Le détroit de Behring

Dans la plupart de ses livres, Emmanuel Carrère fait preuve d'un talent rare pour captiver son lecteur et le prendre à témoin dans une quête perpétuelle de vérité et de lucidité par rapport à son sujet.

En lisant 'Le Détroit de Bering', on s'aperçoit qu'ici cette alchimie de la langue n'a pourtant que rarement lieu. Las, on aurait aimé apprécier bien plus ce livre : Carrère s'attaquant à l'uchronie, ou la rencontre entre un style contemporain novateur et un genre littéraire encore souvent déprécié, mais recelant de véritables chefs-d'oeuvre.

Mais voilà, ce livre se présente plus au final comme un compte-rendu de multiples lectures que comme une véritable étude, où la malice caractéristique de l'auteur aurait pu faire merveille. Ici nous avons à faire à un essai au style parfois lourd, mal dégrossi, dont la date d'écriture assez éloignée (entre le milieu et la fin des années 1980) pourrait expliquer la maladresse.

On le conseillera donc plus aux amateurs de SF désireux de découvrir des uchronies assez anciennes, qu'aux amateurs de Carrère qui risqueraient de ne pas y retrouver leur auteur.

Carrère se propose d'étudier le genre peu connu de l'uchronie. Mais ce qu'il propose sur un plan théorique n'emporte pas l'adhésion. Il étudie quelques uchronies parfois anciennes de manière intéressante, très personnelle mais souvent confuse et limitée. Plutôt une déception dont je ne ressort pas plus éclairée.

Emmanuel Carrère est un romancier que j'apprécie beaucoup. Je citerais simplement les deux romans qui m'ont le plus marqués de cet auteur : La Classe de neigeLa Classe de neige et surtout D'autres vies que la mienne.

Dans cet essai publié en 1986, il s'attaque au thème de l'uchronie, qui le passionne. le résultat est malheureusement décevant : c'est un essai bavard, qui part souvent en digressions parfois intéressants mais qui m'ont souvent semblé inutiles. Loin d'être une introduction didactique à l'uchronie, c'est une réflexion personnelle de l'auteur sur le sujet, avec quelques passages intéressants et d'autres beaucoup moins.

Une décevante exploration de l'uchronie, intéressante, mais trop confuse, trop parcellaire et trop orientée.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/04/26/note-de-lecture-le-detroit-de-behring-emmanuel-carrere/

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