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EAN : 9782020237383
212 pages
Seuil (01/01/1998)
3.59/5   192 notes
Résumé :
Paul Ackerman se lève tous les matins à midi. C'est un détail qui suffit à vous mettre en porte-à-faux, un pas à côté du monde. La nuit, Paul Ackerman écrit des romans pour nourrir sa famille et mène de front, en rêve, une triple carrière de rugbyman, de golfeur et d'homme-oiseau. Le reste du temps, sa vie ne ressemble à rien, mais elle a le mérite de lui ressembler.
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Premier roman de Jean-Paul Dubois. Ah, ça fait du bien une lecture comme ça.
Rien de bien spectaculaire, non, c'est simplement un écrivain qui raconte son quotidien, sa famille, ses passions (les voitures), ses doutes, ses amis, son éditeur, son banquier……
C'est frais, tranquille, il y a de l'humour, de la sensibilité.
Entre deux lectures plus sombres, c'est vraiment très agréable.
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« Si on avait une perception infaillible de ce qu'on est, on aurait tout juste encore le courage de se coucher, mais certainement pas celui de se lever. » -
É.-M. Cioran

Paul Ackerman se lève chaque jour à midi. Il est marié, il a trois enfants et est propriétaire d'une maison avec piscine. Il n'a pas de travail, pas d'horaire, pas d'amis, pas de contraintes. Même la compagnie d'assurances ne l'assure plus… ni pour la voiture, ni pour la maison, ni pour les enfants… Tous les matins je me lève est le titre de son nouveau roman qui a du mal à voir le jour. Pas étonnant, Paul Ackerman est l'écrivain en syndrome permanent de la page blanche. Sa femme le trouve lâche. Elle ne lui adresse même plus la parole.

« J'étais sans doute l'un des trois quatre types les plus malheureux du monde. »

Amateur fou de bagnoles, il pleure comme un enfant sur ses voitures « mortes » plus que sur sa propre vie. En proie à une profonde détresse, il retourne voir « son ex » à la ferraille comme d'autres vont pleurer sur la tombe d'un proche. Avant de repartir chez lui avec le signe chromé de sa Karmann serré entre ses mains. Un objet gardé précieusement telle une relique coulée dans l'or des sentiments les plus forts. Pour le meilleur et pour le pire…

« Maintenant, j'étais à quatre pattes au chevet de la Karmann. Elle ne respirait plus. Elle avait les phares tournés vers le ciel. C'était fini. Elle avait été tuée sur le coup. Je m'accrochais à son aile, j'étais à genoux et je m'accrochais. Je m'en voulais d'être vivant. »

En fait, Paul Ackerman vit la nuit où il joue comme poste arrière dans la ligue nationale de rugby. Une vieille obsession qu'il nourrit depuis toujours de se mesurer aux Anglais : « Ackerman, grouillez-vous, le titulaire s'est claqué, on a besoin de vous pour claquer les Anglais ». La nuit, il lui arrive même de rêver qu'il vole et de se réveiller ému aux larmes. Il y a de ces rêves parfois qui change ainsi votre vie…

Moi, je l'aime bien Ackerman! Son histoire en est une d'humanité. Il vit à l'extérieur du monde où les jours défilent dans une sorte d'écoeurement nauséeux. Pour donner un sens à sa vie, il prend parfois de grandes décisions existentielles, comme celle de se laisser pousser la moustache (!). Si la succession de petits rien qui constitue son quotidien ne suffit pas à le rendre parfaitement heureux, elle aura le mérite de lui offrir au passage de brefs instants de bonheur. Comme cette fois où il se sera arrêté au bord d'une falaise pour admirer le coucher de soleil sur la mer en mangeant des haricots en boîte. Et boire un grand verre de lait froid. Car Paul Ackerman est accro au lait, il s'y accroche comme à une bouée de sauvetage. le liquide froid glisse dans sa gorge, seulement alors il a l'impression d'exister…

« Je ne vaux pas grand-chose et je ne crois en rien. Et pourtant, tous les matins je me lève »

J'ai découvert ce petit roman à travers un article du journal La Presse où James Hyndman le citait comme « le livre le plus souvent donné en cadeau ». C'est en le refermant sur la dernière page qu'on comprend la teneur de ces mots. Les chapitres défilent avec ironie et sarcasme, certains passages sont à mourir de rire! Paul Ackerman a le sens aiguisé de l'autodérision, ce livre est un vrai rayon de soleil. Les jours passent et se ressemblent. Mais ils ont le mérite de nous ressembler…

Un p'tit verre de lait avec ça?

« Un jour on se lève et on fout tout en l'air pour repartir à zéro. »…
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Pas le commencement d'histoire dans ce livre de Jean-Paul Dubois. Nous suivons Ackerman, écrivain de son état, marié et père de trois enfants, qui essaie d'écrire un livre chaque nuit, se réveille chaque jour à midi passé (malgré ses bonnes résolutions) et passe ses journées à boire du lait et à se réjouir au volant de sa voiture. Mais Jean-Paul Dubois nous raconte la vie sous un jour humoristique. Qui ne sourit pas à l'entrevue avec le proviseur de son fils, au regard empli d'amour lorsqu'il décrit ses enfants, à sa relation avec sa femme ( en particulier lorsque les relations du couple lui ôtent tout potentiel créatif) ? le résultat est jouissif.
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Le délice, le réconfort, la magie de Jean-Paul Dubois.



Un côté désespéré, citant Cioran « Si on avait une perception infaillible de ce qu'on est, on aurait tout juste encore le courage de se coucher, mais certainement pas celui de se lever »



Le héros, Paul, comme dans tous ses romans (sauf dans Kennedy et moi), son épouse, Anna.
« En fait, tout dépendait d'Anna, de ma femme. Hier, elle avait été merveilleuse, aujourd'hui, le bouquin était fini. C'était aussi simple que ça. Si j'avais été marié à une compagne dotée d'un doux caractère, j'aurais pu être un bon romancier ».




La fierté pour ses enfants, surtout s'ils fuient le moule



La passion pour les voitures, exprimée avec une délicatesse saupoudrée de drame.
« Cette voiture je l'aimais (…) Elle n'allait pas très vite, mais quand j'enlevais la toile, quand le vent s'agrippait à mes cheveux et que l'air brûlant me grattait le cou, je pensais que j'étais un type qui avait une vie formidable »

« Et c'est là que le type a débouché, même pas vite. Il a débouché comme quelqu'un qui sort de chez lui. J'ai mis un coup de frein à casser la pédale, j'ai tiré sur le volant comme si c'étaient les rêves d'un cheval, la Karmann a poussé un cri dégueulasse et j'ai fermé les yeux ».



Le rêve de jouer au rugby. Chaque nuit, le sélectionneur l'appelle. La foule hurle : « Ackerman Ackerman ».



La haine des dentistes
« J'avais envie d'arranger les molaires des orthos à la clef anglaise. Sales types, sale métier, pire que les assureurs ».


Un côté presque animiste.
« On a mangé des blancs de poulet. En les voyant rangés dans le plat comme des aubergines, je les imaginais fricotant deux jours auparavant dans une basse-cour. Anna m'a dit que c'était du congelé. Curieusement, ça a atténué mon remords. J'ai pensé qu'ils étaient morts depuis des années et que leur famille avait même oublié leur existence ».

« J'ai dit à Thomas « Balance-le à la mer ». Il l'a jeté aussi loin qu'il a pu. Au contact de l'eau, le poisson a frétillé comme un glaçon dans un verre de Martini et a disparu retrouver sa famille. « Il s'en tirera avec une mauvaise cicatrice » a dit Thomas, et il a ajouté :
- C'était quoi comme espèce ?
- Une espèce de poisson qui a eu de la chance de tomber sur des mecs comme nous »


Ces mots là disent tout de la tendresse et de l'humour de Jean-Paul Dubois. C'est son cocktail, celui qu'il nous ressert dans un autre de ses romans, LE CAS SNEIJDER : « Je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxé qu'une olive dans un verre de martini ».


J'en reprendrai bien un peu, moi, de ce cocktail.


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Ce livre est un de ceux que je garde à portée de main et que je relis périodiquement. Si je devais classer tous ceux que j'ai lus, celui là serait dans les dix premiers. Alors, il n'a rien à voir avec des policiers ou des romans noirs. C'est juste un livre optimiste, jouissif, sur la vie d'un écrivain dont l'objectif est d'arriver à se lever le matin pour accompagner ses enfants à l'école. Seulement, tous les soirs il écrit ou il rêve. le style de Jean Paul Dubois, fait de comparaisons et de digressions toujours très drôles, fait que l'on rit, toujours, tout le temps. Voir le bon coté de la vie, c'est ce que ce livre vous fait ressentir. Un livre très personnel qui me touche énormément.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je me souvenais qu'un jour, quand j'étais gosse, au collège, ça avait failli mal tourner avec un curé qui se trouvait être aussi l'entraîneur de l'équipe de l'école. Il me faisait la morale :
- Ackerman, j'aime pas vos manières. Vous racontez partout que vous ne croyez pas en Dieu. A l'avenir, fermez-la. Sur le terrain, vous respectez bien les arbitres ? Dieu, c'est pareil, il voit tout, il sait tout et il sanctionne. Dieu, c'est l'arbitre.
- Arrêtez vos salades, mon père.
- Ackerman, vous avez intérêt à respecter Dieu, sinon vous aurez affaire à moi.
- Je respecterai jamais un arbitre tant que je le verrai pas se les geler en même temps que nous sur le terrain.
Sur le moment, j'ai ramassé une claque, et par la suite, je me suis retrouvé remplaçant. Je ne sais pas s'il y avait un rapport, mais c'est juste à cette époque que notre équipe à commencer à battre de l'aile. Pendant que je me morfondais sur le banc de touche, l'abbé à mes côtés murmurait : "Le purgatoire, c'est ça, Ackerman."
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Sur le moment, je me suis senti coincé dans les cordes. Mais je ne me suis pas laissé faire, j'ai choisi de me dégager avec de larges directs de mauvaise foi : "Foutez la paix à mes gosses, Boltanski. Ca fait dix ans que vous m'envoyez vos convocations comminatoires, dix ans que vous me sermonnez, dix ans que vous m'emmerdez. Cette fois, j'en ai marre, Boltanski ! J'ai des gosses formidables qui essayent de vivre leur vie. Ils font ça sans déranger personne et du mieux qu'ils peuvent. Ce qu'ils deviendront plus tard ne vous regarde pas. Vous venez de m'apprendre que mon fils aîné, malgré son visage troué, était un adolescent comme les autres. C'est la meilleure nouvelle de la journée. Je n'ai jamais pu m'entendre avec des gens comme vous, parce que vous vous comportez comme si les accidents de voiture n'existaient pas. Mais ils existent, monsieur Boltanski. Et ce sont parfois les meilleurs élèves des auto-écoles qui les provoquent."
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...le frère d'Anna est passé nous voir. Il avait l'air en forme. Ses pommettes saillaient sur ses joues comme des poignées de porte. Il avait une tête d'acteur suédois, une tête à jouer dans des films compliqués avec des sentiments à l'ombre des armoires, avec des maisons de bois clair, avec des rampes d'escalier conduisant à des chambres artificielles où l'on dort debout en attendant que la nuit cesse.
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Ensuite, j’ai réfléchi à ma vie. Elle ne ressemblait à rien. J’avais une existence de millionnaire fauché, je ne faisais rien de mes journées, et elle passaient sans me regarder comme des bolides sur une autoroute. Je n’avais pas de vrai travail, pas d’horaires, pas de contraintes réelles, pas de copains de bureau, pas de problèmes de transport. Et pourtant, je me débrouillais toujours pour me retrouver coincé dans les embarras. Je n’étais ni heureux ni malheureux.
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Il était à peine dix heures trente. J'étais paniqué. Je ne m'étais jamais couché aussi tôt, même quand j'avais la grippe, même quand j'étais vraiment malade, même quand j'étais gosse. Mes parents vivaient la nuit. J'avais pris très tôt leur rythme. Pour moi, un type qui allait au lit avant trois heures du matin était un leucémique ou un assureur.
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Videos de Jean-Paul Dubois (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Paul Dubois
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Norferville de Franck Thilliez aux éditions Fleuve Noir https://www.lagriffenoire.com/norferville.html • J'avais une maison à Los Angeles de Dany Jucaud aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/j-avais-une-maison-a-los-angeles.html • Darwin - le dernier chapitre de Michel Moatti aux éditions Hervé Chopin https://www.lagriffenoire.com/darwin-le-dernier-chapitre.html • Retour à Whitechapel de Michel Moatti et Stéphane Durand-Souffland aux éditions 10-18 https://www.lagriffenoire.com/retour-a-whitechapel-1.html • Imaginer Calder de Géraldine Jeffroy aux éditions Arléa https://www.lagriffenoire.com/imaginer-calder.html • Grâce à toi papa de Kobi Yamada et Natalie Russell aux éditions le lotus et l'éléphant https://www.lagriffenoire.com/grace-a-toi-papa.html • Grâce à toi maman de Kobi Yamada et Natalie Russell aux éditions le lotus et l'éléphant https://www.lagriffenoire.com/grace-a-toi-maman.html • Journal intime de mon coeur de Clémentine du Pontavice et Ghada Hatem-Gantzer aux éditions EDL https://www.lagriffenoire.com/journal-intime-de-mon-coeur.html • L'Origine des larmes de Jean-Paul Dubois aux éditions de l'Olivier https://www.lagriffenoire.com/l-origine-des-larmes.html • Marie-Antoinette de Charles-Éloi Vial aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/marie-antoinette-9.html • Les lieux du pouvoir: Histoire secrète et intime de la politique De Collectif et Sébastien le Fol aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/les-lieux-du-pouvoir-une-histoire-secrete-et-intime-de-la-politique.html • Salazar: le dictateur énigmatique de Yves Léonard aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/salazar-le-dictateur-enigmatique.html • L'ogre maigre de Sophie Chérer et Émilie Sandoval aux éditions Neuf Poche https://www.lagriffenoire.com/l-ogre-maigre.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • #editionsfleuvenoir #editionsstock #editionshervechopin #editions1018 #editionsarlea #editionslelotusetlelephant #editionsdelolivier #editionsperrin #editionsneufpoche
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