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Marthe Ruth Leblanc (Traducteur)
EAN : 9782264021434
272 pages
10-18 (02/12/1998)
3.67/5   15 notes
Résumé :
Dans le cadre pittoresque d'une bourgade de Galicie orientale du début de ce siècle, S.J. Agnon, prix Nobel de littérature en 1966, déroule une intrigue digne d'un Maupassant ou d'un Daudet. Hirschel a seize ans, et l'arrivée d'une jeune parente, Blouma, éveille en lui le goût de la sensualité. Sa mère, l'autoritaire Tzirel, ferme d'abord les yeux puis décide de le marier à Mina, héritière d'une grosse fortune, mais qu'il n'aime pas. Sans hargne mais sans complaisan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Malgré le prix Nobel de littérature qui lui a été attribué en 1966, Samuel Joseph Agnon est un auteur relativement peu connu en France, une grande partie de son oeuvre n'a pas été traduite, et peu de livres sont disponibles actuellement.

L'action du roman se déroule essentiellement dans la petite ville de Shiboush, en Galicie, au tout début du XXe siècle. L'auteur vient lui-même de ce coin du monde, et un certain nombre de ses oeuvres se situent dans les communautés juives de l'Europe orientale. La vie de la communauté telle qu'il la décrit, quelque peu en autarcie, rythmée par la religion juive, ses pratiques quotidiennes, ses rituels, ses fêtes, se teinte de plus en plus d'une entrée progressive d'une forme de modernité. Mina, un des personnages principaux, suit en tant que jeune fille des cours dans une pension où elle apprend même le français, et d'où une enseignante est chassée pour avoir épousé un non-juif. L'habitude vient de doubler le prénom juif d'un prénom d'une autre origine, en particulier allemand. Certains habitants ont émigré en Amérique, d'où ils envoient des dollars, et d'où ils reviennent parfois exhiber une prospérité et une manière de vivre très différente. Sans oublier les courants et les débats qui agitent la petite ville, entre sionistes et socialistes.

Nous commençons par suivre la destinée de Blouma, devenue complètement orpheline suite à la mort de sa mère. Elle va rejoindre la famille d'un riche parent, Baruch Meïr Horwitz. La femme de ce dernier, Tzirel, accepte de garder la jeune fille, qui devient une sorte de servante non rémunérée, au statut incertain. Hirschel, le fils de la famille, s'éprend de Blouma. Sa mère tolère cette amourette, car elle pense qu'elle va empêcher son fils d'aller voir ailleurs. Mais moment venu, elle tient à décider de son mariage, avec une jeune fille riche, Mina. Blouma part servir ailleurs, et Hirschel, la mort au coeur, se résout à épouser Mina qu'il n'aime pas. le démarrage de la vie de couple est difficile, les deux jeunes gens n'ont pas grand-chose en commun, et malgré la venue d'un fils, Hirschel ne va pas bien. Il fait des longues ballades qui aboutissent devant la maison où habite maintenant Blouma, qui ne veut plus le voir. Hirschel sombre dans une forme de folie, maladie qui s'était déjà déclenchée chez certains membres de la famille. Ses parents l'amènent chez un spécialiste pour tenter de le guérir.

Le roman est par certains côtés très réaliste, un peu dans la lignée des romans du XIXe siècle, avec l'analyse d'un milieu social bourgeois, conformiste, étouffant pour les individus, avec l'impossibilité de sortir du cadre. Mais il y a aussi un aspect plus spirituel, la religion et sans doute plus encore la foi, sont très importantes, même si une partie de cette question m'a sans doute échappée par méconnaissance de la religion juive. Il y a sans aucun doute une mystique à l'oeuvre, l'amour est une question essentielle, et s'oppose à la mentalité « pharisienne » de Tzirel. Ce qui est en jeu dans les liens entre Blouma et Hirschel dépasse très largement un simple amour entre un homme et une femme, on est dans l'amour en tant que quête de soi, de la vérité, du sens du monde. En guérissant et en l'abandonnant, Hirschel abandonne une partie de lui-même, une perspective, une autre dimension qui pourrait s'ouvrir à lui. La plongée dans la folie nous amène aussi dans un autre monde, qui cohabite avec le nôtre, qui est peut-être juste une manière de voir différente. le groupe, qui définit les normes, ce qui est permis et ce qui est interdit, est très mutilant au final. Hirschel arrive à ne pas être exclu, désigné comme bouc-émissaire après son retour de la maison de santé, uniquement parce que sa maladie a été vue par la communauté comme une manière d'essayer de berner les autorités et d'échapper au service militaire.

C'est un étrange roman, dont je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi, et qui est un peu frustrant. Il s'arrête sans résoudre un certain nombre de questions. L'auteur promet une suite, en particulier pour aborder le destin de Blouma, qui est sans doute le personnage le plus attachant, et qui disparaît très vite, mais je ne sais pas quel est le livre qui continue le récit, et s'il a été très traduit.
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Une histoire toute simple / Samuel Joseph Agnon/Prix Nobel 1966.
Après la mort de sa mère déjà veuve, Blouma toute jeune fille est recueillie par la famille de son parent Baruch Méïr Horwitz qui habite tout près, à Shiboush en Galicie orientale (Ukraine de nos jours). Bien accueillie par Tzirel l'épouse de Baruch Meïr, Blouma trouve là un toit et de la nourriture, à demi un titre de domestique et à demi un titre de parente. Elle fait son possible pour aider et participer à la vie de famille de ce couple de négociants.
Les Horwitz n'ont qu'un fils, Hirschel. Il a seize ans tout comme Blouma qui fleurit au fil des jours comme la rose des vallées, éveillant le goût de la sensualité chez le garçon, sans que le mauvais oeil ait prise sur elle. Ils ne sont pas indifférents l'un à l'autre mais Tzirel a des vues plus nobles pour son fils en la personne de Mina, la fille de Guedalia et Bertha Tzimlich, une famille très riche.
Courtier en mariage, Jonas Tviber est contacté pour arranger l'affaire, tandis que Blouma qui a surpris une conversation qui ne lui laisse aucun espoir avec Hirschel quitte la maison Horwitz.
Mina est aussi une belle et charmante jeune fille qui connaît la ville et a étudié. Mais bien qu'elle ait disparu de la maison, Blouma est toujours dans le coeur de Hirschel.
Blouma qui a trouvé un logis chez Tirtza Mazal, une maîtresse de maison très avenante avec elle, se demande si elle doit aider Hirschel à se libérer de l'emprise de sa mère où si elle doit s'écarter de son chemin.
Hirschel comprend que Mina n'est rien pour lui est espère toujours revoir Blouma et son sourire.
Entrainé par la volonté de la famille, l'irréparable a lieu : Mazal Tov ! crient les invités aux fiancés ! Hirschel fait contre mauvaise fortune bon coeur, il n'aime pas Mina mais tant qu'il vivra, il la respectera car sa mère faisant, il ne pourra lui échapper.
Quelques temps après ils passent sous le dais nuptial en présence des amis et de la famille. Certes, Hirschel et Mina habitent bien ensemble, mais on ne peut pas dire qu'ils baignent dans le bonheur. Ils ne sont pas malheureux non plus, la maison est belle et ils ne manquent de rien. Sauf de connaître le grand amour…
Tzirel a de suite vu que Hirschel n'est pas heureux et s'en confie à Baruch Meïr son père car les premiers signes de la folie apparaissent chez ce garçon aux amours contrariés. On assiste alors à l'effondrement de Hirschel qui ne peut résister à l'emprise de sa mère. Échappera-t-il à cette déraison qui le ronge avec l'aide des médecins et psychiatres ? Parviendra-t-il a oublier Blouma ?
Tout au long de ce roman dans lequel l'amour tient une place primordiale, on découvre le mode de vie quotidien, les traditions, les us et coutumes des Juifs ashkénazes de Galicie orientale. le rituel des nombreuses fêtes religieuses est particulièrement bien expliqué que ce soit Souccoth ou Rosh Hachana et bien d'autres. Et puis Agnon se plait avec un humour sans cruauté à faire une satire haute en couleur d'une petite bourgeoisie juive travailleuse et arriviste, respectueuses des traditions mais capable d'égoïsme et d'ingratitude, une évocation sans doute de souvenirs d'adolescence, sans hargne mais sans complaisance. Tous ces petits bourgeois sont prêts à toutes les lâchetés pour assurer leur tranquille bonheur en toute bonne conscience. Ce n'est pas nouveau !
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Roman de 1935, de S.J Agnon, prix Nobel de Littérature 1966.

C'est avec plaisir que j'ai lu ce roman. "Une histoire toute simple", c'est l'histoire d'une vie, celle de Hirschel Horwitz, qui se déroule au début du 20è siècle, dans la communauté juive d'une petite bourgade de Galicie (Région d'Europe de l'Est, appartenant un temps à l'empire Autrichien et qui se retrouve aujourd'hui divisée entre la Pologne et l'Ukraine).

C'est un roman très bien écrit et foisonnant de personnages. D'ailleurs à la fin du livre, l'auteur reconnaît qu'il pourrait raconter la vie des autres personnages et que cela ferait beaucoup de volumes : "Combien d'encre répandrons-nous, combien de plumes briserons-nous pour rédiger toutes ces aventures ? Dieu seul le sait."

C'est un roman qu'on savoure, à lire lentement pour s'imprégner de l'atmosphère de cette petite bourgade et de ses habitants. Il y a des petites jalousies, des conventions strictes à respecter, les lois cachères également sont très présentes et il y a même un agitateur socialiste dont il faut se méfier et un leader sioniste qui essaie de recruter.

Hirschel , lui, s'occupe de son magasin, mais déprime dans son mariage avec Mina (mariage arrangé par ses parents alors qu'il aurait préféré épousé une autre jeune fille) , il en perd le sommeil et frôlera même la folie.

Le milieu des parents est très étriqué, le commerce passe en premier, la mère d'Hirschel aime montrer que le magasin marche bien et qu'elle peut porter ses fourrures les jours d'hiver. Il n'y a pas d'amour, mais beaucoup de pragmatisme, et "il faut faire les choses comme il faut."

Ce roman est presque un huis-clos, très humain, très vrai, l'histoire d'une vie parmi d'autres, avec ses hauts et ses bas, ses doutes et ses désirs.

L'auteur a un grand talent de narrateur.
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J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, claire, facile à lire, avec plein d'humour, j'ai apprécié sa description des personnages de cette petite ville, mais moins son histoire.

Après un début passionnant, je me suis un peu ennuyé et trainé jusqu'à la fin du livre. Il annonce une suite : dans quel livre ?
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le cachet des bonnes familles ne s’efface pas vite. Il est facile de faire des paquets de bonbons, plus difficile de les jeter en cadeau à une femme étrangère. Hirschel était encore là, selon son habitude, regardant de loin ses camarades s’approcher de leurs plaisirs, alors que ses mains étaient vides et son cœur brûlant.

Il savait que ni aujourd’hui ni demain il n’échapperait à son angoisse. La Loi qu’il avait apprise dans sa jeunesse le gardait dans son adolescence. Il jetait les yeux sur les filles du pays, et la Loi en détournait ses yeux. Il désirait un conseil pour approcher d’elles, et la Loi lui disait ce qu’avaient fait les premiers Sages : ainsi Rabbi Mathia, fils de Heresh, n’avait de sa vie levé les yeux sur une femme. Satan voulu se venger de lui et se présenta sous la forme de la plus belle femme du monde. A cette vue, le rabbin détourna les yeux. La vision se tournait de tous les côtés, alors il alla chercher du feu et des clous, jeta les clous dans le feu et s’en aveugla.

Un jeune commerçant n’est pas un sage occupé de la Loi ; mais son intelligence lui portait secours, car elle lui rappelait combien de hontes suivent la transgression : mille morts plutôt qu’une seule honte. (pp. 38-39)
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Il ne voyait pas en Mina la femme que ses parents voulaient lui faire épouser, mais celle à laquelle il avait donné son coeur ; et sa mère venait les déranger. Il tendit la main, prit celle de Mina et la serra en homme qui se saisit d'un trésor au moment où tout se tourne contre lui.
Peu après la servante les invita à passer à table.
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Tant qu'un garçon est célibataire, il peut suivre les mouvements de son coeur, mais quand arrive l'heure du mariage, il renonce à ses amourettes, sinon le monde ne subsisterait pas. Malheur au monde dans lequel on suivrait ses sentiments !
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Hirschel connaissait la valeur du temps : un temps pour jouer avec sa femme, et un temps pour venir au magasin ; un temps pour s'occuper de la marchandise, et un pour passer une petite heure en société. (*)

(*) Allusion à Ecclésiaste III
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On se souvient de sa demeure, quand loin en est éloigné.
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