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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782714306845
503 pages
José Corti (10/03/1999)
4.77/5   11 notes
Résumé :
Ce deuxième tome de l'œuvre en prose de Léonid Andreïev ne risque pas de décevoir les lecteurs qui ont été sensibles au charme souvent ténébreux du premier tome, Le Gouffre : outre de courtes nouvelles remplies d'humour, de sensibilité et de tendresse, il contient quelques-uns des plus grands textes de l'écrivain, écrits en 1902 et 1905. Au fur et à mesure que sa renommée grandit, Andreïev prend de l'assurance : certains de ses récits s'allongent jusqu'à devenir de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce deuxième des cinq tomes consacrés à l'intégrale de l'oeuvre narrative de Leonid ANDREÏEV par ordre chronologique est sorti en 1999 chez José Corti. Il renferme quinze nouvelles, dont certaines sont plutôt de courts romans. Ces nouvelles furent écrites entre 1902 et 1905 et marquent une légère évolution dans le déploiement de l'écriture en comparaison du premier volume (qui regroupait ses nouvelles jusqu'en 1901).

Le ton est donné dès la première nouvelle avec « La pensée » qui pourrait être un écho très marqué au « Crime et châtiment » de DOSTOÏEVSKI (rien que ça !), dans laquelle un médecin tue un homme afin de voir souffrir l'épouse du défunt. L'une des nouvelles majeures de ce recueil, elle est aussi peut-être celle où l'humour, noir et grinçant, est le plus palpable.

Dans les autres nouvelles, tour à tour, un homme épouse une femme noire, un autre s'apprêtant à commettre un crime est distrait par un chiot abandonné, un autre encore, désoeuvré, tue une prostituée. Puis l'auteur nous présente un sonneur de cloches avant de nous présenter un couple sur lequel les malheurs se sont accumulés. Il nous fait ensuite pénétrer au coeur d'un asile psychiatrique.

Mais les sommets de ce recueil apparaissent sur les longues nouvelles. « le rire rouge » est un récit vertigineux au sein d'une guerre, sur le terrain, et l'analyse psychologique d'ANDREÏEV met ici le lectorat à rude épreuve. « le gouverneur », déjà présenté ici dans un autre recueil, est ce petit chef d'oeuvre sur la vie d'un dirigeant (inspirée par les derniers jours de Serge Alexandrovitch de Russie) qui sait qu'il va être prochainement exécuté par un ennemi, c'est aussi l'un des textes majeurs d'ANDREÏEV. le recueil se clôt sur « Ce qui fut – sera », une nouvelle désabusée pour terminer en beauté. Et en noirceur.

ANDREÏEV (1871-1919) fait partie de ces auteurs russes oubliés, qui eut pourtant un certain retentissement du temps de son vivant. Son oeuvre n'est pas à sous-estimer dans le paysage de la littérature russe. Elle est en effet cette sorte de passerelle entre la littérature classique sombre et toute russe du XIXe siècle et la future littérature plus engagée des débuts du XXe siècle.

Torturé, ANDREÏEV ne juge pas, il pourrait en cela être rapproché d'un TCHEKHOV. Pourtant il est très visible que son influence majeure se situe du côté de DOSTOÏEVSKI. Ses nouvelles, quoique inégales, sont puissantes et réalistes, dépeignent sombrement et sobrement la société russe du début du XXe siècle. ANDREÏEV est un observateur hors normes, mais aussi un visionnaire en certains points.

Ce recueil, toujours disponible, est le moyen parfait pour découvrir l'oeuvre d'un géant russe qui n'a pas grand-chose à envier à ses aînés. D'autant qu'ANDREÏEV est en cette année au coeur de l'actualité, puisque non seulement nous célébrons les 150 ans de sa naissance (le jour-même où paraît cette chronique, ce qui bien sûr est loin d'être anecdotique), mais les éditions Mesures du grand André MARKOWICZ (encore lui, oui !) ont fait paraître l'une de ses pièces de théâtre, « La vie de l'homme ». le même MARKOWICZ avait traduit pour les éditions Corti « Vers les étoiles » en 1998 et « Ekatérina ivanovna » en 1999, mais ces deux volumes sont aujourd'hui épuisés. Mais ô surprise, le second titre sera réédité aux éditions Mesures très prochainement, il promet d'être magistral. Une nouvelle brèche s'ouvre pour découvrir l'impressionnante oeuvre de Leonid ANDREÏEV, l'une des plus variées et désenchantées de la littérature russe. Un auteur magistral et inoubliable sur lequel se précipiter au plus vite. Il est ici traduit par la formidable Sophie BENECH qui fait un travail admirable pour faire revivre certains grands textes russes oubliés.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans le brouillard p 78

Ce jour-là, depuis l’aube, les rues étaient plongées dans un étrange brouillard immobile. Il était léger et transparent, il ne dissimulait pas les objets, mais tout ce qui le traversait se teintait d’une inquiétante couleur jaune sombre, et la fraîcheur rosée des joues de femmes, les taches vives de leurs toilettes, tout devenait à la fois sombre et net, comme à travers un voile noir. Vers le sud, là où le soleil bas de novembre se cachait derrière un rideau de nuages, le ciel était clair, plus clair que la terre, mais au Nord, il descendait comme une ample draperie qui s’obscurcissait régulièrement et, près de la terre, il devenait d’un noir jaunâtre et opaque, comme en pleine nuit. Sur ce fond lourd, les édifices sombres paraissait d’un gris lumineux, et deux colonnes blanches à l’entrée d’un jardin dévasté par l’automne ressemblaient à deux cierges jaunes au chevet d’un défunt. Les plates-bandes, dans ce jardin, étaient retournées et piétinés par des pieds grossiers, et sur leurs tiges brisées, des fleurs tardives aux couleurs morbides se mouraient doucement dans le brouillard.
Tous les gens qui passaient dans la rue se dépêchaient, tous, ils étaient sombres et silencieux. Il était triste et terriblement angoissant, ce jour fantomatique qui suffoquait dans le brouillard jaune.
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Jusqu'à présent, messieurs les experts, j'avais caché la vérité, mais les circonstances m'obligent désormais à la révéler. En en prenant connaissance, vous comprendrez que l'affaire n'est pas aussi simple qu'elle peut le paraître aux profanes : soit la camisole de force, soit les fers. Il y a ici un autre élément, qui ne relève ni des fers, ni de la camisole, mais de quelque chose qui est, je crois, plus effroyable que les deux à la fois.
Alexeï Constantinovitch Savélov, l'homme que j'ai tué, avait été mon camarade de collège et d'université
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LA PENSEE
Le onze décembre 1900, le docteur en médecine Anton Ignatiévitch Kerjentsev commit un assassinat. L'ensemble des circonstances dans lesquelles le crime fut perpétré, ainsi que certains faits qui l'avaient précédé, laissaient soupçonner quelque chose d'anormal dans l'état mental de Kerjentsev.
Placé en observation à l'hôpital psychiatrique Élisabeth, Kerjentsev fut soumis à l'examen rigoureux et attentif de plusieurs psychiatres expérimentés, parmi lesquels se trouvait le professeur Drjembitski, qui vient de mourir. Voici le manuscrit dans lequel le docteur Kerjentsev fournit lui-même des explications sur ce qui s'est passé, un mois après le début de la mise en observation ; ce document, associé à d'autres matériaux fournis par l'enquête, a servi de fondement à l'expertise médico légale.
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Video de Leonid Andreïev (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonid Andreïev
Le Mur, fable symbolique, fait frissonner : un mur inébranlable se dresse avec cruauté devant des lépreux et des affamés se pressant à ses pieds et leur interdit l’accès à une vie heureuse. Ils représentent l’humanité dans sa lutte pour le bonheur et la liberté. Lecture de Judith Beuret.
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