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Ce livre peut être considéré comme une oeuvre de circonstance, sauf que cette circonstance même est comme un phénix qui ressuscite de ses cendres; la guerre d'hier et la même que toujours.

Pour Duhamel, la Guerre mondiale est une occasion pour remettre en question la civilisation entière. Qu'est-ce que la civilisation? Duhamel y répond ainsi:

Je vous le dis, en vérité, la civilisation n'est pas dans cet objet, pas plus que dans les pinces brillantes dont se servait le chirurgien. La civilisation n'est pas dans toute cette pacotille terrible ; et, si elle n'est pas dans le coeur des hommes, eh bien ! elle n'est nulle part.

Le livre est divisé en histoires avec un même narrateur témoin. Une histoire, une destinée dans un style lumineux.
Un livre à lire en tout cas.
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16 chapitres, presque 16 nouvelles, sur les hôpitaux de campagne débordés, les blessés où l'on soigne tant bien que mal des hommes dans la force de l'âge , les morts. Georges Duhamel expose l'horreur de la guerre, son administration tatillonne et efficace dans ses absurdités d'une voix désabusée non dénuée d'humour . Son écriture est fluide, incisive et percutante. le dernier chapitre est un constat désolé sur la civilisation qui depuis 2000 ans prêche "Aimez-vous les uns les autres" ou "Rendez le bien pour le mal". J'ai lu ce livre d'un trait et le recommande vivement.
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Georges Duhamel est un écrivain pourvu d'une grande sensibilité.

À ce titre, il est plus poète que romancier. Ce recueil de nouvelles de destins individuels de la première guerre mondiale n'est pas caractérisé par des intrigues complexes, ni par les codes structurels du roman. Ce que j'en ai ressenti, en revanche, c'est que Duhamel avait une appétence caractérisée pour les descriptions imagées, et la faculté de dire beaucoup de choses en peu de mots.

Un auteur à la taille de Apolinaire.
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C'est un ensemble de courts récits d'un médecin ou d'un brancardier, comme l'était Duhamel lui-même, sur le front. Portraits de blessés, de gueules cassées. Saynètes tragiques ou cocasses, avec, en fond, l'absurdité de la guerre, le cynisme des généraux, les ravages de le discipline, la haine du machinisme naissant, exprimée dans le dernier chapitre, « Civilisation », qui donne son titre au recueil et qui sera développée plus tard dans les « Scènes de la vie future ».
Du tragique, surgit parfois la drôlerie, lors de la visite d'une dame patronnesse pontifiante (« La dame en vert ») où l'on imagine volontiers, dans le rôle propre à déclencher l'hilarité salvatrice du pauvre Rabot, Carla Bruni ou mieux encore Arielle Dombasle sur le mode déclamatoire ! « Un enterrement » décrit les affres d'un bureaucrate galonné qui ne sait selon quel rite inhumer un officier que l'aumônier a fait communier abondamment durant son agonie, mais dont un ami officier de passage indique qu'il est israélite.
Le nombre de mort, dont il est tenu une comptabilité minutieuse, comme le montre Bertrand Tavernier dans son film, « La vie et rien d'autre » et les erreurs dans les comptes suscitent des solutions expéditives, dont l'armée a le génie (« le cuirassier Cuvelier »).
« Chiffres » et « La discipline » vont plus loin dans l'analyse du système : le cynisme du commandement, l'obséquiosité de la hiérarchie intermédiaire, sont des figures éternelles dont le philosophe Alain, engagé volontaire lui aussi, fera l'analyse profonde et définitive dans « Mars ou la guerre jugée ».
Ainsi oscille-t-on, au gré des ces récits, entre le réalisme de Tardi « C'était la guerre des tranchées, 1914-1918 », la dérision de M*A*S*H, la comédie satirique de Robert Altman réalisée à partir du roman de Richard Hooker, l'émotion de « La chambre des officiers » de Marc Dugain, (bien rendue dans le film de François Dupeyron), l'horreur décrite par Maurice Genevois, Henri Barbusse, Roland Dorgelès, l'américain William March de la Compagnie K, et les autres romanciers de la Grande Guerre.

Mais qui, mieux que Giono (dans "Recherche de la pureté", préface aux « carnets de moleskine » de Lucien Jacques in « Ecrits pacifistes ») aura su dire le cauchemar des tranchées ? Il y a là le plus terrible réquisitoire contre la guerre.
Comment ne pas penser qu'il y a eu, pendant cette période, comme une accoutumance à l'horreur et au mépris de la vie, qui aurait aidé à supporter 39-45, en mithridatisant les esprits et les sensibilités. Il était pourtant normal qu'il y ait des réactions à la description de l'enfer. Mais on sait le sort réservés aux rébellions de poilus et l'iniquité des exécutions. Il aura fallu presque un siècle pour le reconnaître. le pacte Briand-Kellog qui mettait en 1928 la guerre «hors la loi» n'a pas empêché son prompt retour. Et les antifascistes, devenus pacifistes, seront suspects pendant le seconde guerre mondiale. Giono, qui avait dit ces choses, ira en prison. Alain connaitra une forme de disgrâce.
Civilisation 1914-1917 reçoit en 1918 le prix Goncourt. L'année suivante c'est Marcel Proust qui l'obtient pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Puis ce sont les années dites "folles". Mais n'ont-elles jamais cessé ?
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Témoignage d'instants de fracture d'un siècle en recherche et découverte de lui même.
Civilisation meurtrie au plus profond d'elle même par un bellicisme sans fin porté par la cupidité de quelques uns.

Ouvrage à découvrir et expliquer aux générations futures.
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Livre poignant! Qui témoigne des horreurs de la guerre dans les tranchées même. On est emporté dans le fils de l'histoire, on découvre avec tristesse, tout ce que les musées ne peuvent pas dire. Des mots que l'on ne peut pas forcément ressentir, mais tout cela Georges Duhamel y parvient. Nous sommes transpercé à vif par tant d'impuissance face à une guerre qui a meurtri toute une Civilisation.
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En 1914, Georges Duhamel, dont la vue n'était pas bonne, parvient tout de même à s'engager en qualité de médecin aide-major. Au front aussi bien qu'à l'arrière, il baignera dans le sang des morts et des blessés auxquels il aura souvent affaire. Ce présent ouvrage, récompensé du prix Goncourt en décembre 1918, raconte en quelque sorte son expérience.

Civilisation est une suite de tableaux qui oscillent entre la compassion et le dégoût, le tragique et le burlesque, le chagrin et la pitié pour reprendre le titre d'un documentaire de Marcel Ophüls. Depuis la Somme au Chemin des Dames on découvre ce que l'auteur désigne comme « la réplique de la civilisation à elle-même, la correction qu'elle donnait à se débordements destructeurs », à savoir soigner et réparer des corps brisés par la guerre, lorsque c'est possible...

Ainsi, dans ce maelstrom de chairs abîmées, on lit des histoires déchirantes, telle celle du « Lieutenant Dauche », touchantes avec les « Amours de Ponceau » et grotesques, particulièrement dans les chapitres « Discipline » ou « le Cuirassier Cuvelier », où la soumission hiérarchique et l'autorité sont sévèrement écornées.

Civilisation me fait encore penser à un yoyo qui descend dans l'horreur et remonte dans une certaine insouciance, au fil des récits qu'il déroule. Car, comme le reconnaît Duhamel, « à la guerre, les hommes pensent court : dès qu'ils s'éloignent du canon ils s'abandonnent sans méfiance aux délices de vivre »…

Parmi les différents chapitres, il en est qui occupe, selon moi, une place à part : « Les Maquignons ». Un maquignon, c'est un marchand de bestiaux. Là, les bestiaux en question sont devenus des hommes nus, entassés dans une pièce étouffante et qui passent la visite médicale devant des médecins indifférents afin de déterminer s'ils sont bons pour le service armé ou pas. Je vous laisse deviner à quelles scènes ultérieures de l'Histoire cela peut faire penser, quitte à atteindre le point Godwin. C'est l'occasion pour l'auteur d'ouvrir les vannes de son désespoir face à tant de gâchis : « Sainte chair humaine, substance sacrée qui sers à la pensée, à l'art, à l'amour, à tout ce qu'il y a de grand dans la vie, tu n'es plus qu'une pâte vile et malodorante que l'on prend entre les mains avec dégoût pour évaluer si, oui ou non, elle est bonne à tuer ! »

Dit autrement : « Les blessés étaient tous couchés et gravement atteints. Rangés côte à côte, sur le sol rugueux, ils formaient une mosaïque de souffrance teinte aux couleurs de la guerre, fange et sang, empuantie des odeurs de la guerre, sueur et pourriture, bruissante des cris, des lamentations, des hoquets qui sont la voix même et la musique de la guerre. »

Un roman pour mémoire…

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Civilisation, parue en 1918 sous un nom d'emprunt Denis Thevenin et récompensé par le prix Goncourt, a été regroupé par Omnibus avec Vie des martyrs (1917) et Les sept dernières plaies (1928).

Ces 3 textes forment une suite cohérente sur le thème de la guerre 14-18 vue du coté des blessés que Georges Duhamel, engagé volontaire comme chirurgien a vécu pendant 4 ans.
Si Vie des martyrs est une sorte de suites de scènes de la vie quotidienne (et de la mort quotidienne) d'un hopital de guerre, avec son lot de souffrances et d'humanité, Civilisation prend une autre dimension en se basant sur ces instantanés de la souffrance pour ériger un pamphlet antimilitariste et très pessimiste sur la nature de la société et de la civilisation. L'ouvrage va crescendo en commençant un peu sur le style de Vie des martyrs pour s'achever sur un rejet total et désabusé de la civilisation qui progresse techniquement tout en permettant de telles horreurs. La bétise de l'armée éclate dans "Chiffres" et dans "Discipline". Une situation ubuesque dans "Un enterrement" associe dans la bétise armée et religion. Au milieu de tout ça, une bouffée d'air pur se dégage avec, dans "Amours de Ponceau" (jeu de mots sur Puceau?), la possibilité d'un traitement humain des blessés dans un contexte cependant assez ambigue d'un hopital "complémentaire" géré par des femmes qui y font en quelque sorte leur action de grâce ("Oh non, docteur, disait-elle, ne nous amenez pas ici d'appendicite, ce n'est pas assez intéressant. Rien que des blessés, nous ne voulons rien que des blessés.")
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Un livre ancien, mais sa description de la première guerre mondiale vous rend immédiatement antimilitariste
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C'est l'un des livres les plus bouleversants qu'il m'ait été donné de lire. La guerre, une boucherie, vue par un chirurgien des tranchées. Une langue magnifique, des récits saisissants, pour, en définitive, mettre en question ce que nous appelons la civilisation. Un vrai plaidoyer antimilitariste bâti sur l'horreur, les horreurs dont sont capable les hommes.
Magnifique ! Inoubliable ! Un des plus grands "Goncourt" !
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