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EAN : 9782368460115
104 pages
Steinkis Editions (18/05/2016)
3.73/5   50 notes
Résumé :
On a longtemps soupçonné Gaëtan Dugas, un steward canadien, d’avoir été le premier homme à transmettre le sida : il était homosexuel et aimait les nuits fauves. Mais d’autres avaient contracté la maladie avant lui. Qui fut le premier, alors ?
Philippe Besson redonne vie aux merveilleuses années 1980, juste avant l’hécatombe. Et nous livre une partie de la réponse.
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Philippe Besson Patient Zéro le premier malade du sida
Illustrateur Lorenzo Mattotti Incipit ( 12€ 100 pages)

Philippe Besson , dans la lignée de cette collection, remonte aux origines du sida, cette « calamité mondiale » aux dramatiques conséquences, qui «  résiste et défie ».
Il y conjugue expérience personnelle et sources documentaires très étayées.

Cet opus montre combien furent longs les tâtonnements avant que le virus soit identifié en 1983 et que les traitements suivent. Pendant ce temps, on émet des suppositions quant aux lieux de propagation.Un biologiste déclare que «  Haïti a été le tremplin pour le virus ». L'auteur énumère tous les cas suspects dont la doctoresse danoise Grethe Rask qui contracta peut-être la maladie en travaillant au Zaïre.
Puis 1976, année du bicentenaire des USA, voit converger des matelots du monde entier. Leurs vies de débauche sont supposées en corrélation avec les maladies contractées, «  sarcome de Kaposi », cancer de la peau, pneumonie.

Le cas de Gaëtan Dugas, coiffeur québécois, retient l'attention, d'autant que reconverti en steward, il voyage et fréquente des bars gays, les boîtes disco. Les années 70 correspondent au «  flower power  des hippies » et à la libération sexuelle.
Le steward «  multiplie ses partenaires ».
Mais en 1977, «  les traitements se révèlent tous inefficaces ». L' hécatombe a de quoi alarmer. Certains malades tardent à faire leur coming out, comme Rock Hudson.
Le 5 juin 1981, « le cancer gay » est identifié par le Centre d'Atlanta, désigné en 1982 par le sigle AIDS , traduit en France par SIDA.
En 1984, Gaëtan est catalogué «  patient O», c'est à dire «  out of California », puis devient «  le patient zéro », « pestiféré », que l'on évite. Sa conduite irresponsable interpelle.En réalité, il est «  le patient zéro de la visibilité ».

La population est méfiante, trop de rumeurs circulent quant à la propagation du virus.La presse s'empare du sujet et le livre « à la vindicte populaire ». La société américaine est dominée par le capitalisme le «  mépris pour les faibles et les minoritaires ».La maladie est considérée comme « une sanction divine » pour «  ces pêcheurs, ces dégénérés ». Il est noté que le président Reagan, « au cours des six années qui suivent le début de la crise », oblitère le mot sida. Il devient « le mal d'une génération ». La vie sexuelle se fera dès 1985 « sous le sigle de la gravité et de la prudence », «  marquée du sceau de l'inquiétude ».
En 1992,le film Les nuits fauves incarné par Cyril Collard devient culte.
L'auteur évoque une scène poignante du film Philadelphia où ceux qui restent , les fracassés, vont devoir vivre avec leurs disparus. Et on retrouve Philippe Besson de la maison Atlantique qui «  découvre l'endurance et la persévérance » afin de « passer de la douleur brute à la douceur fragile ».

On referme cet opus, étranglé par l'émotion. Philippe Besson livre un récit éclairant sur cette maladie, qui rappelle la nécessité de «  sortir couvert » comme le martèlent toutes les associations qui font campagne contre le VIH et le festival Solildays.
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Incipit, nouvelle collection proposée depuis le printemps 2016, portée par les Éditions Prisma et Steinkis Groupe voient de grands romanciers français y raconter une première fois, qu'elle soit historique ou universelle, dans des récits mêlant fiction et réalité . Après vous avoir parlé de Francois Bégaudeau qui s'interessait à la comédie francaise et justement de Jaenada qui allait voir du coté des premier jeux olympiques, voici que l'élégant Philippe Besson s'interesse au patient zéro des années SIDA pour savoir qui a été le tout premier homme à transmettre le virus du SIDA.

On a longtemps soupçonné Gaëtan Dugas, un steward canadien, d'avoir été le premier homme à transmettre le sida : il était homosexuel et aimait les nuits enfièvres et endiablées. Mais pour Besson, Dugas était un peu le bouc émissaire idéal à la pandémie du sida, car va vite s'apercevoir d'autres avaient contracté la maladie avant lui plusieurs décennies avant et dans d'autres pays du haiti aux USA. Maladie honteuse, souvent encore passé sous silence, chercher la genèse du virus est l'occasion de nous faire réfléchir à la naissance réelle d'une maladie qui a modifié les pratiques sexuelles et éducatives de ma génération et de la précédente.

Un court roman qui mélèe habilement littérature et culture scientifique qui raconte avec beaucoup de pudeur et de bienveillance l'histoire romancée de ce premier patient d'une maladie dont on a toujours énormément à apprendre.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre bouleversant et sensible sur le premier mort du Sida, sur cette maladie qui continue à faire des morts et briser des familles. Sujet très difficile à aborder car le risque pourrait de sombrer dans le pathos et de faire dans le sensationnel , le voyeurisme primaire. Philippe Besson a réussi à ne pas tomber dans ces travers et à nous narrer avec beaucoup de pudeur et de bienveillance l'histoire romancée de ce premier patient. En une centaine de pages, j'ai beaucoup appris alors que je pensais en savoir beaucoup sur le sujet. Alors, merci à l'auteur qui m'a permis d'en savoir plus sur cette épidémie meurtrière qui n'est peut être pas vraiment apparue aussi tard que l'on croit. En effet, j'ai été stupéfaite d'apprendre que des patients avec des symptômes similaires , existaient dès 1959.

Des études récentes ont fait écho à ce livre car le patient zéro connu n'en est finalement pas un puisqu'il y a eu des cas similaires avant. Enrichissant, sensible et malheureusement encore d'actualité , je le conseille à tous car on n'en sait jamais assez sur des sujets aussi importants. A faire lire aussi aux ados, car il y a un gros problème chez les ados actuellement, certains n'ont aucune conscience des dangers du Sida, ni même de comment il s'attrape. C'est peut être dû à une baisse de prévention. Je suis de la génération Sidaction et la prévention était partout, ce qui n'est pas le cas actuellement . On oublie que cette maladie tue encore énormément et que l'on en a pas finit avec elle.

L'écriture est belle et je me suis laissée guidée par l'auteur . Cette collection est vraiment géniale, c'est l'occasion de se cultiver tout en se divertissant !

VERDICT

A lire d'urgence et faire lire aux ados pour que le Sida ne passe pas par eux. D'utilité publique !
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Un récit nous transportant à 200 km/h, dans lequel nous assistons à un cours accéléré sur l'histoire du sida.
Nous aurions pu supposer que l'auteur allait nous servir sur un plateau la première personne atteinte du sida, le nom à donner en s'exclamant "c'est à cause d'elle !" Mais non. Philippe Besson nous offre ce voyage pour nous faire comprendre, avec ses mots si bien choisis, que certaines choses parfois, arrivent sans que l'on y puisse rien.
Moi qui adore comprendre le monde qui m'entoure, qui suis curieuse de tout, je n'ai pas été déçu de cette immersion dans une partie de l'histoire du sida. de plus, étant aussi assez impatiente et quelque peu faignante, j'ai aimé le caractère court et concis de ce livre. Il n'y a pas de longs paragraphes, pas d'informations hors sujet ou abrutissantes.
En clair, ce livre est fait pour tout ceux qui sont intrigués par cette maladie qu'est le sida, et qui n'ont jamais réussi à ouvrir le premier livre sur le sujet. Des gens comme moi.

4/5
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Le choix du bouc-émissaire

Dans cette collection où le choix du thème est laissé à l'auteur, Philippe Besson a décidé de nous parler du premier patient atteint du sida. Premier ? Pas vraiment.

Le premier nom livré à la vindicte populaire par les médias fut celui de Gaëtan Dugan. Il fut relié à une quarantaine de victimes parmi les 250 premières recensées aux Etats-Unis. Pourtant, s'il fut le premier « visage » du sida comme le démontre judicieusement Philippe Besson, il n'est certainement pas la première victime du VIH. Il est celui par lequel le drame fut découvert au grand jour, celui par qui le scandale arriva.

Il fut d'autant plus aisé de le montrer du doigt et de le livrer en pâture au grand public que l'Amérique des années 80 est celle de Reagan : bien pensante, prônant l'image d'une Amérique (et donc des américains) forte, conservatrice… le fait qu'une épidémie frappe prioritairement, pensait-on à l'époque, les homosexuels, les toxicomanes et les noirs pouvait presque passer pour une bénédiction pour les républicains les plus durs qui y voyaient alors la main de Dieu punissant les pauvres pêcheurs.

Au-delà de la stigmatisation indéniable engendrée par les premières populations victimes (avant qu'on ne se rende compte que tout le monde était susceptible d'attraper le virus) et la rapidité de son expansion à travers la planète, Philippe Besson, enfant de 1967, des années de libération sexuelle, fait partie des premiers à avoir pris cette vague d'angoisse et de peur en pleine figure : il fait partie de la première génération qui a dû découvrir la sexualité à travers le prisme du sida.

Parce qu'on a besoin qu'une histoire ait un début et une fin, dit Philippe Besson, on a besoin de trouver un coupable pour exacerber nos peurs et éviter de voir dans cette maladie une simple fatalité.
Pour les maintenant habituels illustrations, ce livre profite du splendide trait de Lorenzo Mattotti, illustrateur italien de génie. On n'oublie pas non plus la petite notice historique en fin d'ouvrage.

Quand les livres de François Bégaudeau ou de Philippe Jaenada, par exemple, apportent une vraie originalité à la collection Incipit, le récit de Philippe Besson ne parvient pas à tirer son épingle du jeu et fait figure d'un des « épisodes » les moins réussis, sans pour autant être raté ou inintéressant.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-HS
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Oui, très vite, dans ma vie, j'ai perdu des gens que je connaissais, que j'aimais. Très vite, je les ai vus disparaître.

Tous partis au plus bel âge. Chaque annonce, le plus souvent au téléphone,
est une crucifixion.

Chaque enterrement est une pelletée de terre jetée sur nos amitiés.
Chaque absence une béance. Il m'a fallu du temps, pour accepter de rayer leurs noms dans mon calepin, comme si je ne pouvais pas me résigner à leur défection.
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"En 1985, j'ai 18ans.
Ma vie sexuelle vient à peine de commencer, elle est d'emblée marquée du sceau de l'inquiètude et de la nécessaire précaution.
Elle n'est pas gourmande, débridée, comme elle devrait l'être : au contraire, elle est peureuse, frileuse.
Je pense à ceux qui m'ont précédé et qui avaient l'air si joyeux.
Je pense que jamais je ne connaîtrai leur joie insouciante, cet hédonisme, cette légèreté.
Je découvre les étreintes sous le signe de la gravité et de la prudence."
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Certains jours, j'essaie d'imaginer quels adultes ils seraient devenus, quels prodiges ils auraient accomplis, quelle contribution ils auraient apportée à notre monde bancal et je songe: quel gâchis! Ou bien je me remémore leur fougue, leurs rires, leur beauté et je me dis: quel manque!


Je sais où sont leurs tombes. Je leur rends visite régulièrement.
Aujourd'hui, avec le recul, je suis conscient d'appartenir aux rescapés d'un carnage.
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Et je suis convaincu d’une chose : ce ne sont pas des monstres qui ont enfanté le sida mais l’ignorance et le manque d’information.."
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Il est des hommes qui jamais ne partent, jamais ne s'éloignent de leurs racines, finissent où tout à commencé.

page 28
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Philippe Besson à Bordeaux Chez Mollat pour « Un soir d'été » (31 janvier 2024)
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