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sur 736 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je lis Irving depuis ses premières traductions en français. J'avais beaucoup aimé "l'Oeuvre de Dieu , la part du diable" et sa profondeur, assez loin du caractère fantasque de Garp ou de l'Hotel New Hampshire.
Ici, nous voilà avec un John Irving survitaminé, décidé à en découdre avec tous les recteurs de morale, tous les censeurs et bien pensants, tous les racistes, homophobes, phobes en tous genres (au propre comme au figuré...) et autres esprits conventionnels.
Pour cela il nous embarque dans la peau d'un jeune américain, à l'identité sexuelle en construction, à la famille (comme souvent chez Irving) pour le moins folklorique (l'image du grand-père est à mourir de rire) et son parcours initiatique depuis les années 50 jusqu'à nos jours.
Evidemment tout cela n'est que prétexte pour passer en revue la libération des moeurs des années 70,le drame du Sida, et les possibilités ouvertes par la loi et la médecine à la fin du XXème siècle pour les personnes à la sexualité non pas déviante, mais différente, nous dit et répète Irving.
Ainsi ce livre voit mis en scène toutes ou presque, les formes de sexualités, les homosexuels, masculins et féminins, les trans genres, les travestis, les hétéros, les bi, les refoulés et assumés, les forçats du sexe et les abstinents, les doux et les violents, etc....
Evidemment c'est Irving, c'est du lourd, du caricatural, de l'exagéré, amplifié, déformé. Mais la leçon porte, le livre fermé, on se dit finalement que oui, il a raison de parler de ces sujets souvent tabous, qu'il s'agit d'êtres humains tout aussi respectables que les autres, et non pas de malades comme le pensait le médecin scolaire du collège dans les années 50 qu'il décrit dans le roman.
En dehors de ce "fond" qui est indiscutablement une leçon de liberté et de droits de l'homme, ce livre est comme toujours chez Irving un vrai chef d'oeuvre littéraire. La construction est très soignée, les personnages crédibles, leurs psychés bien analysés.Tout le passage sur le SIDA et ses ravages est d'une justesse rare. Il y a des accents de gravité émouvants, comme dans le fameux film "Philadelphia"
Enfin l'auteur convoque largement Shakespeare et son théâtre et le Flaubert de Mme Bovary pour illustrer de bien belle manière le propos.
Un roman que je recommande chaudement !
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A moi seul bien des personnages est difficile à définir, entre autobiographie et fiction. Ce qui frappe en premier lieu c'est la maîtrise de la narration et de l'espace spatio-temporel: l'auteur passe d'une période à l'autre de sa vie sans respecter l'ordre chronologique mais avec une cohérence d'ensemble qui nous permet de suivre le fil. Peu à peu se dévoilent des personnages profonds et attachants (je défie quiconque de ne pas compatir aux efforts de Billy pour prononcer le mot "pénis").

D'un questionnement sur la sexualité d'un adolescent américain, Irving transforme le récit en essai brillant sur la tolérance et le désir. Les nombreuses références aux oeuvres littéraires iques et la mise en parallèle permanente avec l'oeuvre de Shakespeare qui donne le titre à ce roman soulignent que ce n'est pas un sujet de réflexion contemporain ou générationnel : "On est toujours libre d'aimer qui on veut" affirme un des protagonistes, ce à quoi la bibliothécaire répond "au contraire (...) la litterature est riche en amours impossibles".

On suit l'apprentissage amoureux et sexuel de Billy depuis ses attirances peu conventionnelles d'adolescent qu'il qualifie d'"erreur d'aiguillage amoureux", attestant ainsi de la difficulté de comprendre et d'assumer ses désirs. La sexualité est pour Irving un sujet complexe et amoral servi ici avec la bonne dose d'humour et d'originalité. D'une écriture assez masculine et sans tabou qui m'a parfois fait penser à Portnoy et son complexe de Philip Roth, ce livre m'a donné envie de mieux connaître l'auteur, et de lire enfin le monde selon Garp.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Lu dans la version américaine . Titre original : In One Person.

Un vieux monsieur – William Abbott (Billy) a environ 70 ans lorsqu'il se retourne sur son passé – raconte comment il a vécu sa bisexualité depuis sa prime adolescence jusqu' au moment de la narration, 2011.
Le roman commence par un défi que le personnage-narrateur se lance : il deviendra écrivain et couchera avec la bibliothécaire, Miss Frost. Il vit dans une petite ville du Vermont (décor cher aux romans de John Irving) First Sister avec sa mère qui a un nouveau compagnon – professeur à l'académie de Favorite River dont il tombe amoureux. Dès lors son destin va être marqué par la lecture (compulsive de Dickens et des fameuses « Grandes Espérances ») et le théâtre par les pièces – et notamment de Shakespeare - que son beau-père met en scène avec la troupe locale. Donc petit-à-petit, au fur et à mesure de ses expériences sexuelles, le narrateur se définit comme « bi ».
Bien sûr ce choix ne va pas sans heurter la sensibilité de son entourage, notamment sa mère et sa tante alors que son grand-père Harry, qui s'habille en femme pour des rôles au théâtre est plus tolérant. Car l'homosexualité est considérée comme une maladie dans l'Amérique des années 50. Il suffit, pour s'en convaincre de lire les témoignages de Lou Reed qui a subi des électrochocs pour se « guérir ».
Billy consulte donc les spécialistes locaux : le Dr Harlow, vieille birbe intolérante que ne conçoit le « droit chemin » que dans l'hétérosexualité et la mère de sa meilleure amie, sorte d'orthophoniste-psychologue, Martha Hadley car Billy a des problèmes pour prononcer certains mots comme « pénis ». le personnage construit sa personnalité à travers la lecture (De Grandes Espérances, Tom Jones, Madame Bovary, et un roman de James Baldwin, Giovanni's Room (la chambre de Giovanni) où l'auteur aborde l'homosexualité. Il se construit aussi à travers les pièces de Shakespeare que monte son beau-père où il se reconnaît dans tel ou tel personnage et où il voit son grand-père grimé en femme. Mise en abyme du travail d'écrivain (problème de langage au départ, influence d'autres écrivains, recherche du père…) le titre français explique bien ce qu'est Billy alors que l'anglais reste dans le non-dit, le fameux « understatement ».
Les rebuffades que Billy va rencontrer seront bien sûr du côté « conservateur » mais aussi chez les femmes et les gays. En se situant comme « bi », le personnage n'est finalement accepté nulle part. Les gays aimeraient qu'il soit totalement de leur côté, les femmes veulent « construire quelque chose » qu'il n'est pas prêt à assumer.

"On this bitter-cold night in New York, in February of 1978, when I was almost thirty-six, I had already decided that my bisexuality meant I would be categorized as more unreliable than usual by straight women, while at the same time (and for the same reasons) I would never be entirely trusted by gay men."(Dans le froid mordant de ce soir de février 1978, lorsque j'avais trente-six ans, j'avais déjà une petite idée de ce que signifiait qu'être bisexuel, je serais considéré parmi les moins fiables par les femmes hétéro, alors qu'en même temps (et pour les mêmes raisons) je n'aurais pas tout-à-fait la confiance des homos.)

Jusqu'aux années 80 où apparaît le SIDA, Billy aura encore moults problèmes de conscience- et le narrateur montrera bien qu'il vivra sa vie de « bi » contre vents et marées – puisqu'il se reproche, en voyant tous ses meilleurs amis et amants sombrer dans la maladie et mourir, de ne pas être infecté :

‘I wasn't afraid of dying; I was afraid of feeling guilty, forever, because I wasn't dying.'
(Je n'avais pas peur de mourir ; j'avais peur de me sentir coupable à jamais puisque je ne mourais pas !)

Et puis il y a le personnage de Kittredge, extrêmement complexe puisqu'il représente l'archétype du lutteur macho, le grand frère protecteur, le jeune adulte cynique. Kittredge, en tant que protagoniste, je l'avoue, m'agaçait – et là John Irving parvient à nous le rendre bien antipathique à tel point qu'on ne comprend pas l'attirance de Billy pour ce beauf. L'évolution du personnage qu'en propose l'auteur est un tour de force romanesque, notamment par les côtés obscurs qu'il révèle.
Quant au style du roman lui-même, là aussi on assiste à une évolution du langage qui passe par exemple de « transsexuel » à « transgenre » de nos jours en même temps qu'une évolution de la société, Billy se retrouvant de l'autre côté de la barrière puisque c'est lui qui initie les autres non seulement à l'écriture mais aussi à devenir une personne. Là encore, plus rares sont les conservatismes mais aussi plus violents. On a l'impression tout au long du roman de lire à la fois un journal intime pris dans l'histoire des Etats-Unis représentés par la province.
Un roman assez long mais d'une longueur justifiée pour faire tout aboutir. Un bon livre, à mon sens est celui dont la fin est réussie. Et c'est le cas.
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« Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! » Décidément, John Irving ne cesse de me ravir et de me redonner foi en l'humanité. Si À moi seul bien des personnages est bien plus récent que le Monde selon Garp, ce roman est tout aussi étonnant et bien parti pour être régulièrement relu et prêté. Son narrateur, William Francis Dean Abbott dit Billy, nous parle de ses erreurs d'aiguillage, de ses béguins plus ou moins avouables, et de son adolescence dans une petite ville du Vermont puis de sa vie adulte. Classique non ? Tout à fait, sauf que Billy aime les femmes (celles avec un vagin et celles avec un pénis) et les hommes, sans modération et sans monogamie. Sauf que Billy est né en 1942 (tiens comme l'auteur) des amours éphémères de sa mère et d'un homme bien plus jeune qu'elle qui prendra le large quand il fut surpris à embrasser « une autre personne ». Et que dans sa famille d'acteurs de théâtre amateurs, si les frontières du genre sont floues depuis au moins deux générations avant sa naissance, les non-dits et les jugements de valeur des « femmes Winthrop » règnent en maître. de son adolescence à l'aube de ses soixante-dix ans, Billy nous raconte ses amours et ses amitiés, et la façon dont le fait de grandir dans une petite ville puis dans un internat de garçon lui donnera pour toujours une farouche « intolérance à l'intolérance ». Il y raconte également l'évolution des différentes communautés qui ne sont pas encore LGBTQ(IA) tout au long d'une bonne partie du XXe siècle : de la période où cela se vivait plus ou moins caché dans la Nouvelle-Angleterre puritaine aux premiers États légalisant le mariage homosexuel en passant par la frénésie des années 60 et 70 vite suivies par l'apparition du SIDA et l'horreur des premiers morts de cette maladie. Notamment le personnage magnifique de Miss Frost, bibliothécaire trans de la ville après avoir été dans les années capitaine de l'équipe de lutte du pensionnat de garçons, est l'un des parcours les plus intéressants du livre. Comme souvent chez John Irving, même les antagonistes sont traités avec humanité et compassion. Si Billy, le protagoniste (et par extension l'auteur), ne s'embarrasse pas des termes corrects du XXIe siècle, car ceux-ci n'existaient pas à l'époque des faits ; le récit fait preuve d'un respect et d'un amour égal pour l'ensemble des personnages, même s'il les plonge souvent dans des situations grotesques ou cocasses (le coup de foudre suite à la lecture de Madame Bovary dans les toilettes d'un bateau de guerre en pleine tempête est épique). Que vous soyez homo, bi, hétéro ou rien de tout cela, cis ou trans, faites vous du bien et lisez ce livre. Vous en ressortirez apaisé, le sourire aux lèvres.


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Parce qu'elle nous avait manqué, on adore la magie romanesque retrouvée enfin par Maître Irving. Je crois avoir lu tous ses romans et nouvelles. Celui-ci a une place particulière, manifeste LGBT vibrant mais subtil bien avant l'heure. Hymne à Shakespeare et à la diversité sexuel Superbe galerie de portraits inoubliables. Belle, très belle histoire.
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Billy a quinze ans lorsque le récit de son histoire commence. Il voit bien qu'il n'est pas attiré par le même type de personne que ses camarades. La Nature s'est jouée des conventions et lui a attribué des goûts que la société réprouve, « le terrible fléau de la morale publique », comme il le lira plus tard dans le roman « La chambre de Giovanni » de James Baldwin.
Il y a pourtant Miss Frost, la bibliothécaire, femme à la quarantaine énigmatique avec sa poitrine prépubère et ses épaules carrées dont il est secrètement amoureux. Elle pourrait être la parade à ses déviances même si elle est une femme d'âge mur, et l'aider à réaliser sa vocation : devenir écrivain.
Son père a fui le foyer dès son plus jeune âge pour des raisons que seul un « honteux » secret de famille saurait justifier. le jeune Bill évolue dans une famille de théâtreux. Sa mère est souffleuse, pendant que son grand-père se travestit sur scène pour endosser les rôles des héroïnes des pièces qu'ils jouent.
John Irving narre avec toute l'humanité et la vraisemblance, les errances sentimentales et libidineuses d'un jeune homme.
Il est cet auteur dont la particularité est de commencer l'écriture de son manuscrit par la dernière phrase :
« Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! C'était ce qu'elle m'avait dit, et je ne l'avais jamais oublié. Faut-il s'étonner que je l'aie répété à mon tour au jeune Kittredge de toutes les certitudes, fils de mon ancien bourreau du coeur et amour interdit ? »
Phrase qui annonce bien toute la thématique de ce remarquable opus de l'oeuvre de cet auteur.
Architecte des mots, John Irving battit cette histoire comme une cathédrale dédiée à la souffrance morale et au calvaire intérieur que vivent bien des personnes égarées par le propre de leur nature tourmentée. Comme tout lieu saint, le roman-sanctuaire de John Irving invite au calme du recueillement, à la réflexion et à l'introspection. Au loin s'entendent les cris de ces païens, étrangers à cette scandaleuse religion, sans jamais troubler, perturber les convictions de ces âmes perdues pour la société impie et moralisatrice.
« A moi seul bien des personnages » est un roman qui, sans jamais tomber dans l'écueil du drame, avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance, transcende la notion de liberté individuelle. C'est un hymne au droit de chacun de disposer de sa vie comme bon lui semble et un camouflet aux hordes de hyènes « bien-pensantes », à cette couarde foule, cette meute de furies à la condamnation facile, cette horde d'individus sclérosés par leurs frustrations, cette ignorance mère de toutes les abjectes bêtises.
John Irving délivre un message de paix et d'apaisement face aux tensions qui agitent trop souvent une société qui ne tolère pas la cohabitation des différences.
La richesse d'une société comme d'une vie est dans sa diversité (dixit votre dévoué).
Traduction de Josée Kamoun et Olivier Grenot.
Editions du Seuil « Points », 590 pages.
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Une de mes plus fortes lectures de ces dernières années

#America publiait en 2019 un long entretien de John Irving #johnirving
L'occasion de parler de son avant-dernier roman « À moi seul bien des personnages » #inoneperson #amoiseulbiendespersonnages
Je tenais à parler de ce livre dans le cadre de @lemoisamericain, mais j'étais confrontée à un problème, le livre était à Paris, j'étais à Nice
Une synchronicité incroyable m'a apporté un exemplaire sur un plateau en argent dans la boîte à livres du village de Saint-Jeannet
A moi seul bien des personnages se déroule dans l'Amérique des années 50 à 2000, démarrant dans un campus presque universitaire dans le Vermont pour finir à New York
Outre le fait que ce livre a fait exploser certains verrous de mon histoire familiale, on y retrouve tous les sujets qui font de John Irving un des plus grands auteurs américains,, la littérature, la famille, le rôle du père, la société américaine, et surtout l'identité, le personnage principal est bisexuel, l'auteur va cependant bien plus loin que la classique quête d'identité et d'identité sexuelle, ce livre fait voler en éclats les barrières de nos esprits trop étriqués. Chacun.e n'est plus hetero-homo-trans mais une personne complexe aux multiples et riches facettes
A bien des égards la lecture de ce roman de vie m'a ouvert les yeux et emmène tellement loin qu'aucun retour n'est ensuite possible
Le livre est également un hymne au théâtre et au roman, avec un magnifique rôle pour une bibliothécaire très particulière
Enfin, j'y ai lu les pages les plus touchantes consacrées au sida depuis Hervé Guibert et ce n'est pas peu dire
Une lecture qui fait aller de l'avant et vous emportera loin, vous êtes prévenu(e)s
#johnirving #lemoisamericain #seuil #amoiseulbiendespersonnages #bookstagram #bookaddict #bookaholic #livrestagram #thaelboost
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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J'ai trouvé ce roman bouleversant de pertinence et de bienveillance. La première partie du roman pourra peut-être paraître longue à certains. Bill, en plein bouillonnement hormonal se débat avec la découverte de ses attirances et fantasmes multiples. Mais comment parler de l'adolescence correctement sans s'attarder sur cette période charnière où l'on a l'impression d'être une balle de tennis dans un match qui opposerait l'appartenance à une norme et l'affirmation de sa singularité?
Toutes les questions qu'un adolescent peut avoir en tête à propos de son éveil sexuel ne sont déjà pas simples quand il est un hétéro cisgenre attiré par des jeunes de son âge, mais Bill, lui, peut aussi bien être attiré par la star de l'équipe de lutte du lycée, que par son propre beau-père ou encore une bibliothécaire d'âge mûr.
Après l'étape de le réaliser, vient celle de l'intégrer, d'en parler, de le révéler au grand jour et bien sûr de vivre cette vie, sa vie et non une pièce de théâtre écrite pour un autre.
Car le théâtre, comme la littérature, sont parties prenantes de ce roman et mènent à l'épanouissement. Non seulement celui de Bill, mais celui de bien d'autres personnages. Car si il est question de sa bisexualité, il est aussi question de bien d'autres subtilités sur le genre et la galerie de personnages qui les incarnent est des plus attachante.
Par ce prisme multiple et varié en âges, il est permis à l'auteur d'aborder l'évolution des moeurs quant aux questions LGBT, mais également les barrières et les stratagèmes mis en place par chacun pour se faire une place dans une société pas toujours des plus accueillantes envers la différence.
Au milieu de cette tourmente, déboule une tempête tout aussi dévastatrice : le virus du SIDA fait son apparition et n'épargnera personne, pas même (et peut-être surtout pas) les survivants.
Je ne m'en étonne plus, parce que John Irving a très souvent cet effet là sur moi, je referme ce livre le coeur lourd et l'âme habitée par des personnages dont j'aimerai que chacun soit le héro de son propre roman tant ils sont flamboyants.
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Un magnifique roman sur l'altérité. Quel personnage cette Miss Frost ! Et Al, dont le prénom commence justement comme altérité, comme alternative aussi. Ils m'ont beaucoup touchée. Des lutteurs nés ! le ring, la lutte. C'est du Irving. Il aime. J'aime.

C'est un très beau roman tant par l'écriture (drôle, un humour bien nécessaire pour tenir face aux éléments, aux événements aussi) que dans sa construction, subtile (une fausse linéarité de la vie qu'Irving met en lumière par petites larmes).

J'ai repensé à Thomas Andrieu (Arrête avec tes mensonges) à l'occasion de cette lecture. « On pourrait dire que c'est une histoire où le refus de s'assumer tue » comme si rien ne change où que l'on soit.

Et puis je me suis légèrement agacée en lisant les lettres L. G. B. T. ... Et Q qui s'y ajoute plus tard. Q « en questionnement »... Non pas que le Q me questionne mais je milite pour l'absence de case. Comme le dit si bien Irving « Je vous prierai de ne pas me coller d'étiquette. » Pourquoi faut-il créer des cases pour être ? J'ai du mal à l'admettre. Je le comprends pourtant. Alors je serai contente le jour où cette petite chenille de lettres aura bien grossi. Qu'elle grossisse encore et encore afin qu'elle adopte les vingt et unes lettres restantes de l'alphabet pour que le monde soit un, en paix. On parle de sexualité entre adultes consentants quand même, ce serait bien si on parlait aussi comme des grands. Oui je suis aussi une intolérante de l'intolérance, nobody's perfect.

Enfin je dis ça, mais « ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! »

Stéphane, je te remercie pour ce magnifique et très émouvant cadeau. J'ai mis du temps à le lire. Désolée. Tu sais que si je lis un jour Shakespeare, ce sera grâce à toi ! Ces répétitions m'ont donnée goût. Peut-être pas Ibsen. Quoi que...

Au fait... « Et le canard, qu'est-ce qu'il devient ? »
Parce que c'est aussi un roman d'amitié, hein ? :)
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Depuis ma découverte d'Irving à travers "le monde selon Garp", je suis restée une grande admiratrice de son talent d'écrivain.
Voilà un homme qui aborde des sujets difficiles avec à la fois gravité et humour. Au fur et à mesure de ma lecture de "A moi seul bien des personnages", je suis souvent passée du sourire à la tristesse, voire aux larmes, en passant par la compassion ou la colère, pour revenir ensuite à la dérision et la rigolade.
Ce roman, raconté à la première personne, est l'histoire d'un homme bisexuel. ça commence dans les années 50, dans un village improbable du Vermont. Improbable parce que la concentration de personnes à la sexualité contrariée ou "exotique" au mètre carré, laisse rêveur :)
Toujours est-il qu'il est question au long de ces 590 pages de désir, de secret, de solitude, de sexe, et d'amour... et de Shakespeare (presque à chaque page ! :) )
L'évocation de l'épidémie de sida dans les années 80 m'a donné le frisson. Je me demande si on peut comprendre cette horrible période sans l'avoir connue.
Je reste décidément une inconditionnelle de John Irving !
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