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EAN : 9782378801809
253 pages
L' Iconoclaste (21/01/2021)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Jean-Claude Guillebaud est un témoin capital.
Grand reporter, il a arpenté le monde et les guerres du dernier demi-siècle. Lecteur passionné, familier des intellectuels et des poètes, il construit une œuvre salutaire. À chaque livre, il s'épure, comme concentré sur l'essentiel. Quand un virus survient, la société craque et se révèle fragile, menacée par les inégalités, la violence, les illusions d'une époque qui a érigé l'individu en alpha et oméga de tout. À... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
JC Guillebaud. Entrer dans la douceur. Ed. L'Iconoclaste. 254 pages.
En citant Grall : « Mes filles méfiez-vous des sacristains. A force de nous sonner les cloches, ils couvrent la forte rumeur des Evangiles », on l'aura compris, Guillebaud est un chrétien fervent de la douceur du Nouveau Testament…
« On ne pense plus, on compte ». En citant Fitoussi : « pourquoi en démocratie, réserve-t-on l'expression « réforme structurelle » à tout ce qui rend presque impossible de bénéficier d'une vie digne… » 😊.
De nombreuses références à ses auteurs préférés dont il extrait certains passages.
L'ouvrage de Guillebaud fait « du bien »
Je vais citer la plupart des chapitres du livre et faire quelques commentaires en général positifs mais tout-à-fait incomplet par rapport à ce que j'ai noté pendant la lecture.
Ce sur quoi je ne suis pas trop d'accord sera précédé d'un signe «- »
.
1. Quand la compétition devient folle.
Il cite : « Nous sommes de plus en plus seuls, mais ensemble (Sherry Turkle).
Mandeville (18 ème siècle) : « Soyez égoïste, (car)... »
Darwin dont l'extrémisme / capitalisme / néo-capitalisme a erronément résumé sa pensée : « seuls les plus aptes méritent de vivre ».
Il compare 2 grandes tendances des civilisations : l'une dionysiaque, l'autre apollinienne.
Il parle de : pathologie mentale, obsession de la rivalité, et de l'association avec la transmutation du langage: ex./ de Directeur de personnel à Directeur des Ressources Humaines…(l'humain : une ressources au même titre que le pétrole, remplaçable,…).
Pour avoir presté pour une société multinationale pendant 20 ans le DRH fait fi des bonnes pratiques managériale qui ont conduit à l'essor économique du 19 ème siècle. Non, maintenant, on « parque » les employés dans les « open spaces », les places « fixes » y étant rare, les entretiens téléphoniques formant un tintamarre régulier, …Les employés sont « mutés obligatoirement « de service tous les 3 ans pour leur apprendre la mobilité,…La charge administrative est multipliée par 3,…brefs les meilleurs éléments finissent par quitter ou par tomber en burn-out. J'invite les « PDG » à se poser la question de savoir s'il ne faudrait pas virer du vocabulaire la Direction des ressources humaines (et quelques Directeurs qui ne dirigent rien sinon leur carrière de minable faire-valoir (sauf s'ils sont ingénieurs 😊) et revenir à des comportement plus humains et plus rentables…
Toutes ces innovations…ex. : l'open space : un énième courant de mode américaine (avec Mac Do, Coca, le vaccin Pfizer,…) qui existait d'ailleurs déjà depuis longtemps (voir les films US d'après-guerre) et qui fait énormément de dégâts dans notre société européenne culturellement très différente.
JCG : « Trop de course effrénées dans le brouillard du changement, de courte vue ,… » (…) « qui contaminent les secteurs de la vie sociale et l'amour ».
En citant la sociologue Eva Illouz : « La rupture des liens intimes est aujourd'hui productive càd liée à l'usage des réseaux sociaux, de la technologie, et de la consommation. »
2. le cynisme en route vers le néant.
« Ils croient à tout, pour la même raison qu'ils ne croient à rien » G. Bernanos
JCG : « L'indifférence aux droits humains les plus essentiels gagne du terrain ».
Il cite Beaud. « Sans projet, sans culture, sans valeur et sans goût, les nouveaux riches de la planète prônent le culte de ce qu'ils vendent : le n'importe quoi, l'éphémère, le factice et maintenant le virtuel. Ils entraînent dans une course effrénée (…) les intellectuels médiatiques paniqués à l'idée de ne pas être dans le vent. »
Peter Sloterdijk : « (…) Leur appareil psychique est assez souple aujourd'hui pour intégrer le doute permanent sur leur propre activité comme facteur de survie » (…)
JCG cite une expression : « Avec le peuple, mais pas pour le déjeuner. »
Il dit aussi : « les cyniques modernes ne ressemblent pas du tout à leurs lointains ancêtres… ».
(p 91 : « Il est plus utile que jamais de réfléchir à cette puissance diabolique d'une idée fausse, dès lors qu'elle est délibérément tenue pour vraie par ceux qui veulent s'en approprier l'usage. Là se trouve une part de la violence de l'Histoire. Pour ne pas s'y engloutir, mieux vaut s'abreuver à la pensée des hommes libres, forcément dissidents. Ce sont eux qui permettent à la douceur de ne pas disparaître (…)
3. Bonheur de l'entraide retrouvée.
Il cite l'ouvrage de C. Darwin : L'entraide, un facteur de l'évolution : « L'entraide donne aux espèces animales qui la pratiquent des avantages tels que le rapport de forces s'en trouve complètement changé, au désavantage des animaux de proie ».
Cela fait des années que pour moi les choses sont claires : si l'homme-animal est arrivé là où il en est aujourd'hui c'est grâce à sa capacité d'étudier et de coopérer avec son environnement, les chiens, les loups,... Les arbres communiquent entre eux, coopèrent ainsi qu'avec les mycéliums…
5. Douceur chrétienne et trahison cléricale. J. Renard : « Il faut dompter la vie par la douceur. »
Quelque part JCG parle de douceur associée à l'exercice de la libre pensée.
Je suis tout à fait d'accord et si je peux me permettre de vous suggérer d'établir personnellement une liste de ces penseurs libres (contemporains ou anciens).
Exemple personnel non exhaustif : Edgar Morin, Pierre Rabhi, Michel Onfray, Pr. Raoult, …et maintenant JC Guillebaud) et de faire de temps en temps un tour dans leur monde…Ils ne sont pas parfaits, mais ils nous permettent de nourrir une pensée autre que celle dominante (concurrence, fric, peur, instabilité, dé-solidarité,…) et d'exercer ensuite notre pouvoir de discrimination, éclairée par notre conscience et d'agir. Tout cela est générateur de douceur
- p 157 « Toutes les croyances ont besoin d'une institution mais doivent apprendre à résister aux scléroses qui la menacent… » .
Mon avis : en science oui, mais il faut favoriser la liberté (de parole, de pensées, d'entreprendre,…). On voit où les guerres de religion (et maintenant les guerre néocapitalistes) ont amené le monde…pas si mal. Coca et Macdo aussi participent à l'homogénéisation des cultures.
Les effets positifs :équilibre favorable à la paix, échanges commerciaux, démocratie, science, philosophie, ouverture au monde, diminution de la pauvreté par augmentation du PIB si mesures sociales,…) mais aussi beaucoup de souffrance et de mort : destruction de communautés, de cultures, guerres de religion, terrorisme, extrémismes, pogroms, gaspillage des ressources, dérèglement climatique, destruction du vivant,…
Nous devons faire plus de place dans nos vie à la non-violence (vis-à-vis de nous, des autres, de notre environnement,…), rechercher la vérité (l'exiger des dirigeants), à l'honnêteté (sans commentaire 😊), à la maîtrise des désirs (1 yacht, 2, 3 et puis quoi ? Une maîtresse ? 5 ? 10 ? et puis quoi ? etc.etc.) et à l'absence d'accumulation d'argent / de pouvoir au-delà du « raisonnable / confortable » …
Exemple : limiter le nombre de naissance partout dans le monde devrait être un must de non violence pour les parents, pour la planète or chaque religion ne cesse de pousser ses fidèles à enfanter pour maintenir/développer la puissance de son Eglise…Et chacun croit avoir raison…Problème d' »esprit sain », et d'ego.
L' explosion démographique sur une terre dont les ressources sont limitées et le manque de prise de décision politique et sociale contre le dogme de l'Eglise entraîne le monde vers de graves difficultés…
- P 170 – 172. « A l'évidence, une même obsession rapprochait Monsieur…et …dans leur volonté de dialoguer fraternellement avec l'Islam….(…). Comment aurais-je pu perdre la foi ou désespérer de l'Eglise… »
Mon point de vue : lire décadence de M. Onfray. Et l'inconscient de l'Islam de Malek Chebel. La religion est une forme de contre-pouvoir à la démocratie. Elle ne se développe rapidement que dans des sociétés non démocratiques (ex. : Inde, Arabie Saoudite, …). La religion, c'est la fin de la liberté de pensée, d'expression ; c'est le dogme, le recul de la science, ...
Alors que chacun devrait avoir le droit de se choisir un chemin de spiritualité, hors clergé hors dogme. L'Amour du Prochain que prônent les écrits religieux concerne plus pratiquement le prochain qui partage la même religion que le tenant d'une religion « adversaire » bien sûr…
Il n'y a pas si longtemps (voir le bon film « Jimmy's Hall »), une centaine d'année environ (une durée de vie d'homme moderne chanceux), le dogme religieux infusait encore fortement les moeurs (dites libérées).
La religion chrétienne devient religion d'Etat avec le sacre de l'Empereur Constantin. Elle vivait sur le compte de l'Etat (comme encore aujourd'hui : une part de nos impôts est reversée aux « Eglises / Mosquées /… »).
Mettons que cela participe à maintenir un tissu social « pacificié » …
Qu'on le veuille ou non, dans nos pays démocratiques, les partis conservateurs et radicaux, les républicains en Amérique, ou le capitalisme, le néo-libéralisme, la droite en général ont des intérêts communs « avec l'Eglise. le nombre de milliardaires s'accroît sans cesse…tout cela ne peut exister qu'au détriment de l' »autre » partie de la population active : les indépendants, les PME qui sont les vrais artisans de la richesse d'une nation.
La « morale laïque » n'est qu'une morale déchristianisée mais sans réelle recherche éthique.
Bref, La religion, le néo-capitalisme (avec intervention de l'état provincial, national, supranational et de leurs bureaucratie dictatoriale, c'est l' exploitation de l'homme par l'homme…et pour paraphraser Coluche … : et le syndicat, c'est le contraire 😊. Pas de caméra de télévision dans les grandes assemblées qui décident (exécutif, législatif, judiciaire) : nous sommes tenus dans l'ignorance…alors que les chaînes publiques devraient se faire un devoir de tenir sa population informée.
Alors Guillebaud, la douceur (dans la fermeté) très bien : je prends – cela fait du bien à l'humain, le propos est bien étayé avec de nombreuses références d'auteur qui pourraient servir à une étude, …
Mais tout le côté « institution chrétienne » etc. je réfute. Ce qu'il manque pour un vivre ensemble harmonieux et heureux c'est non la morale (évolutive suivant la culture), mais l'éthique (non-violence, honnêteté, vérité, non accumulation de bien, maîtrise des désirs donc de l'ego). J'essaie d'appliquer au quotidien…et je vous invite à essayer 😊.


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Les propos de Darwin ont été défigurés, nous rappelle Jean-Claude Guillebaud dès le premier chapitre de « Entrer dans la douceur ». Non, Darwin n'a pas glorifié la loi du plus fort. L'évolution conduit à un être humain capable de protéger l'espèce, y compris ses membres les plus faibles, pour le bien de tous. Les chercheurs découvrent peu à peu les mêmes traits dans le règne animal et même végétal. Il me semble que Michel Rio, dans son roman « Les jungles pensives » (1997) réfléchissait, en précurseur, sur de telles notions, à propos de l'altruisme chez les chimpanzés. Les écrits de Darwin ont donc été mal lus. Ce constat m'a rappelé également le contresens qui s'attache à l'expression d'Adam Smith, « la main invisible ». Contrairement à des interprétations et à des simplifications inlassablement répétées, Adam Smith n'a jamais prôné la loi de la jungle, ni la loi du marché, lequel serait régi par cette main invisible, sans contrôle aucun. Entre capitalistes et ouvriers, Adam Smith prend parti pour les seconds (Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776). Et la dénonciation de la violence m'a fait penser au Grand chambardement de Guy Béart !


La plume dialectique de Guillebaud lui permet d'observer, au-delà de ce premier chapitre, que « La vie comme la survie sont tributaires d'un équilibre subtil entre l'entraide et la compétition violente ».


Pour faire l'éloge de la douceur, il convoque ainsi jusqu'à la fin de l'ouvrage toutes sortes d'auteurs, dont les plus inattendus. J'adore, comme toujours, la richesse et l'éclectisme de ses références, qui vont de Ruskin à Finkielkraut, en passant par les mystiques et par… Jules Renard ! Je n'adhère plus, en revanche, quand Che Guevara célèbre la tendresse. Il fut certes un grand révolutionnaire, mais de multiples témoignages de ses contemporains (ex. : Cuba 1959: La Galera de la Muerte - Cuba 1959. le couloir de la Mort, du père Javier Arzuaga) font état de son arrogance et de son sadisme vis-à-vis de ses victimes comme de leurs familles.


Ailleurs, l'auteur trouve « glaçante » une remarque attribuée au journaliste Jean-François Revel, « le cynisme est plus tolérant que le fanatisme et l'intérêt plus accommodant que la croyance » : c'est peut-être glaçant, mais cela me paraît vrai, en ce sens que le cynisme laisse place à l'inflexion, à la réflexion, à l'intelligence… ce qui n'est pas le cas du fanatisme. Un cynique peut changer de démarche, fût-ce par intérêt. Un fanatique ne renoncera jamais.


Douceur des paysages, naturels et humains… des amours, des amitiés, des solidarités. Guillebaud évoque un projet de collection qui, en une sorte de pendant à « Ce que je crois » se serait intitulée « Ce que je dois » et où les auteurs auraient évoqué tous ceux / celles les ayant aidés sur leur chemin vers l'expression. Quel dommage que cette collection n'ait pas vu le jour… on l'attend !




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J.-C. Guillebaud, initialement journaliste (et cofondateur de "Reporters sans frontières"), s'est mué en essayiste à partir des années '80. Il s'est vite fait remarquer par sa pensée humaniste, et aussi par son témoignage "Comment je suis redevenu chrétien". Depuis lors, il publie régulièrement des livres en liaison avec ses réflexions éthiques et philosophiques. Cet ouvrage se situe évidemment dans cette inspiration: l'auteur regrette l'esprit de compétition et la dureté des individus qui prévaut maintenant au sein de la société occidentale. Entre autres choses, il fustige à juste titre l'interprétation erronée du darwinisme, qui voudrait justifier la primauté des forts sur les faibles. Par opposition, il fait l'apologie de la douceur et de la tendresse. Ces idées ne me rebutent pas du tout, à condition de ne pas verser dans des conceptions "bisounours". A mon avis, l'émulation et un peu d'ambition peuvent avoir un effet positif sur les individus comme sur la société; tout est question de dosage...

Le présent livre se présente comme une réflexion personnelle sincère, mais associée à une compilation de textes d'auteurs fort différents. Il m'a donné l'impression d'une sorte de "vagabondage intellectuel" et d'un "attrape-tout". Les coqs-à-l'âne ne manquent pas, nous faisant passer de Jeanne d'Arc à Bernanos ou à P. Wohlleben (par exemple...). J'avoue avoir éprouvé de la frustration en terminant cette lecture. Je ne recommande donc pas ce livre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
(p. 248)
L’aphorisme de Friedrich Hölderlin: « Dieu a créé l’homme comme la mer a fait les continents, en se retirant ».
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