AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782259227810
306 pages
Plon (25/08/2016)
2.5/5   2 notes
Résumé :
Réalisé à partir d'entretiens réguliers avec François Hollande, cet ouvrage dresse le bilan de son mandat et fait découvrir au lecteur les moments clés du quinquennat. L'auteur cherche à éclairer les motivations du chef de l'Etat et à donner les clés pour comprendre sa personnalité.
Que lire après Ça n'a aucun sensVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est la dernière rentrée de notre président et c'est pas trop tôt ! Dans une série d'entretiens qui ont donné lieu à ce livre au titre accrocheur, FH se confie sur ses échecs (pas tous, malheureusement), ses regrets, ses inquiétudes et ses peurs. L'homme qui a eu du mal à rentrer dans le costume de président, qui s'est mis le pays à dos très rapidement, bien plus que son prédécesseur, et qui a mené une politique totalement décousue décide de se confier (calcul quant à la campagne à venir, sans aucun doute) et ce livre, qui n'est pas entièrement un portrait à charge, révèle cependant des défauts inexcusables pour un chef de l'État.

Il a la peau dure, très dure. Il louvoie en permanence et lorsqu'il dit : « oui », cela signifie dans le meilleur des cas : « peut-être ». Comment se positionner avec un tel énergumène ? Il ne souffle ni le chaud ni le froid mais tiède en permanence, attendant de voir si les choses se goupilleront selon ses calculs et ménageant les susceptibilités. Son esprit de synthèse lui vient de l'enfance où il a dû composer très tôt avec des parents aux caractères presque diamétralement opposés. Sa personnalité, il est vrai, est complexe, et le titre du livre montre que sa vision de la logique est toute personnelle et défie parfois le bon sens. le fiasco de la fameuse déchéance de nationalité, par exemple, montre un FH obsédé par l'idée de laisser une trace dans l'histoire de la Ve République, quitte à effectuer des manoeuvres vaines aux yeux des citoyens qui voient clairement que ce jeu mesquin ne sert en rien l'intérêt de la Nation.

Le mot d'ordre, si l'on peut dire, de notre président est que du moment que l'on ne cherchera pas à limiter sa liberté, il ne cherchera pas à limiter celle des autres. Et de laisser proliférer les expérimentations les plus farfelues et les petites guerres entre ministres. L'adage « Diviser pour mieux régner » ne s'applique qu'aux ennemis et lorsqu'on l'applique à son propre camp, on appelle cela « se saborder ». Les gens intelligents pratiquent l'auto-défense et les socialistes pratiquent l'autodestruction.

Il faudra attendre les attentats de janvier 2015 pour qu'il endosse enfin le costume de président. Mais il restera toujours le « petit pépère » de la Nation, comme pourrait le dire Jacques Mailhot.

« Ça n'a aucun sens ! » Voici l'aveu d'un être qui vit hors de la réalité. Il lâche cette réplique chaque fois que les autres n'agissent pas comme il l'avait prévu, donnant l'impression de ne pas comprendre ou de ne même pas essayer de comprendre le pourquoi du comment.

Il a été dit et répété qu'il a un contact facile avec les gens, qu'en peu de temps passé avec eux il peut cerner leur personnalité et découvrir ce qu'il appelle un « levier », c'est-à-dire un point de vulnérabilité sur lequel il pourra s'appuyer lors d'une négociation, par exemple avec Angela Merkel.

Sur le plan économique, croyant à la théorie des cycles économiques, il a parié (!!!!!) sur un retour spontané de la croissance et ses mesures, comme celle du pacte de responsabilité, ne devaient servir qu'à accompagner cette croissance qui serait donc revenue d'elle-même (il est difficile de faire plus apprenti-sorcier), l'allègement des charges des entreprises devant quant à lui être compensé par une hausse des impôts des ménages. Ça me rappelle un livre sur l'histoire des États-Unis de René Rémond qui cite le président Hoover qui doit faire face au mécontentement croissant des citoyens suite à la crise du fameux vendredi noir de 1929 : « La prospérité les attend au coin de la rue. » Cependant, la crise dure et l'esbroufe retombe vite.

Mais ce qui a achevé de plomber sa crédibilité (quoique, le mandat n'est pas encore terminé) fut le déroulement ubuesque de l'adoption du projet de loi travail. FH a montré une totale incompétence de maîtrise dans le déroulement du processus visant à faire voter cette loi. C'est avant tout à une bataille des egos que nous avons assisté avec cette dernière, la ministre El Khomri ne jouant que le rôle de fusible, un pion facilement sacrifiable. Comment bien faire son travail de ministre lorsque le président vous court-circuite par voie officieuse (SMS) avec les autres parties prenantes aux négociations ? Comment travailler correctement lorsque ce même président confie des tâches de collaboration à des gens qui se haïssent viscéralement et se tirent dans les pattes dès que l'occasion se présente ? Cela, semble-t-il, ne manque pas de sens pour lui.

Ce livre, quoique peu emballant, est tout de même assez intéressant et révèle par exemple la gêne montrée par le président à l'évocation de l'expression « sans-dents ». L'a-t-il dite ? Pas sûr, il ne se le rappelle pas bien, c'est possible mais… Cela résume bien le personnage. L'histoire retiendra de lui un grand flou.

Et quid de sa loi sur le mariage, de ses réformes sur l'école et le collège, attribuables à un candidat qui prétendait apaiser le pays ? Il est bien connu que c'est en montant les gens les uns contre les autres qu'on apaise la société. Carton plein ! Je crois qu'il n'en aura pas raté une.

On passe son temps à pervertir la logique et le bon sens et on vient ensuite se plaindre que ça n'a aucun sens. Voilà un type qui aurait dû travailler dans la médiation ou l'arbitrage, pas dans la prise de décisions au plus haut niveau d'un pays.
Commenter  J’apprécie          296

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
...tous les éléments de la méthode Hollande, tous les ingrédients qui feraient le malheur du président étaient là. À commencer par son inclination à écouter les conseils sans vraiment les entendre : « Je suis moi-même mon propre expert. » et sa façon de percevoir l’animation d’une équipe comme une servitude : « Travaillent ceux qui veulent travailler, disait-il à propos de ses secrétaires nationaux. Moi je suis respectueux de la liberté des autres donc il faut qu’ils respectent la mienne. » Il ne cherchait pas à souder une équipe, il laissait ses membres décider de le suivre ou pas. S’il se sentait l’obligation de recueillir, à l’occasion des élections, l’assentiment des électeurs et de trouver, pour cela, les bons mots d’ordre et les bons angles d’attaque, le management des cadres du PS lui était étranger.
Commenter  J’apprécie          203
"Tant qu'on est pas mort, on est vivant."
Commenter  J’apprécie          11

autres livres classés : politiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus




{* *}