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Odette Ferry (Traducteur)Véronique Dumont (Traducteur)Steve Rasnic Tem (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070396122
224 pages
Gallimard (28/01/2010)
3.84/5   46 notes
Résumé :
" George Smith " est un patient d'un genre un peu particulier. Ses psychiatres hésitent d'ailleurs à le laisser quitter l'hôpital, tant il semble sain d'esprit. Mais le doute n'est pas permis : il y a bien quelque chose d'étrange, chez lui. Il n'y a pourtant rien de mal à aimer la chasse ; et bien d'autres ont des difficultés avec les femmes. Alors quoi ? Et si la vérité était tout simplement inimaginable ? On a tous besoin de quelqu'un qui sait tout réparer. Mais p... >Voir plus
Que lire après Un peu de ton sang, suivi de Je répare toutVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Theodore Sturgeon est un auteur qui faisait partie de ma liste des auteurs à découvrir. C'est chose faite avec cette pioche surprise de Senna que je remercie au passage.

Il s'agit ici de deux histoires, Un peu de ton sang (Some of your blood, 1961) et Je répare tout (Bright segment, 1955)

J'ai beaucoup aimé la première histoire (un court roman) qui raconte l'histoire de George Smith (nom d'emprunt) à travers les échanges de deux psychiatres. Très graduellement, on se rend compte que George n'est pas une innocente victime de son enfance. Derrière ses non-dits se cache un terrible secret. Personnellement, j'ai deviné de quoi il était question au moment où Bon, il y a quand même un détail que j'ai trouvé vraiment répugnant mais rien de très terrifiant.

J'ai moins apprécié la nouvelle qui figure dans le livre d'Or de Sturgeon sous le titre Parcelle brillante. Un homme inquiétant ramène chez lui une femme qu'il a trouvée blessée et inconsciente dans la rue. Il va la « réparer ». Vous vous en doutez probablement, pas de « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » à la fin. L'ambiance est assez lugubre et angoissante.

L'écriture de Sturgeon est plutôt fluide et j'ai aimé sa technique pour dévoiler progressivement la nature profonde des deux hommes. On a le temps de se préparer pour la chute.

Aucun de ses romans ne m'a accroché à la lecture des 4e de couvertures mais à l'occasion, je pense sortir de ma pàl son livre d'or. J'ai aussi à lire « Theodore Sturgeon le plus qu'auteur » qui est paru en 2018 chez ActuSF.

En conclusion, une intéressante découverte.




Challenge SFFF 2021
Challenge mauvais genres 2021
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Un recueil de deux textes d'Horreur (et de Fantastique pour l'un d'eux) caractérisés… par leur grande humanité !

Theodore Sturgeon (1918-1985) est un écrivain de SF, de Fantastique et d'Horreur caractérisé par ses thèmes humanistes, un univers avec une atmosphère très personnelle (à tel point que, s'il a influencé d'autres auteurs éminents, comme Ray Bradbury, Harlan Ellison ou Samuel Delany, on ne peut pas parler d'écrivains « faisant du Sturgeon »), souvent poétique, et la façon très cathartique dont il a utilisé des événements survenus dans sa vie au sein de ses textes, imbriquant la première dans les seconds. Il a également officié sur quelques épisodes de Star Trek, et est l'inventeur du célèbre Pon Farr, du salut vulcain, de la phrase « longue vie et prospérité », ainsi que (selon certaines sources)… de la Directive Première ! Malgré une grande reconnaissance de ses qualités d'écrivain par la critique, malgré sa productivité (200 textes, surtout des nouvelles, mais aussi des romans marquants, comme Les plus qu'humains et Cristal qui songe), malgré le fait qu'il ait été, dans les années 50, l'auteur le plus représenté dans les anthologies, il a peu été récompensé par des prix littéraires et demeure beaucoup moins connu du grand public, en 2016, que certains de ses contemporains.

Le livre que je vous présente aujourd'hui comprend en fait deux textes : la novella Un peu de ton sang (146 pages) et la nouvelle Je répare tout (46 pages). Les deux relèvent de l'Horreur, « physique » et qui tâche pour le premier, plus subtile et psychologique pour le second. le premier peut aussi relever, selon un certain angle de vue, du Fantastique, même si je ne suis pas tout à fait d'accord, mais fait par contre incontestablement partie d'un thématique majeure de ce dernier, que je vais taire pour ne pas spoiler mais qui n'est pas spécialement difficile à deviner vu le nom du recueil. Les deux partagent aussi une thématique commune (en plus de protagonistes sortis du même moule typiquement Sturgeonien) : les secrets liés à la sexualité (ou à une forme affective, psychologique de sexualité, en tout cas) des protagonistes et les horribles situations qu'ils génèrent. Un aspect sexuel, transgressif, qu'on retrouve d'ailleurs dans le sous-genre du Fantastique dans lequel on classe souvent Un peu de ton sang.

Nous allons maintenant examiner chacun des deux textes.

- Un peu de ton sang

Il s'agit d'une novella épistolaire qui s'appuie sur la correspondance entre deux psychiatres militaires. L'époque n'est pas précisée, mais la mention de l'avion Fairchild C-119 indique que l'action se déroule pendant la Guerre de Corée ou celle du Viêt Nam (le texte date de 1961). Les deux praticiens parlent du cas peu ordinaire de Georges (ce n'est pas son vrai nom, mais un pseudonyme), un soldat convoqué devant le psychiatre de son unité après que la censure ait intercepté une lettre à sa fiancée et qui, après une remarque en apparence anodine, a frappé l'officier. Laissé à l'isolement depuis trois mois, il attire l'attention d'un des deux psychiatres que j'évoquais plus haut, alors que son collègue, plus gradé, le pousse à rendre le pauvre diable, un gars de la campagne américaine profonde assez rustique, à la vie civile. Mais le Dr Outerbridge sent que ce cas est bien moins ordinaire qu'il n'y paraît de prime abord…

Cette novella (ou roman court) relève, en première analyse, du registre de l'Horreur et, selon un certain angle de vue, éventuellement du Fantastique (voir plus loin). Je vais spoiler un peu, mais disons qu'Outerbridge réussit à passer outre le quasi-mutisme de Georges et à prouver que celui-ci s'est livré à des actes abominables. le tour de force de Theodore Sturgeon est, contrairement à un roman d'Horreur classique mettant en scène un être se livrant à des actes effroyables, à ne pas nous conduire à être dégoûté par lui mais à le prendre en pitié, voire à le considérer comme une victime plus qu'un coupable ! C'est la démonstration magistrale du caractère humaniste, dont je parlais plus haut, de l'oeuvre de cet écrivain : Georges n'est pas un monstre, il est une victime, manifestation de plus du caractère profondément (et paradoxalement) optimiste de l'oeuvre de Sturgeon. Dans un miroir, une catharsis de la propre enfance de Sturgeon, Georges est un enfant livré à lui-même, vagabondant dans les bois, sous la coupe impitoyable d'un père (beau-père pour l'auteur) tyrannique, fuyant sa vie de misère pour s'engager (dans l'armée pour le personnage, dans la marine marchande pour son créateur), solitaire, immature et incompris, différent donc rejeté. C'est le même type de cheminement que dans Cristal qui songe, au passage.

Au final, sur un thème archi-classique du Fantastique, dans une histoire apparemment banale d'Horreur mettant en scène un meurtrier, Sturgeon parvient, grâce à son approche humaniste et surtout grâce à son angle de vue réaliste, débarrassant le mythe de ses oripeaux, à nous proposer un texte, un regard, paradoxalement complètement neuf sur un personnage relevant de ces archétypes. Et l'aspect auto-biographique de l'oeuvre ne fait évidemment que renforcer l'empathie du lecteur pour le personnage, et lui faire apprécier une morale finalement très belle. Malgré tout, j'attire votre attention sur le fait que si l'émotion et l'empathie sont là, certains actes décrits peuvent horrifier les âmes sensibles, même s'ils ne sont en aucun cas gratuits et s'inscrivent avec une parfaite logique dans la construction du protagoniste et de l'intrigue.

Bref, ce texte est une grande réussite. Il est considéré comme un des classiques de l'Horreur, et, sur le volet Fantastique, Hitchcock en personne a déclaré qu'il était « le meilleur récit écrit dans la veine jugulaire ».

Notez un petit détail assez amusant en introduction et en conclusion, une utilisation de l'adresse au lecteur qui donne un petit aspect « histoire dont vous êtes le héros ».

- Je répare tout

Ce texte, qui n'a pas l'aura du précédent, et qui relève cette fois complètement de l'Horreur, présente de troublantes ressemblances avec un texte (très) postérieur de… Stephen King, que je ne vais évidemment pas citer pour ne pas spoiler. le plus étonnant est que King ne semble pas s'être inspiré de Sturgeon, alors que la parenté est pourtant relativement nette.

Le protagoniste (qui n'est pas nommé) est un type regardé comme une bête curieuse, méprisé par ses patrons (il est homme à tout faire dans un grand magasin), quasi-mutique, à l'enfance malheureuse, solitaire mais doté de mains en or, capable de tout cuisiner, de tout construire, de tout réparer. Et justement, un soir pluvieux, alors qu'il rentre chez lui, il voit une voiture larguer le corps d'une jeune femme avant de filer à vive allure. Sur une impulsion, il la recueille, la découvre grièvement blessée par armes tranchantes, et se met en tête… de la réparer. En faisant cela, c'est un peu lui, sa vie solitaire et misérable, sans joie, qu'il va aussi réparer. Les jours, les semaines vont passer, jusqu'à une conclusion d'une logique impitoyable (et assez prévisible).

C'est un texte correct, au final. Une fois encore, on ne peut pas s'empêcher de faire preuve de compassion pour le monstre (mais est-il vraiment celui que l'on croit ?), qui se révèle par certains côtés bien plus humain et digne d'empathie que sa victime.

- En conclusion

Ces deux nouvelles sont prenantes (enfin, du moins, pour ma part, je les ai lues très vite et avec plaisir), même si on est loin de l'apogée du style de Sturgeon. Certains critiquent la qualité des deux traductions, ce qui n'est pas mon cas : il en existe ou existerait sûrement de meilleures, mais il n'y a certainement pas de quoi crier au scandale, à mon sens.

Dans l'ensemble, il s'agit de deux très bons textes d'Horreur, le premier étant une référence du genre et le second étant plus dispensable, sauf si on le considère comme un précurseur d'un roman relativement similaire, même si bien plus marquant, de Stephen King. Un peu de ton sang, vu selon le prisme du Fantastique, en renouvelle de façon magistrale, car réaliste, un des sous-genres majeurs. Ce recueil est donc fort recommandable, sachant tout de même que si le second texte relève d'une horreur « soft », le premier est nettement plus explicite, même si ça ne l'empêche pas d'être aussi (et paradoxalement) plein d'humanité et d'une certaine forme… de beauté dans sa morale.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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[Un peu de ton sang]

L'auteur est un génie..
Mais je ne peux rien écrire sans risquer de "tout dire"!
Alors, laissez-vous porter ; intéressés par ce titre évocateur, plongez...
Vous ne remonterez à la surface qu'une centaine de pages plus loin !
(à moins d'être plus habile lecteur/lectrice que moi)

[Je répare tout]

Psychologique et dérangeant, se lisant d'une traite (comme "Un peu de ton sang") mais plutôt négligeable, en comparaison ; j'attendais quelque chose de plus "fort" alors que ce n'est qu'un apéritif..
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Theodore Sturgeon fait partie des trois auteurs pour lesquels j'ai le plus d'appréciation. Ces auteurs, qui, dès que j'ai un de leurs livres en ma possession me donne envie de les lire. Quelque fois, je craque en les passants avant les autres, quelques fois, je les mets assez éloigné pour m'inciter à lire. Un peu de ton sang (some of your blood parut en 1961) et je répare tout (Bright Segment parut en 1953) sont deux nouvelles.

Un peu de ton sang : Vous voilà dans la maison du docteur Outerbridge. Inconsciement, vous vous dirigez vers son bureau. La clé que vous avez trouvé, ouvre un petit tiroir. À l'intérieur se trouve un dossier classé confidentiel. En le lisant, vous découvrez le dossier de George Smith, un patient très particulier.

Je répare tout : Un homme essaye de sauver une femme mortellement blessée.

Alors que le livre est classé en SF, ici on ne trouve en rien de ce qu'il compose le genre SF. Surpris et agréablement, Theodore Sturgeon décrit deux histoires bien troublantes dans l'épouvante et l'horreur. Son écriture est, comme à l'accoutumé, poétique. Il se dégage quelque chose de puissant à sa lecture. Je crois bien que c'est le seul écrivain qui m'a donné des frissons, non pas de peur, mais d'émotions et de plaisir.

Alors que j'avais eu un véritable coup de coeur pour Cristal qui songe, j'avais été un peu déçu par le Killdozer/Viol comisque et le coeur désintégré. Là, j'ai retrouvé sa force, cette humanisme qui lui est propre. Il est certainement le seul à pouvoir rendre humain les exclus de la société. Un peu de ton sang est psychologique. C'est très impersonnel de lire la vie privée et les comptes-rendus des docteurs en psychiatrie. Véritable coup de force de l'auteur, puisque cette nouvelle est écrite avec plusieurs style littéraires. Difficile, et surtout inutile, de les décrire un par un. Cependant je constate que cette nouvelle est riche par son histoire et son écriture variée.

Pour je répare tout, là une fois de plus, c'est une claque. Il y a juste la fin que j'ai moins bien aimé. Tout est méticuleusement bien détaillé. La psychologie du personnage est moins travaillé. Force est de constater que la lecture se fait rapidement, peut-être un peu de trop.

J'aime l'écriture de Theodore Sturgeon, tellement poétique et humaniste. Auteur qui a inspiré tant d'autres (paraît-il Ray Bradbury?), disparut bien trop tôt.
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Dans ce livre se trouvent deux nouvelles : un peu de ton sang suivi de je répare tout.
Un peu de ton sang relate le récit de Georges autour de conversations entre deux psychiatres qui tentent de cerne la personnalité hors du commun de Georges. Si au premier abord, Georges apparaît comme un homme ordinaire, timide et renfermé, le lecteur va découvrir au fil du récit une personnalité complexe, un hommes aux pratiques barbares proches du vampirisme...
La particularité du récit réside dans l'approche très psychologique des faits et dans le lien qui va unir peu à peu Georges et l'un des psychiatre. Est révélée une enfance difficile, un lien maternel qui va devenir un véritable déclencheur des procédés sauvages de George.
Dans je répare tout, un homme se met en quête de réparer une femme trouvée blessée. Ce qui frappe dans ces deux récits, c'est le lien qui se noue entre les protagonistes principaux et les conséquences qui en découlent.
Des récits forts grâce à la structure narrative mais aussi grâce au style de l'auteur.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les bois sous la pluie, sous la neige, les bois même quand on a faim ne vous rend pas malheureux comme le font les hommes. On peut y mourir, dans les bois, y être tué, mais les arbres ne se saoule pas, ne cogne pas sur votre mère. Les bois sont accueillants, les villes sont hostiles. Dans les bois vous savez à qui vous avez affaire. Les animaux ne vous en veulent pas. Vous pouvez assommer un lapin, le manquer ou le blesser. Il ne vous en gardera pas rancune. Ça lui servira de leçon, et il sera plus prudent l'avenir. C'est tout. Si vous frappez un homme, vous ne pouvez pas prévoir ce qu'il va en résulter.
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Il semblerait que son développement émotionnel se soit définitivement arrêté, non pas à l'adolescence ou à la prépuberté comme dans de nombreux cas, mais à la prime enfance. Le fait que son développement physique et intellectuel soit normal peut paraître improbable et, statistiquement parlant, impossible, mais c'est pourtant le cas
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Ce qui a de la valeur, c'est l'argent, c'est aussi la connaissance, le plaisir, la passion, les souvenirs.
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Il bondit vers cette main, la prit pour la poser contre son front, s’agenouilla la tête penchée en se mettant à pleurer. Elle lui tapota ses cheveux rêches en attendant la fin de cet orage, qui se calma avec soudaineté au plus fort de son déchaînement.
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« Ouais, mais c’est pas de toi qu’il a besoin, l’oncle Sam ! » et toi tu attends, les yeux toujours fixés sur son doigt, sans bouger jusqu’à ce que tu comprennes ; parce que tu comprends bien les choses, ce qu’il y a c’est que tu n’entends pas vite. Et alors tu restes là en train de loucher, et tous ils se marrent.
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