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Critiques de Françoise Sagan (1220)
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Bonjour tristesse

Peut-on encore faire une critique sur Bonjour Tristesse ?

Probablement pas, sauf que pour ma part il s’agit de l’ouvrage qui dans ma tendre jeunesse m’a happée dans l’univers de la lecture.

Scandaleux à l’époque, il n’en fut pas moins le tremplin qui me propulsa à l’âge de 14 ans avec les délices d’un fruit défendu, dans le monde des adultes.

Cinquante ans se sont écoulés depuis ma première lecture de cette œuvre et j’ai toujours la même émotion en ouvrant ce livre.

J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer Françoise Sagan et de découvrir quelle femme charmante elle était, bien loin de l’image de la personne futile qu’on a trop souvent décrite.

Je souhaite par ces quelques lignes rendre un modeste hommage à celle qui a fait de moi la lectrice exigeante que je suis devenue.



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Bonjour tristesse

C'est mon premier roman de littérature générale , le premier que j'ai choisi de lire du moins .

Et il m'a marqué à cause des paradoxes , des ambiguïtés , des affects intenses qu'il mobilise .

Les personnages sont d'une remarquable présence et ils sont placés sous le signe de l'ambiguïté d'affects réalistes et denses , superbement argumentés et solidement étayés .

Des paradoxes à chaque page : soleil , tristesse / amour , mépris /bonheur , jalousie / douceur aigre-douce / violence feutrée , affection /compagnie , solitude / argent facile , manque ...

Toute cette richesse d'étude de la nature humaine est suggérée par l'allusion , soutenue par des phrases courtes , et animée par des personnages terriblement existants alors que peu décris physiquement .

Alors l'imagination s'enflamme et la peinture morale s'anime ..

Un roman court , triste et à la mélancolie agréablement pénible , desesperante de crédibilité et de réalisme palpable .



Une leçon par l'exemple peut-être ?!
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Bonjour tristesse

Je ferme les yeux après la lecture. Fragances des pins, leurs ombres dans la forêt lumineuse. Farniente dans la chambre, le matin, petit-déjeuner, croissants, conversations. Pêche en barque, éblouie de lumière, goût salé aux lèvres, plaisir et désir, Cyril, jeune homme brun au doux sourire...



Bonjour Tristesse, roman de l'irrésistible légèreté de l'être, celle de "la belle race pure des nomades " ou celle "pauvre et désséchée des jouisseurs". Ainsi se définit Cécile, jeune fille de dix-sept ans, se définit elle et son père, bel homme, généreux, aux moeurs légères.

Relecture de ce roman et je retrouve cette écriture brève et incandescente dont je me souvenais, ces phrases incisives, nettes, sans emphases, qui se veulent légères et sont emplies d'un sentiment profond. Tristesse, dit-elle.

Un drame se noue, irrémédiablement, dont Cécile est à l'origine; qu'elle pourrait, si elle le voulait, éviter, mais elle est trop curieuse, juste trop détachée, observatrice telle un écrivain le serait, pour mettre fin à la machine implacable. Un brin capricieuse et immature - mais elle n'a que dix-sept ans après tout! - elle ne peut imaginer l'intrusion d'Anne dans leur vie à elle et son père, vie faite de plaisirs et d'imprévus. Pourtant elle aime Anne, l'admire plus que tout, et a besoin, sans vouloir l'admettre, de son calme, sa constance.

Admiration pour cette jeune fille que Françoise Sagan a été, de son extraordinaire maturité mêlée à cette jeunesse égocentrique.

Si la fin souffre de quelques répétitions confuses sur les intentions et sentiments de Cécile, l'ensemble du roman est d'une incandescence parfaite.
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Bonjour tristesse

On sait ce qu’on perd mais on ne sait pas ce qu’on gagne.



Aux confins de l’autoroute du soleil, entre les pins et les criques de la côte d’Azur, Cécile, la jeune héroïne de Sagan, se fait hara-kiri. La jeune femme eut tout pour être heureuse, elle sait pertinemment ce qui est mieux pour elle, car elle est d’une désarmante et désinvolte sincérité, mais elle décide de céder à l’appel enivrant de la cruauté.



Toute à sa candeur, avouant sa culpabilité, Cécile n’est pas mauvaise. Sagan décrit avec flegme cet art de se mettre dans les pires situations, d’initier les engrenages les plus mortifères, de ceux qui laissent des bleus à l’âme, indélébiles, alors même que tout va bien, que le bonheur est à portée de main.



Dans son premier ouvrage, paru en 1954, Sagan, prémonitoire, résume sa vie à venir : sous le signe de l’auto-sabotage. Elle a le volant en main, le pied sur la pédale, elle sait pertinemment qu’elle doit freiner, mais elle accélère.



« Que cherchons-nous, sinon plaire ? ». J’eus avec Françoise Sagan le même soupçon que celui que j’entretins sur Jean Cocteau. Je me méfie des écrivains mondains. De plus, Françoise Sagan n’a pas l’imposante plume de Yourcenar ni le magnétisme esthétique de Duras, pourtant elle fut toute sa vie plus populaire que ces deux contemporaines.



« Je me rendais compte que l’insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d’arguments pour se défendre. » Rien que le mot « tristesse » du titre (emprunté à Eluard) nous informe que le drame sera ouaté, amorti, engourdi. C’est là sa mondanité, les émotions sont priées de se tenir en société. Ce n’est pas « déchirure », « deuil », « désespoir » non, juste : tristesse. C’est sa modestie ou son élan vital plus fort que tous les chagrins. Pourquoi en rajouter ?



« Je comprenais que j’étais plus douée pour embrasser un garçon au soleil que pour faire une licence ». Le coté scandaleux est certes daté, mais le tempérament provoquant de la jeune Françoise se lit toujours entre les lignes. Une nonchalance bourgeoise qui doit rester bien peu dosée pour ne pas agacer des lecteurs aux difficultés autrement plus diverses que de simples soucis d’études supérieures dans une villa de vacances (louée pour plus d’un mois).



Au sortir, ce roman, très facile à lire, est une agréable surprise, il y a une humilité dans ce style discret mais plus travaillé qu’à première vue, il faut attendre d’avoir des pages jusqu’à la taille, à moitié plongé dans l’intrigue pour admettre que, cette petite musique de Sagan, nous l’entendions depuis les premiers mots … « le beau nom grave de tristesse ».



Bel été,
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Bonjour tristesse

Ceux qui me connaissent, savent que je me sens obligée de lire les livres scolaires de mes enfants. Et pourtant je n'ai jamais lu Sagan, ni au lycée, ni par moi même. Je n'ai en fait jamais été attirée par cette auteure…. et aujourd'hui je sais pourquoi, et je suis contente de ne pas avoir du la lire par obligation.





La plume de l'auteure est loin d'être mauvaise , loin de là.

Mais je n'ai absolument pas adhéré aux personnages, je les ai trouvé ennuyeux a souhait. Le père est juste grossier et infantile. La fille, bof : adolescente jalouse et puérile ( mais bon a 17 ans).. pas mieux pour le reste.

Après le fond de l'histoire est intéressant, mais j'ai beaucoup de mal a apprécier ces gens qui cherchent la facilité, qui provoquent des accidents pour ensuite culpabiliser et encore pas longtemps.



Je sais qu'il faut remettre ce roman dans son contexte et dans son époque…. alors un roman qui a mal vieilli ou moi qui n'ai pas su apprécier.. là est toute la question
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Bonjour tristesse

Je vois que ce livre a déjà été amplement commenté, et certaines critiques me paraissent très bonnes. Je vais donc me permettre d'être un peu fantasque et de livrer pèle mêle mes réflexions et impressions à propos de ce livre.



Tout d'abord, je pense que ce livre doit être lu quand ces conditions sont réunies :

1 – en été, au bord de la mer et sous une chaleur écrasante

2- mettez vous dans l'ambiance en écoutant juste avant d'entamer votre lecture pull bleu marine d'Isabelle Adjani

3- lisez le d'un trait la première fois, puis traînez pendant la deuxième lecture



Pour moi qui lit rarement de la littérature française, il faut vraiment que le livre me plaise pour m'arracher à ma littérature japonaise. Mais certains livres attirent de manière irrésistible, et tel est le cas de Bonjour tristesse.

Il y a d'abord la personnalité de Françoise Sagan. Qui n'a pas en tête l'image de cette femme mondaine, un peu dédaigneuse et lapidaire ? Alors on a envie de voir si cette femme qui paraît si brillante a mérité notre estime, et le premier réflexe afin de se faire une idée sur la question est d'ouvrir son œuvre la plus connue, son roman précoce qui fit tant de bruit, Bonjour tristesse.

Ce titre est intriguant, un peu théâtral, doux amer et un peu elliptique. N'a t-on pas envie de savoir ce qu'est cette tristesse ? Et quand je vois que ce titre est tiré d'un poème de Paul Eluard, un de mes poètes préférés, je ne peux plus résister et j'ouvre le livre.



Il y a quelque chose de paradoxal dans ce livre.

On sent les sentiments négatifs envahir la jeune femme qui est le personnage principal, cette tension rampante qui menace d'exploser, et surtout le lecteur acquiert la certitude que ce récit ne pourra pas avoir de dénouement heureux. Or, en dépit de ce pessimisme diffus, ce livre conserve une vitalité étonnante qui empêche ce roman d'être uniquement un récit sombre. L'été, le caractère jeune et inconstant de la jeune Cécile et l'ambiance de la côte d'Azur empêchent de tomber dans la morosité. C'est avec grand talent que Françoise Sagan tempère cette tension dramatique par un certain épicurisme forcé qui menace constamment de se transformer en refuge contre la gravité et un futur jugé oppressant.

Car ce livre c'est aussi l'opposition de deux femmes très symboliques. Il y a Anne qui incarne ces femmes bourgeoises un peu mûres pour qui le contrôle de soi même et de leur univers est essentiel, et manifestent donc du dédain pour tout élan violent et choses triviales.

En face d'elle, il y a Cécile, qui représente ces nouveaux riches bohèmes qui se donnent un genre en paradant en société, en refusant les conventions bourgeoises de bon goût et de mesure, en voulant mener une vie oisive.

C'est aussi la confrontation entre ces deux classes aisées que met en scène Françoise Sagan dans ce roman.



Une confrontation qui se traduit par une tension psychologique oppressante.

Le personnage de Cécile me rappelle exactement le personnage qu’incarne James Dean dans A l'est d' Eden, en ce sens que ce sont deux jeunes personnes assez belles et intelligentes qui n'ont pas de soucis matériels mais qui sont comme beaucoup de jeunes mal à l'aise dans le cadre familial. Rien n’explique cette fureur de vivre qu'ils ont entre eux, cette impossibilité qu'ils ont de se plier à une vie banale et rangée. Alors ils sont en colère, rejettent cette colère aigre qu'ils ont en eux et deviennent mauvais. Ils sont lucides du fait que cette colère n'a pas de motif, mais pourtant ils ne peuvent pas s'empêcher de l'éprouver et de s'y plonger avec une sombre griserie et de commettre leurs actes mauvais. Ils vont dégriser trop tard pour que les conséquences de ce qu'ils ont fait ne soient pas graves...

C'est ainsi une forme de banalité du mal que Sagan nous expose, ce mal que l'on développe comme un jeu pour tromper la lassitude, nier sa propre banalité en se créant un rôle de manipulateur.



En face de Cécile, Anne et le père de Cécile. De père, peu à dire sinon qu'il représente la banale médiocrité du parvenu sans scrupules, d'une bonne humeur qui masque mal un profond égoïsme.

Et puis il y a Anne ! Anne, un prénom qui n 'évoque rien sinon la multiplicité des femmes qui ont porté ce prénom. Anne est bourgeoise, mais pas une petite bourgeoise à la Chabrol. Non , Anne c'est cette grande bourgeoisie, avec ces sourires énigmatiques, son rejet du fantasque comme du vulgaire,ce sérieux en toutes circonstances, cette ironie distanciée....

Mais Anne c'est aussi LA femme. Pas la jeune fille un peu tête brûlée comme Cécile, mais ce type de femme au sommet, juste avant le déclin, toute en séduction , suggestion et beauté froide.

Anne n'a qu'un seul défaut, cette perfection trop froide, qui rend jalouse Cécile, qui en fait un complexe d'infériorité maladif dans le chaleur de la côte d'azur ou tout n’incite qu'à la séduction....

Mais finalement, Anne n'est qu'une femme, exceptionnelle, mais femme. Une femme seule qui s'accommoderait bien du père de Cécile, domestiqué et embourgeoisé. Comment cette femme brillante et déterminée pourrait elle échouer ? Tout sourit trop à Anne. Et Sagan punit cette réussite insolente par le petit objet pusillanime qu'est Cécile, qui remet Anne à sa condition de femme vulnérable qu'Anne semblait ne pas pouvoir être. Et le lecteur, amer, voit sortir Anne de scène comme elle y était entrée, avec ce charisme silencieux, et reste avec Cécile, honteuse et même pas grandie pas le résultat de son cruel jeu puéril. 
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Bonjour tristesse

Cécile, son père, Raymond et Elsa, sa compagne, ont loué pour l'été une villa sur les hauteurs de St Tropez. Cécile ne connait de l'amour que les baisers furtifs. Elle entretient une relation fusionnelle avec son papa, surtout depuis qu'elle a quitté le pensionnat. Elsa, la dernière conquête en date, jeune et mondaine, vient troubler cette connivence et leur mode de vie, fait de soirées et de moments distrayants. Malgré tout, l'été s'annonce radieux. Mais, c'était sans compter sur l'intrusion soudaine d'Anne, une amie de Raymond, qui vient également passer ses vacances avec eux. Plus âgée et plus ancrée dans la vie, elle jette son dévolu sur ce dernier et celui-ci ne tarde pas à succomber à ses atouts. Mais, Cécile voit d'un très mauvais oeil cette nouvelle relation, d'autant plus qu'elle-même rencontre Cyril, une jeune homme de 26 ans qui devient rapidement son amant... L'été s'annonce torride...



Malgré sa date de parution et le jeune âge de Françoise Sagan au moment de ces écrits, ce roman reste encore d'actualité et j'ai trouvé son écriture très moderne. Avec des phrases courtes, une certaine poésie, le style de Sagan est incontournable, remarquable et singulier. C'est un roman sincère et plein de vie qui aborde des thèmes universels tels que l'amour et la jeunesse. Il est d'une grande justesse et plein de fraîcheur.



Bonjour tristesse, enchanteresse hardiesse de la jeunesse...

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Bonjour tristesse

Bonjour tristesse est une histoire d'apparence simple. Cinq personnages vont se côtoyer durant un été dans une villa de Saint-Tropez, s'en échappant parfois entre la plage voisine et les boîtes de nuit des environs.

C'est un roman qui associe tout d'abord le mot tristesse à celui de plaisir.

La narratrice s'appelle Cécile, elle a dix-sept ans. Elle est aussi charmante que cynique.

Son père est ce qu'on appelle vulgairement un homme à femmes, qui séduit aussi facilement qu'il rompt avec ses conquêtes, mot que j'exècre, c'est bien le terme qui convient pourtant ici. Une très grande complicité unit le père et la fille. A priori ils ont choisi tous deux de vivre dans une sorte de cocon de légèreté, où chacun tient sa place sans poser de contrainte ni de reproche à l'autre. Tout ceci nous est d'ailleurs révélé par la narratrice.

On pourrait parler d'insouciance à la lecture des premières pages. L'insouciance de l'été, son ennui, la plage, là où les jours coulent comme une poignée de sable d'une main nonchalante. Ce sable qui fuit comme le temps qui passe, qui dévore tout, les âmes sensibles comme les plus retorses...

Mais la jeune Cécile sous ses airs délurés et frivoles entend contrôler par sa volonté ce père séducteur, elle fait en sorte qu'il ne s'attache jamais à aucune de ces femmes afin de ne jamais perdre l'ascendant qu'elle exerce sur lui. On pourrait même évoquer qu'elle est prête à le manipuler. Vous l'admettrez, Cécile est très possessive, c'est le moins que l'on puisse dire.

Mais comme Cécile est aussi la narratrice et que l'écriture est fluide et élégante, nous découvrons le récit par l’envers de son seul regard subjectif et nous nous laissons prendre au jeu subtil que construit celle-ci, nous entraînant pas à pas dans son histoire.

Elle veut viscéralement protéger, sacraliser le temps encore fragile de sa relation avec son père et elle sait que ce temps est compté, que c'est peut-être le dernier été, que l'édifice qui tient la relation entre son père et elle est menacé, comme un château de sable par l'assaut des vagues sur une plage...

Avec la jeune maîtresse du moment qui partage ce temps estival, Elsa, futile et mondaine, la narratrice n'est pas trop inquiète, elle sait par avance que cette amourette ne durera que le temps d'un été.

Mais les choses se compliquent lorsque surgit brusquement dans la villa une ancienne amie de sa mère, Anne, nettement moins stupide que les autres et du même âge que son père.

Anne est aimable, rayonnante, intelligente, et son père commence à la regarder avec admiration et désir. La jeune Cécile voit immédiatement le danger, elle va tout faire pour inverser le cours inéluctable des choses. Elle va alors mettre sur pied un véritable plan d'attaque pour écarter la nouvelle venue...

Et c'est là que le roman va prendre une nouvelle tournure...

J'y ai tout d'abord vu un roman d'une maîtrise stupéfiante.

Si le décor est bien planté, c'est aussi celui d'un style qui fait mouche, d'une élégance cruelle et indomptable.

Françoise Sagan a dix-sept ans lorsqu'elle écrit ce premier roman, le même âge que Cécile la narratrice qui nous confie ce récit. Cette dernière ne connaît rien à l'amour, ou si peu, des baisers, des rendez-vous, la lassitude, des histoires qu'on raconte dans les magazines photos de l'époque, nous sommes dans les années cinquante. C'est à peu près le niveau de relation qu'elle a avec ce jeune garçon Cyrille à l'entrée de l'été.

La narratrice forge son éducation sentimentale, et s'en inspire, à l'aune de sa relation avec son père qu'elle admire, qu'elle adule, qu'elle protège, elle construit son modèle en amour sur la figure d'un père aimé et volage.

Alors, la cruauté est peut-être la seule source d'inspiration qui vient à Cécile pour s'inventer une vie, la seule manière pour celle-ci de faire éclater sa créativité dans une vie ennuyeuse, qu'elle souhaitait d'ailleurs être réglée comme un encéphalogramme plat. C'est ce surgissement d'un événement nouveau qui va la faire sortir de cette torpeur estivale et démontrer qu'elle est capable d'un imaginaire débridé et sans limite.

Cécile découvre sa cruauté et l'éprouve sans véritable méchanceté.

Et c'est aussi là qu'est la prouesse de ce roman que j'ai beaucoup aimé, autant dans le style que dans la nasse qui prend les personnages, telle une toile d'araignée d'où surgit le texte.

Dans une écriture d'une paresse apparente, elle réussit un roman incroyablement fort, rendant la tristesse élégante.

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Un certain sourire

Dominique s'ennuie. Elle s'ennuie beaucoup. Elle s'ennuie tout le temps et le formule à toutes les pages. Tant et tant qu'elle a fini par me communiquer son ennui.

En la lisant, je voyais et entendais Sagan à travers son personnage. Cette jeunesse étudiante, désoeuvrée, qui se donne des airs blasés de revenus de tout ; posture qu'il est du plus grand chic d'adopter dans ce milieu petit bourgeois de la seconde partie des années 50. Une jeunesse "intellectuelle" et seulement intellectuelle, végétative et un rien nombriliste dont le questionnement se limite à : Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel "état j'erre" ?



Cela étant, s'il est un fait que cette Dominique avait le don particulier de me taper sur les nerfs, j'ai vraiment apprécié ce roman. Il m'a replongée dans le décor de mon enfance. Je dis bien le décor et non l'atmosphère car, mon milieu étant ouvrier, nos préoccupations quotidiennes étaient aux antipodes de celles de la Dominique de Sagan. Pas le temps de se torturer les méninges, nous allions à l'essentiel et, pour le reste, étions plutôt joyeux.



J'ai, par ailleurs, aimé l'écriture de Sagan que je découvrais à travers ce premier roman qui sera suivi d'autres lectures de l'auteur, soyez-en sûrs.
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De guerre lasse

Il n'était pas facile voici trente ans de résister au phénomène “Françoise Sagan”. Ses écrits à profusion, ses positions politiques courageuses mais aussi ses frasques régulières la portaient plus souvent qu'à son tour à la une de l'actualité. S'intéresser à la prose de cette femme libre, collant à l'air du temps des décennies d'après-guerre, allait de soi à l'époque.



Pas le moindre souvenir pourtant de ce roman de 1985, son 15ème, sorti l'autre jour par hasard de son long sommeil vertical. Une relecture de “De guerre lasse” s'imposait !

En ce printemps 1942, une moitié de la France est occupée par l'armée allemande mais au sud de la ligne de démarcation vous êtes en zone libre. Le Dauphiné est du bon côté de cette horrible frontière et c'est dans un de ses petits patelins que Charles Sambrat dirige sa fabrique de chaussures sans vraiment se préoccuper de la barbarie aryenne sévissant plus au nord.

Lorsque par une chaude journée de mai débarquent à l'improviste son ami d'enfance Jérôme accompagné d'une très belle femme prénommée Alice, le bellâtre et insouciant Charles Sambrat ne sais pas encore que sa vie est à un tournant.

Jérôme et Alice font partie d'un réseau de résistants qui aide les juifs à fuir la Gestapo. Traqués, le concours de Charles leur est indispensable pour mener à bien leur mission. Ils savent l'un comme l'autre que les charmes d'Alice constituent le principal atout pour parvenir à leur fin...



Françoise Sagan plonge le lecteur au coeur d'un trio amoureux aux rapports faussés par les dangers de la guerre. Le portrait sans concession de ces jeunes gens navigue constamment entre désir et devoir. Le style de l'auteure est alerte et plaisant avec des phrases parfois longues mais néanmoins fluides. Le final aux rebondissements surprenants apporte une touche dramatique au roman.



Apprécié cette fois-ci à sa juste valeur, “De guerre lasse” avait cette semaine la saveur d'un retour gagnant dans le passé.

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La Femme fardée

Françoise SAGAN nous emmène en croisière avec des personnages haut en couleur, mais en couleur seulement. En effet, ici c'est à chacun son fard et à celui qui en met le plus. Il y a là comme une bouche trop rouge qui appelle une passion qui ne vient pas. Une subtilité dans l'écriture qui nous démaquille tout ce joli monde. Un milieu quelque peu snobinard où chacun endosse tour à tour un statut qui n'est pas le sien. Le faux riche, le faux peintre, le mal aimé... Une cohorte de mensonges qui naviguent de cabine en cabine et des personnages qui arpentent le pont d'où s'élève une pauvreté d'âme.
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Bonjour tristesse

Roman choisit avec un peu d'appréhension mais je suis conquise! J'ai beaucoup apprécié l'intrigue et l'écriture. Un livre très avant-gardiste pour l'époque certainement (milieu des années 1950), ce qui explique le scandale attaché à sa parution... mais ce parfum sulfureux et d'interdit n'a plus lieu d'être. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, la sensualité du livre ne peut pas choquer, seul le machiavélisme de la narratrice est perturbant et déstabilisant. Un grand classique de la nouvelle vague. Un excellent roman.
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Bonjour tristesse

Ce roman, je l’avais lu une première fois alors que j’étais au collège. Et j’ai choisi de le relire et de le redécouvrir car il ne m’en restait aucun souvenir. Dès le début, je me suis demandé le pourquoi de ce titre, « Bonjour tristesse », un titre qui m'a paru bien paradoxal au début, quand on prend connaissance de l’histoire de Cécile, jeune femme de 17 ans, qui découvre l’amour, cet amour qui constitue la trame de ce récit, amour, l’amour qui devient un jeu, un jeu dangereux… Une histoire simple et complexe à la fois, une histoire dans laquelle s’entremêlent des vies, des personnages intéressants, certains bien campés et présents, à la personnalité affirmée comme Anne, future belle mère de notre jeune étudiante ou Cécile, notre héroïne, d’autres qui se laissent porter, qui glissent sur le fil d’une vie facile comme Cyril, amant de Cécile ou comme son père.



Vacances heureuses, été chaud comme l’aiment les adolescents, ouverture à la vie, drame, tout y est, on ne s’y ennuie pas ! J’essaie de me rappeler comment j’ai accueilli un tel roman lorsque j’étais collégienne, possible que je me sois identifiée à l’héroïne, aujourd’hui je le vois certainement d’une autre manière, et je ne peux m’empêcher d’avoir envie de le transposer à l’époque actuelle. Il fit scandale dans les années 50, il n’y a plus aucune raison aujourd’hui de s’offusquer des mœurs des personnages, les temps ont changé et si j’ai commencé à le lire avec mes yeux des années 2000, je l’ai vite replacé dans son époque.



Ce roman, il possède un quelque chose que je ne saurais expliquer, il génère une étincelle qui met le feu à mon âme de lecteur, j’ai vraiment ressenti une sorte d’attirance pour chacun des personnages, je suis enchantée de l’avoir redécouvert. Il n’a peut-être pas bien vieilli, question d’époque, mais le génie d’une Françoise Sagan toute jeune lorsque son roman fut publié demeure.



Un bon classique à connaître !
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Bonjour tristesse

J'ai enfin pris le temps de découvrir ce classique. Pas bien épais mais dense par le sujet qu'il aborde sous des airs de ne pas y toucher, presque des airs de Sainte-Nitouche. C'est d'ailleurs un peu l'image que renvoie Cécile, la jeune héroïne de 17 ans - peut-être un écho fictionnel de l'auteure précoce, Françoise Sagan, dont ce fut le premier roman et le plus grand succès, n'ayant elle-même que 18 ans à sa parution ?



Toujours est-il qu'au coeur d'un été caniculaire sur la Côte-d'Azur, à mi-temps des années 50, Cécile aime sa vie facile de fille bourgeoise nantie élevée au couvent, orpheline de mère et élevée par son père en passe de virer vieux beau dans un cadre parisien mondain et décadent. La relation père-fille de ce foyer tronqué de la femme se base sur la complicité dans le plaisir, dans la vie de rentier, dans l'immédiateté de l'instant, dans l'égoïsme d'une vie entièrement tournée vers soi et les jouissances terrestres. Et ma foi, à leur place, agirions-nous différemment ? Pas sûr tant une villégiature dans une villa sur la plage avec domesticité offre de séduction, non ? Mais Cécile file un mauvais coton. Croissant comme une plante sauvage, efflanqué tel un chat affamé, échouant à son baccalauréat, fleurtant avec le premier venu, paressant et ne pensant qu'à elle... Son père collectionne de son côté les conquêtes féminines flatteuses, complaisantes et ruineuses sans penser à donner à sa fille quelque exemple moral qu'il soit. Entre plage et casino, la vie est donc pour chacun d'eux un long fleuve tranquille jusqu'au jour où Anne, amie de la défunte mère et épouse, débarque à l'improviste et entreprend de redresser la barre par son charme, son intelligence et son élégance. Rebelle à son plan d'action, Cécile se fait alors manipulatrice pour préserver farouchement son indolence et sa vie libre - qu'elle revêt du noble nom d'indépendance -, jusqu'à nouer un drame familial qui la dépassera rapidement.



"Bonjour tristesse" a provoqué à sa parution en 1954 un énorme scandale que j'attribuerai pour ma part en partie à une promotion éditoriale bien maîtrisée. Certes, les thèmes que la très jeune autrice aborde semblent sulfureux à l'époque : une jeune bourgeoise s'exprime librement - et avec un talent stylistique d'une maturité assez remarquable de la part de l'autrice - sur sa vocation de "dandy femelle". Cécile se plaît à décrire elle-même la relation avec son père d'incestueuse (même si rien dans le roman ne peut prouver que ce soit le cas). Colette, Simone de Beauvoir, Anaïs Nin et une poignée d'autres ont préparé le terrain pour que dix ans après la fin de la guerre, le ton émancipatoire de la jeune Sagan choque les bonnes gens et s'érige en voie/voix d'une nouvelle génération.



La structure du récit semble annoncer la dramaturge que Sagan deviendra ; la théâtralité du drame, le huis-clos familial, la manipulation, l'intensité des émotions, le dénouement dramatique, tout rend hommage à la tragédie grecque que la jeune étudiante qu'était alors Françoise (et Cécile) a forcément découverte de fraîche date.



Le roman en lui-même fonctionne bien même si, pour ma part, le fait de ne pouvoir véritablement m'attacher à Cécile n'a pas engendré un réel engouement. Je me suis plutôt laissée bercer par la magie de l'expression très bien maîtrisée. J'ai apprécié l'atmosphère d'été torride, ce décor pictural bien propre à éveiller les sens, et la galerie restreinte de personnages.



Une belle découverte, plus intéressante qu'envoûtante.





Challenge RIQUIQUI 2023

Challenge PLUMES FEMININES 2023

Challenge MULTI-DEFIS 2023

Challenge SOLIDAIRE 2023

Challenge XXème siècle
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Aimez-vous Brahms...

Mais mais mais... 3,45/5 Seulement !?!! Je m'élève contre cette injustice. J'ai tellement aimé cette lecture.



Cette femme si touchante -entre ces/ses deux hommes, ses questionnements, et sa personnalité- je me sentais si proche d'elle...

Françoise Sagan a écrit un très beau roman.



Mais mais mais... troublée, j'ai oublié de vous demander : Aimez-vous Brahms... ?
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Bonjour tristesse



Ce livre me tendait les bras depuis longtemps.

Comment ! je n’avais pas lu Bonjour tristesse !

Ce best-seller de l’année 54.

Ceci dit je n’ai pas de Rolex non plus !



Écrit par une jeune fille de 19 ans, figure de Saint-Germain-des-prés, ce roman nous narre les vacances d’une adolescente de 17 ans qui manœuvre pour manipuler la vie sentimentale de son père.

Aujourd’hui, on dirait qu’il s’agit du milieu des Bobos, à l’époque, c’étaient simplement des nantis, qui ayant loué une villa deux mois d’été sur la côte, nous exposent leurs affres existentielles.



Le sujet de ce récit me paraît aujourd’hui un peu daté.

Les questionnements, s'ils demeurent de tout temps, ne m’ont pas vraiment ”parlés”, ils sont ceux d’une bourgeoisie hédoniste et décadente, des problèmes hors-sol de riches.

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Bonjour tristesse

C'est l'été. Le sud de la France. Cécile est en vacances avec son père, veuf consolable et consolé, et sa compagne Elsa . Cela fait 2 ans que Cécile et son père vivent ensemble, véritables compères et complices. Le choc pour Cécile est violent . Anne , une femme que certes elle estime, va venir les rejoindre . Femme intelligente , intellectuelle mais "organisée", presque rigide Anne va venir perturber ce petit monde de folie et arriver à s'immiscer et à s'imposer.

Cécile et ses 17 ans se rebiffent, se rebellent . Elle va ourdir une machination susceptible d'éloigner Anne du cercle de son père afin de leur permettre de sortir du carcan prévisible dans lequel Anne risque à coup sûrde les enfermer ....

Je crois n'avoir rien trahi d'une histoire que beaucoup connaissent . Comme beaucoup de ma génération il n'était pas de bon ton de lire Sagan , voir carrément prohibé!! Quel dommage vraiment! c'est le sentiment que je ressens quelques décennies plus tard . Problème d'époque sans doute, de pudibonderie, du rôle "convenable" que la femme était sensée occuper dans la société, jeune fille accomplie, instruite mais pas trop , puis épouse au foyer future mère de famille. Avec le recul Bonjour tristesse m'apparaît comme une première bouffée d'air qui a pu secouer certaines femmes et les faire avancer sur le long chemin de l'émancipation . Et puis y avait il à l'époque beaucoup de textes qui scrutaient autant cette période de l'adolescence?

Le très jeune âge de Françoise Sagan , à peine 19 ans, lui a permis de relever cette gageure de façon brillante et ce texte me semble être resté d'une modernité indémodable . A lire!
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Un orage immobile

Autant le dire de suite : Ce roman aura été une grande et belle surprise.

J’avais déjà apprécié Françoise Sagan dans de très bons romans, mais là elle m’a estomaqué.



Les phrases sont belles, très belles. Les descriptions plus que vivantes. Les propos me plongent dans un univers romantique et ça me plaît.

Car oui, il s’agit bien là d’un grand ouvrage romantique avec ses tourments, ses amours contrariées, ses souffrances, ses espoirs, son culte du moi, sa sensibilité extrême, ses rêves, sa mélancolie.



A mon sens l’auteur peut tout à fait supporter la comparaison avec une Jane Austen, une charlotte ou une Emily Brontë, un Tourgueniev, un Goethe, un Fournier.



Un très grand travail d'écrivain pour se plonger dans le fond et la forme d'un roman du XIX ème siècle. Outre le vocabulaire et les tournures de phrase surannées, nous retrouvons ce carcan social si bien exposé par Jane Austen ; ce corset qui ôtait toute liberté, toute personnalité et sacrifiait des vies sur l'autel de l’honneur et des préjugés.



De plus l’auteure a écrit son roman à la première personne du masculin singulier et j'ai adoré sa pertinence dans les réactions provoquées chez les hommes par l'attitude des femmes. et cette ambiguïté qui peut s'installer dans le jeu de je t'aime, moi non plus. Elle m’a étonné par sa compréhension des différences entre les sexes dans l'art de la séduction.



Je ne dirais rien de l’intrigue de peur d’en dire trop long, juste que son Nicolas Lomont n’a rien à envier à un Heathcliff, un Werther, un Darcy ou une miss Dashwood.



Je dis donc : Chapeau bas madame Sagan. quelle maîtrise de la langue, du romantisme, de la psychologie et de l’inconscient collectif de cette époque.

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Bonjour tristesse

La misère des riches, un été d’amour de plage et de voilier, une fille de 17 ans qui découvre les vicissitudes de l’amour.



Dans une grande villa au bord de la mer, Cécile passe l’été avec son père, un homme à l’aise qui multiplie les conquêtes et va d’une femme à l’autre, une vie de jouissance sans tracas. Il a amené en vacances Élise, sa belle du moment. Un été de farniente sans histoire, avec les domestiques qui préparent les repas et nettoient tout. Tout va bien jusqu’à l’arrivée d’Anne, une quadragénaire dont le père devient amoureux…

Et la suite, elle est connue ou alors il faudra lire ce court roman de Françoise Sagan, un texte écrit lorsque l’auteur avait 18 ans à peine, sa maîtrise de l’écriture est impressionnante. Et la qualité de son analyse du comportement de l’homme mûr est étonnante.



Un roman romantique, où tout tourne autour du nombril de Cécile, ses humeurs changeantes d’adolescente narcissique, alternances de caprices égocentriques et compassion pour l’autre, mais surtout refus des contraintes. Elle peut se permettre d’échouer au bac, elle trouvera bien un homme pour s’occuper d’elle…



Un roman d’amour libre où une jeune femme s’exprime sur ses aventures sexuelles, avec un parfum de scandale dans les années 50.



Un classique de la littérature, mais très loin des réalités de ceux qui travaillent pour gagner leur vie ou qui réfléchissent à l’avenir de la planète…

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Bonjour tristesse

Le féminisme est là, latent : les femmes sont capables de jouissance et de manigance, même si l'une ne va pas toujours avec l'autre. Françoise Sagan oppose presque hauteur d'esprit et plaisirs de la vie, de l'alcool, des corps, créant deux personnages types, Anne et Cécile. La première pousse la seconde, narratrice, à solliciter son cerveau paresseux, à sortir de sa langueur estivale et à embrasser la cruauté égoïste et secrète des adolescents (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/07/25/bonjour-tristesse-francoise-sagan/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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