La politique devient ainsi l'art de déguiser le mensonge.
Ce matin-là, cependant, même le téléviseur n'a pas pu servir de palliatif à l'horreur
C’est alors qu’il se rendit compte que Daphné avait eu raison. Son amour n’avait pas été un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Il avait commencé par un sourire, un mot, un regard espiègle. Il avait grandi à chaque seconde passée auprès de Pénélope. Jusqu’à cet instant. Jusqu’à ce qu’il sache. Il l’aimait.
Tu ne vois donc pas ? Parce qu’on est tellement formés et entraînés à vivre la vie comme il faut la vivre. À ne pas commettre d’erreurs. Je me dis, plus l’erreur paraît grosse, plus j’ai de chances de casser le moule et de vivre une vraie vie.
Toutes sortes d'idées lui venaient en tête puis disparaissaient, comme le frémissement de la vie naissante dans les mers immémoriales.
(Dans la maison, Shigeji cherche Matakichi pour obtenir une explication et des excuses quant à son vol à l'étalage, mais aussi pour lui faire passer l'envie de recommencer. En chemin, il rencontre deux des trois gamines. L'une pleure et l'autre à les deux majeurs tendus...)
- Ouiiin!
- Je suis née avec les majeurs plus longs que la normale. Et ça, ça veut dire que je suis une révoltée de naissance.
p204
Le silence n'est pas l'absence de parole. Il est comme la braise sous la cendre. D'où jaillira, le moment venu, le feu de la parole.
(Le Maintenant de toujours)
L’écart social s’est tellement creusé que nous ne vivons plus dans une économie “libre” de marché depuis longtemps, plutôt dans une sorte de féodalisme de l’argent
L’amour avait enfin un nom. Il s’appelait Pénélope.
Je ne parle que de moi, que pour chacun saisisse mieux ce qui le concerne lui. Le" je" de mes propos est celui de l'autre. Car l'autre, pour moi, n'est pas "il". Il est un "je" frère. Frère en la Source. Frère en la Toute-Présence qui est le" je" de Tous.
(Carnets du Désert)
Je sais. Je l'ai su dès la toute première pause pipi. Les chiottes, Ici, c'est un lieu de pouvoir. J'ai assisté à tout un tas de négociations rien que dans celles du premier étage, devoirs de maths contre fiches de lecture, échange d'anti-sèches, trocs et trafics, des gages et des "chiche !" à toutes les sauces, ça peut aller jusqu'à fourrer sa culotte en cachette dans la sacoche d'un prof. Et des votes, tous les jours des votes, avec les cabinets comme isoloirs, pour décider à la majorité qui est le plus stylé, la plus sympa, le plus sale, la plus sensass, et je serre les fesses à chaque dépouillage en espérant que j'apparaîtrai pas sur un papier, ni en bien ni en mal. À se demander comment ça se passe dans les étages des grands, les histoires de chiottes. (p.29-30)
[ Istanbul, vers 1555, arrivée du café ]
Les théologiens lancent des fatwas contre ce produit dont les grains sont carbonisés, disent-ils, or le Coran interdit de consommer des aliments entièrement brûlés. Le pouvoir politique se méfie aussi de cette infusion qui, contrairement au vin qui enivre et fait chanter, dynamise les buveurs et les rend alertes - un état de lucidité idéal pour comploter contre le gouvernement.
(p. 34)
L'homme a besoin de zazen, de méditation, de silence, comme il a besoin de sommeil.
Elle prend son temps pour recevoir l'information.
La vie c'est comme ça, on passe son temps à réfléchir et on fait des choix qui ne tiennent à rien.
J’ai travaillé toute ma vie à cautériser la plaie dangereuse de l’ignorance.
Il n'est pas tard mais la nuit menace déjà quand je gare la berline rutilante devant le stade de Montgeron.
Tu sais, il dit, mon avenir, il est sombre...Mais je crois que le jour où je remets les pieds dans la nature, seul, ce jour-là, je vais chialer.
Et elle avait fait feu, et c'était comme si je recevais moi-même le coup, et elle avait tiré encore, et c'était comme si mon esprit se bloquait net sur cette image de Christophe tombant sans fin à la renverse sur le sable, la poitrine éclatée, comme si les paroles insensées du juge étaient une hache qui s'enfonçait dans mon cœur.
Je suis morte l'année dernière, ou bien il y a longtemps, un soir de septembre.
Le cœur s'est mis à battre par habitude.
L'esprit, on dit que je l'ai perdu.
C'est une catastrophe, je lis les journaux, même les journaux de droite, mais je sais rien de la vie.