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EAN : 9791038803145
128 pages
Ex Aequo (20/03/2022)
4/5   29 notes
Résumé :
L’amour sous fond de fin du monde.

Christian est californien. Christian est blond et beau comme le soleil, vit sans filtre et rêve de la France. Il traverse l’océan Atlantique qui le sépare de l’Europe pour être assistant d’anglais dans un lycée français.

Jonathan est français ; il accumule les plans d’un soir, les amours éphémères et traîne sa vie.

Un soir gris et pluvieux d’octobre, les deux garçons se croisent sur une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la fin du monde.
La fin du monde tel qu'on le connaît.

Une pandémie décime l'espèce humaine, les morts font la une de tous les journaux, s'affichent sur toutes les chaînes. Dans ce décorum si terriblement réaliste, la caméra zoome. Sur Christian d'abord, un Californien avec le soleil de Los Angeles dans les cheveux. Il fait l'amour sur la plage. Il est beau. Sur Jonathan ensuite, un professeur français avec dans les iris les éclats de la Seine sous l'indifférence du ciel. Il parle de Duras et de Nabokov au garçon qui vient de jouir en lui.

Entre les deux hommes, un schisme océanique, mais aussi La mort à Venise, de Thomas Mann, tel un étrange lien de mots, la mise en abîme d'une obsession à venir.

Zoom arrière.

Sous la plume unique de Tadzio Alicante, les deux acteurs évoluent dans leurs mondes parallèles, des mondes de doutes et de sexe, de peur et de désirs, de futurs incertains semés de signes annonciateurs.

Transition par le vide, entracte. La scène se vide. Les deux acteurs restent dans la lumière. Épiphanie. Ils se rencontrent. Les fragments de leur histoire nous sont jetés tels des miettes de pain, des flashs. Désir puzzle, amour en morceaux, tessons de jouissance.

Entre Chalendon et Ernaux, entre Duras et Despentes, l'auteur nous livre l'histoire superbe et sans concessions de la jonction de ces deux trajectoires. Débarrassée de ses fioritures, déshabillée jusqu'au xylème, la poésie ici est brute, minérale. On retourne à l'essentiel : le mot. Sa valeur. Sa couleur. le poids de ses lettres sur la langue.

« Je ne fais pas que l'écrire, je le prononce également. Prononcer son prénom, CHRISTIAN, à chaque seconde. le scander encore CHRIS-TI-AN et encore CHRIS-TI-AN jusqu'à ce qu'il perde sa valeur (non) et sa signification (jamais) CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN.
Puis j'ai cherché des mots pouvant rimer avec son prénom mais rien qui ne me satisfasse. Soudainement, comme une évidence, un trésor caché sous mon nez mais invisible : JonathAN — ChristiAN. Nous rimons. Joie hallucinée s'emparant de mon coeur et de mon corps. »

Alicante ne raconte pas : il montre, il dessine, il filme. Organiques à l'extrême, ses lignes sentent la mer, le sperme et cette chaleur inouïe, celle du ciel en feu, celle des corps qui se percutent, entre désir et amour – y a-t-il une différence ? Quelle importance après tout… – celle du brasier qui couve dans la poitrine de Jonathan. Elles portent la couleur dorée de Christian.

« L'alcool a endormi sa tête qui sommeille entre mes cuisses. Elle semble morte. Ses paupières qui tirent sur le violet couvrent le ciel bleu que son regard propage partout habituellement. À un moment, je cède et deviens hérétique. Je commets un sacrilège, je touche l'idole et passe une de mes mains dans ses cheveux d'or. Ils s'accrochent à elles et sont gluants comme du sperme frais. »

De la fulgurance du plaisir aux affres sans fin du manque, de l'acédie de l'obsession qui creuse les entrailles à l'ivresse extatique des retrouvailles, l'auteur dissèque les sentiments sous scialytique, coups de scalpel lyriques sur le corps de Jonathan, un corps en déroute, qui ne vit, ne pense, ne respire plus que pour lui, Christian, son Christ, son étoile.

« Christian, écris-moi davantage. Je ne veux pas qu'on ait pitié de moi car je sais ma fatalité, je la sais et je la répéterai comme une formule usée d'avoir été trop dite : je suis de la race de ceux qu'on abandonne, qui attendent et meurent. »

Il est de ces livres que l'on a du mal à décrire tant il déflore un territoire encore vierge ; le garçon from L.A. est de ceux-là. le style, la construction, tout ici porte une patte unique et nouvelle. Portée par une plume d'un talent inouï, ce roman se lit comme on regarde défiler des diapositives, comme on avale gorgée après gorgée un vin plein de soleil. Impossible de lâcher cette oeuvre, cette histoire qui vous transporte, vous bouleverse, au point de pouvoir ébranler ce que vous croyiez être vos goûts en matière de lecture. La qualité extrême de l'écriture d'Alicante, tour à tour tranchante, vibrante, et sensible, se révèle dans toutes ses nuances au sein de ce tout premier roman qui en appelle beaucoup d'autres. Chaque mot est à sa place, chaque phrase est dénudée sous nos yeux, et j'ai appris une nouvelle définition du beau en écriture. Nul besoin de verbiage quand on maîtrise le verbe, l'auteur nous le démontre avec maestria.

Une oeuvre magistrale, à lire un soir de canicule.
Un coup de coeur.

Un coup au coeur.
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Deux garçons, l'un un Californien presque caricatural (blond, robuste, aux yeux bleus), l'autre un frêle petit Frenchie. Christian et Jonathan. Séparés par un océan, puis toute la masse d'un continent. Les deux se cherchent, cherchent un sens à leur vie, cherchent une direction, surtout que la fin du monde non seulement approche mais est bel et bien là, rode et érode. Une pandémie mondiale, des morts à droite, à gauche, la panique générale, du moins c'est l'impression qui se dégage de leurs quotidiens… Jusqu'à ce que l'Américain décide de venir en France, à Paris, en tant qu'assistant d'anglais. Les deux jeunes hommes se rencontrent, ils se séduisent, ils se tournent autour, et leur histoire se transforme en obsession rageuse pour Jonathan alors que Christian… on ne sait pas exactement ce qu'il ressent. N'empêche, leur relation est forte, presque incontournable. L'amour ? Allez savoir…

Une histoire en fragments, comme un puzzle où j'avais parfois l'impression que l'on m'avait caché, voire volé quelques pièces. Mais une histoire prenante, attirante, qui vient et vit surtout de cette fragmentation du récit ainsi que de la force de l'écriture de ce jeune auteur. Oui, Tadzio au prénom qui flaire bon Thomas Mann sait écrire. Les mots, on le sent, ne sont pas choisis au hasard, le découpage (j'aurais presque envie de dire, le hachage) crée un rythme que l'on connaît des road movies qui tiennent leur force et énergie des scènes et actions qui s'enchaînent. Une autre comparaison que l'on pourrait faire serait celle avec la peinture, notamment celle des impressionnistes et des pointillistes. Chaque fragment, parfois même chaque phrase constitue un petit point, tantôt de couleur, tantôt uniquement de noir ou de blanc pour ajouter du contraste, et au final, une toile se dévoile.

Au niveau de l'intrigue, il y avait forcément des choses qui m'ont tout de suite parlé. Christian, un assistant de langue ? C'est par ce biais que je suis arrivé moi-même dans ce pays et à Paris voilà tant d'années. Jonathan qui est fan de Bret Easton Ellis ? On partage alors la même admiration pour cet écrivain hors pair. Thomas Mann qui se trouve comme une trame diaphane dans cet ouvrage, à commencer par le prénom de l'auteur pour finir en livre de chevet de Christian ? Un de mes auteurs préférés pendant mon adolescence (bien que Mort à Venise n'ait jamais été mon texte favori, pour être honnête). Une fin romantico-violente, qui me rappelait non pas tant Easton Ellis que Thelma and Louise, film qui ne cessera jamais de me faire chialer comme une Madeline. le côté outre-dimensionnel, exagéré, de l'environnement dans lequel se déroule l'histoire et qui faisait penser au début aux premiers mois sous Covid (mais vus par quelqu'un qui se drogue sérieusement car des morts qui s'amassent dans la rue, je n'en ai pas vus…). L'obsession aussi, que j'ai (peut-être) pu connaître dans ma propre vie amoureuse (allez savoir… je ne vous dis pas tout, quand même).

Donc, une histoire qui m'a happé. Une écriture forte, puissante, volontaire, jeune, avec des moments de grande poésie qui ne viraient jamais dans la grandiloquence gratuite. Mais. Je dois vous avouer le petit bémol que j'ai ressenti en lisant ce court roman. Un bémol qui vaut juste une demi-étoile, donc ça va, il n y' a pas mort d'homme, si j'ose dire.

Alors, voilà. La première partie, il est vrai, m'a séduit sans ombre au tableau – le ping-pong des mini-scènes de l'un et de l'autre des protagonistes, même si celles de Christian sont vues sous le prisme (au début presque inavoué) de Jonathan, a créé une dynamique comparable à une pièce de piano jouée à quatre mains. C'était fluide, ça s'imbriquait parfaitement, je m'attendais à de grandes choses. Et ensuite, dans la deuxième partie, je suis un peu resté sur ma faim. Car ça devenait le récit de Jonathan uniquement – oui, ça l'avait été aussi dans les pages précédentes, je sais, mais avec tout de même l'illusion de partager des choses de Christian, et parfois, une illusion est suffisante pour susciter des émotions. du coup, il me semblait manquer quelque chose, une pointe de yang au yin de Jonathan (ou de yin au yang de Jonathan, à vous de voir). Ne serait-ce qu'un soupçon de réponse à ma question si l'obsession pouvait être réciproque ou nichait seulement dans le poitrail de Jonathan. Une espèce d'accès, aussi, me manquait, une espèce d'émotionalité. Je pouvais suivre l'intrigue, mais par moments, j'aurais bien aimé la ressentir davantage.

Puis, j'aime bien voir une rencontre se faire. Celle entre Christian et Jonathan, par ce savant jeu de la première partie, avait été suffisamment préparée, et très bien amenée avec ça. Mais quand elle se concrétise, il me manquait ce premier petit tremblement de terre intérieur, ce bouleversement quand on se surprend à se dire, le souffle coupé, « Ça pourrait être LUI, mon âme soeur ?! » avec, parfois, quelques points d'interrogation supplémentaires. Juste une petite scène, même aussi fragmentaire que le reste, m'aurait suffi. Mais non. Ou peut-être si ? Je n'ai même pas retenu comment le premier rendez-vous était expliqué… Enfin, la fin. Je ne l'ai pas trouvée capillo-tractée, ce ne serait pas le mot exact, mais certainement un peu capillo-soupesque, c'est-à-dire arrivant comme le fameux cheveu sur la soupe. Certes, elle était dans la logique de l'obsession de Jonathan, et par son côté Thelma and Louise, elle avait tout pour me séduire. N'empêche, je ne m'attendais pas à ça, et je me sentais un peu comme un amant trompé.

Ceci étant dit (et expliqué plutôt maladroitement, j'en ai peur), le livre m'a bien plu, il m'a même marqué – pour preuve, cette chronique fleuve. Je suis certain que Tadzio aura d'autres histoires à nous raconter, et pour ma part, je reste dans l'attente du prochain opus. Et je vous invite à découvrir sans trop tarder ce premier roman et à vous faire une idée par vous-même.
Lien : http://livresgay.fr/le-garco..
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L'auteur, ainsi que l'éditeur, n'ont pas jugé bon de mettre un avertissement, eh bien moi, je vais malgré tout en donner un. Si vous n'appréciez pas les mots crus et les scènes explicites, ne vous aventurez pas dans ce livre, vous allez d'office lui donner une note négative et peut-être même abandonner votre lecture. Soyons clairs, ici, une bite est appelée une bite et non pas d'une manière plus poétique afin de ne heurter personne ! Pour ma part, c'est justement cela qui fait que j'ai apprécié ma lecture, avec d'autres choses, heureusement.

Vous voilà donc maintenant prévenus, si malgré tout vous tentez l'aventure de ce livre, vous savez désormais à quoi vous attendre.

J'ai découvert ce livre via Instagram, j'ai d'abord été intriguée par l'avis que je venais de lire, et puis je me suis dit que je devais absolument tenter d'en savoir plus sur le récit. J'ai commencé par suivre l'auteur également, et comme j'ai toute confiance dans les ressentis de lectures de la personne par qui j'ai découvert ce roman, je n'ai pas hésité à me le procurer. Par contre, je ne peux vous en donner la raison, ne la connaissant pas moi-même, j'ai mis du temps à me décider pour le lire. Oh pas très longtemps, mais malgré mon envie de le découvrir, il me narguait sur le coin de mon bureau en me disant clairement que je ne franchirais pas l'étape de l'ouvrir. Attention, ce n'est pas forcément pour les raisons que vous pourriez imaginer, non, les mots crus ne me gênent pas du tout, il en faut plus que cela. Mais me dire que le récit se déroule en pleine période "super virus que tout le monde connaît trop bien", voilà ce qui me freinait. Est-ce la seule raison ? Je ne le sais pas. Comme je le dis, je n'en connais pas la raison réelle, le virus ne me servant que de prétexte.

Bref, assez de bavardages, passons aux choses sérieuses !

La plume de l'auteur est très agréable à lire, du moins de mon point de vue. J'ai d'ailleurs trouvé qu'il pouvait parfois se montrer très poétique malgré le contexte, malgré les passages durant lesquels nous aurions bien besoin d'un ventilateur pour nous refroidir. Oui, il a su trouver les bons mots à chaque fois, et me faire dire que finalement, les mots crus le deviennent un peu moins, moins brutaux en tout cas que ce à quoi je m'attendais dès le départ. Prouesse de l'auteur ? Talent inné chez lui ? Travail fait après écriture ? Là non plus, je ne pourrais vous répondre, je ne connais pas la réponse, seul l'auteur pourrait nous la dévoiler.

Ce récit se déroule donc durant la période compliquée de confinement et compagnie. Nous croisons le chemins de deux hommes, l'un en France, l'autre un peu plus loin, à Los Angeles. Est-ce le hasard qui les a mis sur la même route, sur la même place au même moment ? Une partie de la réponse est non. Christian, l'américain, va se retrouver en France parce qu'il a voulu y être. L'alchimie entre deux êtres, cela ne se contrôle pas, personnes ne peut prédire que deux êtres vont s'entendre à merveille, tout comme personne ne peut savoir à l'avance s'il préfèrera une sauce au poivre ou aux champignons pour accompagner son steak.

Nous pourrions diviser ce roman en deux parties, premièrement, celle dans laquelle nous rencontrons les personnages, où nous voguons entre l'un et l'autre, où nous apprenons à les connaître un minimum. La seconde, eh bien, vous vous en doutez, c'est celle à partir de la première rencontre. Que cela soit dans la première ou la seconde, les personnages se livrent à nous, bien que dans la seconde nous avons uniquement le point de vue d'un seul des deux. Bien que cela soit un peu perturbant, l'auteur, ou plutôt le narrateur, nous préviens qu'à partir de ce moment bien précis, nous serons comme lui, et nous ne saurons pas ce qui peut se passer dans l'esprit de l'autre.

Pour moi, ce fut une belle découverte que je peux maintenant vous recommander, mais n'oubliez pas mon avertissement !
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Pour commencer, je souhaitais remercier les éditions Ex Æquo pour l'envoi de ce service presse. Maison d'éditions qui sait dénicher des auteurs "Extraordinaires" qui nous sortent de notre confort, de nos habitudes livresques. Des "Ovnis", un mot galvaudé pour les décrire, mais tellement différents du commun des mortels...
Bienvenue dans un autre monde, celui de Tadzio Alicante.
Nous débutons l'histoire en alternant des deux côtés de l'océan. C'est le "Schisme".
Nous avons Christian, beau blond lumineux aux yeux bleus, en Californie et Jonathan, le narrateur, se disant insignifiant, de taille moyenne, « des yeux bleus vert huître » en région Parisienne.
C'est l'apocalypse, une pandémie ravage le globe.
Travelling. Tout est décrit au travers de l'oeil du narrateur, qui se fait réalisateur derrière sa caméra. On suit les personnages dans leur vie, leurs pensées, leurs émotions, les rencontres, leurs amis, leurs amants... et la mort qui les entoure.
Une pincée de Kubrick, de Godard, et de World War Z (excusez-moi pour mes pauvres références cinématographiques, celles de Tadzio sont plus étoffées, je pense)
Mais, la littérature reste bien présente, et souvent servant de modèle; une maison qui fait penser à Bret Easton Ellis, un amant qui lit De La Bruyère et De La Fontaine, un livre de Thomas Mann posé sur une table de nuit (référence importante à la construction de l'intrigue), et bien d'autres encore.
Et Christian veut revenir à ses premières amours de jeunesse qu'est la France, pour l'instant peu impactée par le virus, et décide de prendre un poste d'assistant d'anglais au Lycée.

Alors, viennent la rencontre, la confrontation, l'apparition et "l'épiphanie";
C'est une évidence entre ces deux personnages, ils sont compatibles jusque dans la rime Jonath.an et Christi.an.
Le narrateur va se focaliser sur leurs échanges, sur le Je et le lui. Leurs corps fusionnent dès la première rencontre, la caméra filme en champ, contre-champ, Jonathan vit la scène et hors champ il visionne la scène.
Jonathan devient accro à Christian le solaire, le fataliste, son étoile, apprend de lui des premières fois, au cannabis, à la construction de flocons de neige en papier... Il ne peut plus s'en détacher.
Des allers-retours, une escapade, et toujours des références littéraires; des adorées, Phèdre, Eluard, Sagan, et d'autres détestées, Vautier qui dégouline de bonheur, mais le narrateur, lui, veut se réclamer du malheur.
Des attentions de Christian à son good boy, qui lui offre entre autre un Dostoïevski. Tout cette partie est consacrée à ces deux êtres interstellaires.

Et c'est la fin du monde, "Eschatologie". La mort de Venise de Thomas Mann prendra tout son sens...

Chez Tadzio Alicante, aucun sentiment frileux, tout est décrit sans fioriture, c'est cru, naturel, lyrique souvent, à la lisière de la philosophie, poétique et introspectif. Pas de demi-mesure, on adore ou on abhorre, et bien moi j'ai adoré, même si parfois, il a remis en question certaines de mes certitudes, sans toutefois me les faire renier, j'ai adhéré à l'histoire, à sa plume, à son originalité, à sa personnalité et à l'extra-terrestre littéraire qu'il est.
Pour une première fois, ce livre est une réussite, et l'auteur a, pour ce qui me concerne, un avenir plus que certain.
À découvrir absolument
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J'ai ouvert ce roman avec à l'esprit les diverses paroles élogieuses que j'avais pu glaner ici et là. Notez que c'est toujours plus compliqué quand on sait que la plupart des lecteurs ont adoré ! ça me donne la désagréable sensation d'une pression supplémentaire, comme s'il fallait absolument que j'entre dans un moule ! Et j'ai su que cela allait se compliquer encore plus lorsque j'ai lu la première phrase. Une phrase au présent. Et les suivantes plutôt lapidaires. Et je rigole alors en moi-même… Quand je pense que la veille je discutais justement avec un autre auteur de cette forme de narration avec laquelle j'ai beaucoup de difficultés ! Lire ce roman allait donc être un calvaire ??
Heureusement, on en est loin ! le style unique est déstabilisant et les phrases courtes comme des couperets tranchent dans le vif d'un récit dépouillé. Là une scène qui prend tout son temps, là juste un instant fugace. Là-bas Christian, un jeune californien, ici Jonathan, un professeur français. Et tout à coup, le premier contact. Une simple rencontre pour l'un, une apparition presque divine pour l'autre. Des instants volés à la vie avec des peaux qui claquent pour crier au monde leur besoin. Besoin de vivre et besoin de l'autre jusqu'à l'obsession. le tout sur fond de pandémie, accompagné du parfum de la mort et du bruit des sirènes hurlantes…
J'ai trouvé ce récit assez glauque dans le fond et l'obsession de Jonathan plutôt malsaine. Une bulle fragile dans un monde chaotique et des sentiments poussés à l'extrême jusqu'à l'idolâtrie, offrent cependant un récit surprenant. le narrateur observe un temps, caméra sur l'épaule puis il devient acteur. Et comme un film tourné au ralenti, on ressent, on goûte, on voit. D'abord à travers l'oeil de la caméra puis à travers les iris de Jonathan qui n'ont de cesse de dévorer cet homme sur son piédestal.
Un plan large et soudain. Lumière ! Action !
Stop ! Arrêt sur image. Plan rapproché de corps qui s'ébattent, oublieux de la tragédie qui se joue comme un bruit de fond.
Travelling arrière. Plan large sur un amant qui prend toute sa place dans un esprit qui ne voit plus que lui. Lui et sa peau bronzée. Lui et ses mèches dorées. Un astre qui illumine la vie du narrateur de toute sa beauté. Mais un soleil qui brille trop puissamment n'est-il pas le signe inéluctable de la fin ?
Panoramique sur une relation de dépendance, entre retrouvailles et absences déchirantes. Entre délires et jouissance. Et toujours ce doute lancinant d'un futur qui pourrait bien s'assombrir. La fin d'un monde.
Le plateau s'obscurcit. La lumière s'éteint.
Vous l'aurez compris, un jeune auteur à suivre. du talent au bout de la plume, une prose nue et un univers empreint de poésie lyrique ; un style atypique réjouissant qui s'éloigne des codes pour mieux nous imprégner de sa saveur unique. Un récit hors norme comme un film à jamais gravé sur les rétines.
En revanche, si je dois lancer un appel, c'est celui de songer à écrire des romans qui soient faciles à chroniquer… trois jours que je me casse les dents dessus… parce qu'il ne faut pas trop en dire mais en dire un peu quand même ! Parce que ce roman est inhabituel et que c'est terriblement difficile à rendre. Et que… mince ! Vous n'avez qu'à le lire et puis c'est tout !!!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Un élément déclencheur, une épiphanie. Une manifestation littéralement, mais de quoi au juste? Une manifestation, la découverte de son envie d'écrire et de coucher l'existence humaine sur feuilles (cette dernière formulation n'est pas de moi il me semble, mais alors de qui ?), l'envie de la transcender. je crois qu'il a réveillé ce qui dormait en moi et dont je connaissais tout de même l'existence. Je veillais cela comme une mère veille son enfant assoupi les très chauds après-midi d'été, la certitude ancrée dans le ventre de la pluie et de ses promesses à venir.
Christian est mon épiphanie.
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Je ne fais pas que l’écrire, je le prononce également. Prononcer son prénom, CHRISTIAN, à chaque seconde. Le scander encore CHRIS-TI-AN et encore CHRIS-TI-AN jusqu’à ce qu’il perde sa valeur (non) et sa signification (jamais) CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN.
Puis j’ai cherché des mots pouvant rimer avec son prénom mais rien qui ne me satisfasse. Soudainement, comme une évidence, un trésor caché sous mon nez mais invisible : JonathAN — ChristiAN. Nous rimons. Joie hallucinée s’emparant de mon cœur et de mon corps.
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Fragment 37
[...] Le sommeil est un rêve inaccessible, impossible. Mon corps réclame un calmant qu'on appelle communément amant. Un amant-somnifère au goût d'anxiolytique, aux lèvres bleues de sérotinine.
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Christian, écris-moi davantage. Je ne veux pas qu’on ait pitié de moi car je sais ma fatalité, je la sais et je la répéterai comme une formule usée d’avoir été trop dite : je suis de la race de ceux qu’on abandonne, qui attendent et meurent.
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2020

Los Angeles

Un soleil pâle monte peu à peu dans le ciel de la côte ouest. La Californie est réveillée mais Christian est encore dans ses draps à dormir. Sa tête divinement blonde écrase un oreiller vert foncé, ses pieds bronzés dépassent du lit et pendent mollement dans le vide. Dans quelques minutes, il se réveillera du lourd sommeil chimique qui lui ferme les yeux.
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