Satyajit Ray fait partie de mes cinéastes préférés, certains de ses films m'ont fortement marqué. Lorsque j'ai découvert qu'il avait été aussi écrivain, j'ai eu envie de découvre cette composante de son oeuvre. Un peu par hasard, j'ai emprunté ce recueil de nouvelles.
Dans la préface, l'auteur explique un peu comment il en est venu à l'écriture. Il s'agit en quelque sorte d'une tradition familiale : son grand-père écrivait pour les enfants, et avait fondé un magazine, Sandesh, qui leur était destiné. Son fils aîné Sukumar, qui est le père du metteur en scène, prit la relève, écrivant des récits et faisant des illustrations. Après sa mort, le magazine arrêta de paraître.
Satyajit Ray eut envie de lui redonner vie en 1961, alors qu'il était déjà un cinéaste reconnu, avec plusieurs films à son actif. Comme son père, il écrivit de nombreux récits et fit des illustrations pour la revue, tout en continuant par ailleurs sa carrière de cinéaste.
Ce recueil comporte 11 nouvelles, plutôt courtes, sauf peut-être la dernière, plus développée. le style est simple, les récits sont surtout basés sur une idée. Les premiers textes relèvent plutôt du fantastique, un fantastique léger, un élément un peu inhabituel ou étrange, vient s'immiscer dans le quotidien de personnages plutôt ternes, très quelconques. Cela ne se termine pas trop mal, sauf dans un cas, les choses rentrent généralement dans l'ordre.
Les quatre derniers récits mettent en scène le professeur Shonku, pour lequel Ray invoque l'influence du professeur Challenger de
Conan Doyle, ces récits relèvent du genre de la science fiction. Je viens de citer
Conan Doyle, Ray parle aussi de
Jules Verne et de H. G. Welles, il s'agit de récits un peu à l'ancienne, qui peuvent être appréciés et compris d'un jeune public, plus d'adolescents que d'enfants, mais aussi d'adultes.
Cela semble éloigné de l'oeuvre cinématographique de
Satyajit Ray, mais en réalité, il a aussi réalisé des films pour enfants, au moins un film policier proche d'
Agatha Christie, une comédie bonne enfant etc. Ces films sont moins connus en dehors de l'Inde, mais ils ne sont pas exceptionnels dans la filmographie de Ray, et un de ces films pour enfants, Les Aventures de Goopy et Bagha dont le scénario est tiré d'un récit de son grand-père, a été le plus grand succès commercial de Ray dans son pays, ce qui montre à quel point ce pan de sa création est loin d'être marginal.
Ce n'est sans doute pas indispensable, et si un autre auteur que Ray les avait produits, ces récits ne seraient sans doute pas arrivés jusqu'à nous. Mais c'est plutôt plaisant à lire, et montre la richesse de l'inspiration de cet immense réalisateur.