«Je vais vous révéler un secret, j'ai été enfant moi aussi, et tout autant que vous je m'en allais à l'autre extrémité du globe, de l'univers, et je me réchauffais au feu des étoiles, tout en rentrant chez moi, chargé de livres et de cahiers, après les heures assommantes d'école.»
En lisant ce genre de résumé, on s'attend à un récit de voyage.. on s'attend à ce que l'auteur nous entraîne dans son enfance comme ce qui semble être son intention initiale. On s'attend à ce que, sous forme d'une balade dans le temps, il nous présente ses copains d'école avec qui il faisait les quatre cents coups, on voudrait, comme lui, se souvenir d'un grand-père barbu qui sent toujours le tabac mais qui raconte formidablement bien les histoires,on voudrait aussi se rappeler , de la couleur et des motifs quitchs des rideaux du salon de gran-mère,.. on s'attend à un récit drôle qui nous ferait nous-même retomber en enfance. Aaah. Et non.
L'enfance est un rêve d'enfance, c'est euh.. autre chose. le narrateur, avec ses deux amis Corentin et Gabriel, se lance dans une quête à travers la France, quête dont le but est de rencontrer le Général Charles de Gaulle, assez idéalisé dans le livre. En fait, l'ensemble de l'ouvrage est une sorte de récit dans le récit, dans lequel on retrouve les souvenirs de l'auteur enfant, remaniés et romancés par l'auteur adulte...(je ne suis pas sûre d'être claire dans ce que j'écris, mais le processus du livre en lui-même ne l'est pas. En tout cas pour moi.) On passe d'anecdote en anecdote, sans vraiment savoir où l'auteur veut en venir.. On croise des personnages, sans qu'on ne sache vraiment pourquoi ils sont là ni qui ils sont...
Personnellement, je n'ai absolument rien compris à ce livre. Je me suis retrouvée trimballée (et ce n'est pas un mot choisi au hasard!) de scène en scène, avec différents personnages, différentes incarnations du Général, avec une impression de passer du coq à l'âne à chaque fois. Dès que j'arrêtais ma lecture, j'en perdais le fil et étais obligée de la reprendre deux ou trois pages avant, ayant la sensation d'avoir râté un épisode.
Vraiment, si l'envie vous vient de lire ce livre, faites, et revenez m'expliquer son intérêt. Je suis perplexement dubitative.
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Le Général était triste. Les larmes perlaient aux coins de ses paupières. Il allait droit devant lui, sa tête perchée en haut de son corps immense heurtant parfois les lampes des réverbères.
Les plus matinaux commençaient à sortir des immeubles, leurs visages semblaient avoir été modelés par un sculpteur qui à force d’aigreur aurait pris en grippe l’esthétique. Les yeux étaient plantés dans les pommettes, la bouche flottait sous le menton, le nez se descellait sans cesse comme une pièce rapportée, et ils étaient obligés de le ramasser quand il tombait dans le caniveau.
De Gaulle se demandait pourquoi ils étaient à ce point abîmés, alors que les bambocheurs qu’il avait vus tout à l’heure conservaient au moins l’apparence humaine. Il traversait les places, longeait les avenues, fendant une foule de plus en plus dense d’individus de plus en plus laids, certains traînant leur tête derrière eux comme un boulet, d’autres courant après leur conscience matérialisée par un nuage gris, des nounous innommables traînant dans des poussettes des rejetons liquides au regard exorbité qui surnageaient comme des croûtons.
La foule se faisait poisseuse, visqueuse, le Général luttait en vain pour s’en extraire, on l’escaladait comme un arbre, les uns se penchant sur ses épaules, sa tête portant le poids des autres. Il avançait, mastodonte chargé de la descendance infâme de ces innocents qu’il avait arrachés au bain de lave, planète douloureuse, honteuse, noire de se sentir coupable, car il se reprochait de les avoir négligés pour s’occuper du monde et l’arracher à l’obscurantisme, à la cruauté inhérente à l’état de nature, le trimballant de révolutions en guerres mondiales avec l’abnégation d’un père, d’un Christ, l’opiniâtreté d’un raisonnement mathématique qui va jusqu’au bout de sa démonstration, refusant malgré les écueils de se faire dictateur, axiome imposé aux peuples comme un pronunciamiento.
Alors que je voyage sans doute en plein dans mon enfance, éternelle comme une matinée de juillet, si claire, si éclatante, qu'aucune après-midi, aucune nuit ne la suivra jamais. Le temps est bon pour les fous, les montres, les paléontologues, le temps est pédant comme un lévrier afghan, imaginaire comme un souci, je n'y crois pas davantage qu'aux sourires qui s'étiolent, aux caresses qui s'envolent, aux baisers qui s'enfuient comme des voleurs pour échapper à la lueur de l'aube, aux étreintes ankylosées des corps aux désirs depuis longtemps évaporés, à l'amour fugace, incertain, apparu l'espace de l'instant où il a disparu.
Je serai toujours là-bas, l'enfance est un lieu, ce n'est pas une époque.
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.