Voici, comme souvent avec les éditions Allia, un bel et singulier objet d'édition, un livre qui parle de livres, et surtout de ceux qui les écrivent, une réflexion romancée sur le processus créatif, quand celui-ci dépasse les cadres pour accoucher de chefs-d'oeuvre immortels, avec l'ami Kafka comme point de départ, plus très loin de « Dans la peau de John Malkovich »…
— « Kafka, Kafka ? »
— « Kafka, Kafka ! », répondrait
James Joyce, l'autre monstre sacré et pivot vacillant de ce livre, déclaration d'amour à la littérature, mais aussi pamphlet biographique qui conclut, goguenard, que « si un écrivain veut être avant tout un homme bon, il vaut mieux qu'il abandonne son projet de devenir un bon écrivain. »
…
On y croise aussi
Virginia Woolf (et son mari Leonard qui en prend pour son grade),
Arthur Rimbaud dans le rôle d'un faune,
Louise Colet (dont l'histoire retiendra avant tout sa
correspondance avec
Flaubert) — qui a l'élégance de nous répondre que « nous sommes tous écrivains » —
Italo Calvino en bibliothécaire, et beaucoup d'autres auteurs du panthéon littéraire occidental.
…
Mélangeant sans confondre éléments biographiques et fantaisies romanesques, l'écrivaine catalane
Nuria Amat nous entraîne dans une délicieuse badinerie littéraire qui remplit à merveille son objectif : nous donner furieusement envie de plonger dans ces classiques que l'on aurait pas encore eu le courage d'aborder, «
Ulysse » en premier.
Ses petits C.V. d'auteurs, clôturant le livre, achèvent de démontrer la finesse et la précision de sa plume.
Un régal.