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EAN : 9782253051299
250 pages
Le Livre de Poche (03/11/1989)
3.83/5   32 notes
Résumé :
« C’est folie de croire que les périodes vides d’amour sont les « blancs » d’une existence de femme. Bien au contraire. Que demeure-t-il, à le raconter, d’un attachement passionné ? L’amour parfait se raconte en trois lignes : Il m’aima, je L’aimai, Sa présence supprima toutes les autres présences ; nous fûmes heureux, puis Il cessa de m’aimer et je souffris… […]

Ces « blancs » qui se chargèrent de me fournir l’anecdote, les personnages émus, égarés,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La première nouvelle, qui donne son titre à l'ouvrage, nous parle d'un séjour que Colette (les nouvelles étant largement autobiographiques) fit dans le sud de la France suite à l'achat d'une maison demandant des travaux. On lui avait conseillé de séjourner à proximité pendant ceux-ci afin de « surveiller » et « encourager » les ouvriers.

Dans cette nouvelle elle évoque sa rencontre avec les propriétaires de la pension où elle séjourna, deux femmes Rudy américaine et Suzanne, qui semblent très liées ainsi que les différents pensionnaires de la maison. Sur un ton très léger mais précis, fouillé, Colette aborde, ne pouvant éviter d'y mêler la nature et la faune environnantes (on connaît son amour des bêtes et en particulier des chats), ce qui l'entoure : les personnes, le quotidien de la pension etc…. C'est un séjour dont elle se souviendra longtemps car il se termina par une révélation surprenante.

Dans Gribiche il est question d'une troupe de danseuses dans un music-hall parisien : l'Eden Concert et de leurs relations. Solidarité, entraide mais aussi condition féminine au début du 20ème siècle (je rappelle que Colette a pendant 5 ans travaillé dans un music hall). Dans cette nouvelle, on ressent toute la tendresse de l'auteure vers ce milieu qu'elle a connu, mais surtout vers ces femmes, de petite condition. Les loges, les costumes, on entre dans le monde du spectacle mais aussi dans ses coulisses avec la réalité de la vie qui s'oppose au monde des paillettes.

Avec le Rendez-vous nous partons pour Tanger, pour un séjour en compagnie de 4 personnages : un couple : Cyril, architecte et Odette sa femme ainsi que Bernard et Rose, jeune veuve et belle-soeur de Cyril. Ce dernier rêve de mettre cette dernière dans son lit et c'est l'occasion pour Colette de se moquer (gentiment mais sûrement) du comportement des touristes fortunés, critiques et indifférents à la population qui les entoure mais qui va être pour Bernard une prise de conscience lors d'un événement dramatique de la futilité de sa vie jusqu'alors.

C'est curieux qu'il a fallu que je vienne jusqu'à Tanger pour rencontrer mon semblable, le seul qui puisse me rendre fier de lui, et fier de moi (p174)

Dans le Sieur Binard, une très courte nouvelle, c'est un éloge à son demi-frère Achille, médecin de campagne qui va être confronté à une naissance peu banale où même Sido, sa mère, voudra expliquer à Colette ce qui arrive dans les campagnes, la réalité de certaines familles mais celle-ci n'a que 15 ans…..

Dans la dernière Trois, Six, neuf (durées d'un bail) Colette s'amuse à nous décrire ses péripéties de ses déménagements et des différents lieux (15) où elle a vécu à Paris, les joies et les tracas qu'offrent ses changements d'adresse, les charmes de chacun des lieux, laids ou beaux, riches ou misérables, simples ou majestueux.

Colette a le don de mettre en valeur, en y associant souvent un environnement végétal et animal, des chroniques de la vie, de voyage, de l'enfance qui lui permettent également d'aborder des sujets plus graves tels que l'avortement, les grossesses non désirées, les classes sociales, la vie en campagne, le de vie et l'impact de celui-ci sur son travail d'écrivaine.

Elle possède une plume légère et ironique mais possédant du fond et j'ai particulièrement aimé la nouvelle le Rendez-vous tellement chargée d'humanité, Gribiche qui parle tellement bien de la solidarité féminine sans oublier l'évocation de son frère Achille et de son travail de médecin de campagne dans le Sieur Binard.

Oui c'est attachant, frais et léger mais avec l'idée malgré tout de témoigner de sujets graves comme la maternité, l'avortement, le rapport à l'autre avec la faculté de s'adresser au lecteur d'une façon directe, partageant avec lui ses pensées et son regard sur des événements anodins ou pas.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Ce recueil de quatre nouvelles est très hétéroclite : quatre thématiques (que je ne dévoilerai pas toutes), quatre lieux totalement différents (la Provence, le Paris du music-hall, le Maroc, la Bourgogne natale), une qualité très inégale aussi... Un point commun à toutes cependant : la sublime allusivité dont Colette use dans chacune de ces nouvelles pour nous emmener vers un dénouement que nous n'aurions pu imaginer. Tout est à deviner, à lire entre les lignes.

Dans la première nouvelle, éponyme du recueil, Colette s'amuse à nous perdre, elle distille pourtant quelques indices, mais se garde bien de mettre les points sur les i... La chute est surprenante : un pied de nez de Colette !

Mais des quatre nouvelles, l'une s'élève bien au dessus : c'est "Gribiche", du nom d'une jeune danseuse de revue. Dans cette nouvelle aux accents autobiographiques - mais qui sait si Colette n'a pas tout inventé – l'auteure revient sur ses années de music-hall pour dénoncer l'envers du décor : les filles exploitées, mal payées, la misère de la condition féminine et la tragédie vécue par ces femmes qui ne pouvaient avorter que clandestinement, l'avortement étant puni de prison aussi bien pour celle qui le subissait que pour celui ou celle qui le "dispensait". Maniant avec talent l'art de l'ellipse, Colette nous horrifie et nous émeut.

Je n'ai guère apprécié "Le rendez-vous" que j'ai jugé moins crédible dans sa chute.

Enfin, dans la dernière "Le Sieur Binard", l'on passe du pur à l'impur sans presque une transition. La quasi absence de condamnation que l'on surprend à la fin du texte est réellement choquante : Colette voulait-elle heurter les consciences ?

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"Bella-Vista parut en 1937 aux Éditions Ferenczi, "Trois, six, neuf" en 1944 chez Corréa. Les deux sont réunis dans le "Livre de Poche".

Bella-Vista

Quelques mots sur ces histoires qui ne laissent pas indifférents et contiennent chacune une part de mystère :

Bella-Vista : Je fus très impressionnée lors de la lecture de cette nouvelle dans laquelle Colette se met en scène en utilisant le "je". Les lieux, les évocations la rendaient d'une réalité étonnante et ce fut longtemps après que je pus décrypter la réalité de la fiction (comme souvent chez Colette). une auberge en provence, un homme étrange qui provoque une répulsion chez les perruches du lieu et chez la chienne de l'écrivain, des propriétaires étonnantes et Colette observant le tout, créant en nous le malaise, l'envie de savoir et un sentiment d'inquiétude...

•Gribiche : Tristesse sans sensiblerie, témoignage de la dureté de la vie pour une figurante malmenée par l'existence et l'amour dont le fruit est difficilement tolérable...

•Le rendez-vous : le poids de l'égoïsme...

•Le sieur Binard : Histoire trouble, dérangeante. Témoignage d'un souvenir des quinze ans de Colette. Une histoire que "Sido" n'aimait guère évoqué... au temps où les choses se disaient difficilement.

Trois six neuf

"Quand le logis a rendu tout son suc, la simple prudence conseille de le laisser là. C'est un zeste, une écale. Nous risquons d'y devenir nous-mêmes la pulpe, l'amande, et de nous consommer jusqu'à mort comprise. Plutôt partir, courir l'aventure de rencontrer, enfin, l'abri qu'on n'épuise point : tous les périls sont moindres que celui de rester."

Cette superbe et si juste phrase m'a accompagnée lors de tous mes déménagements et elle reste continuellement présente... Colette, une leçon de vie, une philosophie, une façon d'être... peu importe la phrase qu'on lui accole... Il y a quelque chose à prendre dans tous ses écrits et celui-ci est particulièrement juste, encourageant pour ceux qui ferment les yeux, se bouchent les oreilles, geignent au seul mot de "déménagement"! Dans ce court recueil, nous la suivons dans quelques uns de ses logis. Elle nous raconte ses péripéties, ses nouvelles appropriations de lieux avec bon sens et humour (Colette "avouait" quinze déménagements). Et j'aime à imaginer la "magicienne" décrite par Maurice Goudeket, son troisième mari, dans la préface :

"Et puis, au plaisir de défaire un logis s'ajoutait immédiatement celui d'en refaire un autre et de lui donner, en un minimum de temps, tous les caractères de la durabilité."

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Recueil de 4 nouvelles avec des parts autobiographiques de Colette.

1) Bella-Vista
Pendant une période de vide amoureux, Colette se souvient d'être partie dans le Midi pour faire construire une maison.
Durant les travaux, elle logeait dans une auberge.
Dans cette histoire, il s'agit du Bella-Vista, une enseigne tenue par deux femmes, Madame Ruby et Madame Suzanne. Colette va rencontrer un client étrange, Monsieur Daste. La fin de la nouvelle nous fait des révélations surprenantes sur les personnages.

2) Gribiche
Cette nouvelle se consacre à la période music-hall parisien de Colette.
Dans cette histoire, le lieu est nommé L'Eden-Concert.
Colette, surnommée Colettevili, y côtoie d'autres femmes. Elle nous décrit le décor, les coulisses derrière le spectacle, l'ambiance de solidarité mais aussi parfois de jalousie.

3) le rendez-vous
Cette nouvelle parle de la période de voyages en Afrique du Nord de l'auteure.
Ici, à Tanger, un groupe de 4 voyageurs français découvre la ville grâce à leur jeune guide local Ahmed.
Rose, jeune veuve.
Odette, belle-soeur de Rose, exécrable, méprisante à souhaits.
Son mari Cyril, beau-frère de Rose, la tête dans le business.
Bernard, celui qui ne fait pas partie de la famille mais qui entretient une relation secrète avec Rose, et qui est meurtri par l'attitude de cette dernière.
Il ne compte pas se laisser faire, et un évènement imprévu va forcer le destin.

4) le sieur Binard
Colette se souvient d'Achille, son demi-frère, qui était médecin de campagne et qu'elle suivait parfois en missions.
Un jour, une patiente vient en consultation et va chambouler une partie de sa vie.

Avis mitigé sur ce recueil de nouvelles : je n'ai pas trop accroché aux multiples descriptions, ni au fait qu'il n'y ait pas de véritable chute.
Déçue par la fin de la nouvelle éponyme Bella-Vista, beaucoup de descriptions dans Gribiche mais des personnages drôles et attachants, surprise par le rendez-vous car je ne m'attendais pas à ce type de fin, et pour le sieur Binard j'ai dû m'y prendre à deux fois sur certains passages car je n'étais pas sûre d'avoir compris où voulait m'emmener Colette.


Des sujets graves (inceste, avortement), des évènements parfois violents dans la vie quotidienne (accidents, blessures), Colette décrit des scènes qui pourraient arriver à n'importe qui, à toutes époques.
Des tranches de vie universelles.
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Comme quatre polaroïd ,ces quatre nouvelles attachées à des lieux et des personnages vibrant de vie et de bonheur , Colette égrène ces " madeleines " avec délicatesse et pleine de saveurs.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
J'aimai toujours les visages nouveaux, à ce prix que je les contemple d'un peu loin, ou à travers une vitre épaisse. Pendant les années les plus solitaires de ma vie, j'habitais des rez-de-chaussée. Par-delà le rideau de tulle et la vitre passaient mes chers êtres humains, auxquels pour rien au monde je n'eusse, la première, adressé la parole ou tendu la main. Je leur dédiais mon insociabilité passionnée, l'inexpérience que j'avais de la créature humaine, et ma timidité, foncière mais sans rapport avec la poltronnerie.
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Seule dans cette auberge équivoque qui se recueillait en attendant sa fructueuse débauche d'été, je savourais un état que je reconnaissais bien et qui complique d'agrément le regret aigu de mes amis, de mon logis, de ma vraie vie. Mais quel être ne se trompe sur le lieu de sa vraie vie ? Entre trois inconnus, ne respirais-je pas, sans bouger, l'air que je nomme, de par le vagabondage paresseux de la pensée, l'absence de tout poids amoureux, la vacance qui fait les matins ivres et légers, accable les soirs du besoin de s'abuser et de souffrir, - ne respirais-je pas l'oxygène même du voyage ? Tout ce qui est aimé vous dépouille.
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C'est folie de croire que les périodes vides d'amour sont les "blancs" d'une existence d'une femme.Que demeure-t-il, à le raconter,d'un attachement passionné?
L'amour parfait se raconte en trois lignes : IL m'aima,je L'aimai,Sa présence supprima toute les autres présences; nous fûmes heureux, puis IL cessa de m'aimer et je souffris....

Bella-Vista
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Ayant le nécessaire, c'est-à-dire l'ombrage, le soleil, les roses, la mer, le puits et la vigne, je faisais bon marché du superflu, ainsi je désignais l'électricité, le fourneau de cuisine, une pompe pour distribuer l'eau.
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Je n'avais faim que de retrouver mon petit rez-de-chaussée, mes meubles-épaves dépareillés, mes livres, la verte odeur qui parfois remontait du Bois, et surtout la compagne des bonnes et des mauvaises heures, ma chatte rayée. Encore une fois, celle-ci flaira mes mains, médita sur l'ourlet de ma robe, puis s'assit sur la table, ouvrit grands ses phares d'or et regarda, dans le vide, l'invisible qui n'avait pas de secrets pour elle.
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