Picaresque, poétique, inventif et complètement délirant, une espèce d'histoire déjantée de la colonisation de l'Algérie et de la Tunisie à travers quatre générations de femmes dont la première n'est rien moins que celle qui avait fabriqué le fatidique chasse-mouche du consul Duval ! Belles sages, savantes, avisées, calligraphes, accoucheuses et cuisinières (l'ouvrage est résolument féministe) elles sont séduites, enlevées, épousée, divorcées, bernées et admirées, dans une séries d'aventures endiablées, qui tiennent un peu de l'épopée ou d'un roman de capes et d'épées au féminin. Où l'on fait connaissance avec "La cité des femmes affranchies et autarciques de l'Est algérien" et ses cinquante-six femmes," la Confrérie des Algériens vigilants de Constantine", celle des "Frères vaillants et solitaires de la Rivière-Bleue" et celle des "Tunisiens offensifs du Nord-Ouest", avec les "Cavaliers bleus de la Colline-Rouge", les "Corsaires blancs du Cap Nègre", le "Cercle des poètes guerriers de Tabarka", "L'Auberge de la Tunisie qui se réjouit et regarde vers l'ouest" et avec les lieux dits La-source-de-l'aube, la Colline-Rouge, la Montagne-Blanche. Des meurtres, des expropriations, des errances, des naissances et des morts et encore des imams, des colons, des gendarmes, des obsédés, des traitres, que sais-je encore ? A vrai dire, même s'il n'y a pas de rupture de rythme, si l'on est entrainés à un train d'enfer d'épisode en épisode, de surprise en surprise, on finit par fatiguer un peu. Très original et intéressant.
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Il serait plus juste de dire : quatre femmes d'une même lignée qui revendiquent leur droit à la liberté, se donnant tous les moyens pour assumer leur destin.
L'aïeule, Sihème n'est autre que l'esclave affranchie qui a fabriqué le chasse- mouches du dey d'Alger, dont celui-ci s'est servi pour frapper le consul de France en 182...
Exilée en Tunisie, elle va fonder la Cité des femmes affranchies et autarciques de l'Est algérien( cuisinières mais aussi restauratrices de manuscrits arabes).
Elle donnera naissance à Gamra qui, elle même, deviendra mère de Zina, laquelle transmettra à Mabrouka.
C'est Mabrouka qui écrit à son fils, historien tunisien parti vivre à Paris, les tribulations de ce "quartette" familial.
Une lecture dans la belle veine picaresque, avec rebondissements, merveilles et misères, sourires et grincements de dents. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, c'est une forme d'écriture jubilatoire qui me convient.
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Dans ce récit biographique, nous faisons la connaissance avec le destin de 4 femmes, de l'aïeule Sihéme qui s'est exilée en Tunisie après avoir fui l'Algérie car elle était l'esclave affranchie qui a fabriqué le célèbre chasse mouche du Dey d'Alger jusqu'à Mabrouka, la mère de l'historien. 4 générations de femmes qui racontent leurs misères, avec sourires et grincements de dents. Un roman très intéressant avec une histoire émouvante grâce au style d'écriture de l'auteur.
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Voilà un roman dont j'ai trouvé la forme et le ton atypique.
L'auteur nous propose d'entendre les voix d'une lignée de femmes affranchies. de l'Algérie à la Tunisie, du joug des hommes à celui des colons, on voyage dans un monde où ces femmes doivent leur survie à la sororité, au courage et au silence.
Un très beau conte, sous forme de règlement de compte entre une mère et son fils, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Une histoire qui dit bien plus que ce qui est écrit.
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Une lignée de quatre femmes, jusqu'à celle du narrateur, depuis l'Algérie du 19e vers la Tunisie puis la France, sur quatre générations de femmes qui ont tenté de s'emparer de leur propre destin.
Une écriture lumineuse, particulièrement lorsqu'elle remonte le cours de l'histoire. J'ai moins aimé les digressions du narrateur d'aujourd'hui, qui fait bien faible et perdu face à ces aïeules, bien qu'il soit l'aboutissement d'une intégration "réussie"...mais à quel prix pour lui, questionne sa mère ?
Un beau roman !
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Ai-je honte d'être pauvre ? Ai-je honte d'avoir été pauvre ? Jamais. Que t'ai-je légué ? Rien. Même pas le souvenir d'une mère aimante. En plus, je te prive de mon verbe et de mes archives. J'aime ma pauvreté, je suis attachée à elle, je suis définitivement liée à elle, non pas parce qu'elle m'offre un tas d'arguments à faire valoir auprès du Tout-Puissant pour qu'Il me pardonne mes péchés, mon égarement et ma trahison de la voie divine. Je l'aime parce qu'elle me donne à maudire. je l'aime parce qu'elle affute mon verbe, le rend tranchant. Je l'aime parce qu'elle me tient en vie. Et puis, je suis une mortelle comme toute les autres femmes de mon espèce, je l'aime à cause de ce fils de rien, l'espoir.
On ne quitte pas son chez-soi et, quand on le fait, on n'y revient jamais indemne, on est maudit à jamais.
Moi, je ne fais que mon devoir, je ne vais quand même pas éduquer vos enfants en plus de leur apprendre la vie et la manière de devenir de bons musulmans. C'est aux parents de le faire
Ecoute les femmes qui racontent la guerre des hommes.
Ecoute celles qui détiennent les secrets du passé et de la grande histoire.
La douleur est la muse des poètes
Saber Mansouri nous présente son nouveau roman "Sept morts audacieux et un poète assis". C'est la Rentrée littéraire, le livre est dans les bacs !
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