AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Clarisse Francillon (Traducteur)
EAN : 9782070382774
448 pages
Gallimard (19/09/1990)
3.12/5   13 notes
Résumé :
Ethan et Jacqueline viennent de perdre leur maison sur la côte canadienne...

Absolument rien que cendres. Moins les ravages d'un incendie que d'un maléfice absorbant tout : maison, jardin, même une partie du verger avaient disparu, soufflés ou grillés, disparu dans ce vaste cataclysme infernal, cette bibli-catastrophe...Toujours debout, pétrifiés, prunelles écarquillées, contemplant la maison là où ne se trouvait plus nulle maison, contemplant l'intér... >Voir plus
Que lire après En route vers l'île de GabriolaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Première rencontre avec l'univers de Malcolm Lowry, mondialement connu pour son roman « Au-dessus du volcan ». Et pari assez risqué d'approcher cet auteur avec ce roman beaucoup moins connu, et qui plus est publié à titre posthume. D'où la question de la légitimité de ce roman, car rien ne nous dit que Lowry aurait été d'accord avec sa publication …

Un couple décide de rejoindre l'île de Gabriola, un petit coin de terre coincé entre l'ile de Vancouver et le continent américain, pour s'y installer après l'incendie de la maison familiale et sauver ainsi les meubles d'une relation amoureuse qui part à vau-l'eau … Maison entièrement consumée par le feu (dont l'origine est inexpliquée ...) comme métaphore de leur couple et voyage vers Gabriola interprété comme la recherche désespérée d'un endroit à habiter, où l'on se sentirait chez soi, où l'on se reconstruirait à l'abri du monde et de sa course folle, où l'on pourrait enfin connaitre un peu de répit.
Lui, magistrat à la base, rentre d'Europe où il a été confronté à l'impuissance de sa mission dans un continent qui panse ses plaies et essaie de se relever de la Deuxième Guerre mondiale. Elle, dont la mère s'est suicidée peu après sa naissance, est en plein questionnement sur son rôle de mère. Ouais, c'est pas joyeux joyeux, tout ça … Et pour ajouter encore une couche, tous deux noient leur chagrin, leur frustration, leur malaise dans l'alcool.

Peu à peu, au fil de la route vers l'île, les obsessions de l'homme se révèlent et minent ses belles résolutions : sentiment de culpabilité dans le suicide d'un condisciple, sentiment d'inefficacité dans la défense d'un jeune garçon accusé de viol, sentiment de persécution. Tout s'embrouille dans la tête du personnage, et dans celle du lecteur …
Car oui on se perd assez vite, on ne sait plus où on est ni quand on est … le récit est fait de longs flashbacks, d'épisodes emmêlés, de digressions interminables et d'étalage gratuit et prétentieux (à mon humble avis) d'érudition. La lecture est très laborieuse, je dois bien l'avouer. Difficile de trouver du plaisir à parcourir ces longues phrases lourdes et tordues, tantôt teintés de néologismes inventés par Lowry, tantôt imbibés de locutions latines utilisées dans le jargon juridique, …

Et puis, tout à coup, de façon assez inattendue, alors que je sentais mes paupières s‘alourdir, surgit la vision fantasmagorique d'une raffinerie de pétrole en pleine nuit. Episode de délire éthylique pour Malcolm, peut-être.

Bon trois quatre pages de génie sur un livre de 450 pages, ce n'est pas grand-chose… Mais suffisant pour me donner envie de découvrir « Au-dessus du volcan », en espérant y trouver des passages de cette trempe.
Commenter  J’apprécie          151

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une bande de terre à deux milles de distance, d’un mille de longueur, voilà ce que leur présentait cette autre rive dont la raffinerie leur figurait l’idéogramme, comme celui de l’activité nouvelle qui s’y déployait. D’abord la raffinerie fonctionna seule, puis elle se développa en une petite cité pourvue depuis peu d’un nom sur la carte, Shellco, à l’aspect merveilleusement innocent. Tranquille, discrète, intégrée au paysage, entité esthétique, elle excitait même, chez Jacqueline, des accès de lyrisme. Ses cornues d’aluminium cylindriques, ses minces cheminées pareilles à des tuyaux d’orgue scintillaient contre le vert de l’herbe. « Féerique cité de l’aube, métal rosé par une buée supraterrestre … ».
[…] Mais maintenant […] Shellco et toute la rive d’en face, où clignotaient des feux inhabituels, magenta, démoniaques, semblaient avoir subi de brusques métamorphoses. Enfuies d’un seul coup l’innocente petite constellation, les lumières paisibles à fleur d’eau. Quelques soirs auparavant, des flammes jaillies d’un brûleur à résidus, sur la pente, retombées en fontaine, leur avaient fait croire à un incendie spontané, puis éteint. Mais cette nuit-là, ce même brûleur, aussi effilé qu’une épée, réapparut, dix fois plus élevé et plus féroce, répandant une maléfique, blême clarté coruscante sur toute la raffinerie, chacun de ses réservoirs reflétant les flammèches en une infernale brillance dégradée, chacun à son tour renvoyant à l’eau noire ces reflets ondulés, et si une risée plissait la surface, ils tremblotaient avec l’image lumineuse, projetée directement par la violente torche elle-même, frénétiques reflets et reflets reflétés, frémissant, se contorsionnant, se tire-bouchonnant à l’unisson et diminuendo, comme des barres de fer chauffées au rouge dans le cauchemar d’un soutier. Ces lumineuses digladiations fusaient au milieu du sinistre silence, en réalité vacarme somptueux, démentiel, et les rugissements, les halètements du brûleur se mêlaient à un raclement de chaines de géants, peut-être issu de derrière les réservoirs, à un fracas de machinerie, à demi noyé dans le fort lamento des énormes scies de lointaines scieries invisibles au Nord-Ouest. Tandis qu’ils regardaient, écoutaient, de grandes lettres capitales, d’une criarde teinte cerise, s’allumèrent, mais on avait dû omettre l’initiale S, car le mot HELL, enfer, se détacha contre le talus herbeux.
Commenter  J’apprécie          80
Un homme seul résiste-t-il au besoin de contempler son reflet en train de boire, malgré l’horreur qui en découle ? Un immense miroir fêlé suspendu au mur créait de temps en temps l’illusion qu’en cette taverne chacun dialoguait avec soi, et peut-être en était-il ainsi. Chose curieuse, même en de tels sombres lieux, et point à cause de leur latente menace, il était toujours demeuré à demi conscient de son isolement, enclin à voir les gens en groupes, agrégés les uns aux autres et l’excluant.
Commenter  J’apprécie          70
L’étrange exaltation qui, au moment où Ethan quittait la bibliothèque, avait noyé en lui toute angoisse, cédait maintenant devant le retour en force de la peur. Une mer le submergeait, une immense houle de terreur primordiale – comme si de l’obsession même du feu germait l’image compensatrice, le symbole contraire de l’eau -, une vague déferlait sur lui, venue du lac en flammes de ses cauchemars. Puis cette sensation reflua, l’abandonnant, inerte, au titanesque ressac de la marée descendante.
Commenter  J’apprécie          50
L’homme commet l’erreur de croire partout illimitées les ressources de la vie, si prodigue d’elle-même, de croire que mort sans renaissance n’existe point. Velléités, méditations de mauvais augure. Sur qui jeter le blâme ?
Commenter  J’apprécie          110
Comment parler de ces impressions fugaces, reliées d’une manière vague mais certaine à un ordre mystérieux au-delà de cette vie, concernant néanmoins cette vie, mais trop subtiles pour s’articuler en clair ?
Commenter  J’apprécie          91

Videos de Malcolm Lowry (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Malcolm Lowry
Vidéo de Malcolm Lowry
autres livres classés : canadaVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

Au-dessous du volcan

Dans quelle ville se passe l'intrigue du roman ?

Oaxaca
Mexico
Quauhnahuac
Los Angeles

18 questions
19 lecteurs ont répondu
Thème : Au-dessous du volcan de Malcolm LowryCréer un quiz sur ce livre

{* *}