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EAN : 9782070714285
272 pages
Gallimard (03/11/1988)
4.25/5   4 notes
Résumé :


Le nombre et la variété des écrits de jeunesse de Faulkner n'ont pas fini d'étonner. Après Elmer et Le père Abraham, deux débuts de romans très différents datant des années 1925-1927, voici Croquis de La Nouvelle-Orléans et Mayday, qui montrent deux directions dans lesquelles travaillait l'écrivain alors qu'approchait pour lui la trentaine.

L'une est celle qu'il expérimente dans les Croquis : il s'agit tantôt de vignettes de la vie da... >Voir plus
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
(…) j’ai donné son texte dans l’état même où il me l’a donné : hésitant, enfantin, « artistique » – et pourtant il y a là quelque chose, une impulsion qui l’a poussé à vouloir mettre ça sur le papier. Et qui sait – avec le temps ? En rougissant, il nous a confié, à Spratling et à moi, qu’il a dix-sept ans.
Mais le voir dans ses vêtements miteux, avec son visage propre d’adolescent et sa belle foi dans la vie, dans le monde, dans la race humaine, ça fait du bien quelque part, c’est bon, c’est sain et c’est beau.
Il n’a pas voulu promettre de venir nous voir. « J’ai écrit ça, et ça m’a plu. Bien sûr, ça n’est pas aussi bon que je l’aurais souhaité. Mais ça me fait plaisir de vous l’offrir. » Son visage adolescent contemple un ciel ineffable, et le soleil est sur lui comme une bénédiction.
« Vous comprenez, nous dit-il, je peux toujours en écrire un autre. »

("Venu de Nazareth", p. 116)
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L’ARTISTE
Un rêve, un feu sur lesquels je n’ai pouvoir me guident hors des sentiers sûrs et balisés de la solidité et du sommeil que la nature a créés pour l’homme. Un feu dont j’ai hérité malgré moi, et que je dois alimenter de verbe et de jeunesse et du vaisseau même qui le porte – le serpent qui dévore sa propre engeance –, sachant que je ne pourrai jamais donner au monde ce qui en moi cherche à se libérer.
Car où est la chair, dans quelle main le sang, aptes à modeler dans le marbre ou la musique, sur la toile ou le papier, ce rêve qui est en moi et qui demande à vivre ? Je ne suis, moi aussi, qu’une motte informe de terre humide issue de la douleur et destinée à rire, à lutter, à pleurer, ne connaissant la paix que le jour où, l’humidité partie, elle retournera à la poussière originelle et éternelle.
Mais créer ! Qui, parmi vous qui n’êtes pas la proie de ce feu, peut connaître cette joie, si fugace soit-elle ?

("La Nouvelle-Orléans", p. 63)
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« J’essaie pas de filer, hurlait le frère. Je veux simplement arranger sa fleur. Laissez-moi faire, je vous dis !
— Est-ce qu’il cessera de beugler si tu arranges sa fleur ?
— Évidemment, puisque c’est pour ça qu’il pleure.
— Alors, arrange-la, nom de Dieu ! »
L’idiot serrait toujours dans ses mains son narcisse brisé, et il pleurait amèrement. Traînant l’officier qui lui tenait le poignet, le frère se mit en quête d’une éclisse de bois, qu’il finit par trouver. Un spectateur offrit de la ficelle trouvée dans une boutique proche, et la fleur reçut une attelle sous les yeux intéressés des deux agents et des badauds assemblés. Le pauvre objet endommagé redressa la tête, et la douleur vociférante de l’idiot disparut aussitôt. Ses yeux étaient comme deux copeaux de ciel d’avril après la pluie, et sa bouche dégouttante s’arrondit en une expression lunaire d’extase. (…)
Un à un ou en couples, les badauds s’éloignèrent. Un policier juché sur chaque aile, l’auto s’éloigna du trottoir, suivit la rue, et disparut de la vue, les ineffables yeux bleus de l’idiot rêvant au-dessus du narcisse qu’il tenait serré dans sa main sale.

("Le royaume des cieux", p. 123)
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MADELEINE
(…) Les hommes ne sont plus ce qu’ils étaient – ou bien c’est l’argent, je ne sais plus. C’est peut-être moi qui ne suis plus ce que j’étais. Dieu sait pourtant que j’essaie de les traiter comme ils veulent que je les traite. (…) Je suis une Américaine, mon sourire est américain, et ils le savent.
(…) Quand j’étais jeune, le sang vibrait en moi comme les clairons d’une fanfare. (…) Et mon corps, ah mon corps, semblable à une musique ou à une flamme, mon corps avide des fourreaux de soie fournis par un million de vers qui sont morts, et que mon corps a dû payer cent fois de la mort. Oui, il a fallu mille vers pour faire cette soie ; il m’a fallu mourir mille morts pour la porter ; et un jour viendra où mille vers survivront en se nourrissant de ce corps qui m’aura trahie.
Ai-je connu l’amour ? Je l’ai oublié. Ai-je connu le chagrin ? Oui, il y a bien longtemps. Bien longtemps.

("La Nouvelle-Orléans", p. 64-65)
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LE TOURISTE
La Nouvelle-Orléans.
Courtisane entre deux âges, qui boude la lumière afin que demeure l’illusion de sa gloire passée. Chez elle, les miroirs ont terni dans leurs cadres dédorés ; sa maison est vouée à la pénombre et à la patine du temps. Elle est allongée avec grâce sur une chaise longue ornée de vieux brocarts ; autour d’elle flotte un parfum d’encens, et les plis de sa robe tombent en un savant drapé. Elle vit dans l’atmosphère surannée d’un passé au charme révolu. (…)
La Nouvelle-Orléans… courtisane qui subjugue encore les hommes sur le déclin, et dont les charmes ne peuvent laisser indifférents les plus jeunes. Et tous ceux qui la délaissent pour quêter les vierges aux cheveux ni bruns ni blonds et au sein pâle et glacé où nul amant n’a jamais expiré, ceux-là lui reviennent : il suffit qu’elle sourie derrière son éventail langoureux…
La Nouvelle-Orléans.

("La Nouvelle-Orléans", p. 65)
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