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EAN : 9782081238244
188 pages
Flammarion (11/04/2012)
3.6/5   34 notes
Résumé :
Le plus grand de nos romanciers fut aussi dramaturge. Et, dans ce domaine, Le Faiseur est à coup sûr sa meilleure réussite. Cette comédie de mœurs, datée de la fin de sa carrière, met en scène un spéculateur génial qui, plumant les gogos sous prétexte de les enrichir, fait preuve d'une créativité intarissable dans les combinaisons financières les plus douteuses. "Saltimbanque de la bourse", Mercadet pratique avant l'heure et avec un art consommé ce que Wall Street n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Que ceux qui m'ont déjà lue sur le faiseur me pardonnent, mais j'ai décidé de re-poster ma critique du 14-11-2015....en la remettant dans son contexte :

Je sortais du théâtre où je venais de voir le Faiseur, justement, au milieu des rires et des applaudissements, ce vendredi 13 novembre de sinistre mémoire: tous les portables rallumés ont tôt fait de répandre l'affreuse nouvelle des attaques dans Paris.

Douche écossaise terrible...

Plus que jamais je crois et je dis que la culture, la lecture, le spectacle vivant, partagés et débattus ensemble, sont les meilleurs antidotes à tous les poisons du fanatisme, de l'embrigadement et de la connerie aveugle et meurtrière... On devrait décréter l'état d'urgence culturelle absolue!!

Et revoici ma critique, maintenant..inchangée, comme mon amour pour Balzac!

Sans la mise en scène primesautière de Robin Renucci, enlevée à un rythme effréné, où les personnages habillés et coiffés comme des caricatures de Daumier, caracolent et gesticulent sur des tréteaux, dressés sur la scène comme pour un spectacle dans le spectacle, je serais sans doute passée à côté de cette pièce De Balzac, un specimen rare chez ce romancier forcené, car celle-ci ne parle que d'affaires , de banqueroute, de créances, d'emprunts, d'actions, de boursicotage, et de délits d'initiés..

Parce que je n'y comprends rien, et que dès qu'on me parle d'intérêts, de taux, de marché j'ai les neurones plus volatiles qu'un emprunt russe...

Mais là, pendant deux heures pleines comme un oeuf, j'ai ri, applaudi, jubilé...Mûre pour la carrière tardive de trader? Pas du tout!

J'ai juste adoré la satire grinçante et cocasse des milieux d'affaires, apprécié les tempétueux retournements de situation (ruiné, pas ruiné, escroqué, escroqueur, perdu, au bord du suicide, sauvé par un dénouement digne des comédies latines et totalement rocambolesque)

Je vais tenter de m'expliquer un peu: Mercadet est un habile spéculateur mais là il est vraiment aux abois :il est perdu de dettes, ses créanciers ont sonné l'hallali et s'apprêtent à lui donner le coup de grâce. Il a beau brandir le spectre d'un associé mythique parti aux Indes, que personne n'a jamais vu, que tout le monde -et surtout Mercadet- attend comme le Messie et qui s'appelle...Godeau ( je le jure! Il attend Godeau...Beckett a dû s'en inspirer!!), plus personne ne le croit.

Quant au mariage arrangé de son laideron de fille avec un richissime Michonnin de la Brive (aussi faux qu'une pièce de treize francs mais fieffé escroc et fier coquin ) il s'avère encore plus ruineux que tout le reste: le gandin est fauché comme les blés lui aussi. Il veut bien, pour faire affaire avec Mercadet, essayer de se faire passer pour ledit Godeau, mais on ne s'improvise pas acteur quand on n'est qu'un faussaire au petit pied...Bref tout va mal...

Sauf que la fille momoche est surtout une bien bonne fifille: elle a un petit amoureux timide et besogneux, et tous deux avec leurs bons gros sentiments et leur petit amour au point de croix vont, presque malgré eux, sauver Mercadet de la honte, de la ruine, du déshonneur et peut-être de la mort...

Le fantôme de Godeau n'a pas dit son dernier mot et Mercadet ne l'a pas inventé ni simulé en vain...mais chut!Il faut voir la pièce!

le dénouement est cousu de (gros) fil blanc, mais ce qui est tordant ce sont les efforts désespérés de Mercadet qui use et abuse du procédé dit de la cavalerie (on promet toujours et on ne paie jamais) et qui déploie des trésors d'imagination et de mise en scène pour sauver son monde de spéculation et de fumées...

Finalement, l'argent et la bourse, vus sous cet angle, ont quelque chose de réjouissant: Mercadet est un romancier à la Balzac, dans son genre..Imaginatif, plein de ressources, metteur en scène étourdissant de sa propre vie, marionnettiste d'illusions et prestidigitateur de faux-semblants, prenant et déplaçant les autres, femme, fille, domestiques, amis, créancier..., à sa guise et selon son inspiration, comme les pions d'un échiquier!

Les acteurs sont bondissants et grimaçants , un vrai bal de grotesques! Jamais aucun des personnages ne disparaît en coulisses, on les voit toujours un peu derrière un rideau, un tableau, un fauteuil, à épier, roder, surprendre ou applaudir le jeu de bonneteau de Mercadet, leur illusionniste de génie...Quant à ce dernier, impérial, il est presque toujours drapé dans une magnifique robe d'intérieur qui nous fait penser...à Balzac, vu par Rodin!

Un régal à voir , sûrement plus qu'à lire, mais un régal quand même!
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Monsieur Mercadet est ruiné ! Il aurait été ruiné par un certain Godeau que l'on attend et espère voir reparaître. Mais Mercadet est très fort : il réussit à tromper son monde, ses gens de maison et malgré le nombre de créanciers à ses trousses il parade, fait le beau, manigance et se sert des uns et des autres pour manoeuvrer. Il a toujours en tête diverses manoeuvres spéculatives pour vendre ou acheter des actions qui lui permettraient de n'être plus redevable. Il met un point d'orgue à tromper les apparences et excelle dans ce domaine. de plus, il voudrait caser sa fille au plus vite avec un homme qui arrangerait ses finances à lui. Sa fille, qu'il trouve laide par ailleurs, s'est quant à elle, amourachée d'un jeune homme qui l'aime également. Malheureusement, ce dernier n'est "que" teneur de livres. Mercadet lui a trouvé un autre parti mais celui-ci se laissera-t-il berner ?

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Le Faiseur est une pièce de théâtre écrite par Honoré de Balzac dont l'action se déroule entre 1830 et 1850. On retrouve De Balzac la manipulation paternelle envers une de ses filles afin de s'enrichir et en faisant fi, bien évidemment, des sentiments de la demoiselle. L'histoire paraît étrangement contemporaine en raison de ces manipulations boursières, spéculatives et malheureuses bien souvent. L'auteur insiste aussi beaucoup sur l'apparence et le qu'en-dira-t-on.
Le texte est très dynamique, rythmé par les arrivées et sorties des personnages sur scène. Les trois airs à la fin de la pièce montrent bien que les femmes et les hommes de cette pièce ont des buts personnels complètement opposés (amour versus spéculations).
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Il semblerait que Balzac n'ai pas eu beaucoup de succès au théâtre de son vivant. Pourtant je trouve que c'est un excellent dramaturge, ce qui m'a permis de me réconcilier avec son oeuvre que je n'arrivais pas à vraiment apprécier jusque-là.

C'est donc par le théâtre que j'entre dans l'univers De Balzac avec cette pièce très drôle "Le faiseur", écrite en 1840. Je ne m'attendais pas à autant de lucidité sur cette époque qui rappelle aussi la nôtre. Il s'agit d'une tranche de vie familiale découpée dans la réalité économique sociale et humaine de la monarchie de juillet à son apogée.
Balzac situe sa pièce dans un contexte où rien ne semble impossible aux seigneurs modernes, les capitalistes spéculateurs, que Marx et Engels vont clouer au pilori quelques années plus tard dans leur manifeste.
Mercadet est un faiseur, c'est à dire un escroc de haut vol. Ce banquier excelle à faire de l'argent avec celui des autres. Il s'agit d'acheter des actions quand elles sont en baisse pour les revendre quand elles sont en hausse, avec toutes les ruses permettant de berner les naïfs tout en s'assurant un maximum de juteux bénéfices. C'est pourquoi Mercadet organise dans la pièce une panique boursière totalement artificielle.
En réalité, les affaires de Mercadet ont mal tourné et il n'a plus un sou. Pour rassurer la horde de créanciers qui le harcèlent, il va invoquer le soutien de Godeau (pas celui de Beckett !), un ami parti faire fortune aux Indes et le mariage prochain de sa fille avec un riche parti.
On retrouve dans cette pièce les accents de Molière avec, par exemple, un trio de domestiques, valet, femme de chambre et cuisinière, qui participe aux tribulations de leurs maîtres, sachant que leurs sorts sont liés, mais avec un dévouement dans l'épreuve qui reste sujet à caution et n'occulte pas une saine conscience des intérêts qu'ils ont à tirer de la situation. On y retrouve aussi l'amour sincère plus fort que le mariage arrangé.
Mais c'est surtout une comédie étonnamment moderne qui annonce les dérives du capitalisme dont résonne notre époque.


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Le faiseur, cette pièce De Balzac reprend les thèmes qu'Honoré a longuement et magnifiquement developpé dans ses romans: l'argent, l'avidité, l'arrivisme, le mensonge... Ainsi cet échange dans la sixième scène du premier acte: «Mercadet Vous vous apitoyez sur mes créanciers, mais sachez donc enfin que nous n'avons dû leur argent qu'à... Madame Mercadet À leur confiance, monsieur !... Mercadet À leur avidité ! le spéculateur et l'actionnaire se valent ! tous les deux, ils veulent être riches en un instant.»
Mais ce qui retient avant tout mon attention dans cette pièce est ce mystérieux personnage: Godeau...Et la question que l'on est obligé de se poser: Beckett (Samuel) avait-il lu le Faiseur? Écoutons Mercadet: « Tout le monde a son Godeau...» Je ne sais pas, tout laisse à penser que Godot est un clone de Godeau, «Godeau !… Mais Godeau est un mythe !… Une fable !… Godeau, c'est un fantôme… Vous avez vu Godeau ?… Allons voir Godeau !»
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Sûrement une pièce de théâtre livrée pour satisfaire des créanciers de la part De Balzac, qui est meilleur romancier que dramaturge. En tout cas, il parle de quelque chose qu'il connaît, lui qui toute sa vie a croulé sous le poids des dettes et n'a cessé de manigancer pour leur échapper. Tout cela, je le sais grâce à la très bonne biographie De Balzac par S. Zweig.
Cette pièce est du vaudeville, avec domestiques médisants, personnage de la mère inutile, jeune fille qui ne compte que pour son amour, et un manipulateur qui parvient à embrouiller tout le monde - même si lui aussi semble un moment se faire avoir. Sauf que pour une comédie, je n'ai pas ri à la lecture, peut-être que sur scène le rythme enlevé peut être plus efficace. Mais tout finit bien, trop bien, le menteur est finalement récompensé, lui qui attendait tellement Godeau...
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critiques presse (1)
Telerama
02 mai 2012
Tout à coup, le rire s'étrangle et la relecture du Faiseur donne le vertige.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
De la Brive: Nous avons en France une carte de principes aussi variée que celle d'un restaurateur. Je serai socialiste. Le mot me plaît. À toutes les époques, mon cher, il y a des adjectifs qui sont le passe-partout des ambitions! Avant 1789, on se disait économiste; en 1805, on était libéral. Le parti de demain s'appelle social, peut-être parce qu'il est insocial: car en France, il faut toujours prendre l'envers du mot pour en trouver la vraie signification!...
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MERCADET - Ah ! un homme dans le malheur ressemble à un morceau de pain jeté dans un vivier : chaque poisson y donne un coup de dent. Et quels brochets que les créancier ! ... Ils ne s'arrêtent que quand le débiteur, de même que le morceau de pain, a disparu !
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MERCADET - Vous voulez dire qu'elle lit des romans ; et, ce qui prouve qu'elle est une fille d'esprit, c'est qu'elle n'en écrit pas. J'espère que Julie, malgré ses lectures, comprendra le mariage comme il doit être compris : en affaire !
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Quel est l’homme qui ne meurt pas insolvable envers son père ? Il lui doit la vie, et ne peut la lui rendre. La terre fait constamment faillite au soleil ! La vie, madame, est un emprunt perpétuel ! Et n’emprunte pas qui veut ! Ne suis-je pas supérieur à mes créanciers ? J’ai leur argent, ils attendent le mien ; je ne leur demande rien et ils m’importunent. Un homme qui ne doit rien, mais personne ne songe à lui, tandis que mes créanciers s’intéressent à moi.
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MINARD - [...] La voici ... Elle ne me semble plus être la même ! Je m'étais habitué à la voir à travers trois cent mille francs de dot ! ... Allons ! ...
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