La gentrification, voilà un sujet capital. Ca tombe bien, cet ouvrage porte sur Paris. Et en particulier sur 3 quartiers du nord-est parisien : chateau-rouge/goutte d'or, faubourg du temple et belleville. L'auteur est universitaire. C'est donc bien documenté avec quelques tableaux et cartes, et surtout beaucoup de références aux chercheurs qui l'ont influencé. Si ce livre a donc bien le côté ennuyeux qu'on attendait, il n'est en revanche pas du tout objectif !
Anne Clerval est en effet une gauchiste radicale. L'introduction commence d'ailleurs par parler de la commune de Paris. Elle écrira même plus loin : « la progression de la gentrification en rive droite n'est pas sans rappeler la reconquête du Paris communard par l'armée versaillaise en 1871 »... Au moins la titre annonce la couleur (rouge) : « Paris, sans le peuple », cela ressemble à un slogan politique, tel que celui du front de gauche (« A Paris, place au peuple »). le problème c'est que cette activiste-chercheuse ne fait que critiquer la gentrification et les gentrifieurs sans jamais faire la critique des classes populaires et immigrées, si ce n'est leur incapacité à s'allier pour faire la révolution, seule solution implicite.
La première partie ne m'a pas du tout captivé,
Anne Clerval n'a ni le talent pour raconter l'histoire ni l'analyse pour nous la faire comprendre. Elle reste sur des thématiques communistes ultra-éculées sur les ouvriers et le peuple. La deuxième partie, sur la géographie, est la meilleure. le processus de gentrification est exposé et il faut avouer que c'est instructif mais un article conçis mais néanmoins complet aurait suffit. La dernière partie est plus sociologique et politique. La partie sociologique est intéressante car elle permet, grâce à des témoignages, de savoir ce que les différents acteurs ou « vicitimes » de la gentrification pensent. La partie politique tombe à point nommer pour comprendre cet enjeu à l'heure des élections municipales 2014.
Dans cette bataille pour Paris entre bobos et populo, on sait maintenant que ce sont les bobos qui ont gagné. Les grand perdants sont clairement les immigrés (surtout les jeunes et ceux récemment arrivés). L'auteur qui dénonce la violence symbolique des riches bobos, ne semble pas du tout choquée par les excès communautaristes ou l'appropriation de certains lieux et quartiers par des jeunes désoeuvrés. Elle préfère les excuser et parler de dépossession de quartiers qu'ils considèrent comme leur territoire. L'idéologie d'
Anne Clerval essaie de lutter contre une réalité implacable : beaucoup de gens veulent habiter à Paris, donc les prix augmentent et les quartiers s'embourgeoisent.
Les classes populaires vont être relégués en banlieue et ça n'est pas un drame car elles ont moins besoin de toute la culture qu'il y a à Paris intra-muros. Cette effervescence créative est surtout utile aux jeunes créatifs qui tirent paris vers le haut. de plus il y a beaucoup de lois qui protègent les plus faibles. La brutalité libérale sans cesse dénoncée est bien moins grave en France (qu'aux USA par ex) et à Paris (qu'à Marseille par ex).