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EAN : 9782070327843
464 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.03/5   101 notes
Résumé :
L'originalité de Jeanne Hersch est de réorganiser le développement de la philosophie en Occident à partir, non plus de ses principales thèses, mais de sa nature même, de son objet premier : l'étonnement.
L'étonnement est cette capacité qu'il y a à s'interroger sur une évidence aveuglante, c'est-à-dire qui nous empêche de voir et de comprendre le monde le plus immédiat. La première des évidences est qu'il y a de l'être, qu'il existe matière et monde. De cette ... >Voir plus
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Enfin !
Oui, enfin, j'ai trouvé un ouvrage de philosophie clair, qui de l'Ecole de Thalès à aujourd'hui, parcourt deux mille ans de pensée occidentale en seulement 460 pages à travers un prisme original et assumé : l'étonnement, " cet étonnement dont la philosophie est née. "

Certes, les puristes objecteront certainement que c'est impossible, nécessairement incomplet, subjectif...peut-être, et je ne suis modestement pas qualifiée pour en juger.
Mais parvenue à la fin de ce livre limpide et concis, j'affirme juste que j'aurais adoré avoir un tel livre en classe de terminale et pourquoi pas Jeanne Hersch comme professeur de philo. D'ailleurs, professeur de philosophie, elle le fut pendant vingt ans à l'université de Genève ce qui explique peut-être le caractère pédagogique indéniable pour moi de ce véritable guide philosophique.

Dès les premières lignes, elle prévient le lecteur :
" le présent ouvrage n'est pas une histoire traditionnelle de la philosophie. ", " Je ferai délibérément un choix pour m'attacher à quelques points de repères, quelques tournants de la pensée, quelques moments privilégiés où un regard plus neuf ou plus naïf a fait surgir les quelques questions essentielles qui, désormais, ne cessent de se poser pour peu qu'on renonce à les dissimuler par le bavardage ou la banalité. "

J'ai particulièrement apprécié, à l'aide de courts chapitres dédiés chacun à un philosophe ou une école de pensée, de découvrir ou de redécouvrir les mécanismes parfois complexes de leurs pensées en action à leurs époques respectives, ce qui leur a permis d'être alors novateurs.

Merci Madame Hersch pour ce brillant exposé, car comme vous l'avez si bien écrit :
On ne comprend un philosophe que lorsqu'on a réussi à "penser avec lui".
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L'étonnement mène au questionnement, qui interroge le réel. Ce petit livre est un ruisseau d'eau cristalline, qui parcourt l'histoire de l'étonnement philosophique. On peut y boire autant qu'on veut: la soif de savoir n'est jamais étanchée, car dans l'onde philosophique, même les réponses appellent de nouveaux étonnements.
Ne pas confondre avec les saumâtres marigots scientistes ou positivistes, qui prétendent remplacer la religion à laquelle ils ressemblent tant.
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Il y a longtemps que je cherchais un bouquin comme celui-ci, une vraie intro à la philo, qui donne envie de se plonger dans les grandes pensées, qui s'efforce à en montrer l'évolution en les expliquant le plus clairement possible. Certes, je suis souvent largué, mais faire le saut devient possible, je commence à savoir ce que je fais quand je me lance dans Kant (quand ? le livre n'est pas encore acheté...), dans Aristote (La Métaphysique, ma prochaine lecture ?) ou dans Bergson. Faire de la philosophie donc, à quoi bon ? Question non philosophique s'il en est. Pour celui qui philosophe, la question ne se pose pas, c'est une évidence. On pense parce qu'on s'étonne, on s'étonne d'être. Je pense donc je suis ? Je pense parce que je suis et que je ne sais pas ce que ça veut dire, "je suis"? Ce que montre très bien Jeanne Hersch, au delà des introductions synthétiques et claires de pensées complexes, c'est qu'on pourrait très bien ne pas philosopher, mais voilà, des gars se sont étonnés, ils ont remis en cause les évidences, les trucs qui sont là sans qu'on les remarque, les fondements de nos vies si simples en apparence mais si bizarres quand on se met à y penser. Une fois que la machine est lancée, elle ne s'arrête pas. Arrêter de me casser la tête sur des questions abstraites qui m'empêchent de vivre agréablement mon quotidien ? Impossible. La conscience d'être un humain, mortel, "être-pour-la-mort" (il faut aussi je me lance dans Heidegger), ça étonne, ça angoisse, et voilà, les questions défilent, on ne peut pas se défiler, on tente de mettre de la cohérence, de la raison, et on philosophe, hélas. Il serait tellement plus simple de ne jamais s'étonner de rien. Tellement plus ennuyeux, aussi.
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Cela faisait un moment que ce livre traînait dans ma bibliothèque, après une lointaine acquisition au hasard d'une librairie, motivée je m'en souviens je me connais par la volonté de remplir mon devoir d'honnête homme cumulée à un certain souci d'efficacité - acquérir une culture philosophique aussi vaste que synthétique, (re)découvrir les grands mages de la métaphysique en un peu plus de 300 pages (*).


Hmm, immédiatement ça vous paraît petit, superficiel, mettre à terre mes sages velléités.
Figurez vous que ça n'est pas si contradictoire que ça en a l'air : trop en savoir risquerait de nuire à la nécessaire vision d'ensemble que je souhaite en dégager, ne rentrons pas trop dans le détail de ces esprits chantournés, voilà.


Hélas, ces grands moments sont chez moi d'une déplorable fugacité. Ici s'arrête mon ambition, ici revient ma paresseuse nature. Balayée par ma pusillanimité présente, ma noblesse future vient s'échouer, dans le silence et oubli, sur un étage inférieur de table basse autour de la page 30.


Au cours des années suivantes (comme le temps passe vite, comme mes ambitions de jeunesse sont loin, désormais. Comment ont-elles pu capoter à ce point...) j'avais entrepris quelques velléitaires tentatives. Nouveaux plongeons dans l'océan de la philosophie. Au débotté, sans bonnet de bain.
Hélas encore, on a beau y entrer avec vigueur, les eaux de ces mers sont si définitivement froides (quoi qu'en disent les « ellestbonnistes », vulgaires snobs).
Direction la petite échelle, je ressors rapidement du bassin avec une discrétion proportionnelle au panache de mon plongeon.


J'y reviens ces jours-ci, ayant remisé ma flamboyance frustrée au vestiaire (j'essaie de grandir, de toute façon j'ai échoué partout, ça calme). Parlons du livre, il le faut. J'en avais gardé un vague souvenir un peu terne, qui venait sans doute de ce que l'étonnement promis par le titre avait fait naître en moi.
Un souci de retrouver l'éveil et la joie que peuvent faire naître la réflexion philosophique, une volonté de ne pas faire dans le sérieux académique, projet attirant (ou simple promesse de la quatrième de couv ? Sont forts et manipulateurs ces éditeurs) ... mais légèrement démenti par l'écriture de l'ouvrage.


(Re)découvrons.
(Enfin soyons honnêtes. Si redécouverte il y a, très peu de "re" et beaucoup de "découverte" : pas de fiévreuse retrouvaille avec René sous la nouvelle lumière de ma maturité. le peu que j'ai pu savoir de Descartes, je l'ai oublié. Je suis un mini Christophe Colomb amnésique qui redécouvrant l'Amérique, aurait un vague souvenir d'avoir un jour pris le bateau, peut-être à la limite jeté l'ancre, puis un grand vide)


Saint Thomas me paraît un mec droit et sain mais je ne sais pas si je pourrais vraiment sympathiser avec lui et ses idées. Trop de perfection et de charité chrétienne sans doute. Pas besoin d'aller jusque là dans son application à mon sens.

Leibniz me fait l'effet d'un bonhomme très sérieux et austère, obsédé par l'idée de système, la mécanique et la volonté d'intégrer Dieu à celui-ci. J'aime bien son idée des petites perceptions. Son système me paraît comporter un certains nombre de contradictions, mais n'étant pas philosophe je m'arrêterais à cette remarque d'une naïveté sans doute touchante. Je ne peux pas prétendre non plus avoir tout compris, loin de là.

Nietzsche : c'est dangereux mais j'adore.

Les Anciens : il faut que je passe plus de temps avec eux.

Karl Jaspers : je n'ai pas encore lu ce chapitre. Sa pensée ne m'évoque strictement rien, mais j'imagine que sa germanité doit bien ressortir quelque part. Enfin simple préjugé sur lequel il ne vaut mieux pas s'étendre.


Bref, je ne veux pas risquer une énumération fastidieuse pour vous lecteurs. Je vais continuer la lecture de ce bouquin qui me paraît révéler encore pas mal de promesses, tout compte fait. Peut-être même que je finirais par trouver du charme à ce style morne et taciturne.


*plus de 450 pages en fait (un peu trop pour mon objectif d'efficacité), j'avais jugé un peu vite à l'épaisseur du poche, mais il faut croire que les pages sont fines.
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Le besoin de comprendre le monde est commun à tous les humains. À l'origine de ce besoin, on trouve l'étonnement. Face à la beauté, la diversité et la complexité de la nature, tout individu s'émerveille et se pose des questions. Tenter de répondre aux questions existentielles c'est philosopher : qu'est-ce que la vie ? Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que puis-je espérer ? L'homme est-il libre ou est-il déterminé par des causes qui lui échappent ? C'est Aristote qui sans doute le premier a le mieux formulé cette idée, « C'est à cause de l'étonnement que les hommes ont commencé à philosopher ; au début ils s'étonnaient des plus simples des difficultés, ensuite, progressant un peu, ils se sont interrogés sur des questions plus importantes, par exemple sur les phénomènes concernant la lune, le soleil et les étoiles et sur la naissance de l'univers. »

Si la science nous permet de comprendre comment les choses arrivent, naissent, croissent et meurent, aucune discipline ne propose de méthodes nous permettant de répondre à la question pourquoi les phénomènes observés se produisent-ils. Cette question est du domaine de la religion ou de la philosophie.

En somme la philosophie part du constat amer qu'il est impossible d'établir une vérité sur l'origine, la causalité première du vivant et de la pensée. Si nous ne pouvons pas atteindre la vérité au moins pouvons nous tenter de poser les bonnes questions et essayer d'y répondre avec notre raison. Jeanne Hersch nous propose un voyage qui commence en 600 av. J.-C. avec ce qu'il est convenu de considérer comme le père de la philosophie le savant Thalès de Milet. On chemine ensuite avec toutes les grands esprits qui ont tenté d'apporter des réponses sur la nature de l'homme et le contenu de l'univers, de Socrate à Karl Jaspers en passant par Saint Augustin, Spinoza, Marx, Nietzsche et beaucoup d'autres. Jeanne Hersch réalise une très bonne synthèse de cette histoire de la pensée guidée par l'étonnement et tente de nous en aplanir les difficultés de compréhension ce qui n'est guère facile lorsqu'elle aborde des philosophes comme Husserl, Kierkegaard ou Heidegger. Pour nous rassurer ou nous désespérer, elle fait néanmoins cet aveu à propos de Husserl : « Il utilise des termes trop nombreux et trop compliqués, et il m'arrive de ne pas savoir si j'ai affaire à de la fumée ou à de la profondeur. » page 406

On se heurte là à un problème épineux. Les philosophes pensent toujours démontrer les erreurs de leurs prédécesseurs en présentant leurs propres systèmes comme le bon, mais ils se contredisent eux-mêmes dans leurs écrits et changent parfois d'avis. Ceux qui prétendent les comprendre ne sont pas d'accord entre eux et n'en donnent pas la même interprétation, le même mot revêt souvent plusieurs définitions contradictoires suivant qu'il est employé par l'un ou l'autre. Bref on peut relever beaucoup de contradiction, paradoxes et malentendus en philosophie, mais le voyage est irremplaçable et nécessaire pour se forger sa propre opinion. Il faut se frayer un chemin parmi toutes ses doctrines, retenir ici ou là quelques idées, approfondir l'oeuvre de tel ou tel philosophe dont l'argumentation nous séduit et construire ainsi son propre système. C'est l'intérêt de livres comme celui de Jeanne Hersch d'offrir au lecteur un panorama des idées, à nous ensuite de descendre dans la vallée pour nous abreuver à la source de notre choix.

— L'étonnement philosophique, une histoire de la philosophie », Jeanne Hersch, Folio essais (1993),
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Dans ces temps anciens, la profession de " philosophe " n'existait pas. Les philosophes étaient en même temps des savants, des mathématiciens, des géomètres, des astronomes. Ils s'intéressaient aux éclipses du soleil et de la lune, aux nombres et aux calculs, aux figures de la géométrie et à leurs propriétés. Ainsi l'école philosophique la plus ancienne, la célèbre Ecole de Milet, en Asie Mineure, a été fondée par Thalès, l'inventeur du théorème faisant du cercle le lieu géométrique des angles droits construits sur un segment de droite.
Il s'agit donc de puissants esprits qui étaient, par rapport au savoir de leur temps, des esprits universels. Ce qui suscita avant tout leur étonnement, ce fut le spectacle du changement.

L'ÉCOLE DE MILET : THALÈS
( Env 600 av JC )
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Obéir au devoir, chez Kant, ce n'est donc pas une contrainte qui s'exerce sur la liberté - au contraire : c'est la liberté elle-même. La liberté, c'est cette faculté d'autonomie que nous possédons et qui nous empêche d'être le jouet de nos sentiments et de nos affections, et qui nous permet au contraire, grâce à la bonne volonté. de nous imposer à nous-mêmes le respect du devoir.

Ici encore la pensée de Kant s'oppose fortement aux attitudes courantes chez nos contemporains, aux yeux desquels tout ce qui s'appelle devoir passe pour. une contrainte ou même une manipulation, alors que nos humeurs, nos sentiments spontanés représentent notre vraie liberté. Pour Kant, c'est évidemment le contraire. Humeurs, sensations, sentiments sont des phénomènes, et, par conséquent, soumis, comme tout ce qui appartient au monde phénoménal, à la loi de la causalité. Céder à ses humeurs, à ses impulsions, c'est donc se soumettre à la loi qui règne dans le monde phénoménal, qui est le contraire de la liberté. Quiconque veut être libre ne le peut que par sa propre volonté, c'est-àdire par la faculté qui lui permet de s'imposer à lui-même la loi du devoir, pour lui obéir. Tel est le sens de l'autonomie.
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Plus une civilisation est évoluée, plus la langue et les langages spécialisés y prennent de l'importance. Dans notre société occidentale, l'"homme cultivé" vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu'il prend l'expression par le langage pour la vie même.
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Dostoïevski a développé en nous une sensibilité selon laquelle la vulnérabilité est valorisée - elle appartient désormais à l'essence de l'homme comme si sans elle on n'était pas tout à fait un être humain. Nous ne pouvons plus renier cet héritage.
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Penser philosophiquement, c'est penser avec sa liberté. [...]
On a beau nier l'existence de la liberté, elle est toujours là, jusque dans la parole qui la nie. Celui qui la nie la nie librement - ou alors sa parole n'est qu'un bruit vide de sens. Si l'on réussissait vraiment à éliminer la liberté de l'esprit, on n'aurait même plus le pouvoir de nier.

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Vidéo de Jeanne Hersch
Des messages portés par les nuages : lettres à des amis Jean d'Ormesson Jean-Luc Barré, Martin Veber Éditions Bouquins
Recueil de lettres reflétant la grande diversité des correspondants de l'écrivain français : Marguerite Duras, Michel Déon, Raymond Aron, Jacques de Lacretelle, Jean-François Brisson, Roger Callois, Jeanne Hersch, Claude Lévi-Strauss, Simone Veil, Michel Debré, entre autres. Un dévoilement des jugements littéraires de l'auteur, de ses admirations, de son intimité et de son engagement d'écrivain. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/messages-portes-nuages-lettres-amis-jean-ormesson/9782221250051.html
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