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Michel Aucouturier (Préfacier, etc.)Sylvie Luneau (Traducteur)
EAN : 9782070366781
500 pages
Gallimard (25/07/1975)
4/5   156 notes
Résumé :
Ce classique de la littérature de l'enfance a été écrit par un très jeune homme pour qui le souvenir n'est pas lié à la nostalgie, à l'attendrissement poétique, mais qui voit dans l'écriture le seul moyen de se libérer de ses chaînes et d'aborder l'âge d'homme.
D'où le ton si particulier de ce livre, sa tension, son étrange et presque aveuglante vérité, son parfum de fraises sauvages. Enfance, adolescence, jeunesse est aussi un des tableaux les plus évocateur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur nous raconte son enfance à travers cette autobiographie romancée. On y découvre, dès le plus jeune âge un personnage sensible et toujours en quête de vertus morales, de bonheur absolu. Il a la rage de raisonner.

« Pendant Toute une année, je vécus dans un isolement moral absolu, enfoncé en moi-même. Les questions abstruses de la destinée humaine, de la vie future et de l'immortalité de l'âme se présentaient déjà à moi, et ma débile intelligence d'enfant travaillait avec toute l'ardeur de l'inexpérience à éclaircir ces grands problèmes que le génie humain, dans ses plus grands efforts, arrive seulement à poser sans parvenir à les résoudre. »

On ressent aussi dans la lecture de cette sorte de journal intime, une auto-analyse de ses actes et de ses pensées. Il n'est pas tendre avec lui-même. Les règles de vie qu'il s'est imposées sont souvent difficiles à suivre, surtout dans la noblesse russe de l'époque où il vit, où règne oisiveté, plaisir du jeu, hypocrisie, vie facile avec tous ces précepteurs, servantes, esclaves et petit peuple à leurs pieds. Il serait facile de suivre un modèle tel que son frère ainé ou son père, mais il est bien différent d'eux. Il se rend compte qu'il n'est pas, comme il le pensait enfant, le centre d'un monde harmonieux.

Il nous décrit avec précision et sensibilité le passage de l'enfance à l'adolescence puis à la jeunesse, avec son lot de crédulité, d' espoir et de déception. Entre rêveries et désillusions.


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Jeunesse, publié en français en 1857. Traduction ici de Sylvie Luneau

On insiste sur Enfance, peut-être avec raison puisque ce fut sa première fiction comportant d'étranges similitudes avec sa propre vie que je n'ose qualifier d'autobiographie puisque l'auteur lui-même ne revendiquait pas cette qualification et démarquait bien ce qui était son propre songe du reste , plus prosaïque on va dire ; on insiste sur Enfance parce que ce fut aussitôt publié son premier et vif succès qui séduisit même la cour impériale, ; on insiste sur Enfance puisque quand il partit, enrôlé au Caucase, il partit avec ses notes sur Enfance qui devait d'ailleurs être le premier d'un quatre temps, quatre tranches de vie .. et il s'employa sur le front, dans ses plages, à achever son projet d'écriture ; ce qui donne un aspect romanesque aux choses ; on insiste sur Enfance parce que l'auteur savait dans ses vingt-deux, vingt-trois ans qu'il avait quelque chose à dire d'original et qu'il était déjà rompu à l'exercice d'écrire, par la tenue de son journal intime, ses carnets depuis 1847, par sa nombreuse correspondance plus précoce encore, par un essai avorté, servi par une plume en or qui palliait ses velléités de tous ordres et nombreuses, et que cette oeuvre constituait la première preuve tangible de son talent ; on insiste sur Enfance puisqu'il reçut la bénédiction de ses pairs on ne peut plus clairement à travers des phrases fort élogieuses..

Mais personnellement quand j'ai lu Enfance, puis Adolescence et donc Jeunesse dans la foulée, je me régalai autant, je n'y ai point vu de rupture mais au contraire la suite de la connaissance avec un Grand de la littérature qui confirmait totalement tous les beaux espoirs que le jeune écrivain faisait naître..

Assez parlé, voici l'incipit:
"Ce que je considère comme le début de ma jeunesse.
J'ai dit que mon amitié pour Dimitri m'avait révélé une nouvelle manière d'envisager la vie, son but, ses rapports. Cette manière de voir résidait dans la conviction que la mission de l'homme est de tendre son perfectionnement moral et que ce perfectionnement moral est aisé, possible et éternel. Jusqu'à présent, je m'étais contenté de jouir de la découverte des idées nouvelles qui découlaient de cette conviction et de la formation de projets brillants pour un avenir moral et actif, mais ma vie suivait son cours, mesquine, confuse et oisive.

Ces pensées vertueuses que nous ressassions dans nos entretiens, moi et mon ami bien aimé Dimitri, le merveilleux Mitia, comme je le nommais parfois tout bas pour moi-même, ne séduisaient encore que mon esprit , non ma sensibilité. Mais il y eut un moment où ces pensées affluèrent à mon esprit avec la force toute neuve d ela révélation morale je pris peur en songeant à tout le temps que j'avais perdu pour rien et voulus sur-le-champs, à la seconde même, appliquer ces pensées à ma vie avec la ferme intention de ne plus jamais en changer.

C'est ce moment que je considère comme le début de ma Jeunesse.

J'allais alors sur mes seize ans.."


il y a vraiment de quoi s'abreuver l'esprit dans ce regard sur soi-même que portait l'auteur, cette introspection, quand on sait l'homme changeant, complexe qu'était Tolstoï.. Beau programme en perspective !
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Un roman à la première personne librement inspiré de la vie de l'écrivain. J'ai aimé le récit de l'enfant où se révèlent, outre une imagination poétique, une sensibilité et une sincérité à fleur de peau qui lui permettent d'entrevoir avec netteté l'injustice de la condition humaine et de dépasser son statut de noble privilégié.

"Des milliers de pensées nouvelles et confuses ayant trait à leur solitude se mirent à essaimer dans ma tête et j'éprouvais tant de honte à être riche tandis qu'elles étaient pauvres que je devins écarlate et ne pus me résoudre à lever les yeux sur Kakenka."

C'est de cet enfant-là, qui garde toujours les yeux et le cœur ouverts, qu'est né l'écrivain. Et, même si plus tard, il sacrifie aux apparences ; à l'esprit bien français du "comme il faut", il trouvera encore le moyen de s'en affranchir. Lors de sa rencontre avec deux étudiants pauvres, il prendra conscience peu à peu que le fossé qu'il y a entre eux n'est en fait qu'un rapport de classe.

« Il y avait un abime de nuances, qui faisaient tout le charme et tout le sens de la vie, parfaitement incompréhensible pour eux et réciproquement, mais la principale cause de l’impossibilité de rapprochement c’était le drap à vingt roubles de ma vareuse, ma voiture et ma chemise en toile de Hollande. Cette cause était surtout importante pour moi : il me semblait que je les blessais involontairement avec ces marques de mon bien-être. »

Tout Tolstoï est là : dans cette liberté iconoclaste, cet amour absolu de la vérité et ce besoin incessant de réparer une injustice.
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Bon rien à voir avec les aménités de Fabius envers Hollande, et si les traducteurs en note préalable en parlent en termes louangeurs, et si l'auteur lui-même note dans son journal que son travail est pleinement satisfaisant, alors on peut s'embarquer sans trop de risques pour une cueillette fructueuse, à condition encore de ne pas s'imaginer un bison ou un sanglier qui va sortir du bois et vous rentrer dans le lard ..
"Puis on parla peinture, et Mary déclara tout net que, dans la peinture décadente, (oui ça dépote), il y avait "un je ne sais quoi" qu'on ne pouvait nier. A cet instant, elle ne pensait pas du tout à la peinture décadente, mais elle disait cela parce qu'elle l'avait déjà dit des centaines de fois .."

La lecture de cette nouvelle me donne le sentiment que l'auteur dans une vie fortement active et troublée par les soubresauts politiques et sociaux sous Nicolas ii, s'octroie une pause et décrit par opposition presque l'insouciance de la vie à la campagne dans un village de moujiks et dans la maison d'un seigneur de la ville que rien ne semblerait perturber et qu'un rien, une frivolité vienne nourrir le menu des journées ensoleillées de juin

Au village ce sont les enfants et leurs mères qui s'agitent dans la forêt à la faveur de la cueillette des fraises ; dans la maison du seigneur, invité, docteur et maître de maison pérorent des heures et toute une nuit, dans la véranda, autour d'un vin de Crimée, sur la politique et les prévisions avec des points de vue tranchés et opposés, comme histoire d'occuper le temps. le personnel de service semble attendre que ça se passe, impatient de pouvoir dormir. Les enfants de la maisonnée se sont goinfrés de fraises des bois amenés par les enfants du village, ainsi la connexion s'établit pour "ces heureux du monde".

Ces scènes de vie en province russe au début de l'été 1905 auxquelles s'attache à décrire Tolstoï relativisent la noirceur antagoniste des tableaux habituels qu'on perçoit de ces années là : elles existent aussi. Son auteur les peint avec brio.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Les timides souffrent parce qu'ils sont dans le doute sur l'opinion que les autres ont d'eux; aussitôt que cette opinion s'est manifestée, même à leur désavantage, leur malaise cesse.
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Il me semble que chaque individu, dans son développement intellectuel, repasse par les mêmes routes qui ont été suivies par les générations successives, que les idées formant le fondement des diverses théories philosophiques font partie intégrante de l'esprit humain, et que chaque homme en a eu conscience plus ou moins nettement, avant même de savoir qu'il existait des théories philosophiques. Ces Réflexions s'imposaient à mon esprit avec tant de force et de vivacité, que je cherchais à les appliquer à la vie, me figurant que j'avais découvert le premier des vérités si importantes et si utiles.

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C'étaient des journées de juin, chaudes et sans brise. Dans la forêt aux frondaisons épaisses, vertes et pleines de sève, seuls les bouleaux et les tilleuls, déjà jaunis, s'effeuillaient par places. Sur les buissons d'églantiers croulaient des avalanches de fleurs odorantes. Les clairières étaient couvertes de trèfles que pillaient les abeilles ; dans les avoines, dans les blés hauts et lourds ondulant au soleil, on entendait le cri des cailles. Dans les fourrés, les râles des genêts se répondaient ; le rossignol lançait par instants un trille et se taisait ..

(Aujourd'hui ce sont plutôt les abeilles qu'on pille, que celles-ci vis-à-vis d'un champ de trèfles. Pourquoi Léon, n'as-tu pas ajouté un peu de bleu tellement magnifique à ton champ de trèfles ?)
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Je me souviens qu'un jour, à dîner (j'avais alors six ans), on avait parlé de ma figure. Maman s'était efforcée de trouver quelque attrait à mon visage - des yeux intelligents, un sourire agréable-, mais, en fin de compte, il lui avait bien fallu se rendre à l'évidence et reconnaître, avec mon père, que j'étais laid. Comme je la remerciais pour le dîner, elle me tapota la joue et dit :
- Nikolenka, il faut que tu saches que personne ne t'aimera pour ton visage : tu devras t'efforcer d'être un garçon intelligent et bon.
Ces paroles renforcèrent en moi une double conviction : celle d'être laid, mais aussi celle de devenir plus tard un garçon intelligent et bon.
Malgré cela, je passais par de véritables crises de désespoir : je me disais qu'il ne pouvait y avoir de bonheur sur terre pour un être pourvu d'un nez épaté comme le mien, avec des grosses lèvres et de petits yeux gris. Je suppliais Dieu de faire un miracle... De me transformer en Adonis. Car j'aurai tout donné pour un joli visage : tout ce que je possédais et tout ce que je posséderais plus tard !
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Selon Hubert Juin, préfacier, il y a deux hommes chez Tolstoï, sinon trois. Le joueur, le buveur, l'amateur de chevaux, le chasseur, le coureur de jupon : voilà le vrai, contre lequel il va tenter (si l'on veut) de se faire, de se construire. Et l'autre, c'est le rousseauiste, l'homme du bien et du bon, l'ami de la nature. Ce qui réunit des tendances aussi complexes et opposées paraît, à qui sait lire, dès les premières pages : c'est la mort. La peur de la mort. L'angoisse.
J'en ai évoqué un troisième, sans lequel les deux autres, dans leur conflit, n'auraient pas fait les grands romans que l'on sait et que l'on aime : le voyant au regard aigu, précis, méticuleux, à l'oeil rapace, auquel suffit un détail parce que ce détail dérobé est le meilleur, le plus significatif, le seul -au fond- qui vaille. C'est, en partie, le romancier
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