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EAN : 9782262065027
352 pages
Perrin (02/02/2017)
3.89/5   18 notes
Résumé :
Ce Journal d'un homme désespéré (traduction littérale du titre original), tenu entre mai 1936 et octobre 1944 par Friedrich Reck-Malleczewen, est le plus manifeste des écrits de cet " émigré de l'intérieur " : il s'y insurge ouvertement et crûment contre un régime qu'il exècre, crie la haine que les nazis lui inspirent et sa honte devant ce qu'ils font de l'Allemagne et des Allemands. Incroyable de prescience, il annonce que la défaite est inéluctable. Arrêté pour n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Friedrich Rek-Malleczewen naît en Prusse orientale en 1884, au sein d'une famille de propriétaires terriens nobles, des « junkers ». Médecin, il se consacre aussi, très tôt, à l'écriture : articles journalistiques, critiques littéraires, de théâtre, romans... Protestant, il se convertit en 1933 au catholicisme qui est pour lui, un rempart « contre le durcissement croissant de la société et la perte de l'individualité » . Il sera baptisé par le nonce Eugenio Pacelli, le futur pape Pie XII. (Celui-ci manifestera par la suite, une attitude plus complaisante envers le IIIe Reich que son catéchumène).
Très tôt, il se présente comme un opposant à Hitler. Au fur et à mesure de la montée du nazisme, sa haine se durcit, devient de plus en plus féroce, de plus en plus virulente- « Je t'ai haï à tout instant, je te hais tellement que j'offre ma vie avec joie pour provoquer ta perte » - écrit-il en 1939.
En 1937, il publie un essai-fiction historique , où il met en scène Jan Bockelson, mieux connu en France sous le patronyme de Jean de Leyde , dictateur tyrannique des anabaptistes de la ville allemande de Münster . Cette histoire qui relate une hystérie collective où règne la terreur, c'est, en fait, la diatribe la plus cinglante du Troisième Reich publiée avant le début de la guerre. Cette exécration, il va la payer de sa vie. Arrêté en décembre 1944 , transféré à Dachau il meurt le 16 février 1945, il a 60 ans.
Une longue préface « Reck-Malleczewen ou le Salut par la haine », de Pierre-Emmanuel Dauzat, essayiste et traducteur, notamment du journal de Reck, (en allemand Tagebuch eines Verzweifelten) nous permet de mieux comprendre ce personnage, son engagement, sa haine inextinguible envers Hitler, jusqu'au sacrifice …
Ce journal secret « d'un aristocrate allemand » que Reck enterrait dans la forêt voisine s'ouvre en mai 1936 pour se fermer en octobre 44. C'est tout à la fois, une chronique, un exutoire, l'oeuvre de résistance de l'esprit d'un « émigré de l'intérieur » qui crache crûment sa haine du nazisme, et dévoile sans fausse honte son abomination envers cette Allemagne -là « qu'il faut haïr de tout son coeur, si on aime vraiment l'Allemagne » .

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Voici un commentaire du livre trouvé sur A… avant de commencer ma lecture de la haine et la honte.
“Le thème du livre, qui est un témoignage sur l'Hitlerisme, est plutôt intéressant. Mais le style assez grossier m'a mise mal à l'aise. A chaque fois qu'il s'agit de parler d'une femme, c'est une 'femelle' et toujours assez répugnante... En conclusion, je trouve que l'auteur est un 'mâle' médiocre, plein de misogynie.”
Je n'ai pas pour habitude de dénigrer les critiques des autres, mais je trouve dommage de n'avoir vu dans ce témoignage que cela. D'autant que les images d'alors donnent en effet l'impression de “femelles hystériques” au passage du Führer.
Que Reck-Malleczewen ait été sympathique ou pas n'est pas important, ce qui l'est c'est que cet homme ait été clairvoyant et opposé à Hitler même si éventuellement c'est pour de mauvaise raisons de notre point de vue. Il rappelle qu'il ya eu “l”émigration intérieure”.
Quelques unes de ses réflexions interpellent, comme par exemple en 1938 sur le résultat officiel de la consultation qui donnait une approbation totale du peuple quand lui, sa famille et plusieurs de ses connaissances avait voté contre.
Les notations sont très irrégulières, souvent trois à quatre fois par an, sauf en 1944 où elles sont plus nombreuses
.
Ce genre de témoignage sur la pensée des Allemands est rassurant.


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Cinq étoiles car il n'est pas possible d'en mettre 6 ! le journal de Reck-Malleczewen est tout à la fois un miracle et extraordinaire.
Un miracle si l'on songe qu'il l'écrivit tout au long de la guerre depuis l'intérieur du système nazi, profitant de ce qu'il possédait une grande propriété de plusieurs hectares pour l'enterrer de nuit dans le parc, bien à l'abri dans des boîtes en fer que sa veuve put déterrer après la chute du nazisme.
Extraordinaire à plusieurs niveaux : d'abord parce que ce type de témoignage est rarissime. Ensuite parce que son auteur était écrivain et possédait un style remarquable, violent, moderne et drôle, que l'on ne s'attend pas vraiment à trouver chez un aristocrate réactionnaire et monarchiste ! Extraordinaire encore par l'immense culture de son auteur, qui fut capable quelques années auparavant d'exhumer la tragédie de Münster au XVIème siècle, où un anabaptiste illuminé plongea cette ville dans une tyrannie barbare préfigurant étrangement le nazisme naissant, dans le récit « Bockelson » que la censure nazie, d'une crasse ignorance, laissa passer !
Extraordinaire enfin par le courage de son auteur, qui finira par payer de sa vie sa lucidité et sa franchise.
Reck-Malleczewen mourut à Dachau, en février 1945, probablement du typhus. de fait, il était déjà mort depuis quelques mois, car, sentant proche la chute d'Hitler, qu'il haïssait tant, entraînant avec lui l'Allemagne dans le chaos et les ruines, il savait qu'après cela l'Allemagne qui renaîtrait de ses cendres ne serait pas pour lui, qui déjà portait dans son coeur, depuis des années, la nostalgie d'un ancien monde que les nazis avaient remplacé par leur odieuse dictature.
Je ne pouvais, en lisant les dernières pages, ne pas penser au vieux prince Salina du Guépard qui sait devoir s'effacer pour qu'un nouveau monde advienne.
Un ouvrage remarquable qui devrait orner fièrement toutes les bibliothèques, scandaleusement méconnu.
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Un cri, un long cri salutaire. Un témoignage à découvrir absolument.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
“D., mon compagnon de voyage dans le train de Munich, me parle de l'époque où, pendant la Guerre mondiale, il était le commandant de compagnie de Hitler. Il évoque un personnage constamment dans la lune qui, en qualité de planton du poste de commandement, allait chaque jour allègrement “à la mort”, mais était considéré par ses camarades comme l’idiot de la compagnie. Par ailleurs, il est une rumeur persistante et bien étrange au sujet de la Croix de fer qu’il porte ; je me borne à la mentionner, sans la prendre à mon compte in absentia rei. Un officier au courant de la façon dont, à l’époque, les décorations étaient décernées m’a récemment fait remarquer qu’obtenir la croix de première classe sans être promu sous-officier était absolument exclu, si bien qu’il était arrivé à la conclusion qu’il s’agissait d’un cas d’ ”autodécoration”.
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Février 1942

Historiographie nationaliste : en Allemagne cela consiste à teindre l’histoire en blond.
Nationalisme : un état d’âme qui ne consiste pas tellement à aimer son propre pays, mais plutôt, dans le sommeil comme dans la veille, à brûler de mouiller sa culotte par haine du pays étranger. L’homme de masse dispose d’une arme presque absolue pour toutes choses, y compris pour celles qui soulèvent de graves problèmes ; il a une explication solide, accessible à tous et extrêmement plausible. Le « Schwarze Korps* », en tout cas, a prétendu l’autre jour qu’il n’y avait pas dans la vie humaine quoi que ce soit qui ressemble au tragique et qu’au surplus ce dernier n’existait pas pour les SS, et que d’ailleurs (textuel) « le tragique était une invention du pape pour asservir l’humanité ».

*Organe des SS.
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21 juillet 1944
Ainsi donc un attentat contre M. Hitler. Exécuté par un certain comte Stauffenberg (…) Sans doute le succès de cet attentat nous aurait sauvés, aurait sauvé ce qui reste de substance à ce malheureux pays ; je porte le deuil comme tout le pays, de l’échec de votre coup de main.
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"[...]. C'est à ce moment que j'entends pour la première fois parler de la mort de Hans et Sophie Scholl, tombés victime de leur idéal.
Je n'ai jamais vu ces jeunes gens. Ce ne sont que de vagues rumeurs au sujet de leur action qui ont pénétré jusque dans ma retraite champêtre. Des circonstances d'une telle portée qu'on se refusait à les croire vraies. Ils ont donc été les premiers en Allemagne qui aient eu le courage du sacrifice, ils semblent avoir déclenché un mouvement qui se poursuit après leur mort et répandu ainsi une semence - telle est la valeur de tout martyre - qui lèvera demain." [pp. 301-302].
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Mars 1943(…) en ce qui concerne M. Hitler, en ces jours où nos cathédrales et tous les monuments de notre grand passé sont réduits en poussière, il s’occupe de contrepoint et d’harmonie afin de créer les bases d’une musique nationale-socialiste. Quant à M. Goering, on l’a vu récemment, dans une réception qu’il avait offerte, vêtu d’une longue pelisse d’hermine descendant jusqu’aux chevilles et chaussé de bottes de maroquin rouge. Je ne doute pas qu’il ait eu bonne apparence dans cet accoutrement, ce maréchal qui n’a jamais commandé sur un théâtre d’opérations. Mais n’était-ce pas ce malheureux Caligula qui, avant que n’éclate définitivement son délire, s’est également montré à son peuple ébahi en bottes de maroquin rouge ?
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