Première rencontre avec l'univers de
Malcolm Lowry, mondialement connu pour son roman « Au-dessus du volcan ». Et pari assez risqué d'approcher cet auteur avec ce roman beaucoup moins connu, et qui plus est publié à titre posthume. D'où la question de la légitimité de ce roman, car rien ne nous dit que Lowry aurait été d'accord avec sa publication …
Un couple décide de rejoindre l'île de Gabriola, un petit coin de terre coincé entre l'ile de Vancouver et le continent américain, pour s'y installer après l'incendie de la maison familiale et sauver ainsi les meubles d'une relation amoureuse qui part à vau-l'eau … Maison entièrement consumée par le feu (dont l'origine est inexpliquée ...) comme métaphore de leur couple et voyage vers Gabriola interprété comme la recherche désespérée d'un endroit à habiter, où l'on se sentirait chez soi, où l'on se reconstruirait à l'abri du monde et de sa course folle, où l'on pourrait enfin connaitre un peu de répit.
Lui, magistrat à la base, rentre d'Europe où il a été confronté à l'impuissance de sa mission dans un continent qui panse ses plaies et essaie de se relever de la Deuxième Guerre mondiale. Elle, dont la mère s'est suicidée peu après sa naissance, est en plein questionnement sur son rôle de mère. Ouais, c'est pas joyeux joyeux, tout ça … Et pour ajouter encore une couche, tous deux noient leur chagrin, leur frustration, leur malaise dans l'alcool.
Peu à peu, au fil de la route vers l'île, les obsessions de l'homme se révèlent et minent ses belles résolutions : sentiment de culpabilité dans le suicide d'un condisciple, sentiment d'inefficacité dans la défense d'un jeune garçon accusé de viol, sentiment de persécution. Tout s'embrouille dans la tête du personnage, et dans celle du lecteur …
Car oui on se perd assez vite, on ne sait plus où on est ni quand on est … le récit est fait de longs flashbacks, d'épisodes emmêlés, de digressions interminables et d'étalage gratuit et prétentieux (à mon humble avis) d'érudition. La lecture est très laborieuse, je dois bien l'avouer. Difficile de trouver du plaisir à parcourir ces longues phrases lourdes et tordues, tantôt teintés de néologismes inventés par Lowry, tantôt imbibés de locutions latines utilisées dans le jargon juridique, …
Et puis, tout à coup, de façon assez inattendue, alors que je sentais mes paupières s‘alourdir, surgit la vision fantasmagorique d'une raffinerie de pétrole en pleine nuit. Episode de délire éthylique pour Malcolm, peut-être.
Bon trois quatre pages de génie sur un livre de 450 pages, ce n'est pas grand-chose… Mais suffisant pour me donner envie de découvrir « Au-dessus du volcan », en espérant y trouver des passages de cette trempe.