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EAN : 9782742773244
Actes Sud (12/12/2007)
3.9/5   35 notes
Résumé :

Dans les Indes Orientales Néerlandaises entre les deux Guerres Mondiales, un jeune Indonésien, Oeroeg, partage l'enfance du narrateur néerlandais dont le père, administrateur colonial, consent difficilement au métissage de leur éducation. Mais le temps et l'histoire les détachent plus sûrement l'un de l'autre que toute autorité extérieure. Bientôt Oeroeg choisit la cause de son peuple contre les Néerlandais auxquels il voue désormais une haine sans merci. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est depuis longtemps un grand classique de la littérature néerlandaise. En néerlandais le titre est « Oeroeg ».

A l'époque où j'étais lycéenne j'ai dû le lire en diagonale bien sûr et ce ne fut pour moi qu'une histoire sur l'amitié entre deux garçons et je ne me rendais certainement pas compte de la beauté de ce texte et le contexte sociétal dans lequel se joue cette histoire. Une édition assez récente (2009), en néerlandais (ma langue maternelle), trouvée dans un magasin de livres d'occasion, m'a donnée envie de le (re)découvrir.

C'est donc l'histoire de deux garçons inséparables, l'un néerlandais l'autre javanais, qui ont à quelques semaines près le même âge. le néerlandais est le narrateur de l'histoire. L'histoire a lieu entre les deux guerres mondiales sur l'est de l'île de Java, entre les montagnes avec sa forêt tropicale et les plantations de thé.

« Oeroeg était mon ami », dit la première phrase ce roman et avec elle la suite est déjà connue. Cela ne durera pas. le narrateur, dont le père était l'administrateur d'une plantation de thé aux Indes Néerlandaises, avait comme seul et unique ami Oeroeg, le fils ainé de l'intendant indonésien. le narrateur considère Oeroeg comme son égal, et ne se rend pas compte qu'entre les colons néerlandais et les indonésiens tout s'oppose. Les garçons deviennent des jeunes hommes, les Indes Orientales Néerlandaises deviennent l'Indonésie…

Ce qui m'a touchée dans cette histoire est le ton nostalgique du narrateur. Il parle de son amitié avec Oeroeg. C'était une amitié qui était basée sur la pureté et l'honnêteté enfantine du temps quand ils étaient encore petits. Une amitié qui comptait beaucoup pour lui, mais qui ne pouvait pas durer. Elle n'a pas su résister aux changements qu'ils rencontraient au fur et à mesure du temps (adolescence, études forcées aux Pays-Bas pour le narrateur, les différences de culture, les tensions entre indonésiens et les colons néerlandais). Quand le narrateur revient en Indonésie juste après la deuxième guerre mondiale et juste avant que l'Inde Néerlandaise devient l'Indonésie, il s'aperçoit qu'il ne reconnait plus son pays et qu'il ne sait plus qui est vraiment Oeroeg. Ce qui reste est le souvenir. Ce livre "Oeroeg" est ce souvenir.

J'ai aimé le style de Hella Haasse, c'est écrit dans un
néerlandais que je trouve sobre mais très beau. Ce livre devrait être lu par tous, parce que le thème sur l'amitié entre deux personnes issues de deux cultures complètement différentes est toujours actuel aujourd'hui.
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Un classique de la littérature néerlandaise, premier roman de Hella S.Haasse, qui est née et a grandi à Batavia, anciennes Indes Néerlandaises (Indonésie).

Le fils de colons néerlandais et Oeroeg, indigène né dans la plantation, naissent à quelques semaines d'intervalle et grandissent ensemble, liés par une forte amitié. Au cours des années, en grandissant, le narrateur - dont on ne connaît pas le prénom - prend peu à peu conscience des inégalités sociales existant entre les deux populations de colons et colonisés, et donc entre lui et Oeroeg. Ce narrateur est avant tout observateur de ces deux mondes, mais il joue un rôle primordial dans la vie et surtout le destin social de Oeroeg lors de cette nuit passée au bord du Lac Noir, scène d'une tragédie familiale.
Oeroeg, par son amitié avec le narrateur, va petit-à-petit pénétrer dans l'autre monde, étudier, s'occidentaliser, jusqu'à vouloir renier ses origines et son nom dont il a honte. Pourtant, remarque le narrateur, des gestes comme cette manière de se tenir accroupi sur ses deux pieds trahit son milieu culturel, sans qu'il en ait conscience.
Le narrateur nous parle aussi de la solitude, de sa mère qui l'abandonne littéralement pour retourner en Europe après l'avoir élevé de loin, puis le départ du père lui-même, qui de toute manière était bien trop occupé pour se préoccuper de lui auparavant. le garçon grandira donc au milieu de domestiques mais aussi auprès de la mère d'Oeroeg, dont les deux garçons s'éloigneront inexorablement en grandissant et s'occidentalisant.

Ce petit roman, à travers cette amitié mise à mal par leurs différences sociales, nous présente la colonie, ses injustices, ses paysages parfois mystérieux et sauvages, simplement et pourrait se passer dans n'importe quel pays colonisé.
Aux Pays-Bas, où ce pan de l'Histoire et surtout la guerre qui s'ensuit est encore difficilement discuté, ce livre est heureusement étudié en classe.
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Oeroeg est un classique de la littérature néerlandaise. Ecrit en 1948 par Hella Haasse, il relate l'amitié de deux jeunes garçons qui ont grandi comme frères, aux Indes néerlandaises selon l'appellation coloniale de l'Indonésie. Ce court roman parle bien sûr de la colonisation et de toutes les minuscules vexations que subissaient les autochtones mais aussi de la question de l'identité. Oeroeg rêve d'être comme les blancs avant de rejoindre le camp des indépendantistes, le narrateur, dont on notera qu'il n'a pas de nom, comme si son identité était incertaine, considère ce pays comme le sien.

A travers cette histoire forcément vouée à l'échec, Hella Haasse évoque sa propre expérience, au temps du Tempo Doeloe, cette période bénie ou les coloniaux néerlandais coulaient une vie de farniente à la colonie, désormais parfaitement administrée. Ils ignoraient ou refusaient d'accepter la fin prochaine et inéluctable de la domination coloniale. Comme le narrateur, Hella Haasse a connu un déchirement en quittant l'Indonésie. "Suis-je pour toujours un étranger dans le pays de ma naissance, sur le sol dont je ne veux pas être déraciné?" Cette ultime interrogation du narrateur résume ses doutes et son désarroi. Ce magnifique récit, riche et aux facettes multiples ouvre des horizons.
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Perle de la littérature néerlandaise.

Le narrateur, dont le père était administrateur d'une plantation de thé aux Indes néerlandaises, avait pour ami d'enfance et était inséparable d'Oeroeg, fils de l'intendant indonésien du domaine.

Avec un texte très court d'une centaine de pages, Hella Haasse témoigne du paradis perdu de l'enfance, qui reste toujours imprimé en nous.
Ce paradis perdu est dans « le lac noir » le monde de la colonisation aux indes néerlandaises, un monde qui va disparaître en même temps que le passage du narrateur à l'âge adulte et que l'engagement d'Oeroeg contre les colonisateurs néerlandais.
Ce monde de l'enfance est intimement lié à la nature foisonnante, la forêt, les torrents, les animaux, le lac, superbement décrits ici.

« S'il est vrai que, pour chaque être humain, il existe un paysage de l'âme, une atmosphère déterminée, un environnement qui évoquent des vibrations émotionnelles dans les recoins dissimulés, les plus reculés de son être, alors mon paysage était – et est – l'image des pentes montagneuses du Preanger : l'odeur amère des théiers, le murmure des petits torrents d'eau claire sur les rochers, les ombres bleutées des nuages sur la plaine. »

Une nouvelle sobre et émouvante.
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Un livre saisissant sur la réalité coloniale comme paradis perdu, dont le cinéaste Hans Hylkema a tiré en 1993 un film remarquable Oeroeg.
L'amitié et le partage de deux garçons qui vont vivre côte à côte leur enfance et leur adolescence insouciante en Indonésie, et vont partager de merveilleux moments comme seuls savent le faire des enfants loin des contingences et des problèmes des adultes.
Mais le temps et l'histoire les séparera à jamais.


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Bien que, vis-à-vis du boy, de la baboe et de Danoeh, le jardinier, j'eusse une conscience diffuse mais réelle d'une différence de race et de rang, la vie d'Oeroeg était si imbriquée à la mienne qu'à son égard, je ne percevais pas cette disparité. Cela m'étonna d'autant plus lorsque je m'aperçus pour la première fois que les rapports d'Oeroeg avec mes parents et moi suscitaient moqueries et mauvaise volonté chez nos domestiques.
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Mon désir de retourner aux Indes et d'y travailler reposait principalement sur un sentiment profondément enraciné de solidarité avec le pays où j'étais né et où j'avais grandi.
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Video de Hella Serafia Haasse (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hella Serafia Haasse
La chasse aux étoiles d'Hella Haasse Marque-Page 17-02-2011
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