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Critiques de Françoise Sagan (1220)
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Château en Suède

Dans un château isolé par la neige, la famille Falsen vit en costume d’époque. Agathe, parce qu’elle possède les deux tiers du domaine, impose cette habitude. Lorsqu’on annonce la visite d’un cousin, Frédéric, la famille s’agite, c’est qu’il faut être à la hauteur de la réputation d’hospitalité des Falsen. Première décision : enfermer Ophélie dans sa chambre. Tout le monde croyant la première femme d’Hugo morte et enterrée, il ne s’agit pas qu’elle rencontre Frédéric.

Dès la première scène, le lecteur (ou le spectateur) comprend que tout n’est pas clair dans cette famille, que ce soit à cause des costumes d’époque, d’Ophélie ou encore de certaines allusions, glissée là, l’air de rien.

Et le lecteur (ou le spectateur) n’est pas au bout de ses surprises.

Une pièce de théâtre très différente des romans de Françoise Sagan. La pièce est grinçante et l’humour est noir.

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Bonjour tristesse

Il y a quelque chose de ridicule à vouloir faire une critique sur BONJOUR TRISTESSE de Françoise Sagan car cet ouvrage a été commenté, disséqué, mastiqué par tous ceux qui l'ont lu depuis sa publication en 1954. Pourtant je ne peux m'empêcher d'écrire quelques lignes sur ce livre tant il m'a touchée.



C'est le premier roman de Sagan que je lis et le choix de cette lecture s'est faite comme beaucoup d'autres : je flânais chez mon libraire, me promettant de seulement regarder les livres mais de ne rien acheter (je me fais cette promesse chaque fois que j'entre dans la boutique et je repars invariablement les mains pleines), quand je suis tombée sur un présentoir mettant en avant plusieurs livres au format poche. La couverture de BONJOUR TRISTESSE m'attire : on y voit Françoise Sagan prenant la pose avec sa fameuse mèche lui barrant le visage. Je lis la quatrième de couverture qui pique ma curiosité. J'ouvre le livre et découvre un poème d'Éluard, j'attaque l'incipit et fonce vers la caisse pour payer mon bouquin.



À peine rentrée à la maison, je démarre le livre et l'engloutit en quelques heures. Toute secouée par le style de Sagan et par l'histoire de la jeune Cécile, je décide de le relire tout de suite mais en prenant mon temps cette fois. Je me délecte des mots, des phrases que je relis plusieurs fois jusqu'à m'imprégner totalement de leurs saveurs. Je n'ai plus à me soucier de l'intrigue, je me laisse bercer par la petite musique de Sagan. Je sens le souffle chaud du vent sur mon visage. Des parfums de pinède titillent mes narines. J'ai un goût d'alcool dans la bouche. Mon coeur s'emballe quand Cécile découvre la passion physique. Je ressens de la peine pour Anne. J'ai à nouveau fini le roman et je me sens mélancolique et ivre de joie. Chamboulée.



À l'instar d'un Antoine Doinel scandant devant son miroir Fabienne Tabard - Christine Darbon, j'ai dans la tête Françoise Sagan, Françoise Sagan, Françoise Sagan, FRANÇOISE SAGAN.

Mais je ne m'en plains pas.
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Avec mon meilleur souvenir

Voici typiquement le genre de livre que j'adore lire en été, attablée à une terrasse ou allongée sur l'herbe, quand d'autres livres me font relever la tête sans que je ne puisse dépasser la première page, pour suivre des yeux je ne sais quelle réjouissance ou distraction ! Mais après tout cette désinvolture est-elle condamnable quand l'astre soleil nous réchauffe le coeur ?



Inutile de présenter Sagan dont les affres ont autant défrayé la chronique que ses livres à succès. Cette écrivaine dont Angelo Rinaldi avait écrit que « le succès commercial de Madame Sagan est à ce point automatique désormais que la critique en vient à ne plus examiner ce qu'elle publie. Elle jouit d'une rente de situation. »



A ce titre, ce livre autobiographique nous raconte les belles rencontres que son succès a semées sur sa route. Et elle s'attache à nous raconter les liens qu'elle a entretenus justement avec ceux extrêmement doués de sa génération dont elle admirait profondément le talent, et qui n'ont pas eu le succès mérité, et pour beaucoup fini dans une misère totale : la fragile, éclatante et géniale Carson McCullers, Tennessee Williams avec qui elle partageait l'amour de la littérature à corps perdu, l'oeil alourdi par la bouteille, le coeur embrasé par le sentiment de perte et d'isolement que l'écriture exhale. La peur de la solitude. Et bien sûr la chaleur de la douce flamme destructrice que deux poètes qui se comprennent aiment voir se consumer dans des nuits sans fin. Sartre, bien sûr, dont elle admirait la droiture et l'honnêteté intellectuelle. le colosse Orson Welles également fait partie de ce grand théâtre des géants du XXème siècle, lui qui la soulevait des pieds pour la sauver de la clameur hostile d'un tapis rouge à Cannes ou du trafic automobile à Paris. Elle dépeint admirablement bien la jeunesse dorée qui filait sur la nationale 7 pour rejoindre le Saint Tropez des années 60 avant que Wadim et Bardot ne convertissent le village en un temple de l'argent ostentatoire où l'avidité, l'habilité et l'opportunisme organisent depuis le paysage. Quelques pages auparavant, elle qui a toujours affectionné les bolides, raconte comment la vitesse a toujours été pour elle, ni une provocation ni un défi, mais un élan de bonheur car elle rejoint, le jeu, le hasard et le « bonheur de vivre ».



C'est délicieusement léger et outrageusement généreux au regard de l'agitation, de la mesquinerie et du cynisme du microcosme parisien qu'elle a côtoyés, avec cet apparent détachement et la désinvolture qui la caractérisent, riche de son expérience de la fréquentation des salons bourgeois parisiens. Mais c'est aussi d'une élégante lucidité, entendez par là qu'elle n'écrit pas de façon explicite qu'elle a bâclé telle ou telle écriture, mais le laisse entendre par exemple quand elle raconte son parcours dans l'écriture de ses pièces de théâtre.



Un petit délice, cette plume élégante et subtilement désenchantée. Elle nous touche même quand elle nous raconte ses déboires et évoque « ses crises d'inspiration subites et suspectes. »



4.25/5



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Bonjour tristesse

Cécile a dix-sept ans. En vacances avec son père, veuf qui se satisfait d’une aventure sans lendemain avec la jolie Elsa, elle découvre l’amour dans les bras de Cyril, un charmant étudiant. Mais l’arrivée d’Anne, une femme belle et intelligente, vient déranger ces délicieux moments d'insouciance.



Avec une écriture moderne et un charme troublant resté intact, Françoise Sagan brosse le portrait d’une jeunesse en quête de liberté et de plaisir, jouant avec les sentiments comme on joue avec le feu.



• Le texte intégral annoté



• Des questionnaires au fil du texte



• Des documents iconographiques exploités



• Une présentation de Françoise Sagan et de son époque



• Un aperçu du genre romanesque



• Un groupement de textes : « Mensonges et manipulations »
Lien : http://www.parascolaire.hach..
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Les faux-fuyants

Pour moi, il n'y a pas de doute, voici le roman des faux fuyants. Bien sûr le jeu de mot est très facile, mais je ne doute pas que Françoise Sagan le suggérait clairement.



Quatre amis mondains, et donc plus que superficiels, fuyant Paris occupé, sont emportés dans la tourmente des colonnes de réfugiés, sur les routes de juin 1940.



Contraints de trouver refuge dans une ferme de la Beauce, ils vont goûter aux valeurs et aux plaisirs saints et gratifiants de la rusticité. Ils vont se construire subrepticement et très temporairement.



L'écriture de l'auteure est fluide et sa lecture en est agréable, souvent amusante. Nous retrouvons le style de « bonjour tristesse » sans la profondeur. « Les faux-fuyants » fait partie de ces livres auxquels j'aime accoler l'étiquette « Bibliothèque verte pour adultes » tout y est simple, clair, un peu surprenant et sans prise de tête.



Je vois dans ce roman un message de Françoise Sagan, un appel au secours. Cette femme malmenée par la vie, mondaine désargentée, dont je revois clairement, dans mes souvenirs des entretiens télévisés des années 70 à 90, le mal-être, le regard biaisé, la souffrance.

Sans aucun doute aspirait-elle à une vie plus authentique mais ne pouvait la vivre coincée dans son personnage, comme le montre la fin qu'elle donne au présent opus.



Car après une intrusion de l'authentique dans la vie de nos quatre snobinards, la mondanité facile reprend le dessus



Et comme dans « Bonjour tristesse » c'est un mensonge, oh pas terrible, un mensonge regretté mais trop tard, qui aura cette conséquence si terrible



Un bon roman qui n'a pas vieilli d'un iota.
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Les merveilleux nuages

J'accorde la moyenne à ce roman à cause du titre emprunté à Baudelaire, qui m'a fait rêver, qui m'a trompée aussi. Françoise Sagan n'écrivait que sur le monde quelle côtoyait, un univers artificiel, dans lequel les gens essaient de se distraire, et où ils boivent comme des éponges. Un texte sans grande envergure ni intérêt qui sera bien vite oublié.
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Bonjour tristesse

Roman si célèbre et classique qu'on en connaît les détails avant même de parcourir les premiers mots, Bonjour Tristesse vaut pourtant d'être découvert tant il est sensible et marquant par son réalisme et sa contemporanéité. L'histoire, quelconque aux premiers abords, confine à l'universel et pique le·a lecteur·rice de multiples points de résonance : des échos de sentiments et d'instincts douloureux, ambigus mais toujours chargés d'une étonnante justesse. Françoise Sagan excelle dès lors dans la description authentique de la nature humaine perdue dans ses contradictions, ses désirs et ses angoisses. Bien qu'il faille replacer le roman dans son contexte, l'autrice propose un récit ramassé, presque fugitif qui souffle un vent d'insouciance et de candeur. En somme, elle porte une maturité, une humilité et une liberté rares et remarquables pour son époque. Un agréable moment de lecture.
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Bonjour tristesse

Françoise Sagan fait partie de ces auteurs que je voulais découvrir depuis plusieurs années.

Je suis restée bluffée par ce roman qui ne paye pas de mine par la taille et la jeunesse de son auteur (Françoise Sagan avait alors 18 ans).

J'ai beaucoup aimé l'histoire de Cécile, jeune femme tiraillée par le désir, le plaisir et la confusion des sentiments propres à son âge. L'histoire est relativement universelle mais ce qui était nouveau, je pense, c'était la narration toute centrée sur le ressenti de Cécile, ses émotions, ses sentiments et l'expérience qu'elle en fait.

Le style est superbe, simple, précis et qui porte à merveille le propos de cette adolescente enfermée dans les carcans de l'époque. J'ai compris pourquoi cette auteure avait eu tant de succès, sa plume est unique et elle sait dépeindre avec justesse le plus intime de la femme par une introspection habile.
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Bonjour tristesse

Ce livre a donc fait scandale ?..

Aujourd'hui, on ne peut que s'en étonner mais il est vrai qu'à l'époque, la vie facile et oisive que mènent Cécile et son père, adepte des liaisons passagères, devait être considérée comme choquante.

Pensez, quel mauvais exemple pour une jeune fille !



"Car que cherchions-nous sinon plaire ?"



Le récit baigne dans une atmosphère estivale faite d'insouciance et de nonchalance qui sent la crème solaire et le sel marin mais qui n'empêche pas les sentiments de s'exacerber jusqu'au drame.

Car la jeune fille de 17 ans, frivole et arrogante, ne peut pas laisser Anne, sérieuse et posée, détruire cette liberté en épousant son père.



"Nous avions tous les éléments d'un drame: un séducteur, une demi-mondaine et une femme de tête".



Comme beaucoup d'adolescents, elle est en proie à des sentments ambivalents, passant de la manigance au remord, de l'admiration à la rancoeur, à la fois inconsciente et cruelle.



Ce court roman se lit très agréablement.

Le style de Sagan m'a séduite dans sa fluidité, sa justesse.

Heureuse d'avoir enfin découvert un peu de l'univers de la "reine du drame bourgeois".
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Bonjour tristesse

L'histoire d'un été, en vacances, sur la Côte d'Azur.

L'histoire vue, racontée, manigancés, par une jeune fille de 17 ans.

Un sentiment de maîtrise, d'impunité, de liberté, et pourtant...

Ce livre, 1er roman de Françoise Sagan, est publié en 1954. Il fait scandale, mais rencontre un véritable succès. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque, avec un public partagé entre l'après-guerre et l'après-68 !

Paradoxal, tout comme l'histoire racontée...
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Bonjour tristesse

1er ouvrage de Mme Sagan que je lis et cette merveille m'a ouvert les portes de cette auteur si touchante. Je me disais Sagan c'est du classique, çà me fait un peu peur moi qui ne suis pas une grande littéraire : ah oui classique dans le sens "il FAUT lire ses romans au moins 1 fois dans sa vie" mais pas du tout classique dans son écriture. Bonne surprise.

Le personnage de Cécile m'a beaucoup rappelé l'auteur, sa légèreté, son insouciante jeunesse, son coté cynique et la jeune fille libre : tout cela découvert dans le film "Sagan" de Diane Kurys que j'ai bien aimé et qui m'a fait découvrir cette femme.

En tout cas se dire qu'elle avait seulement 18 ans à l'écriture de ce 1er livre ; quelle maturité, sa façon de retranscrire les sentiments et ressentis de chaque personnage est sensationnelle. Aujourd’hui en 2013 ,donc quasi 60 ans après, "Bonjour tristesse" est encore dans le vent, dans l'actualité. Je ne me suis absolument pas dit en lisant "ah oui là on est en 1954, çà a un peu vieilli, çà se voit".

Un livre qui traverse le temps comme çà..........chapeau, çà s'appelle DU TALENT. Merci et à bientôt Mme Sagan dans vos livres que je vais m'empresser de lire.
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Le chien couchant

Toujours dans la découverte de Françoise Sagan, je me suis régalée avec ce roman d'amour construit sur un malentendu qui se transforme en mensonge pour finir dans un tourbillon d'émotions. Deux personnages si différents qui vivent sous le même toit, une logeuse et l'un de ses locataires, sans se rencontrer, indifférents l'un à l'autre. Ils ont tout pour les séparer. Une jeunesse pour l'un, une vie bien remplie pour l'autre. Des tempéraments opposés, l'un orgueilleux, l'autre passif. Des envies tellement différentes, un poste de comptable en chef, des fleurs plein le jardin. Mais ils se sont retrouvés autour de bijoux, symbole d'un ailleurs meilleur que les terrils du nord de la France.
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Les faux-fuyants

Ma curiosité a fini par avoir raison de ma réticence. J’ai finalement mis un pied dans l’univers de Françoise Sagan. Ce n’est pas avec Bonjour tristesse que je l’ai fait, mais avec cet ouvrage, Les faux-fuyants.



Alors que je ne m’y attendais pas, je découvre un ouvrage empreint d’un humour de ma prédilection. Un humour subtil, piquant à souhait, autant pour ceux qui en sont la cible que pour son auteure. Car on sent bien qu’avec sa fronde bourgeoise Françoise Sagan veut se défaire de quelque chose qui lui colle à la peau et l’insupporte. Une étiquette, une réputation, une classification dans un courant de pensée lui donnant l’impression de n’être nulle part à sa place, de jouir d’un succès à la fois flatteur et encombrant. Comme lorsqu’elle fit irruption dans une assemblée d’étudiants en mai 68 au volant de sa Maserati. Il est des notoriétés qui sont lourdes à porter. Le succès peut être écorcheur, c’est une affaire d’estime de soi.



Le titre de l’ouvrage lui-même est un condensé de cette ironie qui me paraît être une marque de fabrique chez l’auteure. Autant que dérobade, échappatoire, subterfuge et autres synonymes que le lexique affecte à l’expression, ce titre pourrait se concevoir - avec le sarcasme que Françoise Sagan applique volontiers à ses personnages dont elle se plaît à brocarder la suffisance et la vanité - se concevoir donc sans le trait d’union, tant lui semblent factices ces couards bien nantis fuyant la capitale sous l’avancée des troupes allemandes en 1940.



La débâcle étant un contexte particulièrement propice au brassage des classes, Françoise Sagan se fait une délectation de projeter ces Parisiens méprisant de tout ce qui n’est pas eux-mêmes dans le monde repoussant de la cambrousse. Ils y sont recueillis dans une ferme beauceronne après la destruction de leur limousine par l’aviation ennemie. Leur chauffeur a été tué par le mitraillage. Son cadavre leur est encombrant. Ils n’ont pas l’habitude de traiter des convenances envers le petit personnel, encore moins celle de prendre l’outil pour gratifier le défunt d’une sépulture décente.



Le décor est planté. Il ouvre à tous les clichés de la répugnance citadine à l’égard de ces attardés de péquenauds. Françoise Sagan ne se prive de rien pour lancer ses flèches empoisonnées contre cette bourgeoisie qui l’a vu naître. Sa naissance dans ce milieu ne lui donnait-elle pas des semelles de plomb pour afficher l’humanisme désintéressé de bon ton pour faire carrière en littérature. Suffisance, mépris, égoïsme se confrontent à la spontanéité paysanne. Les Parisiens sont mis à contribution dans les travaux de la ferme par la marâtre du lieu. Une forme d’imposition pour dédommager leurs hôtes de circonstance de leur pension. Françoise Sagan se complaît à passer nos rescapés sur le grill de la nécessité faisant loi pour leur faire rendre gorge de leur complexe de supériorité, leur absence de patriotisme à l’égard d’un pays qu’ils s’empressent de quitter dans l’adversité.



C’est avec une truculence sournoise que l’auteure rehausse l’intrigue d’une idylle bucolique. Une façon de restituer une part d’humanité à ces protagonistes imbus de leur personne. L’empire des sens n’a pas perdu de ses prérogatives dans la défaite. Le fils de la marâtre a la rusticité séduisante et la jeune Luce n’y est pas insensible. Mais l’expérience campagnarde de nos parisiens sera de courte durée et leur sort tôt remis aux hasards de la guerre dans ce périple qu’ils espèrent salvateur.



Je ne suis pas déçu de ma découverte. J’ai apprécié le style badin avec lequel l’auteure au visage ennuagé de la fumée de son éternelle cigarette égratigne ces bourgeois sans scrupules quand il s’agit de préserver leurs intérêts, à commencer par leur intérêt à survivre à l’épreuve.

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La Femme fardée

L’Air des bijoux (« Ah ! je ris de me voir si belle en ce miroir ») est un vrai air d'opéra de Gounod, mais c'est l'air fétiche de Bianca Castafiore,... et Haddock peste et se bouche les oreilles ! On dirait que Françoise Sagan s'est amusée à reprendre « Tintin » pour faire une critique sans pitié des snobs, surtout des nouveaux riches.

.

Je découvre Sagan : elle écrit bien, et surtout, surtout, c'est un peintre admirable : quels portraits magnifiques des personnages !

.

Dans une croisière pour riches, snobs et surtout vieux mélomanes accompagnés de jeunettes, qui me rappelle ….

« Eternity Express » ;

mais qui me fait aussi penser à un huis clos d'Agatha Christie ;

au colonel Moutarde,

et encore à « la croisière s'amuse » ;

ou même à Haddock se bouchant les oreilles devant la Castafiore à Moulinsart !

Haddock, c'est le bourru capitaine Ellédocq, et la Castafiore est Doria.

.

Bref, Françoise Sagan, pleine d'humour, fait sa gamine qui y va au culot, s'en donne à cœur joie pour, malgré la caricature, analyser finement et démolir ces riches de naissance et ces parvenus qui …

me font imaginer les stagiaires débarquant à l'UCPA, quand nous, les moniteurs, repérions les filles comme dans « Les bronzés », car les couples se défont et se refont sur ce bateau... sauf que là, Françoise est une sacrée féministe, et les bonhommes en prennent pour leur grade, mouchés par l'imposante diva Doria, ou l'extravagante Edma !

Une fois les personnages posés et le scénario bien ficelé, je trouve dommage que la fin traîne en longueur.

.

Bien imbriqué dans cette micro-société qu'est la clientèle d'un huis-clos ( le bateau ), un drame se joue entre …

le butor ;

l'intello de gauche qui fume des cigares hors de prix ;

le condescendant ;

aux sarcasmes pleins de morgue, etc...

j'ai nommé Eric, le rédacteur d'un journal communiste ;

et...

la pauvre Clarisse, née Baron, fille d'un gros industriel, mais tellement dépréciée par Eric, son mari jaloux, qu'on qualifierait aujourd’hui  de « pervers narcissique », tellement dépréciée donc, qu'elle cache son beau visage eurasien derrière un fard épais, clownesque.

« La femme fardée », est-ce elle, ou bien le personnage du faux tableau du peintre Marquet que Julien essaie de refourguer à l'un des riches passagers pour le prix d'un authentique ?

.

« La femme fardée » pourrait être aussi Françoise Sagan qui, d'après sa biographie, me semble être une personne mal dans sa peau.
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Les quatre coins du cœur

J’ai aimé ce roman, sans l’aimer vraiment.

Etrange, pensez-vous, alors, je vais vous expliquer.



Je l’ai aimé parce que c’est Sagan et parce que c’est moi.

Elle qui m’a éblouie alors que je n’avais que 14 ans avec « Bonjour tristesse ».

Elle qui a fait de moi une lectrice assidue et exigeante, amoureuse des belles phrases et de cette petite musique « Saganesque » qui n’appartient qu’à elle et que j’ai tellement aimée dans chacun de ses livres.



Cette musique littéraire, je l’ai retrouvée dans ce roman inédit sur lequel je me suis précipitée dès sa parution.

Dévoré en quelques heures bien que l’histoire ne soit pas des plus passionnantes.



Je ne l’ai pas aimé à cause de la banalité du sujet, à cause des personnages qui manquent de caractère.

Nous sommes bien loin de la belle héroïne de « Bonjour tristesse » où d’ »Un peu de soleil dans l’eau froide ».



Si vous ne connaissez pas encore l’élégance de Sagan, je vous conseille vivement ses premiers romans.



Voilà pourquoi, j’ai mis 4 étoiles à un roman qui ne m’a pas vraiment conquise :

Parce que c’est elle et parce que c’est moi.





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Un peu de soleil dans l'eau froide

Gilles Lantier, 35 ans, un journaliste dans un grand quotidien national vit depuis deux ans avec Eloïse, mannequin dans une maison de couture. La belle vie.



Non justement.



Il décide de partir à la campagne, dans le Limousin où vit sa sœur… Il faut dire qu’on l’a diagnostiqué en dépression...

C’est là, au cours d’une soirée mondaine, qu’il rencontrera « ce peu de soleil qui pourrait réchauffer son eau froide » en la personne de Nathalie, une femme mariée. Il en tombera fou amoureux, lui à qui sa compagne n’inspirait plus, au mieux, qu’une sorte de pitié compatissante. Et Nathalie, une femme brillante ; et qui l’éblouit… Pourra-t-elle lui redonner le goût de vivre ?



Bien sûr…



Il s’en suivra une relation fusionnelle ; une relation si exclusive de la part de Nathalie qu’on peut craindre le pire quand cette idylle bucolique se trouvera transposée dans la capitale où nous aurons l’occasion de vérifier que « les histoires d’amour finissent mal… en général » …

Bon…soyons clairs : ce genre de ménage à trois si souvent présenté et étudié sous toutes ses formes par Françoise Sagan n’est pas ma tasse de thé, chez les autres. Mais bizarrement, effet Sagan, sans doute, ça passe : ce ton faussement léger, cet air de ne pas y toucher dans un roman malgré tout un des plus sombres de l’auteur…Et cette analyse pointue de l’alchimie complexe qui fait (ou non) un couple…



Il y a des choses qu’on ne s’explique pas, concernant le ressenti, notamment… Mais c’est ainsi.



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Château en Suède

J'ai lu des romans de Françoise Sagan, mais je ne pensais pas lire un jour une pièce de théâtre écrite par elle. La pièce se développe sur quatre actes, ayant pour cadre un château en Suède, demeure surannée où vivent cinq personnes en permanence, ainsi qu'un invité, et quelques serviteurs. La majeure partie de l'hiver, le château est isolé du reste du monde par la neige, et on peut y goûter des joies rustiques (chasser, visiter les cultures ou réparer un tracteur), s'ennuyer (en costumes du 18ème siècle), ou marivauder, puisqu'on n'a que ça à faire - et bien sûr, nos personnages ne vont pas s'en priver.



Ainsi sont regroupés dans une famille pour le moins improbable Hugo et sa soeur Agathe, derniers tenants d'une famille noble suédoise, les Falsen, qui se souviennent de la grandeur passée, notamment Agathe, qui aime à évoquer les anecdotes liées aux membres de sa famille. Hugo a épousé en secondes noces (mais on découvrira vite que c'est plus compliqué que ça) Eléonore, laquelle ne se déplace jamais sans son frère Sébastien, parasite de charme. La demeure, dans les couloirs de laquelle on se perd, on erre la nuit, ou l'on grelotte, abrite encore d'autres surprises : la première femme d'Hugo, Ophélie, que l'on cache (elle a été officiellement enterrée), un serviteur lettré, Gunther, qui disparaît, apparaît, et parle à la troisième personne.



Tout cela se complique avec l'arrivée d'un jeune cousin de Stockholm, Frédéric, qui, pour apporter du sang frais, n'en bouleverse pas moins l'équilibre précaire des relations en tombant amoureux d'Eléanore, et se trouve bien malgré lui le centre de machinations et moqueries diverses.



L'action n'est pas absente de cette pièce, l'analyse psychologique non plus, l'humour, souvent noir, fait mouche, mais tout se passe comme si Françoise Sagan, somme toute, voulait avant tout déconstruire les codes, faire du plein avec du creux, mettre en exergue une génération fatiguée de vivre, mais sans désespoir, alanguie, refusant de "se prendre la tête", ce qu'ils diraient aujourd'hui. En-dehors d'Hugo, qui tient toute la maisonnée sur ses épaules, par son travail, sa personnalité carrée et volontaire, tous sont oisifs, plutôt mous, et les deux Français franchement immoraux, même s'ils se racontent que c'est leur vie qui les rend ainsi.



On suit avec plaisir, quoique peu d'attente, cette intrigue de moeurs, et j'ai été surprise par l'apparente facilité, légèreté à la première lecture, qui s'est teintée de gravité, d'ironie à la seconde. J'ai finalement plus apprécié cette pièce que je ne le pensais - ce serait une bonne idée de la jouer en l'actualisant.
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Bonjour tristesse

Ce célèbre roman écrit par Sagan alors qu'elle était adolescente, qui fit scandale, qui a été un immense succès, sans doute parce qu'il fit scandale, et qui lança la carrière de l'auteure de manière durable, continue à être son livre le plus lu.



Le texte n'est pas très long, l'intrigue est très simple. Cécile, une jeune fille de presque dix-huit ans vit avec son père veuf. Ce dernier, volage et léger, collectionne les aventures brèves, au gré de ses envies, et se montre très compréhensif avec sa fille, qu'il traite en camarade plus qu'en père. Il a loué une belle villa en bord de mer pour l'été, il y vient avec sa dernière conquête, Elsa. Pendant ce temps, Cécile a rencontré un jeune homme, Cyril, qui loge à côté et passe tout le temps qu'elle souhaite avec lui. Mais arrive Anne, la meilleure amie de sa défunte mère, qui a décidé de mettre la main sur Raymond, le père de Cécile. Pas pour quelques semaines ou mois, non, elle souhaite une relation stable, le mariage. Et arrive à le séduire, à chasser Elsa, à faire programmer la noce. Elle décide de jouer à fond son rôle de mère de substitution auprès de Cécile : plus de rendez-vous avec Cyril, mais du travail pour repasser le bac. Cécile qui sent que sa vie, et celle de son père ne seront plus jamais les mêmes avec cette femme, et un peu par hasard, un peu par ressentiment, décide de la chasser de la vie de Raymond. Elle va se servir d'Elsa et de Cyril pour arriver à ses fins. L'affaire se terminera par un drame.



Si le livre a eu un tel succès à l'époque, c'est que cette jeune fille libre, amorale, qui suivait uniquement la pente de ses envies, était à l'opposé ce que devait être une jeune fille dans les normes du temps. Evidemment, cela fait un peu sourire aujourd'hui. Mais les normes et les interdits évoluent, et ne suis pas sûre que certains ne finissent pas par trouver troubles et choquantes les relations entre Raymond et Cécile. Mais c'est un autre débat.



La question essentielle est quand même celle de savoir, si au-delà du succès du scandale, le livre a des qualités littéraires, qui lui permettent de durer. Suite à ma lecture, j'aurais tendance à répondre oui. Le roman dégage un charme indéniable, un peu fragile, mais réel. Sans doute grâce à l'écriture, modeste en apparence, mais qui a son rythme, sa fameuse petite musique. Et le personnage de Cécile, en dehors de tout jugement moral, semble si réel, si vrai. D'une grande consistance dans son inconsistance et égoïsme, son indifférence aux autres, à l'exclusion peut-être de son père, son goût du plaisir immédiat, même si celui-ci laisse de l'insatisfaction après son assouvissement, peut-être parce qu'il est trop immédiat, que la satisfaction trop rapide ne laisse pas le temps de construire un véritable désir.



En tous les cas, un agréable moment de lecture.
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Bonjour tristesse

Mon premier Sagan (Françoise), que je viens de refermer mais que je rouvrirai pour en relire de jolis morceaux.

L' histoire est simple et étonnement moderne, sinon intemporelle: Des vacances qui s'annoncent belles et paresseuses, entre un père, sa fille adolescente et sa maîtresse. Ces trois-là s'entendent dans un modus vivendi d'indulgence et d'acceptation mutuelle. Le sentier de ces vacances sur la Côte d' Azur semble tracé, avec insouciance et flirt pour la jeune Cécile.

L' arrivée non programmée d'une quatrième joueuse dans la partie, va chambouler cet aimable équilibre: Anne, la quarantaine, consciente de son intelligence et des derniers feux de sa séduction: Elle chasse Elsa (la maîtresse), pour épouser Raymond (le père) à la rentrée à Paris! elle exige une sorte de soumission de ceux qu'elle semble déjà considérer comme son mari et sa fille. Elle est impatiente, trop pressée, trop sûre d'elle et de son intelligence qu' elle croit supérieure et (surtout) appropriée. En voulant brider Cécile dans sa liberté et sa relation avec le gentil Cyrille, Anne va se faire une ennemie au lieu d'une alliée précieuse...

Françoise Sagan, du haut de ses dix-huit ans, nous conte de façon limpide ce drame de l'incompréhension entre les protagonistes d'une pièce qui s'emballe et finira...mal.



Un mot sur le contenant de ce beau roman:

L' édition que j'ai trouvé est un exemplaire fatigué du numéro 772 du Livre de Poche, imprimé en 1973. La couverture en est assez hideuse, à mon goût, tout-à-fait raccord avec le titre Bonjour tristesse.

Trouvé dans la librairie de l' Emmaüs près de chez moi, pour un prix plus que modeste, ce poche contenait une sorte de surprise: le ou la lectrice précédente a collé sur le revers de la couverture et sur la première page deux entrefilets avec photo relatifs au décès de l' auteure!... Et Françoise Sagan de me regarder avant que je n'entre dans son récit...
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Des bleus à l'âme

Surprise par ce texte surprenant à mi-chemin entre le roman et l'essai. Publié en 1972, il est pour Françoise Sagan l'occasion de faire le point. Eléonore et Sébastien les héros de sa pièce Un château en Suède reviennent vivre à Paris. Ils sont fauchés, toujours aussi beaux ils se mettent en quête de celui ou celle qui leur assurera l'existence oisive et confortable à laquelle ils ont droit...

Leur mère spirituelle les accompagne dans leur quête et fusent pêle-mêle ses avis sur l'amour, la vie , la religion, le féminisme et bien sûr sur le "travail" de l'écrivain.

Un texte qui m'a permis de découvrir une femme portée aux nues par les uns, vilipendée par les autres et qui, par petites touches, se dévoile ou se cache un peu plus aux regards. Qui sait? Un texte qui rien que pour cela mérite le détour.



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