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Élise Argaud (Éditeur scientifique)
EAN : 9782743616373
59 pages
Payot et Rivages (07/02/2007)
3.83/5   29 notes
Résumé :

Lorsque nous y réfléchissons, comme les circonstances nous y forcent bien souvent, il nous semble soudain pour le moins étonnant que la maladie ne figure pas à côté de l'amour, de la latte et de la jalousie, parmi les thèmes majeurs de la littérature. Virginia Woolf. Dans ce court texte écrit en 1926 pour la revue de T. S. Eliot, Virginia Woolf s'interroge sur cette expérience particulière dont person... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
[Critique à réécrire entièrement, jai complètement changé d'avis sur ce texte !!! - 12/11/2023]
Je suis-je un peu sur les fesses de découvrir ce texte après tout le bien que j'en ai lu et entendu. Si le sujet me paraissait d'emblée à la fois orignal, universel, intéressant, il me semble que les différentes critiques et analyses qu'on en a tirées en donnent une idée assez fausse. J'en ressors très déçue et il me semble qu'il s'agit là d'un cas de surestimation flagrante d'un texte auquel on ne saurait trouver aucun défaut parce que son auteure serait en quelque sorte intouchable.

Et pourtant... Et pourtant ce thème de la maladie - pas celui de la maladie grave, du type cancer, mais de la maladie habituellement bénigne, du type grippe, qui touche tout le monde -, est effectivement presque absent de la littérature. de mémoire, à part Proust et Banana Yoshimoto, ainsi que, peut-être, des livres pour enfants que j'ai lu il y a fort longtemps et dont je ne garde que des souvenirs très flous, j'ai peu lu d'auteurs qui s'y consacraient. Il me semble que Viriginia Woolf a donc mis le doigt sur quelque chose d'essentiel et que chacun est en mesure de partager : ce bouleversement de la pensée qui s'effectue lorsqu'on est malade, amoindri, alité. Cette particularité que possède la maladie de bousculer notre vision du monde, de notre entourage, d'à peu près tout, en fait. "Il devrait exister, nous disons-nous, des romans consacrés à la grippe et des épopées à la typhoïde, des odes à la pneumonie et des poèmes lyriques à la rage de dents.", nous dit l'auteure.

Or, si Virginia Woolf s'intéresse, au sortir d'une grippe (me suis-je laissé dire) à ce qu'on peut bien appeler un manquement de la littérature, elle ne va pas beaucoup plus loin. Peu importe que son texte soit court. Il insiste sur cette étrange omission pour ensuite ne s'intéresser qu'à quelques particularités de la maladie, à savoir sa capacité à nous faire voir le ciel, les fleurs, bref, la nature, différemment, à nous faire sentir que le monde mène sa petite vie sans nous, et qu'il continuera sans nous - la maladie serait l'occasion de provoquer un état méditatif. Sauf que, pour être confronté à cette vision nouvelle de la nature (et à condition qu'on n'y ait vraiment jamais réfléchi auparavant, ce qui suppose d'être franchement très autocentré), il faut pouvoir contempler depuis son lit de douleur ledit ciel et lesdites fleurs. En gros, il faut disposer d'une chambre d'où l'on puisse contempler tout ça, ce qui n'est le cas de pratiquement personne - aujourd'hui comme hier, tout le monde ne vit pas dans l'aisance financière de Virginia Woolf. En revanche, tout le monde tombe malade. Suis-je trop prosaïque ? C'est que, d'une part, la maladie l'est, et, d'autre part, quelle déception de constater que, pour aborder un sujet qui nous concerne tous, l'auteure utilise un argument on ne peut moins universel. Parler de la fièvre, des bouleversements qu'elle provoque dans la pensée, s'attarder sur la faiblesse qu'engendre le moindre état grippal et nous fait éprouver la moindre tâche habituelle comme un effort monumental, voilà qui donnait, me semble-t-il, davantage à réfléchir.

D'efforts, il est pourtant bien question, lorsque Woolf aborde la question de la lecture, qui peut devenir épuisante - ou tout aussi bien se révéler à nous, par le truchement de l'état amoindri que provoque la maladie. Mais ne voilà-t-il pas qu'elle se met proprement à délirer pendant plusieurs pages sur je ne sais quel roman anglais, durant lesquelles elle nous en livre le résumé pour une raison qui m'échappe complètement. Si la première partie du texte fut écrite au sortir d'une maladie, celle-ci semble bien avoir été écrite sous l'emprise de la fièvre...

On en retirera tout de même que Virginia Woolf fut un des rares auteurs à s'être intéressé clairement à la question de la maladie, de ses sensations et des bouleversements de la pensée qu'elle ordonne. Elle donne à réfléchir à la question, ce qui n'est déjà pas si mal. On s'arrêtera également sur la forme particulière de ce texte, qui relève de l'essai, de l'autobiographie, et même, peut-être, d'un nouveau genre. Et ce, bien avant Barthes et "La chambre claire".
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Je suis tombée sur ce petit livre d'à peine 60 pages dans une boîte à livres... Je n'ai pas lu les romans de Virginia Woolf (juste Elles, un essai sur les auteurs féminins) et je me suis dit pourquoi pas ?
De la maladie est un essai qui parle de cet état étrange où on se trouve quand on attrape une maladie, une grippe par exemple. Il permettrait de mieux appréhender, de comprendre certaines choses (certains ouvrages de littérature par exemple) Ou au contraire, de passer comprendre à côté. La maladie grave qui cloue au lit sans possibilité de réfléchir aux choses de la vie, n'est pas réellement abordée. Heureusement que l'essai est court, je ne suis parvenue à accrocher à ce cheminement de pensées qui ne m'a finalement pas intéressée...
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Lorsque j'ai découvert l'existence de ce livre de Virginia Woolf, l'enthousiasme et la curiosité se sont emparées de moi.

Souffrant également d'une maladie chronique douloureuse, je suis fascinée par l'aura enveloppant la maladie et je porte un grand intérêt à toutes les questions existentielles que soulève l'état de malade.


Tout d'abord surprise par la brièveté du contenu - une soixantaine de pages au total, préface incluse -, je me suis interrogée sur la taille de la police utilisée. le sentiment étant que j'eus l'impression qu'on avait étiré le texte pour donner l'illusion d'un matériau plus conséquent dans sa forme. «Qu'importe le flacon...».

Nous sommes accueillis par une quinzaine de pages de préface rédigée par Élise Argaud. Entrée en matière extrêmement intéressante bien que j'aurais préféré en prendre connaissance à la fin de l'ouvrage, en complément, et d'emblée commencer la lecture par les mots de Virginia.

Le contenu de l'auteure ne dépassera pas la trentaine de pages. Justement, ce contenu, qu'en est-il?

Nous pénétrons dans le texte par une mise en relief du contraste entre l'existence de la maladie, expérience commune à tout être humain, et son absence quasi systématique des ouvrages littéraires. S'ensuit des réflexions au sujet du changement de perception du monde environnant induit par la maladie comme, par exemple, l'état contemplatif.

Ne sont pas traitées ici les maladies foudroyantes, purulentes ou épidémiques, ni la manifestation de la maladie au coeur de la misère et de la pauvreté. Mais plutôt le témoignage des pensées vagabondes d'une âme inspirée et d'un corps malade qui bénéficient de temps et de moyens nécessaires pour recevoir des soins.

J'ai savouré les mots choisis et l'écriture des non-dits de la maladie. En cela, j'ai eu grande satisfaction. Réussir à trouver et assembler les mots pour dire l'insaisissable de ce qui traverse un esprit en proie avec la maladie chronique est comme une main tendue et complice qui vous assure comprendre et ressentir ce par quoi vous êtes traversé.

Ensuite et soudainement, je crois qu'on quitte le sujet et que l'écriture digresse vers la description d'autres scènes d'ouvrages littéraires pour une quinzaine de pages et ceci jusqu'à la fin du livre. Et là, j'ai eu le sentiment que l'on m'avait retiré mon jouet! C'était déjà si court...
Pourtant, je trouve bien joué qu'elle mentionne - juste avant la digression - ce « sens du devoir en suspens » et cette « raison assoupie ». Nous assistons en direct à un de ces tours que la fièvre impose à l'esprit, sautant du coq à l'âne sans aucune inquiétude des convenances ou ici-même des conventions littéraires.
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Dès les premiers mots de cet texte très court, on reconnait le style inimitable et incomparable de Virginia Woolf.
Elle mène ici une réflexion sur la maladie, sur ses effets et les changements que celle-ci provoque en nous ; et comme elle a coutume de le faire, elle va faire appel à tous nos sens (odeurs, sons, couleurs) pour restituer les impressions que la maladie provoque en nous :
Le malade ne pouvant plus agir "normalement", car privé d'une partie de ses moyens, va devoir -pour ne pas s'exclure totalement du monde - saisir l'essentiel de ce qui l'entoure.
Son idée centrale est que la fragilité du corps va impliquer pour le malade, qui n'est plus dans l'action, une nouvelle appréhension du monde. Il va ainsi développer d'autres formes de richesses telles que la contemplation, une sensibilité accrue à tout ce qui l'entoure, et même à la poésie.
Un point de vue intéressant, comme toujours avec Virginia!
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Court texte de Virginia Woolf écrit dans les mêmes années que "La Promenade au phare" (1927).
Virginia Woolf a vécu une vie de douleurs physiques et psychique qui a sculptée une oeuvre d'une sensibilité extrême, faite de réflexions profondes sur les ressorts du processus de création et la place de la femme, de ses désirs. La maladie renverse les perceptions et révèle le langage du corps et de la chair. Les beautés sont déformées.
La maladie bouleverse la position et le regard de l'artiste. Il y a pause, expérimentation d'une autre réalité.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il y a, avoue-le (car la maladie est le confessionnal suprême) une franchise toute enfantine dans la maladie : des choses sont dites, des vérités échappent étourdiment que la prudente respectabilité de la santé dissimule.
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Il devrait exister, nous disons-nous, des romans consacrés à la grippe et des épopées à la typhoïde, des odes à la pneumonie et des poèmes lyriques à la rage de dents. Or il n'en est rien.
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Prenons la rose. Nous l'avons vue si souvent s'épanouir dans un vase, l'associant à la beauté dans toute sa splendeur, que nous en avons oublié la manière dont elle se tient en terre, immobile, impassible, un après-midi entier. Son port révèle une parfaite dignité et une grande maîtrise de soi. La carnation de ses pétales est exemplaire. Soudain, en voilà peut-être un qui se détache posément ; et toutes les fleurs, les pourpres voluptueuses, les crèmes à la chair de cire dans laquelle la cuiller a laissé un serpentin de jus cerise, les glaïeuls, les dahlias, les lis ecclésiastiques et sacerdotaux, celles aux faux cols guindés dans des tons d'abricot et d'ambre, toutes inclinent délicatement la tête au gré de la brise – toutes, à l'exception du massif tournesol, qui salue fièrement le soleil à midi et peut-être à minuit rebute la lune. Telles sont les fleurs ; et ce sont elles, immobiles et pleines d'assurance entre toutes, que les êtres humains ont élues pour compagnes, elles qui symbolisent leurs passions, décorent leurs fêtes et reposent (comme si elles avaient quelque expérience du chagrin) sur l'oreiller des morts. Il est admirable de relever que les poètes tirent la religion de la nature, que les gens vivent à la campagne pour que les plantes leur enseignent la vertu. C'est dans leur indifférence qu'elles nous apportent un réconfort.
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La littérature s’évertue à répéter qu’elle a pour objet l’esprit, prétendant que le corps est une paroi de verre transparente à travers laquelle l’âme peut percevoir distinctement et que, mis à part une ou deux passions comme le
désir et la cupidité, le corps est néant, quantité négligeable et inexistante. Mais, précisément, c’est l’inverse qui est vrai. Jour et nuit, le corps se manifeste, s’émousse ou s’affûte, se rembrunit ou pâlit, se change en cire dans la chaleur du mois de juin avant de redevenir suif dans les ténèbres de février.
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Cependant, en temps normal, nous devons avec affabilité entretenir cette comédie et redoubler d’efforts pour communiquer, civiliser, partager, cultiver le désert, éduquer les indigènes, travailler ensemble le jour et, la nuit, prendre du bon temps. Mais la maladie met fin à cette mascarade. Elle oblige aussitôt à s’aliter ou, enfoncé dans de moelleux oreillers sur un fauteuil, à décoller les pieds du sol, ne serait-ce que de trois centimètres, pour les poser sur un autre siège, et alors nous cessons d’appartenir à l’armée des gens d’aplomb : nous devenons des déserteurs.
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Videos de Virginia Woolf (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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