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Jean-Noël Schifano (Traducteur)
EAN : 9782070305384
144 pages
Gallimard (06/01/2005)
3.17/5   15 notes
Résumé :
"Tuer était donc si facile ? Un seul instant il s'arrêta dans sa course pour jeter un coup d'œil derrière lui : dans la longue rue éclairée par de rares réverbères il vit, étendu par terre, le corps de cet Antonio dont il ignorait jusqu'au nom de famille..."

À travers l'assassin de la Via Belpoggio, ou à travers les réflexions de Zeno Cosini, Svevo évoque la situation difficile de l'homme, lourd de son passé et inquiet de son avenir. Finalement, seul ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je découvre l'univers d'Italo Svevo (1861-1928) l'auteur de la conscience de Zeno avec ce petit recueil de nouvelles.
Italo Svevo littéralement « Italien-Souabe » est le pseudonyme d'Ettore Schmitz, né Aronne Ettore Schmitz à Trieste alors dans l'Empire austro-hongrois, d'un père juif allemand et d'une mère italienne, originaire de la communauté juive du Frioul.
L'Assassinat de la via Belpoggio est une nouvelle remarquable écrite sous le pseudonyme de Ettore Samigli (dérivé italien à travers l'hébreu de shlemilh signifiant « rêveur »). L'auteur travaille alors comme simple commis dans une banque depuis la faillite de son père, entrepreneur verrier. La nouvelle est parue par épisodes en 1890 dans le quotidien triestin et irrédentiste L'Indipendente.
Un soir, via Belpoggio à Trieste, Giorgio assène un coup de poing instinctif et fatal à Antonio V qui l'avait prié de tenir un instant ses billets de banque empaquetés. Giorgio marche à grandes enjambées en direction de la gare avec l'idée de s'enfuir en Suisse mais, au dernier moment, il change d'avis et rentre chez lui…
La narration est à la troisième personne mais nous sommes dans la tête de ce tueur faussement sûr de lui et vite dépassé non pas par le remord mais plutôt par l'angoisse de ne pas pouvoir dissimuler son crime. En décidant de ne pas partir pour Trieste, il se condamne. Ensuite Il fait tout semble-t-il pour qu'on le découvre, qu'on le punisse et en même temps il se cherche des excuses comme un petit garçon. La nouvelle est certes très imprégnée de Dostoïevski mais déjà très singulière dans sa forme. Une précision d'horloger pour traduire les oscillations de la conscience de Giorgio.

Les deux nouvelles suivantes Umbertino et le contrat ont été écrites après la Conscience de Zeno (1923) dont elles sont le prolongement, quelques mois avant la mort de Svevo en 1928. Elles sont inachevées. Elles sont touchantes mais m'ont moins intéressée que la première.
Umbertino est le petit-fils de Zeno Cosini. Son grand- père aime à se promener avec lui et étudie tendrement sa tête légère « encombrée de bêtises ». Il se reconnaît en lui et envie sa joie bruyante.
Un contrat. On suit pas à pas les réflexions ironiques de Zeno Cosini qui s'auto-analyse sans concession. A la fin de la guerre Zeno se met à vendre du savon. Trop tard. Les gens n'ont plus besoin de se sentir propre. Il a enfin compris qu'il était arrivé un fait nouveau : la paix. Cette mauvaise affaire a totalement absorbé ses bénéfices antérieurs. Il préfère laisser son jeune fondé de pouvoir se dépatouiller avec ses affaires jusqu'au jour où…La nouvelle s'apparente à une farce cruelle sur la sénilité.
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A Trieste, en pleine rue, un homme en poignarde un autre pour lui dérober une belle somme d'argent que la victime avait eu l'imprudence de montrer. Il s'enfuit à toutes jambes, bouscule une femme et se précipite à la gare dans l'espoir de prendre un train pour la Suisse avant d'être soupçonné. Mais au dernier moment, il change d'avis... En dépit de son caractère fantasque et de ses questions incessantes, le petit Umbertino fait le bonheur de son grand-père... A la fin de la guerre, un négociant qui a fait de mauvaises affaires laisse de plus en plus de responsabilités à son fondé de pouvoir jusqu'au jour où il se retrouve à signer un contrat léonin qui le dépossède pratiquement de son entreprise...
Ce court recueil (128 pages) est composé de trois nouvelles qui sont autant de descriptions d'épisodes de vie quotidienne, de petits évènements qui sont certainement arrivés à leur auteur ou ont pu être observés par lui. le lecteur appréciera la finesse de l'observation, l'acuité du regard et un certain humour plus fait de détachement que de dérision ou d'ironie. Comme souvent dans ce genre d'ouvrage, les textes sont d'intérêt inégal. « L'assassinat de la Via Belpoggio » fait immanquablement penser à un « Crime et châtiment » plus bref, plus condensé et plus terre à terre que le chef d'oeuvre de Dostoïevski. « Umbertino » semble inachevé dans la mesure où il n'y a pas vraiment d'histoire et où on se perd un peu dans cette galerie de personnages sympathiques et très humains. le meilleur texte reste « Un contrat ». C'est le plus ironique, le plus cruel et le plus désabusé de tous. A lui seul, il justifie la lecture de l'ensemble.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tuer était donc si facile ? Un seul instant il s'arrêta dans sa course pour jeter un coup d’œil derrière lui : dans la longue rue éclairée par de rares réverbères il vit, étendu par terre, le corps de cet Antonio dont il ignorait jusqu'au nom de famille.
(incipit)
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Fortunato remplissait les fonctions de chauffeur depuis peu, depuis la mort du pauvre Hydran, un cheval splendide devenu poussif deux ans après qu’on l’eut acheté, et que, par fausse bonté, nous avions laissé s’épuiser jusqu’au dernier moment. Par la suite, comme sa mort nous avait grandement impressionnés, nous ne voulûmes pas entendre parler de chevaux ; alors à cause de notre amour pour un cheval, nous refusâmes tout contact avec la race qui eut tant de patience avec l’homme jusqu’au moment où l’homme pressé n’en eut plus avec elle.
C’est ainsi ainsi qu’après un long temps d’instruction qui me laissa des mois durant sans voiture et sans auto, Fortunato fut, de cocher, élevé à la dignité de chauffeur. Il était lent à comprendre les choses mais quand il les avait comprises il ne les oubliait plus.
Les premiers temps on ne parvenait jamais au but ; mais à présent on se presse un peu plus, trop même parfois, car après chaque promenade plutôt longue, les contraventions qu’on m’inflige de toute part affluent chez moi.
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Perchés sur un mur nous assistâmes un jour à une petite scène. Dans une courette, un cheval emballé était poursuivi par un gros garçon qui essayait de le diriger vers l’écurie. Le cheval se cabrait et envoyait des ruades dans le vide. Umbertino, de sa place qui le mettait hors de danger, s’amusait diablement et hurlait de plaisir. Sa joie bruyante me plaît beaucoup ; elle me semble pourtant un signe de l’hystérie qui a sévi chez ses ancêtres. Cette fois-là sa joie ne pouvait blesser personne : le pauvre diable qui était en contrebas aux prises avec le cheval ne pouvait ni nous voir, ni nous entendre. Il prit soudain une décision. Il s’éclipsa par une porte de la cour et revint, une poignée de foin à la main. Le cheval flaira l’odeur : quand l’homme recula vers la même porte, il le suivit mené par la faim et disparu à la suite de l’homme. Umbertino hurlait : « Ne le suis pas ! tu es un idiot ! il va t’attraper. » Et chaque fois que nous passâmes par là, il regardait cette cour : « La cour du cheval idiot. » Mais nous n’avons plus jamais revu ni le cheval ni l’homme. Alors Umbertino se prenait à songer : « Peut-être que si la chose s’est renouvelée, le cheval ne s’est plus laissé attraper et a réussi à flanquer une bonne ruade et à cette heure il va, libre, loin très loin dans quelque pâturage ».
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Maintenant je suis vieux, et on ne respecte que les jeunes : ainsi j'ai traversé la vie sans qu'on m'ait jamais respecté. Voilà qui a dû faire naître en moi une certaine antipathie pour les jeunes d'aujourd'hui qu'on respecte et pour les vieux qu'on respectait, hier. 
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Je suis fort capable d'écouter longtemps une personne qui me parle sans entendre un traitre mot de ce qu'elle me dit.
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