère s'épaissit et les hypothèses sur les fauteurs de troubles flottent entre étrangers, lutins ou complot.Et la grogne contre les gens de la Capitale prend de l'ampleur.
Roman composé d'un récit entrecoupé de pièces diverses (extrait de journal, lettres, ...) découpé en deux parties égales, l'une sur l'installation du lieu, des protagonistes et de l'étrange, l'autre sur la révélation, la découverte des sarvants et ses tentatives de compréhension.
Un début un peu longuet mais remplie d'humour et de satire qui tient surtout dans le personnage de Tiburce, un adepte du sherlockisme. Sa "perspicacité" est le ressort comique du roman qui n'oublie pas non plus de croquer les relations entre Paris et sa province.
Nous baignons ici dans l'étrange, le fantastique. Toutes ces disparitions ne sont-ils pas le fait des sarvants (la dénomination des lutins dans la campagne du Bugey) ? Mais le grand astronome le Tellier dont certains membres de sa famille ont disparus va faire une découverte capitale : le fameux péril bleu. L'histoire qui débutait par le folklore rurale finit par sonder les profondeurs de l'espace. Ces deux parties se répondent : le plus petit événement trouve sa justification. Les explications scientifiques du phénomène sont réalistes pour l'époque de parution et ne manquent pas de justesse à mon sens. Son hypothèse extra terrestre et le pourquoi des enlèvements est tout à fait logique et nous questionne sur nos actes en tant qu'homme : vivisection, recherche animale et zoo humain.
La nature humaine en prend aussi pour son grade,
Maurice Renard analyse assez finement les ressorts politiques et les mouvements d'opinion.
La fin est un peu trop heureuse à mon goût et manque de crédibilité. Mais qui sait si cette histoire ne s'est pas réellement déroulé ?
Un très bon texte, l'auteur ayant le sens du suspense. Les thématiques abordées sont très diverses et s'emboitent à merveille. le roman est parsemé de quelques notes de l'auteur qui participent pleinement à l'immersion dans un récit réaliste. L'auteur nous rappelle que la science doit être au service de l'homme, de la compréhension de l'autre et garder une éthique dans sa recherche. Quand à la supériorité supposé de l'Homme, l'auteur nous replace dans l'immensité de l'espace, de quoi rester humble.
Les extraterrestres m'ont fait penser à ceux du roman Les derniers jours du paradis, le monde découvert m'a lui fait penser à Omale. Un précurseur ce Renard ! Même si le "monde" des aliens fait un peu rire en 2017, les aliens sont quand à eux très novateur, des auteurs actuels pourraient même en prendre de la graine.
Nul doute que je recroiserai le chemin de l'auteur, bien que nombres de ces textes ne soient pas disponible en ligne.