« Ils se passèrent le joint en discutant à propos de la trahison, de l'amitié , de la vengeance et du désir » .
Extrait de ce court roman lu d'une traite où l'amour et l'amitié côtoient la trahison et la violence.
Un ouvrage —- sorte de huit- clos familial explosif——- où l'auteur , selon son habitude cultive les ellipses à la perfection,( toujours savamment placées,) .
Il utilise une économie de moyens , nimbe ses personnages de mystère, d'ombre , de flou malgré la fraîcheur de l'océan tout proche, à l'aide de phrases courtes , sans chapitres, style brut , sans fioritures , écriture en flot continu, langue froide .
Il tire sur fil jusqu'à la fin: on aime ou on déteste , j'ai lu plusieurs de ses livres.
Meurtres , alcool, tromperies , eaux troubles, mensonges ,non - dits sont mis en scène : une galerie de couples , hommes et femmes plus ou moins proches de Diana , l'héroïne principale , abîmée ,après la mort de son mari il y a un an, les jambes pleines de cicatrices, qui vit avec Marc , son beau - frère réservé et flegmatique qui la protège, veille sur sa santé et sa sécurité , Joël , frère de Diana, Serge , son amant , fils du maire proche de la police, Charlotte son épouse, à la main arrachée , Brigitte qui se fera assassiner, tous ces personnages liés inextricablement .
Sans indication de temps ni de lieu , sauf la proximité de l'océan , le lecteur avance au sein d'un décor glaçant , une atmosphère glauque , en compagnie de femmes blessées au physique comme au moral :
Trafic de drogue , désirs exacerbés , drame, failles psychologiques ,,ambiance menaçante , délétère , relations vénéneuses , la violence arrive sans prévenir , sans que le lecteur l'aie vue venir..
Les couples mentent, se trahissent , l'amour flirte avec le meurtre , un vaste dérèglement , Il y a du burlesque, voire de l'absurde chez cet auteur qui pose un regard comme détaché sur la comédie humaine .
Le lecteur ne peut qu'imaginer les jeunes voyous arrêtés dans le cadre d'un trafic de drogue mais l'auteur nous laisse , à son habitude , imaginer cette scène .
Un roman fort , trépidant , noir qui laisse des ombres planer ....
DU DJIAN ! Quoi .
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Un bail que je n'avais pas lu un Djian, une fidèle à ses débuts, je me suis lassée avec le temps, comme un goût de réchauffé à chaque nouveauté, mais ça fait plaisir de le retrouver malgré tout, car seul Djian nous concocte un roman aux atmosphères particulières, on se demande bien comment tout ça va se terminer. Toujours surprenant, et à la fois inévitable.
J'ai bien apprécié cette histoire une fois encore, il nous surprend, mais ça ne restera pas dans ma mémoire de lectrice autant 37,2 le matin m'avait marquée autant ce dernier sera vite oublié.
Ma fois je lirai bien les précédents tout ce que j'ai loupé depuis tant d'années, ça fait du pain sur la planche.
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En peu de mots, l’auteur de 37°2 le matin nous entraîne dans un univers assez noir pour nous tenir accrochés au bout de notre siège jusqu’à la fin, meurtres, alcool, mensonges et tromperies ne tardant pas à être aussi au rendez-vous.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Philippe Djian explique le titre de son nouveau roman, Les Inéquitables, en invoquant le credo actuel qui promeut le commerce équitable. Or, dit-il, on parle aussi de commerce entre les hommes, ne dit-on pas qu’une femme peut être d’un commerce agréable ?
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
« L’air sentait bon. Le sable était encore humide. Il prit ses chaussures à la main et marcha le long de la côte. Il faisait frais, le soleil ne chauffait pas vraiment , il brillait dans la rosée des joncs qui poussaient pr touffes, prenait des goélands dans ses rayons sur un fond de ciel chargé , mais lointain, immobile, parcouru d’éclairs silencieux. »
« Ils s’étaient dits des choses terribles, des choses blessantes , comme s’ils avaient été aspirés dans un tourbillon de noirceurs , un mot en entraînant un autre » .
Elle ne disait plus à Marc qu’elle pouvait se passer de baby-sitter car c’était en pure perte. Il n’avait plus confiance. De la fenêtre de sa chambre il la suivait à la jumelle quand elle marchait pieds nus sur le sable mouillé, encore dur, et dès qu’elle faisait le moindre faux pas, trébuchait, il se raidissait sur son siège, elle le savait, comme elle savait, sans la moindre erreur possible, quand son regard était posé sur elle, fût-ce dans son dos. Il devait penser qu’elle était folle, naturellement, bonne à enfermer. Elle se mettait à sa place, plus ou moins. En tout cas, il ne voulait plus la croire ni lui faire confiance. (…) Si je voulais recommencer, tu ne pourrais pas m’en empêcher. Personne le pourrait.
Autour d'eux, le parking se remplissait et l'on pouvait se rendre compte, à ce moment-là, que la plupart des gens ne savaient pas conduire. Et ces mêmes gens votaient -- et ensuite on s'étonnait.
« Quelques bateaux commençaient à sortir, des mouettes s’envolaient des toits avec cette grâce absolue , sidérante, les dernières feuilles d’automne frissonnaient dans la lumière , leur ombre s’évaporait et Marc resta un instant sans voix , ne pouvant s’empêcher de penser au truc que Jack Nicholson avait sur le nez dans « CHINATOWN » ...
Le romancier Philippe Djian, adapté de nombreuses fois au cinéma (notamment dans "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, "Impardonnables" d'André Téchiné, "Elle" de Paul Verhoeven), publie un nouveau roman, "Sans compter". Un polar qui ne dit pas son nom et s'approche par moment du fantastique. Il est l'invité d'Olivia Gesbert.
#litterature #polar #cinema
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