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EAN : 9782330005962
352 pages
Actes Sud (04/05/2012)
3/5   6 notes
Résumé :
Attiré à Budapest par la perspective d'un modeste défraiement, un jeune écrivain portugais misanthrope et hypocondriaque rencontre un confrère italien extraverti et désinvolte, qui ne tarde pas à le convaincre de le suivre à Sabaudia, sur les terres
de Pasolini et de Moravia. Ils se joignent à une faune
hétéroclite d'artistes marginaux en provenance des quatre coins du monde, conviés dans une fastueuse résidence nichée au cœur de l'Agro pontino par le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le jeune écrivain portugais Joao Tordo avait séduit avec le domaine du temps. Son deuxième roman traduit en français, le bon hiver, confirme en très grande partie cette impression. Les 100 premières pages du livre sont délectables, pleines de dérision et d'ironie dans le portrait d'un écrivain sans succès et sans inspiration qui somatise et devient une loque misanthrope. le colloque de Budapest, auquel il participe, est un concours de vanités que Tordo, jamais aussi bon que dans le cynisme, ridiculise avec délectation. le roman bascule ensuite dans tout à fait autre chose. Une sorte de thriller, sous forme de huis-clos dans une propriété entre mer et forêt, où les assassinats se multiplient, les rivalités s'aiguisent et les haines se matérialisent, au sein d'une faune de personnages hétéroclites (artistes, actrice, écrivains, producteur) dans un climat anxiogène proche d'un film d'horreur. Là, Tordo est moins convaincant. D'une part, parce que la situation n'est pas en soi originale et a déjà donné été à l'origine de nombreux romans ; d'autre part, parce qu'on est proche du grand guignol avec des scènes macabres qui font regretter le ton moins "sérieux" du début du livre. Ceci dit, l'auteur garde une certaine maîtrise des évènements et n'a pas son pareil pour plonger aux tréfonds psychologique de ses personnages ou, au contraire, pour leur garder une certaine part de mystère. Quoique imparfait et un brin frustrant, le bon hiver est un assez joyeux jeu de massacre qui laisse à penser que Joao Tordo en a encore sous le pied et devrait le démontrer sans faute dans ses prochains livres. On attend, en trépignant.
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Long à démarrer et final qui m'a déçu.
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Quand un écrivain raté se retrouve coincé dans un huis clos à cause du meurtre d'un mystérieux producteur, il faut s'attendre à tout. Une lecture sympathique et divertissante.
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À travers une intrigue presque classique de roman policier, dans le bon hiver, Jao Tordo mène une réflexion ludique, grave et belle malgré une ironie peut-être trop présente, sur la création romanesque, son impact sur le vécu. le bon hiver est un livre d'une rare intelligence d'un auteur à découvrir.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour être honnête, elle ne valait pas grand-chose, ma vie. Quoi de plus ridicule qu’un écrivain qui ne croit pas en la littérature, quand bien même il s’imagine, paradoxalement, que celle-ci finira par le venger ? Eh bien, j’en étais là. Du reste, cela faisait déjà longtemps que je n’y croyais plus ; longtemps aussi que je faisais comme si ce n’était pas vrai ; c’est pourquoi j’ajournais sans cesse toutes mes décisions et vivotais sans être le moins du monde convaincu que l’existence fût un événement seulement digne d’être évoqué car, tôt ou tard, une œuvre magistrale finirait par me rendre justice. Donc, j’étais écrivain et, bien que ne croyant pas en la littérature – ou précisément pour cette raison, parce qu’il est des gens qui persistent à se taper la tête contre les murs –, j’envisageais l’avenir en plaçant tous mes espoirs dans une carrière littéraire qui se refusait à décoller et, parce que je ne savais que faire de ma vie, la traitais comme un rebut.
La vérité n’est pas aussi linéaire. La vérité, c’est qu’après plusieurs années à errer aux abords de la littérature, j’étais, pour tout dire, complètement
épuisé. Sans m’en rendre compte, j’avais frappé à toutes les portes et j’étais devenu un professionnel de l’effraction, je pénétrais dans tous les milieux et proposais mes services pour tous types de travail avec une même disponibilité : pendant toutes ces années, je fus journaliste, correcteur, traducteur, créatif dans une agence de publicité, je rédigeai des préfaces et des postfaces de livres, des discours pour des politiciens de seconde zone et, dans une période plus délicate, j’en fus réduit à écrire des menus dégustation pour des restaurants et les paroles d’un pousseur de chansonnette donnant dans le genre mariachi. En parallèle, je menais une carrière littéraire et, à l’automne, il y a deux ans, je publiai mon troisième roman, en étant à mille lieues de m’imaginer qu’avec ce livre je venais de clore un cycle – comme si le livre constituait la prémonition de quelque chose de monstrueux ou des temps qui s’approchaient. Ce roman
était, comme les deux premiers, d’un pessimisme radical, tellement gratuit que nombre de lecteurs l’abandonnaient au bout de quelques pages, au motif que la réalité était déjà bien assez sinistre comme ça – dans mon premier livre, par exemple, un homme dont la famille périssait dans un incendie se claquemurait dans un appartement londonien et commençait à cohabiter avec des fantômes, à parler tout seul et à poursuivre des silhouettes dont l’existence lui semblait incertaine ; à la fin, il en venait à douter de sa propre existence et ainsi de suite, s’adonnant avec sadisme à un exercice de doute méthodique. Bref, c’était une succession d’horreurs. Néanmoins, les livres furent publiés, ils furent raisonnablement ignorés, après quoi, comme une vague qui reflue en charriant des ordures et des algues toxiques, les portes se refermèrent autour de moi à grand fracas. Ignorant les meilleurs conseils de mes parents et amis et ne sachant pas encore qu’il fallait faire attention à ce
qu’on offrait au monde – car la misère et la solitude fictionnelles peuvent devenir réalité –, je finis par me faire renvoyer d’un emploi stable de scénariste dans une petite maison de production d’émissions télé, en septembre de l’année dernière, pour incompatibilité d’humeur avec mes collègues, avec mon chef et même avec les femmes de ménage qui bien souvent me retrouvaient en train de dormir dans les toilettes au beau milieu de la journée. Évidemment, je fis tout pour me faire licencier en adoptant des comportements d’insubordination qu’il est inutile de décrire ici et, deux ans après la publication du troisième roman – dont l’existence, comme celle des précédents, n’avait été qu’un feu de paille –, je décidai de monter à l’échafaud de ma propre initiative, convaincu que c’était là une attitude héroïque. Je ne saurais dire au juste pourquoi j’agis de la sorte. Peut-être parce que la littérature, chose extraordinaire et impossible à expliquer (et justement pour cela objet de constantes et vaines tentatives), avait été une ambition de jeunesse bien vite devenue une source de malentendus. Que ce fût parce que je ne croyais pas en moi ou que ce fût
précisément pour le contraire – car, dans le fond, je me pensais capable de réaliser des prouesses –, je pris la décision, après avoir longtemps tâché de “gagner ma vie”, comme on dit, de mettre un terme à cette flagrante perte de temps et de m’enfermer chez moi pour écrire l’œuvre avec laquelle j’allais enfin me venger du monde.
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Voilà quel a été le problème : comment avancer sans dénoncer les crimes qui furent commis ? Comment poursuivre ce récit, en sachant qu’il constituera une lourde sentence contre ceux qui y sont évoqués, vivants ou morts, alors que je suis le seul responsable de son élaboration et donc tout à la fois accusé, avocat et juge dans la construction d’une affaire qui se fait au détriment de ses protagonistes ?
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