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Critiques de Honoré de Balzac (3257)
La Peau de chagrin

Il s’agit de mon premier Balzac. J’avais envie de le lire à la suite du Portrait de Dorian Gray. L’explication de texte avançait qu’il s’agissait de deux histoires semblables par le côté fantastique et par le côté dramatique. J’ai donc emprunté à la bibliothèque sans hésiter. J’étais loin de me douter que la lecture en serait très difficile.



Raphaël De Valentin, intellectuel, écrit des essais. Il est épris de Foedora qui est une femme sans cœur, qui est complètement indifférente vis-à-vis de lui malgré sa déclaration d’amour. Il va se ruiner pour elle. Perdu, il veut alors se suicider. Avant de passer à l’acte, il passe par un magasin d’antiquité et il tombe sur la peau de chagrin. On lui explique que l’acquéreur de cet objet peut voir ses désirs réalisés. Seulement, à chaque vœu exaucé, la peau de chagrin se réduit et le propriétaire voit sa santé réduite d’autant. Si bien que la mort est rapidement envisageable.

Son premier vœu est d’être riche et il l’est du jour au lendemain : un membre de sa famille éloigné vient de mourir et de lui laisser un héritage. Au départ, il pense que c’est une coïncidence et il se met à mesurer sa peau de chagrin. Cette initiative va vite devenir une obsession.



Sous forme de conte, Balzac nous raconte donc l’histoire d’un jeune homme vaniteux, plein d’ambition, et qui pense qu’il ne peut pas décemment fréquenter des femmes pauvres. Il lui faut une femme du monde. J’aurais pu être convaincue par cette histoire s’il n’y avait pas eu autant de descriptions, de considérations philosophiques. J’avoue qu’au bout de 50 pages, j’ai bien eu envie de laisser tomber. Les avis sur Internet indiquent bien que la première partie est très difficile et qu’une fois passée, la lecture est plus agréable. Au total, 375 pages difficiles, laborieuses pour ma part. Même la première partie passée, j’ai été freinée à de nombreuses reprises.



Il m’aurait fallu de nombreux sous-titres au départ pour comprendre. Ce que j’ai compris en revanche, c’est que l’homme ne peut pas vivre sans envies, sans souhaits. A un moment donné dans l’histoire, Raphaël s’enferme chez lui, ne veut voir personne de peur d’avoir des souhaits aussitôt exaucés par son talisman. Du coup, sa vie devient ennuyeuse et terne. Je vais donc assumer pleinement ce qui va suivre : oui, ce livre m’a fait penser à la chanson de Johnny Hallyday : l’envie d’avoir envie. Ne me jetez pas la pierre si je compare Johnny à Balzac mais quand notre chanteur national dit :



On m'a trop donné bien avant l'envie

J'ai oublié les rêves et les "merci"

Toutes ces choses qui avaient un prix

Qui font l'envie de vivre et le désir

Et le plaisir aussi

Qu'on me donne l'envie !

L'envie d'avoir envie !

Qu'on allume ma vie !



On est bien dans l’esprit de ce qu’a voulu dire Balzac (me semble-t-il !).



Voilà, je vais m’arrêter là … Une première expérience balzacienne ratée. Je retenterai sûrement mais par un livre plus facile à aborder.

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Gobseck - Une double famille

Première déception pour mes lectures de Balzac.



J'ai vraiment eu beaucoup de mal à lire ce livre. Je butais à chaque mot, le sens des phrases ne venait pas aussi facilement que ce que j'ai lu auparavant, je me perdais. Au début je me suis dis : " Mince, je ne suis vraiment pas assez concentré !". Alors j'ai fermé la porte de ma chambre, je me suis assis et j'ai lu dans un grand silence, doucement. Mais même effet, beaucoup de mal à lire.



Je me suis donc demandé, est-ce l'édition de GF qui me gêne ? Est-ce parce que l'écriture est trop difficile ? Ou parce que je n'aime pas l'histoire. Et je pense que c'est cette dernière raison.



En effet ce personnage ne me paraît pas intéressant à exploiter. Sa vision du monde est assez banal et je ne comprends pas l'attachement que Derville peut avoir pour lui.



Seul point positif dans cette lecture, j'ai compris comment Esther Van Gobsek devient l'héritière de Gobseck avec tout de même plus de 7 millions au final.
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La Peau de chagrin

Aïe ! Je sens que que je vais me faire des ennemis en postant cette critique. Tant pis, soyons franc ...

Le plaisir que j'ai eu à entamer ce grand classique s'est hélas vite dissipé. Cette histoire empreinte d'un gothique (faiblement) flamboyant est certes intrigante et je tenais à aller jusqu'au bout de cette lecture mais je n'ai pu le faire qu'en sautant une grand nombre de pages où l'auteur se laisse aller à des avalanches de phrases insipides et largement redondantes. Etait-il payé à la ligne ? C'est l'impression que cela m'a donné en tout cas. Et là où un Maupassant me ravit par ses fines analyses psychologiques, Balzac, ici, m'a profondément ennuyé avec ses poncifs sur l'amour, la jeunesse et la peur de vieillir. Ce Raphaël - le fantoche héros du livre- m'a paru très, très conventionnel dans ses désirs comme dans ses (quelques) actes et aucun personnage n'est venu - à mes yeux - rehausser ce tableau, en tout cas pas cette Foedora, très prévisible elle aussi dans le genre "éternel féminin inaccessible".

Voilà, c'est dit.



(note de lecture rédigée le 18 Avril 2009)
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La Recherche de l'Absolu

Balzac est, parmi les auteurs classiques, l’un de ceux qui suscite le plus de commentaires contrastés. Les uns crient au génie, tandis que les autres baillent aux corneilles. J’ai longtemps fait partie de la seconde catégorie et contrairement aux récits de Flaubert, Zola ou Maupassant, je trouvais ceux de Balzac plutôt ennuyeux, me perdant dans ses descriptions par le menu et ses dissections à la loupe des sentiments humains. Pourtant, depuis plusieurs années, c’est avec un oeil de plus en plus passionné que je fréquente la Comédie Humaine (la maturité diront certain, l’âge diront d’autres). Alors oui, Balzac n’est probablement pas l’auteur le plus facile d’accès pour un jeune lecteur et je ne le recommanderai pas à celui qui lit un livre par an. Mais pour celui qui aime le grand style, le sens de la tragédie, l’analyse au microscope de la nature humaine, Balzac est un délice.



La recherche de l’absolu, même s’il n’atteint pas les sommets de la Peau de chagrin, des Illusions perdues ou de Splendeurs et misères des courtisanes (ah Lucien de Rubempré et Raphaël de Valentin !), me l’a encore indubitablement prouvé.







Cet opus, classé dans les études philosophiques de la Comédie Humaine, conte l’histoire d’une riche famille de Douai où la bonté, l’ordre et la noblesse règnent sans partage jusqu’à ce que Balthazar Claes, le chef de famille, ne se mette en quête de l’absolu – rien de moins que la pierre philosophale, origine de la matière, quête ultime de tous les alchimistes. Balthazar est un érudit d’une grande intelligence et ayant étudié la science avec les scientifiques les plus renommés de son temps. Mais cette recherche, qui est une chimère, va le consumer de telle façon qu’il va perdre pieds avec le réel et entraîner sa famille dans sa chute.



Ce récit est celui d’une obsession qui devient une véritable drogue. Elle sépare Balthazar des siens, qu’il ne voit plus, n’entend plus, perdu qu’il est dans ses travaux qui le mobilisent. Balthazar n’est pas alcoolique ou accro à quelques substances que ce soit, pourtant le résultat est le même. Il n’a plus conscience d’être, ne se soucie plus de rien, et détruit sa vie pour ce graal inaccessible, qui devient la seule chose qui compte. Lui, l’homme si moral et digne, se roule dans la fange sans même réellement s’en rendre compte, se livre à toutes les bassesses et, pire encore, livre les siens aux chiens, pourvu qu’il continue ses expériences. Comme un alcoolique ou un drogué, il ment, triche, réalise, se flagelle, se sèvre, mais toujours replonge dans son obsession, impossible quête, terrible addiction, qui le dévore.



Face à lui des figures féminines courageuses et bienveillantes essayent de sauver le foyer et le nom de cette grande famille, tout en tentant de comprendre, d’absoudre et d’aimer cet homme consumé par ses recherches, qui détruit tout autour de lui.



Certains passages sont incroyablement baroques et d’une violence inouïe. On pense aux grandes tragédies classiques en lisant ce livre. Les héros, y sont ainsi les mêmes: bons et nobles, mais manipulés par des forces supérieures, qui les poussent à souffrir et se déchirer jusqu’à la mort.

Un récit puissant soutenu par un style immense, du grand art.







Tom la Patate
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La Comédie Humaine - La Pléiade, tome 8

Une vision, comme toujours, très désenchantée de l'humain, de la famille, de l'amour, du mariage, quand on l'observe d'une étude de notaire. Me Mathias est le notaire de Paul de Manerville, jeune noble de province, très en vue, qui ambitionne de faire un beau mariage, pourquoi pas d'amour, et de devenir pair de France. Sa route croise celle de Natalie Evangélista, jeune lionne bordelaise d'origine espagnole, qui, curieusement n'a pas encore été demandée en mariage, malgré sa naissance et sa beauté. Le notaire s'avise que le train de vie de la future fiancée et de sa mère, veuve, est trop élevé et témoigne d'une mauvaise gestion. Quand Me Solonet, sur la demande de la future belle-mère, demande à "la partie adverse" (le langage du combat domine) de prétendre avoir reçu des sommes qu'elle n'a pas présentées, comme quittance de la bonne gestion de la fortune du défunt père de Natalie, Me Mathias comprend qu'on tente de duper son amoureux client.



Les discussions pourront paraître ardues, surannées car certains points de débat juridique sont caducs désormais, mais on sera plutôt frappés par le caractère de Mme Evangélista, véhémente et cruelle, instrumentalisant sa fille à son profit. (2015)



Note de lecture du 9 août 2010.
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Le Père Goriot

Si j’ai aimé Le Père Goriot, c’est bien pour l’atmosphère d’ « histoire de famille » qui s’en dégage, l’ambiance calfeutrée de la pension, ses habitants farouches. Le Père Goriot y est attachant et suscite facilement la pitié, et les personnages qui l’entourent contribuent à rendre cette histoire intéressante et vivante. Finalement, je dirais que cet opus de Balzac est un excellent premier roman pour appréhender Balzac et mieux connaître son oeuvre : son écriture y est limpide et pourtant caractéristique, et ses personnages emblématiques. Bref, Le Père Goriot est à lui seul un concentré de culture dont on aurait tort de se passer !
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Le Cousin Pons

Sylvain Pons est un vieux garçon délicat, généreux mais un peu ridicule et dont tout le monde moque la monomanie. Il consacre en effet tout son temps à collectionner des petits objets d'art sans valeur (c'est du moins ce que croient les gens). Ses parents le méprisent et le traitent de parasite. Lorsqu'il tombe malade, son entourage apprend que sa collection vaut des millions. Tous se transforment en rapaces et veulent une part de l'héritage qui échoit finalement au seul ami de Pons, Schmucke, tout aussi naïf que lui.

Encore une fois, chez Balzac le pessimiste, les personnages les plus purs sont vaincus, écrasés face à la meute des cyniques, profiteurs et intéressés. L'argent, la cupidité, l'intérêt occupent la première place dans le coeur de la plupart des hommes.

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Splendeurs et misères des courtisanes

Ce roman clôt la trilogie formée par Le Père Goriot et Illusions Perdues, et parachève le tableau de la conquête de la vie par l'argent. Il a dévoré l'amour filial, la poésie et la créativité et ici, le tour de l'amour est venu. On trouvera de très belles figures féminines, des intrigues poignantes et une tragédie moderne, divisée en brefs chapitres (Balzac publiait ce roman en feuilletons dans la presse). Il est donc plus facile au lecteur de le lire à petites doses, qu'Illusions Perdues, composé de gros blocs narratifs malaisés à diviser.
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Le Cousin Pons

Ce Pons, vieux musicien, et son ami allemand Schmucke, sont vraiment deux beaux personnages: droits, honnêtes, désintéressés, il subissent un entourage cupide, menteur, et parfois criminel. Ils ne le réaliseront que trop tard. Cela fait un très beau livre, un de plus pour Balzac. Malgré l'identité des titres, celui-là n'a rien a voir avec celui qui le précède, La Cousine Bette: c'est une autre histoire. Mais comment fait Balzac pour trouver toutes ces idées, toutes ces métaphores, et aussi ces descriptions si riches, si variées, de tout ce qui fait le plus simple quotidien des gens? L'ensemble de ces romans constitue un tout vraiment prodigieux, et s'il y a quelques faiblesses dans cette oeuvre (exemple: la Peau de chagrin), les romans de moeurs sont époustouflants. Illusions perdues et le Lys dans la vallée restent les deux titres qui couronnent cette oeuvre, mais le reste, comme ce Cousin et cette Cousine, c'est quand même de la très belle littérature!
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Le Père Goriot

Je ne m'attends absolument pas à apporter quoi que ce soit de neuf au vu du nombre de critiques dont cette oeuvre est pourvue. Je vais donc me contenter de dire mon point de vue plus que d'analyser ce livre.



"Le père Goriot" fait parti des classiques de la littérature française et comme sans doute pas mal de personnes de ma génération, c'est par l'obligation scolaire que j'ai lu ce livre. Comme la majorité des oeuvres dit "classiques", le fond m'a peu intéressé - je m'y attendais d'avance - la forme en revanche est l'un des aspects que j'apprécie de la littérature "classique". Cette oeuvre n'est pas une exception.



Ayant néanmoins conscience que la majorité des personnes préfèrent un fond distrayant avant tout autre chose, je ne peux conseiller la lecture d'un tel livre qu'à ceux qui s'intéresse aux thématiques abordées ; je vous encourage à lire les étiquettes, le résumé et d'autres critiques pour vous en faire une idée.
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Illusions perdues

Chers visiteurs du blog, comment vous exprimer à quel point de ce livre est superbe et qu'il vaut vraiment la peine que vous vous y arrêtez un instant de votre vie? de la première à la dernière phrase, j'ai été éblouie par la plume De Balzac, par son talent de conteur, par la beauté de chaque phrase, par l'ironie et la lucidité avec lesquelles il raconte cette histoire. Je m'en veux presque de ne pas avoir lu d'autre Balzac au cours de ces trois dernières années car j'ai perdu un temps précieux !

L'histoire principale est celle de Lucien Chardon (ou de Rubempré si vous préférez), un jeune homme sans le sou mais beau, avec semble-t-il un talent dans la littérature et la poésie. Avide de gloire et d'honneur, entouré et flatté honteusement par Mme de Bargeton, il part à Paris, pétri d'illusions et se heurte à la société parisienne. Il n'est pas forcément attachant, en tout cas la plupart du temps il m'a paru inconstant, égoïste, naïf, impatient et très influençable mais malgré tout, il m'a fait de la peine: il ressemble à une petite luciole qui souhaite danser près de la lumière d'un réverbère mais qui se brûle les ailes, qui s'acharne quand même sans comprendre qu'il se fait du mal. Certes, Lucien a des torts : il est arrogant, souhaite vivre dans le luxe mais n'a pas les moyens de soutenir financièrement ses ambitions, et il manque de persévérance dans son art.

Mais le pire - et je pense que c'est ce qui fait toute la force de ce livre - est qu'il est en butte à toutes sortes de mesquineries, de cruauté, d'hypocrisie et de jalousie de la part des gens qu'ils côtoient. D'ailleurs, en parlant des autres personnages, ils sont également très bien travaillés par l'auteur: David Séchard, l'inventeur malheureux en proie à la malveillance de ces concurrents les Cointet, Eve la femme et soeur aimante, toute la haute société angoumoise patronnée par Mme de Bargeton, le vieux père Séchard aussi avare et égoïste que M. Grandet (cf. Eugénie Grandet), les journalistes, les membres du Cénacle, la fragile Coralie etc..

Balzac décrit extrêmement bien cette société parisienne du XIXème siècle avec ces jeux de pouvoir, ces codes vestimentaires, ces relations mondaines et son culte de l'apparence. Il évoque aussi de long en large la puissance de l'argent, qui est le principal sauf-conduit pour être accepté, intégré et estimé par ses pairs. Mais il ne s'arrête pas là : il critique les manigances de la presse, les filouteries des éditeurs-libraires et les manoeuvres frauduleuses des banques et des créanciers. Nous aurons aussi quelques explications sur la fabrication du papier, que j'ai trouvé particulièrement intéressant.

C'est un livre complet, qui alterne bien descriptions et rebondissements; qui intègre une dimension tragique avec un style d'écriture riche et ironique; où se mêle amour, ambition, amitié, trahison et descente aux enfers.

Sublime ! C'est sublime ! Un vrai régal, un chef-d'oeuvre que j'ai découvert au bon moment et qui fait désormais partie de mes préférés !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Béatrix

Pour se sauver du trop jeune et délicieux Calyste, dont vingt ans de différence la séparent inexorablement, Félicité des Touches crée Béatrix.

Béatrix, son amie et sa rivale, grande dame mal mariée et perdue aux yeux du monde pour l'amour d'un musicien qui ne la mérite pas, blonde exquise aux grâces raffinées, amante idéale dont le jeune homme tombe amoureux comme seul peut aimer à vingt ans un cœur pur, naïf, absolu.

Mais si la Béatrix de Dante, jamais revue, sut n'être qu'un rêve, Béatrix de Rochefide existe pour de bon, et comme chacun le sait qui a passé l'âge des cœurs naïfs, l'idéal se marie bien mal au réel. Comment sauver alors Calyste de cette passion qui le dévore tout entier et finit par menacer sa santé, sa raison, son avenir, jusqu'à sa vie ?



Imprégné d'idéaux romantiques tout autant que de froide lucidité, voire de cynisme désabusé, Béatrix est un roman tout de contrastes. Contraste entre la Bretagne sauvage, austère et noble, dans laquelle se noue le drame, à laquelle Calyste appartient tout entier par son éducation, et le Paris tourbillonnant, tout de faux-semblants, dont Béatrix fut l'une des reines et où les choses s'achèvent par une magistrale entreprise de manipulation.

Contraste entre deux femmes : la brune Félicité, femme de Lettres, de coeur et d'esprit, dont l'intelligence n'a d'égale que la grandeur d'âme, mais que sa force et son indépendance rendent monstrueuse, bien trop masculine, pour une société où la femme ne doit être qu'un ornement gracieux. Vouée par là-même, irrémédiablement, au malheur. La blonde Béatrix, femme du monde toute de grâce et d'artifice, scandaleuse par orgueil, dont l'âme froide confond les aspirations du cœur et celles de la vanité, et qui ne sait rien être au fond que par les hommes. Deux femmes, ou plutôt trois puisqu'à l'artificieuse Béatrix s'oppose la délicieuse Sabine de Grandlieu, future épouse modèle, amoureuse exaltée mais lucide qui sait allier l'esprit mordant de la parisienne à la franchise simple de la provinciale.



Outre de fascinantes descriptions de la Bretagne ancienne et un scénario peut-être un peu lent au départ, mais de plus en plus prenant et dont on se demande bien comment il va pouvoir se résoudre, c'est dans ces très beaux portraits de femme que réside la plus grande force de ce roman.

Un esprit moderne, certes, pourra s'agacer des petites notes sexistes qui émaillent leurs descriptions - une femme est ceci, ne doit pas être cela -, mais elles sont à remettre en condition dans la société de l'époque, et ne déparent en rien la force des caractères mis en scène, la justesse remarquable de leur analyse. Inspirée par George Sand, Félicité des Touches m'a aussi fait penser - par sa carrière, sa liberté, son côté amazone, son milieu social et jusque par son nom - à Félicie de Fauveau, cette artiste sculpteur étroitement liée au parti de la duchesse de Berry (comme le furent d'ailleurs Calyste et son père).

Si Sand et Félicie surent vivre jusqu'au bout dans le monde pour et par leur art, Félicité, elle, aura le sort de bien des héroïnes plus fades de l'histoire. Un sort un peu décevant sans doute, mais ce retrait final vers Dieu reste assez bien dans la logique d'un personnage extraordinaire et exalté, à qui le monde ne sait plus offrir que déceptions.
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Le Père Goriot

Partie des Scènes de la vie privée, Le père Goriot est l'occasion pour Balzac de dénoncer le pouvoir de l'argent. Roman d'éducation, le roman met en scène un jeune homme - Eugène de Rastignac - qui fait son entrée dans le monde et en découvre les abîmes les plus immorales. C'est ce Rastignac qui est le personnage principal du roman, lequel est aux prises avec les deux passions de l'homme : les femmes et l'argent.

Le père Goriot, lui, est la figure du père éternel qui se sacrifie à ses filles. Ayant permis leur ascension sociale, il subit leur mépris teinté d'amour tout en continuant de se ruiner pour elles. Continuant de croire au dévouement de ses filles, il tentera de rapprocher l'une d'elles, Delphine, d'Eugène de Rastignac, cependant qu'il perdra ses illusions peu à peu sur leur sentiment filial. Son sort inspirera Eugène de Rastignac et lui servira de leçon avant de rentrer dans le monde.
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La fille aux yeux d'or

Le premier chapitre est redoutable! Balzac ne traîne pas la société dans la boue, elle le fait si bien elle-même, il la peint comme elle est. Il devait être particulièrement en forme lors de la composition. Tout le monde y passe, aucune partie de la société n'échappe au regard scrutateur et à la verve endiablée de Balzac. J’apprécie particulièrement lorsqu'il compare les strates de la société avec celles de l'Enfer de Dante. En terminant sa longue admonestation, Balzac semble annoncer l'existence d'exception(s). Mais existe-t-il une telle chose? Le reste du roman tiendra-t-il son pari?



Ce n'est véritablement qu'à la fin que l'on comprend ces paroles : «Mais chose étrange! si la Fille aux yeux d'or était vierge, elle n'était certainement pas innocente.» Quelle scène effroyable que celle qui clôt le récit! Frissons assurés.

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La Peau de chagrin

Tellement bon..tellement fort ... Ce roman possède indirectement une question philosophique sur l'acceptation de nos biens physiques, économiques...

Vaut-il mieux être et vivre heureux, en étant comblé de tout souhait mais pour une durée de vie limitée ? Ou vaut-il mieux vivre avec ce que l'on a pour une durée indéfini ?

Nous rencontrerons aussi le contraste de la richesse et la pauvreté, toute deux liées par les sentiments de désir et d'amour.

La peau de chagrin est un espoir dans la tristesse, un espoir dans le désespoir et par la suite, elle deviendra le malheur dans le bonheur.
Lien : http://libermoi.blogspot.fr/..
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Le Médecin de campagne

Ce livre a pour épigraphe « Aux cœurs blessés, l’ombre et le silence ».

C’est en effet un roman sur le renoncement, incarné par deux hommes, le docteur Benassis qui s’est installé dix ans plus tôt dans cette vallée déshéritée du Dauphiné et Génestat, son hôte de passage dont il est dit que lorsqu’on l’interroge sur sa vie privée, il détourne la conversation.

Le commandant Génestat, vétéran de Napoléon est venu voir ce médecin dont il a entendu vanter les mérites. Le docteur Benassis accepte de le prendre chez lui et l’emmène dès le lendemain dans sa tournée. C’est ainsi, au hasard des pérégrinations dans cette nature fort belle, et de ses visites ou rencontres que le docteur présente son action dans ce village autrefois très pauvre mais dont il a provoqué l’enrichissement autant en nombre de foyers qu’en termes de biens.

Car ce livre est essentiellement une longue conversation.

Nous avons donc la relation des changements entrepris par le médecin lorsqu’il découvre ce village, pauvre, peuplé en partie de crétins (au sens médical), qui végète sans industrie, et d’un commerce restreint avec la ville la plus proche Grenoble. Il commence par empêcher la reproduction des attardés mentaux, achète des terres qu’il amende, attire quelques artisans, créé une route reliant le village à la ville… Et chaque amélioration en entraine une autre dans un parfait enchainement. Le médecin règne ainsi sur ces villageois qui le chérissent et le respectent mais avec lesquels il a des relations de maitre à élèves. Sauf avec les autres notables le juge de paix, le notaire, et le curé qu’il reçoit chez lui.

Au hasard d’une veillée nous avons aussi un conte et un ensemble de souvenirs sur Napoléon.

Enfin Génestat le connaissant mieux l’invite à expliquer sa retraite dans ce village. Et le médecin se livre. En retour le militaire parle aussi de ses blessures morales. Moment très touchant où chacun explique que n’ayant pu être heureux, pensant mériter de plus ses souffrances, il a choisi de se consacrer aux autres ou à un autre.

Je ne connais pas hélas, assez Balzac pour savoir dans quelle mesure les idées politiques présentées dans ce roman sont les siennes, et je le regrette. C’est pourquoi je pense qu’il fera partie des livres à relire dans quelques années.

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La Peau de chagrin

C’est toujours la même histoire : l’homme ne veut pas savoir quand il va mourir et quels que soient les pactes extraordinaires qu’on lui propose – et qu’il accepte, motivé par ce fantasme de la toute-puissance –, il arrive un moment où, confronté à l’inéluctable, c’est-à-dire sa fin imminente, il sombre, réalisant trop tard qu’on ne pactise pas avec le diable.

Car à chaque désir exaucé, la peau rétrécit, rapprochant son détenteur de la mort, facture exorbitante qui ne laisse plus que des chagrins. Comment faire alors pour se contraindre à ne plus désirer, sentiment si propre à l’homme ? se demande le héros, Raphaël de Valentin. Il n’y a rien à faire. Ses désirs l’ont enchaîné, le prix à payer pour tout avoir. C’était écrit :

« SI TU ME POSSEDES, TU POSSEDERAS TOUT.

MAIS TA VIE M'APPARTIENDRA. DIEU L'A

VOULU AINSI. DESIRE, ET TES DESIRS

SERONT ACCOMPLIS. MAIS REGLE

TES SOUHAITS SUR TA VIE.

ELLE EST LA. A CHAQUE

VOULOIR JE DECROITRAI

COMME TES JOURS.

ME VEUX−TU ?

PRENDS. DIEU

T'EXAUCERA.

SOIT ! »



Qu’a fait Raphaël de ce pouvoir incommensurable ? Rien, trop occupé qu’il était à céder d’abord à l’opulence soudaine. Puis, une fois conscient du drame qui se jouait, il a tenté de survivre, la terreur de l’abîme pour seule compagne. De cela « Rien ne le distrait », dit le texte.

Raphaël s’est fourvoyé, jusque dans ses passions amoureuses : il s’est épris de la glace, la comtesse Fœdora, tandis que le feu de l’amour brûlait en Pauline, qui en paiera, elle aussi, le prix fort.

Dans ce roman fantastique et philosophique de Balzac se cache aussi l’une des plus grandioses pages de la littérature : la description du capharnaüm d’un antiquaire – dont certains idiots ont propagé la légende ennuyeuse ! – où les objets nous font voyager dans l’Histoire comme en un songe. Un songe dont il ne fallait rien extraire, l’extraordinaire étant incompatible avec l’ordinaire humain…

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Le Chef-d'oeuvre inconnu

Ce court texte est écrit en 1831, publié dans le journal L’artiste la même année, puis dans un recueil Romans et contes philosophiques, chez Charles Gosselin remanié a diverses reprises, notamment en 1837 pour lui une portée plus philosophique moins axé donc sur l'intrigue et en 1845, version que Flammarion édite dans cette collection Etonnants classiques.

Je ne suis pas un spécialiste des grands classiques, je n’en ai pas lu énormément. Balzac m’a toujours fait un peu peur par ses longues descriptions parfois difficiles à lire de bout en bout : même dans ce petit texte, il y a un ou deux passages longuets qui n’apportent rien au récit, qui l’alourdissent même (suis-je bien fier pour me permettre de critiquer ainsi Balzac ici ?). Mais lorsque Balzac fait parler Frenhofer, quelle force et quels propos

Le vrai personnage principal de cette œuvre est bien sûr Frenhofer. Personnage atypique qui ne rêve que de son chef-d’œuvre qui ne vit que pour le réaliser ou pour tendre vers sa réalisation qu’il repousse tant il n’est pas persuadé de la réussir et tant il sait qu’une fois qu’il l’aura réalisée, sa vie n’aura plus de sens. Un personnage énorme qui m’a emballé par ses emportements, ses théories qu’il énonce fortement et distinctement sans avoir cure des petites fiertés ou susceptibilités des uns et des autres. Et les souvenirs que j’avais de l’écriture un rien empesée de Balzac en prennent un coup : pas si datée que cela -certes certaines expressions, certains mots ne sont plus usités actuellement, tels "Tudieu" ou encore la si belle suite d’injures qui devrait faire son retour, parce qu’elle est tout simplement magnifique : "Tu ne vois rien, manant ! maheustre ! bélître ! bardache !" (p.64), c’est quand même mieux que ce qu’on peut lire de nos jours !- et même assez actuelle si l’on lit certains auteurs qui travaillent un peu leur langue.

Un classique passionnant, conseillé par un ami, qu’à mon tour je ne peux que conseiller à tous, amateurs d’art ou non. C'est un livre écrit il y a plus de 180 ans et qui colle parfaitement à une analyse des peintres modernes, notamment tous ceux qui ont commencé à destructurer le dessin, tels Picasso, Braque et nombreux autres.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Le Père Goriot

Le Père goriot est une classique , souvent lu à l'école. Pour ma part, je me méfiais, ayant peur de m'ennuyer. Finaement non. Suivre Rastignac dans le début de son ascension dans la société parisienne du XIX° siècle, est intéressant quant aux moeurs de l'époque. Une fable cynique sur la paternité dans cet univers.
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La Recherche de l'Absolu

Ce roman de Balzac raconte l'histoire d'un homme qui délaisse sa femme et ses enfants pour une passion particulière : la science. Balthazar Claës mènera sa famille dans la misère durant sa recherche de l'absolu.



À la fin de ce livre, j'ai eu l'impression d,avoir lu une histoire sur un homme qui était accros à l'héroïne. La passion de Claës devient pour lui l'équivalent d'une drogue dure dont il est presque impossible de se défaire. On ne peut qu'éprouver de la tristesse pour sa famille qui est incapable de le raisonner.



C'est un autre très bon livre de Balzac.
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Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur cet auteur

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