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Natalia Zaremba-Huzsvai (Traducteur)
EAN : 9782742762859
350 pages
Actes Sud (07/08/2006)
3.68/5   42 notes
Résumé :
Voici la pièce centrale de ce qu'Imre Kertész appelle la trilogie de "l'absence de destin".
Le Refus est d'abord celui des éditeurs de la période stalinienne en Hongrie qui rejette son roman Être sans destin. Empêché de rendre publique son approche littéraire de l'expérience concentrationnaire, Kertész entre alors dans une sorte de paralysie, une existence de mort-vivant. Dans la première partie du roman, il décline les différents symptômes de sa douleur.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce roman étonnant par sa construction en deux parties et son organisation en récits imbriqués les uns dans les autres lui donne un intérêt tout particulier à la lecture. La prose d'Imre Kertész, faite de digressions, de distance et d'autodérision, joue aussi son rôle dans l'intérêt qu'a suscité en moi ce roman narrant le quotidien d'un personnage écrivain (Imre Kertész lui-même) confronté aux tourments d'un auteur mis au ban des éditeurs officiels d'un régime totalitaire qui lui ont refusé un roman sur l'expérience concentrationnaire. La deuxième partie, magistralement introduite, plongeant le lecteur dans un environnement à la limite du fantastique et n'offrant aucun repère, autant temporel que spatial, prolonge la question existentielle de l'écriture par le récit d'un certain Köves de retour dans son pays et tentant de conduire sa vie dans un environnement qui n'accorde aucune valeur au libre-arbitre.
Selon son éditeur en France, Actes Sud, "Le Refus" est la pièce centrale d'un triptyque de l'absence de destin. le destin étant une sorte de puissance surhumaine fixant à l'avance le cours des événements de toute une vie, on ne peut pas dire de quelqu'un qu'il vit dans une absence de destin, puisque tout le monde est ainsi soumis à la même fatalité, quelle soit ressentie comme maîtrisée ou indépendante de toute volonté propre. Dans ce sens, la remarque de l'éditeur n'a pas de sens. Par contre, si l'on considère le destin comme le cours de l'existence pouvant être modifié par celui qui la vit, l'absence de destin trouve sa justification dans l'oeuvre de Kertész qui y évoque avec une splendide simplicité la formidable résistance qu'oppose le système totalitaire à la volonté d'un homme d'écrire sa propre vie.

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Qu'il est compliqué de parler de ce livre !
Au début, il y a "le Vieux" qui n'arrive pas à écrire, et l'écriture de Imre Kertész est tout en répétitions et parenthèses. Ensuite, il y a un personnage, écrit par le Vieux, qu'on suit dans une ville et une vie indéterminée, dans une atmosphère arbitraire angoissante. La 4e de couverture donne quelques clés, des clés qui ne sont pas clairement expliqués dans le roman.
Bizarrement, le sentiment de lenteur extrême et d'incompréhension récurrente ne m'a pas empêchée d'y trouver un vrai plaisir de lecture...
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Il serait difficile de conseiller cette lecture pour qui n'a pas lu au préalable le récit qui constitue probablement la pièce centrale de toute l'oeuvre d'Imre Kertesz "Etre sans destin" .
Ce refus , ce fut bien celui qu'il essuyât lorsqu'il proposa Etre sans destin aux éditeurs . Il est bien évident qu'au sein d'un régime totalitaire , remuer les entrailles du passé, surtoutlorsqu'il s'agit des plus grands crimes de l'humanité , c'est audacieux .Plus encore si l'accent que revêt le témoignage prend une forme subversive et carrément dérangeante .
Qu'à cela ne tienne , Imre Kertesz continuera , envers et contre tout à écrire . Qu'a-ton à perdre quand finalement on est déjà mort quelque part ?
Alors il y va gaillardement notre fantôme , car dès lors qu'on a cotoyé la monstruosité de la vie concentrationnaire , tout est permis dans l'écriture . Même le plus indicible .
Provocation de la part de Kertesz lorsqu'il se penche sur les écrits de Jorge Semprun dénonçant des fait aussi atroces que celui de la confection d'un abat-jour avec une peau humaine , en essayant de réfléchir sur la position de ces êtres qui commirent ces actes qui selon lui "découlent de l'essence même de ce monde ".
Insulte face à la mémoire collective que d'affirmer que le tortionnaire était "dans son rôle " ?
Alors oui , Imre Kertesz ne nous facilite pas la tâche pour avancer dans le chemin du devoir de mémoire et de la réconcilation avec notre propre humanité . On aura bien compris que notre homme farouchement misanthrope cherche uniquement des percées à travers le peu qui lui reste depuis son retour des camps pour accepter l'inacceptable , l'absurde . D'ailleurs dans les multiples clés de ce récit le lecteur y rencontrera une petite pierre , allusion à Sysiphe .
En deuxième partie du récit , il mettra en image toutes ces convictions sur le non-sens et l'incommunicabilité avec le monde extérieur ,la notion de culpabilité et de grâce , la privation de liberté dans des régimes totalitaires à travers une histoire Kafkaïenne aussi déroutante qu'hypnotisante .
Une lecture complexe , à l'image de l'écrivain . Pour lecteurs avertis ( ça peut violenter ) . Mais passionnante .
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"Ce que nous avons à dire est aride et objectif", cette phrase quasi-finale pourrait résumer le Refus. Avec une écriture quasi-hypnothique - qui fascine autant qu'elle crée une narcose - Kertesz nous livre un roman énigmatique en deux partie. La première qui décrit, à la troisième personne, un "Vieux" - qui est Kertesz lui-même - a qui on a refusé son roman "Etre sans destin", la deuxième qui est le roman que ce "Vieux" veut écrire. Dans l'une comme dans l'autre, on a l'impression que l'écrivain est à une distance stratosphérique de son sujet. Jamais on cherche ni à comprendre ni à expliquer ce qui met aux prises un journaliste et un état arbitraire. C'est ainsi. Cela rend parfois la lecture difficile parce que l'histoire se dissout dans cet sorte d'ensorcellement que provoque la poésie. Si on ne retrouve pas la tension engendrée par un roman, en revanche on éprouve un plaisir étrange à naviguer dans cet entre-deux monde d'où émane une grande force.
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Imre Kertész se met en scène à la troisième personne du singulier en son petit appartement de Budapest. le "vieux" ergote, répètent plaisamment des détails insignifiant de son quotidien. Il parle de la gestation de son premier roman, des difficultés pour le faire publier et de l'accueil de ce livre qui portera comme titre Être sans destin, avec humour et détachement. C'est l'occasion d'une réflexion sur le souvenir et l'écriture ou comment manier l'expérience vécue pour en faire un objet de lecture. En ce sens le roman est post moderniste. Puis on bascule dans un roman à intérieur du roman. L'atmosphère en est étrange, un peu kafkaïenne. On est dérouté. Etant le second volet d'un triptyque ayant pour origine Être sans destin on s'attendait à un témoignage sur la Shoah dans le style décalé de l'auteur. Il n'en est rien. L'impression est mitigée, j'ai bien aimé le début marqué par un comique de répétition mais la suite m'a laissé perplexe.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"Et puis, fit-il avec inquiétude, il y a les morceaux..."
(...)
"Quels morceaux ?"
-- Ceux que je ne devrais pas jouer, répondit immédiatement le pianiste d'une voix quelque peu plaintive.
-- Des morceaux interdits ? s'enquit Köves.
-- Comment ça, interdits ?" protesta le pianiste. Et d'expliquer que si seulement ils l'étaient, il n'aurait pas de soucis à se faire. Ce qui était interdit était interdit : c'était clair, c'était sur la liste, il ne le jouerait pour rien au monde. Sauf que, poursuivit-il, il y avait d'autres morceaux, des morceaux, comment dire, délicats ; qui ne figuraient sur aucune liste et dont personne ne pouvait affirmer qu'ils étaient interdits : pourtant il n'était pas conseillé de les jouer, alors que la plupart des clients demandaient justement ceux-là.
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Que signifie un livre quand on pense que, chaque année, il en parait au moins un million à la surface du globe, si ce n'est plus ? que peut signifier le bouleversement passager du lecteur (Köves voyait le lecteur bouleversé qui, à la recherche de nouvelles émotions, va déjà chercher un autre livre sur son étagère), comparé à ces soirée que lui, Köves, avait consacrées à sa tache, laissant sa vie se dégrader, se desséchant lui-même accablant sa femme ?
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- Mais je travaille, bredouilla-t-il (la conscience pas vraiment tranquille) (car il y avait longtemps qu'il aurait dû se mettre à écrire un livre, vu que c'était sa profession) (ou, pour être plus précis, les circonstances avaient fait que c'était devenu sa profession) (puisqu'il n'en avait pas d'autre).
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, dit-elle. Mais pourquoi ne prends-tu pas un emploi ? Ca ne t'empêcherait pas d'écrire.
- Je ne sais rien faire ; tu as oublié de me faire apprendre un métier qui rapporte bien.
- Tu as au moins le sens de l'humour, dit-elle.
- Autrefois, il me faisait vivre, se rappela-t-il.
- Alors pourquoi est-ce que tu n'écris pas plutôt des comédies ? demanda-t-elle.
- Parce que je ne veux pas que les gens rient.
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"Encore quelques petites années, et il atteindrait la limite d'âge : il pourrait alors devenir une écrivain retraité (à savoir un écrivain qui par ses livres a mérité de ne plus en écrire) (bien qu'il puisse continuer à la faire s'il en a envie, bien sûr)."
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Parce que le tyran souffre toujours, répondit Berg visiblement calmé par le fait d’exprimer ses arguments. Il souffre, poursuivit-il, d’une part à cause de lui-même, d’autre part à cause de son ambition inassouvie : et comme il ne pourra jamais régner complètement sur les autres – et c’est effectivement impossible puisqu’il existe toujours un dernier refuge inexpugnable, ne serait-ce que l’asile ou la mort – il finit par se retourner contre lui-même. Vous savez, je pense parfois que le martyr est le tyran le plus parfait. C’est du moins la forme la plus pure de tyrannie, devant laquelle tout le monde s’incline…
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« Être sans destin », de Imre Kertész, c'est à lire en poche chez Babel.
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