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EAN : 9791096373321
232 pages
La Déviation (15/04/2021)
4/5   6 notes
Résumé :
"Un grand écrivain ne peut refuser ce service à un petit écrivain. Lui fournir la matière d'un livre, devenir son personnage principal". C'est ainsi que Denis Langlois, depuis le Liban, justifie son dialogue avec Gérard de Nerval. Un dialogue à sens unique mais en toute franchise, entre collègues. Le tutoiement est de rigueur. Langlois relit pour nous le "Voyage en Orient" et le commente avec son auteur pour le féliciter ou manifester son agacement.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je l'avoue pour commencer : je n'avais jusqu'ici pas de sympathie particulière pour Gérard de Nerval.
Mis à part ses fameux vers –« Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé / le prince d'Aquitaine à la tour abolie/ Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé / Porte le soleil noir de la Mélancolie» j'étais en peine de citer l'un des titres de ses écrits les plus connus. Je me souvenais juste qu'il avait traduit Faust et qu'il était contemporain De Balzac et de Victor Hugo, de Théophile Gautier, et d'Alexandre Dumas.

Mais je ne savais pas particulièrement qu'il avait été voyagé au Liban.
Grâce à Denis Langlois, on va tout savoir sur ce voyage « en Orient », dans un pays que l'auteur connaît lui-même parfaitement - il faut relire son très bon roman "Le déplacé" que j'avais chroniqué aussi.

L'écrivain d'aujourd'hui a trouvé une forme originale pour parler de l'écrivain d'hier : il s'adresse à lui directement et d'emblée il le tutoie. Sans aucune flagornerie. Bien au contraire : le grand poète est démasqué à chaque fois qu'il travestit la réalité (« Hypocrite ! Imposteur ! Comme si tu ne le savais pas, cela fait huit ans que tu es rentré ! ») : Celle d'un Liban de pacotilles que Denis Langlois n'a pas de mal à débusquer – à l'image de ce récit haut en couleur (un pseudo combat contre des Druzes) qui ne s'est sans doute jamais déroulé comme décrit par le poète. Pour tous ceux qui vénèrent Gérard de Nerval, attention, le risque est important de le voir tomber de son piédestal.

On comprend dès les premiers chapitres que le poète souffre de troubles psychologiques et qu'il a besoin de soins réguliers. Pourtant, quand l'occasion se présente, et grâce au fonds de son ami Fonfride, le « Voyage en Orient » - ce sera le titre de son récit à son retour publié en 1851 - dont tous les Européens rêvent est à portée de main. Nous sommes en 1843 et nous allons suivre le poète dans son voyage, déchiffré par Denis Langlois.
Ce voyage commence par l'Egypte où nous découvrons les démêlées du poète au Caire : il doit absolument être marié, sous peine d'être condamné à quitter son logement.
Fort heureusement il va découvrir la belle Zeynab, une esclave rebelle et susceptible, qu'il va devoir emmener avec lui au Liban, où il découvrira la religion des Druzes à laquelle elle appartient. Et surtout la belle Salema, dont le père, un cheik druze, est emprisonné. Qu'à cela ne tienne : le poète va s'occuper de faire libérer le père … pour mieux demander la main de sa fille.
Lequel père aura une parole très juste : « Si tu as voulu rendre service, tu n'as fait que ton devoir. Si tu y avais intérêt, pourquoi te remercierais-je ? »
Et donc, alors que le mariage est en bonne voie, la date fixée, et le poète en pleine étude de la religion druze : « Je tourne la page 559. Surprise, le chapitre est fini. le suivant s'intitule Epilogue, il est situé à Constantinople. Tu as donc quitté le Liban. » Une pseudo fièvre invoquée comme excuse pour quitter le Liban, qui suscite l'ironie de l'auteur Denis Langlois : « Pauvre Nerval, quelle minable explication indigne de toi ! Quelle justification de faux jeton ! »

Dans la seconde partie du livre, on va suivre le poète qui poursuit son voyage en Turquie, puis Naples, Livourne, Gênes, et Marseille puisque le poète revient en France en 1844, avec de fréquents allers et retours en clinique, allant jusqu'à s'enfermer lui-même parfois. Avec ce verdict posé par l'auteur : »Tu te trompes, Nerval. En fait, tu es perdu. C'est un mal insidieux dans tes bagages. On ne se remet jamais d'un voyage en Orient et encore moins d'une plongée dans la religion druze. »

La dernière partie du livre verra le poète errer dans Paris, retrouver la belle pianiste Marie Pleyel dont il est toujours amoureux mais sans espoir pour lui, et publier beaucoup.
Comme Nerval est connu pour ses mensonges, personne ne peut croire par exemple que Goethe ait dit du bien de sa traduction de Faust. Et cela lui vaut un esclandre avec Théophile Gautier, qu'il menace d'un couteau, ce qui heureusement ne se finira pas en accident mortel.

L'intérêt du livre tient à l'adresse d'un écrivain à un autre, par delà les 150 ans qui les séparent. Les comparaisons sont intéressantes, comme celle où l'auteur commente le propos du poète « il vaut mieux croire à une folie que ne rien croire du tout » : lui aussi, un siècle et demi plus tard, a couru après des utopies.

L'écriture est fluide, c'est agréable à lire, et ce tutoiement proposé par l'auteur en direction du poète nous le rend très vivant. Mais sincèrement le 19ème siècle n'est pas ma tasse de thé.
Le récit se terminera sur une scène datant du 2 mai 2020, où Denis Langlois se rend au Cimetière du Père-Lachaise pour voir la tombe de Gérard de Nerval. Déception : tout est terni, noirci – seule la présence d'un homard en plastique, « clin d'oeil à l'une de tes excentricités supposées » - peut nous faire sourire.
Face à cette tombe dégarnie, une autre tombe avec un buste altier : celui d'Honoré de Balzac. Tout un symbole : l'histoire littéraire du 19ème a surtout retenu l'auteur de « la Comédie humaine », au détriment de cette figure majeure du romantisme français que fut Gérard de Nerval et il n'est pas sur qu'elle n'ait pas eu raison.

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C'est un voyage effectué à titre personnel sans escorte militaire contrairement à d'autres artistes de la même époque attirés par l'Orient (au sens large), plus ottoman que libanais, que Nerval entreprend entre 1843 et 1844. Il conditionnait pour lui le recouvrement de sa santé, du moins l'espérait-il, après un séjour de plusieurs mois dans la clinique du docteur Blanche où il avait aussi appris la mort du grand amour de sa vie (l'actrice Jenny Colon/Leplus). Les graves troubles surgis au cours de l'année 1841 qui l'avaient mené chez l'aliéniste sont chroniqués au début du livre de D. Langlois. Son mal mis entre parenthèses voilà Nerval libéré qui embarque à la fin de 1843 à destination d'Alexandrie avec un coéquipier plus fortuné (Joseph de Fonfride). Voyage d'Orient promu par le Romantisme, réservé à quelques privilégiés, souvent fantasmé, testé par d'illustres prédécesseurs (Chateaubriand, Lamartine) et très en vogue au XIXe siècle comme rappelé en cours de lecture par Langlois. L'Orient berceau des grandes religions universelles et divinités chères au coeur De Nerval et pour lui lieu de renaissance symbolique et littéraire. Son orient formé de tous les écrits dont il s'est imprégné est pour part rêvé, il sera largement reconstruit, réinventé par un projet littéraire qui voit le jour huit ans après son retour ce qui constitue sa singularité. Un Voyage d'Orient qui a pris son temps en quelque sorte. Rapport au temps dans la création De Nerval qui suggéré n'est pas le sujet ici. Ce Voyage de Nerval est d'abord la lecture personnelle de Langlois en version poche partagée en style direct et familier prenant trop souvent et de manière trop appuyée la forme d'une apostrophe énervée à l'égard De Nerval.

Lecture effectuée à un moment de sa carrière où lui-même en panne d'inspiration se trouve au Liban cent-cinquante ans après le poète, pays ravagé par quinze ans de guerre et toujours aussi secret que celui visité par Nerval. D. Langlois rapporte dans un premier temps les circonstances, étapes et péripéties colorées qui émaillent le récit nervalien révélant les sources qui guidèrent le poète (ses lectures en particulier, « piratages » selon Langlois), puis s'arrête ensuite sur le retour du voyage et les conditions qui firent naître le livre jusqu'à sa publication en deux temps, longtemps différée, d'abord en feuilleton dans la Revue des deux Mondes puis en volumes après recomposition par Nerval pour l'édition définitive (Charpentier, 1851). L'Egypte, d'Alexandrie au Caire où il séjourne quatre mois avec remontée et descente du Nil, un crochet par Beyrouth et un séjour de trois mois à Constantinople : autant de destinations prometteuses de sensations pour des lecteurs que Nerval fit bien attendre. Il leur offrait par son voyage une vision contemporaine et cosmopolite documentant des villes où il séjournait (Le Caire en particulier), leurs habitants et leurs moeurs et rendait compte d'une mosaïque de territoires et populations où se mêlaient juifs, Egyptiens, Grecs, Arméniens, musulmans, Turcs, chrétiens maronites et druzes ne renonçant pas pour autant à l'agrément du récit (chasse au faucon ou expédition punitive maronite dans les montagnes libanaises, nuits arabo-byzantines de la capitale ottomane) ou à faire resurgir de vieilles légendes (celle du calife Hakem). Plus de neuf cents pages où l'écrivain narrateur déploie un talent polyvalent occulté par Langlois qui peine à guider sur le chemin d'une inspiration plus singulière et mystérieusement nervalienne.

Pauvre Gérard ! En vrac il lui est reproché d'utiliser un précédent voyage en Autriche et en Suisse pour introduire celui-là, de faire attendre cent quarante pages pour atteindre l'Orient et évoquer les premières « péripéties » égyptiennes ; de "piquer" une fausse visite aux Pyramides à l'abbé Terrasson ; D. Langlois qui égrène mensonges, anglophobie, emprunts (H. Vernet, Serieys, Lane), arrangements, « salades » et préjugés et s'offense d'une mise en scène littéraire (cocasse si on y lit de la dérision de la part De Nerval) déguisant une réalité sinistre : l'achat par Nerval d'une esclave javanaise (par Fonfride en réalité qui disparaît du récit), la jeune Zeynab, au marché du Caire censé le mettre en conformité avec les bonnes moeurs locales, réjouissante Zeynab qui lui en fait voir ensuite de toutes les couleurs (Chapitre 2). Nerval qui reprend ensuite la mer à Damiette sur un bateau grec et Zeynab qui fait à nouveau des siennes, sa quarantaine devant le port de Beyrouth qui lui permet d'entamer la lecture de L'exposé sur la religion des Druzes de Sylvestre de Sacy recommandée par la libraire du Caire Mme Bonhomme pendant que Zeynab fait trempette du bout des pieds. Après leur installation chez des hôtes maronites il la confie à une institution française de Beyrouth et rencontre enfin la princesse Druze Salema de son coeur dont le père en délicatesse avec les autorités locales l'initie à la religion des Druzes. Mais le poète tombe malade et les fiançailles à l'eau... Il file à Constantinople ! La lecture est expédiée, les épisodes rapportés ramenés à un niveau anecdotique. Au retour d'Orient l'antimilitariste Langlois reproche l'allocation obtenue du maréchal Vaillant (futur ministre de la guerre du second empire) alors que Nerval est hospitalisé sans ressources (p. 180) et le soixante-huitard se mesure avec satisfaction au quarante-huitard trop tiède que reste à ses yeux l'écrivain.

Bon, Nerval qui trouve pourtant grâce aux yeux de Saïd a t'il cédé à l'orientalisme ambiant et faut-il s'indigner de procédés d'appropriation littéraire courants dans son milieu quand le droit de la propriété intellectuelle tel qu'on le connait aujourd'hui n'existe pas ? On peut y réfléchir en se plongeant dans son Voyage (car Nerval comme Fromentin en Algérie méritent la lecture), ou rester avec Langlois qui lui semble avoir tranché et ne réussit pas vraiment à rendre compte de la manière dont le temps a oeuvré pour transformer les souvenirs de voyage en récit ni des détours empruntés par la création nervalienne, entre réel et imaginaire. le retour d'Orient nouveau départ pour Nerval est bien documenté ouvrant une phase très féconde dans les dernières années de sa vie. Période de reconnaissance par ses pairs où coexistent jusqu'au jour de son suicide des moments intenses de création solitaire ou partagée (théâtrale, poétique, romanesque) et des épisodes de rechutes de ses troubles psychiques, au milieu desquels prend place la reconstitution du Voyage et sa publication en épisodes et en livre. Ce Voyage où s'enchevêtrent les années, se superposent les souvenirs, s'entrecroisent la quête mystique et amoureuse, recommencé entre lucidité et crises de folies, est peut-être d'autant mieux réinventé qu'il avait été différé par celui à qui Jules Janin avait depuis longtemps taillé un costume d'illuminé. D. Langlois perd son temps à savonner Nerval, il intéresse davantage quand sa lecture s'emploie plus subtilement à suivre l'étoile orientale De Nerval en Orient : Jenny, lors d'apparitions successives ou sous incarnations diverses au gré des morceaux relus du Voyage (Mme Bonhomme à la librairie française du Caire, la princesse Salema à Beyrouth, ou Marie Pleyel au retour en France). La vision quasi mystique de l'amour de Nerval l'a-elle poursuivi dans le Chouf ?

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Alors en voyage au Liban et venant tout juste de finir un livre, Denis Langlois se trouve désoeuvré. Il cherche un sujet pour un autre livre. C'est alors qu'il repense au Voyage en Orient de Gérard de Nerval et notamment son séjour en 1843 au Liban. Pas le même évidemment, des guerres et des reconstructions l'ont totalement changé. Mais Denis Langlois et Nerval sont sur les mêmes terres. Ce sera donc son nouveau sujet : une relecture du livre De Nerval.

Le gros livre De Nerval c'est Voyage en Orient, que je n'ai pas lu, ce qui ne m'a pas empêché de lire celui de Denis Langlois et de l'apprécier. Ce qui marque dès le début, c'est le tutoiement qu'adopte Denis Langlois et cette façon à la fois familière et respectueuse d'interpeller son sujet. Il ne le ménage pas, lui rappelle ses plagiats : "Le lu et le vécu se mélangent dans ta tête et dans tes pages. Impossible de les démêler. Aujourd'hui, on t'accuserait de contrefaçon, on te traînerait devant les tribunaux. A l'époque, cela se fait couramment. On pique sans vergogne chez son voisin en s'arrangeant pour qu'il ne soit pas trop connu. Il n'empêche que tu es un spécialiste de la fauche, et cela me reste en travers de la gorge. L'auteur de Sylvie plagiaire !" (p.31) L'admiration est toujours là d'où la déception d'autant plus grande.

Une grosse partie du livre de Denis Langlois est consacrée à la relecture de celui De Nerval et la suite concerne le retour en France et les dernières années de sa vie : les crises, les écrits diversement appréciés jusqu'au suicide. Une biographie des dernières années de Gérard de Nerval originale et très intéressante. Enrichissante et bien écrite, il n'est point besoin de connaître les écrits De Nerval pour la lire, c'est mieux de savoir un peu qui il était quand même. Et peut-être même de le (re)lire. Oui, voilà, c'est une bonne idée.
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Mon cher Denis,

Je viens de remarquer la fissure sur la tombe du pendu. J'ai donc suivi cette balade au XIXe siècle, au romantisme finissant.

Foucault a dit : "le romantisme, c'est la folie qui retrouve sa voix". Peut-être qu'avec la disparition De Nerval, cette voix s'éteint, frappée du tabou pour se réveiller sous les plumes surréalistes.

Le voyage en Orient donc, je tiens à te dire que je ne l'aie pas lu, et suite à la lecture de ton livre, ça ne m'attire pas outre mesure. Dans la première partie, orientale donc, Gérard ne gagne pas particulièrement à être connu, c'est le moins que l'on puisse dire.
Menteur, plagiaire, acheteur d'esclave, rétrograde à certains égards, lâche?
On est face à un orientalisme cliché et navrant, qu'en a-dit Delacroix?
Aucune fulgurance mais du rance (pas terrible pour un grand poète).
D'abord circonspect quant à l'exercice consistant à commenter une relation de voyage, d'autant que les citations désincarnent un peu le récit, je trouve que tu portraites bien l'aspect plus ou moins pathétique de ces voyages orientaux et de ces plumes condescendantes.
Le retour à Paris, et donc la deuxième partie du livre, nous offre un Nerval plus fragile, proche de la folie mais attachant. Tu lui apportes de la consistance en le décrivant toi, de l'épaisseur d'âme. On a l'impression d'un albatros aux ailes trop grandes pour lui, coucou Charlie, mais dans son cas, ce sont ses émotions qui sont trop grandes, il ne sait qu'en faire.
Le Paris que tu nous dépeins Denis est convainquant et il est plaisant de battre le pavé avec Gérard et de s'arrêter de temps en temps essuyer un verre ou plus dans les estaminets du milieu du XIXe.
Un malchanceux Nerval, mais un malchanceux professionnel.
Au final, la folie ne lui volera pas sa mort. Ou la migration de son âme.
Salut Denis.
Pausole.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un autre poème est, lui, prémonitoire (Il te vaudra en 2019 un regain de popularité). Tu y envisages rien moins que la ruine de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pas à la suite d’un incendie, mais sous l’assaut du temps.

"Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître :
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tiendra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !"
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Un soir, tu entends du vacarme dans la cour. Un grand évènement. Tout le monde parle avec inquiétude des « évènements » : les moines descendus de leurs couvents, les paysans qui ont délaissé leurs champs, les gardes du cheik. Des Druzes sont venus en nombre de leurs provinces et assiègent les villages mixtes désarmés par ordre du pacha de Beyrouth. C’est un devoir sacré pour les chrétiens d (‘aller porter secours à leurs frères sans défense. Les montagnards armés se pressent impatiemment dans les prairies autour du château. Des cavaliers parcourent les villages en jetant le vieux cri de guerre « Zèle de Dieu ! Zèle des combats ! »
Le cheik te prend à part.
- Je ne vois pas exactement ce qui se passe. Les rapports qu’on nous a fait sont peut-être exagérés, ce ne serait pas la première fois, mais nous sommes obligés de nous tenir prêts à soutenir nos frères. Les secours du pacha arrivent toujours trop tard. Vous êtes bien, quant à vous, de vous mettre à l’abri au couvent d’Aintoura ou de regagner Beyrouth
- Non, lui réponds-tu, laissez-moi vous accompagner. J’ai eu le malheur de naître à une époque peu guerrière, je n’ai pas encore vu de véritables combats. Seulement des batailles des rues. Que je puisse assister, dans ma vie, à une lutte un peu grandiose, à une guerre religieuse ! Il serait si beau de mourir pour la cause que vous défendez !
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Pourquoi t'être rendu dans cette région ? Le voyage en Orient était à la mode chez les écrivains, le goût de l'exotisme et de l'aventure, la recherche d'une nouvelle inspiration. Lamartine t'avait précédé, Flaubert allait te succéder. On s'embarquait sur un paquebot, on franchissait le détroit de Messine, on faisait escale à Malte, en Grèce, à Chypre. Maintenant c'est la porte d'à-côté. Un coup d'avion et on se retrouve sur l'aéroport de Beyrouth. Quant au dépaysement, il faut aller le chercher ailleurs. A part quelques maisons traditionnelles, les villes ont été rebâties à l'européenne. On mange des burgers chez Mac Donald, les Mercedes ont remplacé les chameaux. (p. 11)
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Le lu et le vécu se mélangent dans ta tête et dans tes pages. Impossible de les démêler. Aujourd'hui, on t'accuserait de contrefaçon, on te traînerait devant les tribunaux. À l'époque cela se fait couramment. On pique sans vergogne chez son voisin en s'arrangeant pour qu'il ne soit pas trop connu. Il n'empêche que tu es un spécialiste de la fauche, et cela me reste en travers de la gorge. L'auteur de Sylvie plagiaire ! (p. 31)
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Vidéo de Denis Langlois
Interview de Denis Langlois, ancien avocat de la famille Seznec. Il parle de son livre intitulée "Pour en finir avec l'affaire Seznec". Tébéo.
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