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sur 2117 notes
Pour les besoins d'un article, Reba Adams, journaliste à El Paso, se rend dans la boulangerie allemande que tiennent Elsie Meriwheter et sa fille Jane. Au milieu des brötchen, des schaumküsse et autres lebkuchen, des confidences vont être échangées. Car, même si Reba est réticente, elle comprend vite qu'il va falloir se livrer elle aussi si elle compte obtenir un peu plus que des banalités sur les traditions de Noël en Allemagne. Malgré elle, la jeune femme ne peut s'empêcher de revenir encore et encore dans cette boutique chaleureuse où elle est accueillie en amie par les odeurs de pain frais et de cannelle et la bonne humeur des propriétaires. Mais comment pourrait-elle raconter une enfance auprès d'un père vétéran du Vietnam traumatisé et d'une mère qui voulait envers et contre tout sauver les apparences ? Comment s'ouvrir aux autres, prendre le risque de les aimer alors qu'elle a vu les ravages de l'amour chez sa mère ? Comment parler de sa relation avec Riki, un homme qui l'aime, qui veut l'épouser et qu'elle fait souffrir par peur de souffrir elle-même ? Au contact d'Elsie, si simple et si douce, Reba se métamorphose tout en découvrant la vie de la vieille dame. En 1944, Elsie Schmidt avait 16 ans et travaillait aux côtés de ses parents dans la boulangerie familiale à Garmisch, petite ville des Alpes bavaroises. Sa soeur Hazel avait rejoint un lebensborn pour y mettre au monde les enfants de la patrie. le régime nazi imposait ses lois, la guerre ses restrictions et Elsie assistait à son premier bal au bras d'un officier SS...


Les Schmidt étaient allemands, ils aimaient leur pays et faisaient confiance au Führer. Bien sûr la guerre mettaient l'Allemagne à feu et à sang, bien sûr les juifs de Garmisch étaient emmenés, leurs bien réquisitionnés mais il y avait tant d'espoir, de joie et d'optimisme pour un avenir meilleur qu'on fermait volontiers les yeux. Pourtant Elsie ne peut s'empêcher de se poser des questions. Les hommes de la Gestapo lui semblent violents et sans scrupules, les lettres de sa soeur prennent une tournure de plus en plus pessimiste et Tobias, l'enfant juif qui a chanté comme un ange au Noël nazi mérite-t-il le triste sort qu'on lui réserve ? Plus que la fierté d'appartenir à la race supérieure, c'est la peur qu'elle ressent au fond de son coeur, mais aussi une envie d'autre chose, loin des souffrances et des lois iniques.
Le respect des lois, Riki en a fait son credo. Et son métier aussi. Il surveille la frontière entre les Etats-Unis, son pays, et le Mexique d'où déferlent des vagues de clandestins prêts à tout pour un morceau du rêve américain. Ses parents aussi ont émigré, mais légalement, après des années de patience pour obtenir un visa et, plus tard encore,une nouvelle nationalité. Alors les lois doivent être les mêmes pour tout le monde et ceux qui l'enfreignent sont renvoyés vers la misère et la violence. Pourtant, petit à petit, ce discours bien intégré se délite. Il y a plus en plus de femmes et d'enfants à tenter la traversée de la frontière. Méritent-ils le traitement que leur infligent les lois sur l'immigration ? Sont-ils des voyous parce qu'ils aspirent à une vie meilleure ?
Le tour de force de Sarah McCoy est de nous présenter des personnages qui ne sont jamais dans la caricature. L'officier SS n'est pas un monstre sanguinaire et antisémite qui tue sans se poser de questions, les allemands ne sont pas le peuple belliqueux qu'on nous décrit trop souvent. Et même les ''gentils'' n'agissent pas toujours par pure bonté d'âme, poussés plutôt par la force des choses et hésitant sans cesse entre le désir de protéger un inconnu ou sa dénonciation pour protéger sa propre famille. le système nazi endoctrinait le peuple dès le plus jeune âge et laissait peu d'options à celui qui y était réfractaire. Il fallait beaucoup de courage pour s'opposer à un régime qui tuait ses ennemis à tour de bras.
L'auteure fait-elle un raccourci qu'on pourrait trouver cavalier entre le modèle érigé par Hitler et le système mis en place par les Etats-Unis pour contrôler son immigration ? Sans doute puisqu'il n'y aucune comparaison possible entre les camps d'extermination nazis et le refoulement aux frontières des clandestins. Alors peut-être a-t-elle voulu exprimer son sentiment d'injustice devant les souffrances d'aujourd'hui...L'essentiel n'est pas là, Reba et Riki étant finalement des personnages secondaires qui s'effacent devant Elsie et sa famille qui ont traversé L Histoire et son lot de malheurs. Pourtant, il en ressort la flamme de la bonté humaine et l'empreinte d'une jeune fille volontaire et courageuse qui deviendra une femme sûre de ses choix et de ses priorités.
Une belle saga qui traverse les années de guerre et de violence en faisant la part belle à l'humanité et fait venir les larmes aux yeux tout en évitant la mièvrerie. le sucre est bien présent, mais il reste dans les pâtisseries allemandes que préparent Elsie, son père avant elle et sa fille avec elle. Beaucoup d'émotion, le souffle de l'Histoire, des personnages attachants, et un voyage de 1944 à 2008, de la luxuriance bavaroise à l'aridité texane, pour un roman fabuleux, à lire absolument. Un immense coup de coeur.
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Que d'émotions ressenties à la lecture de cet ouvrage découvert grâce à Babelio!, mi- roman, mi- historique, retraçant un grand voyage dans l'histoire de 1944 à 2008, dans deux boulangeries: à El Paso, prés de la frontière Mexicaine et à Garmisch, oú en 1944, Elsie Schmidt, seize ans, une jeune boulangère survit dans le déclin du 3° Reich, sous la protection d' un officier Nazi qui la courtise, jusqu'à ce qu'un petit garçon juif, musicien frappe à sa porte....je n'en dirai pas plus.
Soixante ans plus tard, Reba Adams, une jeune journaliste réalise un reportage à El Paso, sur la boulangerie d'Elsie......
Sur fond de récit historique, à l'aide de nombreux flashs- backs, nous sommes captivés par ces deux histoires entremêlées ....Elles portent une belle leçon d'espoir, de tolérance, de culpabilité et de pardon à la fois, l'acception de soi et des autres. La capacité des hommes à refuser un système qu'ils trouvent injuste, et de chercher à leur manière à changer cela, à vivre malgré la peur en accord avec leurs idées......
Les valeurs de l'affection, de la famille, de l'amitié, de l'entraide sont constamment présentes....
L'on salive du début à la fin du récit grâce aux senteurs alléchantes de la cannelle et à l'odeur entêtante du pain et des pâtisseries qui cuisent...
Une histoire remarquable, touchante, prenante, douloureuse mais lumineuse, avec une fin pleine d'espoir : une belle lettre d'amour, de reconnaissance et d'espoir!
Une leçon de courage dominée par des liens très forts d'amitié et familiaux !
Merci aux amis de Babelio qui m'ont amené à acheter cet ouvrage!
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Je me suis laissée bercer dans la douillette chaleur de la boulangerie schmidt à Garmisch et gentiment accueillir dans le fournil D'Elsie à « El Paso » au texas pour apprécier cette saga si bien narrée.
Bercer n'est pas le terme à employer lorsque l'on entre dans l'histoire, alors je dirais plutôt j'ai compati, partagé des souffrances endurées par notre héroïne durant la seconde guerre mondiale en ce qui concerne la boulangerie de Garmisch. Bien documenté, le roman nous amène dans une famille allemande respectable qui se place sous la protection des nazis, ce qui montre combien le peuple allemand était en grande partie ignorant de ce qui se passait en Pologne, du véritable visage de certains gradés et de la folie assassine des leaders de cette période dont les lebensborns sont une macabre illustration. Ce roman montre à quel point certains individus (plus qu'on ne le pense) peuvent commettre les pires crimes sous le commandement de supérieurs mais aussi que d'autres s'illustreront en faisant des miracles avec leur pauvres moyens et en risquant leur vie. C'est le cas d'Elsie qui va mettre en jeu sa vie et celle de sa famille pour sauver un enfant juif, Elsie qui n'aura rien à regretter et s'épanouira dans sa boulangerie du Texas où elle accueille Reba, jeune journaliste dans l'ambiance chaleureuse d'une boulangerie accueillante.
J'ai beaucoup apprécié l'aspect documentaire du roman concernant la seconde guerre mondiale en Allemagne.
Je me suis souvent ennuyée avec l'histoire de Reba au texas, cette jeune fille tourmentée qui comme Elsie, doute de son amour, cherche un bonheur qui semble inaccessible, a vécu des moments difficiles dans son enfance. Je n'ai malgré tout pas saisi en quoi Elsie et sa fille, Jane ont pu l'aider à ce point si ce n'est par leur accueil. La quatrième de couverture annonce que Reba reçoit une leçon de vie, pour cela, il aurait peut-être fallu qu'Elsie lui raconte tout ce qu'elle a vécu, mais il n'en est rien, et je me permets de me demander quel est l'objectif de l'auteure dans cette partie du récit qui se déroule au Texas : a-t-elle voulu montrer comment Elsie s'en est sortie et ce qu'elle est devenue ? le but était-il de montrer que des femmes peuvent mener leur vie sans présence masculine ? le lecteur ne manquera pas de remarquer que les hommes dans ce roman n'attirent pas la sympathie du lecteur : le père d'Elsie intervient peu, se montre agressif à l'égard des Américains et les femmes le relaient sans difficulté, les autres hommes sont des nazis, Riki, compagnon de Reba, quoique délicat et gentil, se pose des questions sur son métier de garde-frontière, le mari d'Elsie n'apparaît que très peu. Et le travail et la tenue des boulangeries est pratiquement mené par les femmes. On remarquera malgré tout une évolution vers la fin du roman.

Je conseille ce roman extrêmement bien documenté.
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Il faut avoir connu un enfant juif et s'être rendu compte qu'il était fait de chair et d'os, comme vous, pour l'aimer. C'est ce qui est arrivé à Elsie, jeune allemande de 17 ans.
Il faut avoir enfanté et ressenti l'amour infini envers son propre enfant pour se rendre compte qu'Hitler n'est finalement qu'un tyran exploitant les jeunes femmes purement aryennes justes aptes à être fécondées. C'est ce qui est arrivé à Hazel, jeune allemande.
Il faut avoir assisté à l'arrestation brutale de son maitre vénéré, juif, pour se rendre compte que les Juifs sont des gens comme vous. C'est ce qui est arrivé à Josef, jeune officier nazi.
Ce roman traite des derniers jours, des derniers mois de l'Allemagne nazie, empreints de brutalité, de faim, de peur.
La boulangerie des Schmidt, à Garmisch, est le théâtre de toutes les attentes, de tous les espoirs d'Elsie : quand reviendra-t-elle, sa grande soeur chérie, partie au « Lebensborn » assouvir la soif de pureté aryenne des nazis ? Faut-il vraiment qu'Elsie elle-même se marie avec Josef, le « gentil » officier nazi ? C'est sans compter sur Tobias, le petit garçon juif à la voix d'ange...


Et puis après un immense bond dans le temps, nous arrivons au Texas, plus exactement à El Paso, à l'endroit où de nombreux immigrants tentent leur chance d'une autre vie. Riki en fait l'expérience, lui qui doit les renvoyer d'où ils viennent. Et Reba, la jeune femme qui partage sa vie, ne sait plus, elle non plus, exactement où elle en est, elle qui traine un lourd passé familial.
Nous sommes en 2007.
Et nous nous en doutons : Reba rencontre Elsie, et va se lier d'amitié avec sa fille Jane. Ca y est, la boucle est bouclée.


Le passé rejoint le présent à travers l'alternance de chapitres centrés tour à tour sur les figures féminines d'Elsie et de Reba.
A vrai dire, si le côté allemand, avec les recettes succulentes de pains et pâtisseries, l'inhumanité du « Lebensborn », la description de fêtes nazies, avec la fragile petite figure de Tobias l'enfant juif et la forte personnalité d'Elsie, m'a bien plu et intéressée, j'ai été nettement refroidie lors des atermoiements de nos modernes Reba et Riki. Oui, c'est vrai, je me suis copieusement ennuyée. Rien dans le style, rien dans l'analyse des caractères n'a retenu mon attention. Trop sirupeux, trop tourmenté artificiellement.
La partie allemande sauve la partie américaine... revanche involontaire sur L Histoire.
C'est donc 3 étoiles que je donnerai à ce roman mi-figue mi-raisin, ou plutôt mi-brötchen mi-galettes de maïs.


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Texas, novembre 2007, Reba est journaliste et doit écrire un article sur Noël à travers le monde. Elle a jeté son dévolu sur une boulangerie allemande située à El Paso où elle vit avec Riki, garde frontière. Reba ignore que ce reportage changera sa vie. Elsie, le personnage principal de son interview, a quitté Garmisch, en Bavière, après la guerre de 1940-1945 et a épousé un médecin américain qu'elle a connu pendant l'occupation. Un goût de cannelle et d'espoir est le récit de la vie de Elsie confié à Reba mais c'est aussi la vie de cette dernière et de leurs proches respectifs. Les dates des récits figurent en tête de chaque chapitre, les périodes se succèdent en alternance entre 1944 et 2008.
À noter que Sarah McCoy a vécu durant son enfance en Allemagne, son père y étant militaire. Elle vit à El Paso au Texas avec son mari et ils font de fréquents séjours en Allemagne pour leurs vacances. le livre s'achève avec quelques bonnes recettes de petits pains et de pâtisseries allemandes et mexicaines. Un roman à lire et à déguster comme il se doit.

Challenge Pavés 2015-2016
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Y a t-il un odeur plus fédératrice que celle du pain chaud (hormis bien entendu, celle plus subtile des pages ouvertes d'un livre neuf)? Alors quand une boulangerie est au coeur d'un récit, quels que soient les drames contés, il existe toujours une lueur d'espoir en la nature humaine.

L'histoire débute en Allemagne juste avant l'arrivée des alliés alors que la vie quotidienne est un concours d'astuces et de savoir-faire pour compenser le rationnement. Elsie correspond avec sa soeur qui a quitté la boulangerie pour un foyer du Lebensborn, avec ses enfants, nés d'un fiancé SS mort avant le mariage. C'est lors d'une soirée de bal que tout bascule : Elsie reçoit une bague de fiançailles gravée de caractères hébraïques. Elle est quasi-violée par un officier SS et c'est un jeune garçon juif qui vient à son secours. Elle cache Tobias dans sa chambre à la boulangerie….

La situation est risquée mais la construction du roman nous fait comprendre que l'issue n'est pas fatale puisque l'on retrouve Elsie en 2007 au Texas, et qu'elle traîne toujours avec elle une bonne odeur de pain chaud. C'est Reba, une jeune journaliste en proie à des questions existentielles sur la vie à deux qui recrée le lien entre le lecteur et la famille exilée. Son fiancé travaille à la frontière avec le Mexique où il est chargé de refouler les latinos que des passeurs véreux ont abandonné après les avoir délesté de leur économies.

Le parallèle entre le rôle des nazis et celui du garde-frontière, est inévitable. Peut-on s'abriter derrière un devoir d'obéissance pour se disculper d'accomplir une besogne maudite?

Le récit alterne les épisodes allemands et américains , ce qui entretient l'intérêt pour l'intrigue, révélée peu à peu. Cet artifice était-il nécessaire? il semble que les personnages sont suffisamment captivants pour que l'on est envie d'en savoir toujours plus. C'est un procédé d'écriture très tendance, qui expose au risque de laisser apparaître le stratagème de rédaction au dépens de l'authenticité du récit.

Cela reste une lecture très agréable, parfumée à la cannelle et au parfum du pain qui cuit.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Une mise en exergue romancée de tous les tourments, toutes les avanies, les violences, les drames, les cruautés, les barbaries, les abominations, les crimes abjects commis par l'Allemagne nazie et renforcés durant la guerre et dont fut victime aussi le peuple allemand.
Si certains passages restent trop factices (Tobias, le garçonnet juif recueilli et caché par Elsie), en revanche d'autres pages révèlent avec une certaine pudeur ce que fut la terrible réalité , notamment celles qui évoquent le Lebensborn , « la fontaine de vie », une association constituée par le régime national socialiste sous l'impulsion d'Heinrich Himmler, pour engendrer et éduquer de purs aryens.
En réalité, des bagnes pour les jeunes femmes, pouliches sans gloire, enfermées , souvent contre leur gré, dans ces bordels mis à disposition de l'élite de l'armée qui assouvissait ainsi ses fantasmes .
L'intérêt du roman réside aussi dans le parallèle entre ce que vécut Elsie la jeune allemande et bien plus tard, l'américaine Reba, le passé, le présent, venant s'entrechoquer.
Quand Sarah Mc Coy décrit avec saveur, justesse et beaucoup de raffinement les multiples pains et gâteaux confectionnés dans les boulangerie d'El Paso au Texas ou dans la Schmidt Bäckerei de Garmisch, en Bavière, tous nos sens sont en alerte , avec envie gourmande, nous souhaiterions goûter, nous aussi, à ces fameux petites pains d'épices (lebkuchen) ,au pain au seigle (pumpernickel) aux baisers chocolatés – nos « têtes de nègres » (schaumküsse), aux pains à l'anis (springerle) et j'en passe et certainement des meilleurs ! Le carnet de recettes intégré à la fin du récit peut permettre de se lancer à confectionner quelques- unes de ces pâtisseries.
Un moment de lecture intensif, émouvant, passionnant.

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Il y a un an jour pour jour, j'étais plongée dans ce roman tout-à-fait renversant. Son souvenir m'est resté relativement frais car j'y ai appris des notions que je ne connaissais pas auparavant. C'est dans ce roman que j'ai entendu parler pour la première fois du Lebensborn et de la BDM (Bund Deutscher Mädel = Ligue des jeunes filles allemandes).

Nous avons ici le point du vue d'une allemande (Elsie, personnage fictif) sur son époque et de comment elle et sa famille ont vécu la guerre.

L'histoire se partage en alternance sur plusieurs époques. Nous avons d'abord la partie d'Elsie (16 ans), qui vit à Garmish, en Allemagne, en 1944. Son père est boulanger et toute la famille y travaille. Ils habitent à même le deuxième étage, directement au-dessus de la boulangerie. À cette période, tout le monde est rationné, eux inclus, mais peut-être à un niveau moins sévère étant considérés comme "fournisseurs essentiels". En effet, ils sont obligés de fournir avant tout le QG nazi, au grand dam de la famille. Cette situation ne leur convient pas du tout mais ils ne peuvent évidemment pas le montrer librement. Elsie est une jeune fille belle, fougueuse, audacieuse, altruiste, débrouillarde, un peu rebelle. Une nuit de Noël, un enfant juif en fuite d'un camp viendra frapper à la porte de la boulangerie...Que fera-t-elle ? Quel futur connaîtront Elsie et sa famille ? Ses parents, sa soeur aînée Hazel ? Leur parcours est passionnant, bouleversant.

L'autre partie se passe à El Paso, au Texas en 2007. Reba, jeune femme un peu nerveuse, indécise, rêveuse mais qui a peur de foncer, de s'attacher et de créer des liens, qui ne cesse de se rétracter est journaliste pour le magazine Sun City et son quotidien sera chamboulé par la rencontre d'Elsie et de sa fille Jane au cours d'une interview sur "Noël à travers le monde, d'un point de vue local". Au fil de discussions autour de cafés et de délicieuses pâtisseries fumantes et odorantes, elles s'apercevront que leur parcours ont plusieurs similitudes, malgré les années et les lieux qui les séparent. le passé de l'une viendra s'imprégner dans le présent de l'autre et leur vie à toutes sera chambardée à jamais, chacune ouvrant leur horizon à l'autre. Quel rapport entre l'Allemagne et le Texas, peut-on bien se demander ? À vous de le découvrir...

Ce roman est superbement écrit, très bien ficelé à travers les époques, facile à suivre, instructif, émouvant et malgré l'époque sombre, il reste lumineux et ne tombe pas dans le pathos (même si elle l'avait fait, nous le lui aurions totalement pardonné). Ça reste un récit plein d'espoir, même drôle, parfois, car la vieille Elsie en a dans le caractère puis n'a pas la langue dans sa poche. Les personnages sont fort attachants, l'histoire reste tout-à-fait terre-à-terre et vraiment, c'est excellent, captivant du début à la fin. Une auteure incroyable !
Ce roman est délicieux non pas seulement pour son texte mais pour les odeurs et les images qu'il dégage. Voulez-vous de la pâtisserie, vous pourrez vous en gaver à souhait...

Un des mes coups de coeurs l'année dernière ! Un roman à lire absolument si ce n'est déjà fait ! Bon à relire n'importe quand.

CHALLENGE PLUMES FEMININES 2022
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Recontre entre Reba, journaliste à El Paso au Texas, et Elsie et Jane, qui confectionnent de délicieux pains et gâteaux dans leur boulangerie allemande.

Venue pour faire un reportage sur les traditions de Noël, Reba devra d'abord goûter aux recettes familiales, au goût de cannelle. De petits pains en petits pains, Elsie, la vieille femme, perce les secrets de Reba tout en délivrant un peu des siens.

Elsie raconte sa vie en Allemagne en 1944, lorsque la défaite de sa nation pointait le bout de son nez.
Elle nous ouvre les portes de cette boulangerie par temps de guerre, quand le pain reste encore un lien entre les hommes, comme une affirmation de la vie.
Un enfant juif à la voix d'ange, la vie des femmes sacrifiées dans les « Lebensborn », les jeunesses hitlériennes, les soldats trop jeunes pour porter un tel pouvoir… Discipline et foi font des massacres quand les ordres à suivre sont inhumains.

Et Reba de son côté, avec son père traumatisé par la guerre en Irak, son fiancé, Riki, qui n'en peut plus de son travail de garde-frontière, rejetant des familles mexicaines. Son histoire semble moindre. Et pourtant...

En Europe ou aux États-Unis, en 1944 ou en 2008, bien que les deux histoires n'aient pas la même ampleur, elles se rejoignent et dénoncent la guerre, la haine, la difficulté des hommes à suivre les ordres sans oublier leur compassion. Il n'y a peut-être qu'un pas à franchir entre ce qui se passe à nos frontières, au Texas ou ailleurs, pour que les plaies du passé s'ouvrent à nouveau.

« Nous nous racontons tous des mensonges, sur nous-mêmes, notre passé, notre présent. Nous imaginons que certains sont minuscules, insignifiants et d'autres énormes, compromettants, alors qu'ils reviennent tous au même. Seul Dieu en sait assez pour pouvoir juger nos âmes. »

En cela on comprend pourquoi ces femmes peuvent comprendre chacune la vérité de l'autre, et comment Elsie peut apporter de l'espoir à Reba. Leurs histoires se ressemblent, d'une certaine façon. Des histoires de femmes, de choix, de pardon, de quête de la vérité, d'amour, même si l'une d'elles porte un grand « H » et nous fait sombrer dans un cauchemar.

Une saga familiale intense qui nous montre l'Histoire du côté des civils allemands.
« On essayait de vivre. C'était déjà assez dur comme ça. »

Même si j'attendais avec impatience de lire le récit de la vie d'Elsie et de sa famille, celle de Reba, grâce à la présence de Riki, m'a aussi touchée.
Un goût de cannelle et d'espoir pour oublier le goût des larmes.
Une écriture sucrée salée, agréable et émouvante.



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Je pensais en commençant ma lecture que ce roman allait me plaire par les thèmes abordés, seulement voilà, je suis restée sur ma faim.

J'aime beaucoup d'habitude les récits à plusieurs voix, alternant les périodes de l'Histoire et l'auteur avait fait un bon choix en mettant en parallèle la violence nazie, les répressions à la frontière mexicaine, et même le syndrome post-traumatique du père de Reba dû à ce qu'il a vécu en Irak.

J'ai aimé les chapitres consacrés à la famille Schmidt, à Garmisch, leur boulangerie, leurs conditions de vie, de survie dans l'Allemagne nazie, les parents qui croient au grand Reich, les officiers pourris et la manière dont Elsie va changer en rencontrant et cachant Tobias dans sa chambre.

On salive, rien qu'en entendant les noms étranges des pâtisseries (ahh! la « Schwartzwälder Kirschtorte », forêt noire ou les « Brötchen ») qu'ils confectionnent, les parfums d'épices, de chocolat.

de même que les pages consacrées au Lebensborn, où des jeunes femmes, comme Hazel, la soeur d'Elsie, avaient pour mission de fabriquer des enfants aryens pure souche (prostitution déguisée) pour faire honneur et régénérer le grand Reich, l'élimination systématique de ceux qui n'étaient pas assez robustes. Elles ne gardaient leurs nourrissons que durant trois mois, durée fixée arbitrairement pour l'allaitement, et ensuite ils étaient élevés, conditionnés pour en faire de bons Allemands pour le Reich millénaire…

Les lettres échangées entre Hazel et Elsie ou ses parents sont touchantes, comme celle-ci écrite par Elsie à sa mère après s'être mariée à un Américain et quitté l'Allemagne, fâchée avec son père car elle a trahi sa patrie en l'épousant.

« Personne n'est mauvais ou bon par naissance, nationalité ou religion. Au fond de nous, nous sommes tous maîtres et esclaves, riches et pauvres, parfaits et imparfaits. Je sais que je le suis et lui aussi, il l'est. Nous tombons amoureux malgré nous. Nos coeurs trahissent nos esprits. » P 360

La comparaison entre l'obéissance aveugle aux ordres en Allemagne et la manière dont on refoule les latinos à la frontière avec les USA est encore plus d'actualité depuis les dernières élections américaines.

Je n'ai pas du tout été réceptive à la partie contemporaine de l'histoire, les deux récits sont trop inégaux, la période américaine (2007) est insignifiante, alors qu'il y avait un potentiel. Reba avec ses régimes ubuesques, sa versatilité, son indécision permanente m'a très vite exaspérée. Peut-être était-ce voulu par l'auteure ?

J'ai le même ressenti qu'avec « L'île des oubliés » de Victoria Hislop… un petit roman pour les soirées d'hiver ou pour la plage.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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