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Critiques sur le theme : littérature japonaise (24)
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La Fin des temps

La Fin des temps entrelace deux récits. D'un côté, un programmeur informatique se trouve entraîné bien malgré lui, au cours d'une mission, dans des aventures dangereuses, entre confrontation avec des organisations aux méthodes mafieuses et fuite dans un souterrain où l'attendent sangsues et “ténébrides”. de l'autre, un homme arrivé en état d'amnésie dans une ville inconnue, aux murailles infranchissables, se voit chargé de lire à la bibliothèque des vieux rêves dans des crânes de licorne, et explore cet univers intemporel à la recherche d'un moyen de s'enfuir avec son ombre, enfermée aux portes de la ville.
Ce roman plonge le lecteur dans un univers à la fois étrange, poétique et parfois drôle, où le réel s'ouvre soudain sur un autre monde, onirique et déroutant. La tension dramatique culmine avec la scène du souterrain, topos chez Murakami, sorte de périple initiatique où le narrateur sauve sa vie pour finalement, presque paradoxalement, consentir à la mener “ailleurs”. du grand art. du Murakami.
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Abandonner un chat : Souvenirs de mon père

"Abandonner un chat, souvenirs de mon père" s'ouvre et se referme sur deux instantanés marquants de l'enfance d'Haruki Murakami. Ces deux épisodes, mettant tour à tour en scène une chatte errante et un chaton, encadrent, telles deux madeleines proustiennes, cette courte exploration du lien avec son père. le récit parcourt une histoire générationnelle où se mêlent la vocation de prêtre bouddhiste du grand-père, le goût des haïkus et du saké d'un père universitaire mais, plus encore, la recherche de l'impact et de l'empreinte de la grande Histoire sur ces parcours individuels. La dépression de l'ère Showa, la guerre contre la Chine, la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, sont autant de cicatrices infligées à "une malheureuse génération" dans lesquelles l'auteur puise les explications que le fils semble peiner à retrouver émotionnellement.
Le récit s'alimente de la puissance des planches de l'illustrateur Emiliano Ponzi dont les couleurs successives ponctuent les sentiments de l'enfant, la puissance et le hasard des destins. Confronté à la difficulté d'écrire une relation complexe marquée par des "divergences psychologiques", Haruki Murakami livre un récit en demi-teinte. A l'exploration des épisodes de vie de son père, se mêle et domine peu à peu une réflexion sur le hasard des existences, l'anonymat de la vie qu'il compare à une "goutte de pluie, anonyme parmi une multitude de gouttes".
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Klara et le Soleil

Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot androïde intelligent particulièrement curieux et agréable. Choisie par Jodie, une jeune fille ayant de graves problèmes de santé, Klara crée avec elle de véritables liens et fait tout son possible pour essayer de la sauver, allant jusqu'à sacrifier un peu d'elle-même. dans une Cette entreprise qui peut sembler au lecteur totalement irrationnelle pour le lecteur, mais se voit en apparence couronnée de succès. Ce roman invite à se laisser déboussoler pour mieux interroger voire renouveler notre regard sur le monde. le point de vue de Klara, narratrice, ne coïncide pas totalement avec le nôtre et nous surprend parfois. Pourquoi le champ de vision de Klara structure-t-il tout être dans des "boîtes" ? Ou q Que penser des curieux rapports que cette intelligence artificielle avancée fait parfois entre les choses : est-ce cette IA qui se trompe, prêtant presque à rire, ou bien est-ce notre intelligence humaine finie ? Plus profondément encore, Ce roman pose finalement unela question la plus cruciale, toujours chaque jour plus d'actualité : qu'est-ce qui distingue Klara, androïde capable de sentiments profonds et d'empathie, de croyance ou encore de conscience de lui-même, d'un de l' être humain tel que nous le connaissons ? Et celui-ci est-il réellement si irremplaçable que la tentative de pérenniser, dans une enveloppe de robot, cet être mortel si fragile qu'est l'humain, tel Jodie, reste définitivement insensée ?
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Confessions d'un masque

Dans les années 1930, Kôchan est un enfant maladif et solitaire, couvé par sa famille. Fasciné par la mort et les scènes sanglantes, il aime parcourir les livres d'art à la recherche d'images de héros mythologiques ou de saints martyrs. A l'école, il admire Omi, un camarade plus âgé et plus athlétique que lui, sans parvenir à déterminer d'où lui vient cette attirance. En grandissant, il se questionne sur ses sentiments et le désir qu'il ressent pour les corps masculins. Alors que le Japon est secoué par la guerre et vit dans la crainte des bombardements américains, le jeune homme entame une relation platonique, faite de jeux de séduction, avec Sonoko, la soeur d'un ami. Mais rapidement, Kôchan devra tenter d'échapper à cet amour qu'il a lui-même inspiré.
Dans son premier roman autobiographique, publié en 1949, Yukio Mishima évoque toute la difficulté à assumer son homosexualité dans un Japon encore très traditionnaliste. L'auteur raconte comment, rongé par la culpabilité, il a refoulé ses pulsions afin de rester dans une “normalité” acceptable. Mais cela l'a conduit à mentir et à masquer, aux autres et à lui-même, sa préférence sexuelle.
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L'usine

Ils viennent d'être embauchés dans l'Usine, un immense complexe industriel qui emploie des milliers de personnes et fait la fierté de la région. Mais les tâches qui leur sont confiées sont quelque peu ubuesques : la jeune femme déchiquète des documents, l'homme corrige des textes qui lui reviennent remplis d'erreurs, et le dernier doit étudier les mousses qui poussent dans l'enceinte de l'Usine. Nous suivons leur installation à leur poste de travail et découvrons avec eux cette « ville » et son obscur fonctionnement : tout se déroule en vase clos et il est impossible de savoir ce qui y est produit. L'atmosphère est d'autant plus pesante que peu à peu, une faune surprenante prolifère : cormorans, lézards et ragondins. Rapidement, les trois protagonistes s'interrogent sur l'utilité de leur travail : face à un management sans chef identifiable, ont-ils des objectifs à atteindre ? de manière insidieuse, l'Usine va exercer une emprise sur leur existence et celle de leur famille.

Dans son premier roman traduit en français, l'autrice trentenaire évoque l'aliénation au travail des jeunes actifs japonais, qui doivent accepter des emplois monotones, mais aussi ce monde de l'entreprise où les tâches sont tellement spécialisées qu'elles en perdent leur sens. le lecteur est souvent déstabilisé par une écriture à la première personne qui ne précise pas qui parle et par une chronologie assez floue ; le voilà donc aussi perdu que les personnages dans cet étrange univers.
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Les chats ne rient pas

Après leur rupture, Hayakawa ne pensait jamais revoir Renko. Alors que celle-ci a refait sa vie avec un homme plus stable, lui continue à patauger dans les mêmes problèmes : une carrière décevante et une relation compliquée avec l'alcool. Quand Renko l'appelle, quelques années après, c'est pour lui annoncer une triste nouvelle : Son, le chat qu'ils avaient adopté ensemble, est malade et elle souhaite qu'ils l'accompagnent ensemble dans ses derniers jours.

Réunis autour de Son, qui fut le témoin de leur bonheur, Renko et Hayakawa doivent faire face aux fantômes du passé. Sous l'oeil compréhensif de Miyata, le nouveau compagnon de Renko, ils font enfin la paix avec leurs regrets et leurs déceptions. Suivant ces personnages cabossés sur le chemin de la réconciliation, Kosuke Mukai signe une jolie histoire de reconstruction qui célèbre avec une douceur touchante les liens affectifs qui se nouent autour d'un animal.
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J'adore

Deux enfants de douze ans se lient d'amitié et traversent ensemble la douleur silencieuse et solitaire de la perte d'un parent. Mugi a perdu son père, Hegatea n'a plus de mère. Pour affronter un monde d'adultes brisé par le deuil et empreint de dissimulations périlleuses, Mugi se réfugie dans le dessin et Hegatea dans le cinéma. Mugi se passionne pour Miss Ice Sandwich et se rend aussi souvent que possible au centre commercial pour se plonger dans le regard énigmatique de cette femme extraordinaire dont il entreprend de dessiner le portrait. Hegatea rejoue à la perfection les scènes de ses films préférés et trouve en al Pacino le héros de ses émotions les plus intenses. Deux rapports au monde émouvants, deux sensibilités extrêmes qui tentent de s'apprivoiser mutuellement. le récit croisé de ces deux instants de vie pris sur le vif restitue avec force et sensibilité la temporalité, le langage et la puissance imaginative de l'enfance. Mugi et Hegatea évoluent dans un univers inexorablement tiraillé entre le déchirement de la perte et le quotidien tour à tour léger et cruel de l'école. Lorsque Hegatea découvre brutalement en classe l'existence d'une demi-soeur dont son père ne lui a jamais parlé, Mugi et Hegatea partent secrètement à sa rencontre et éprouvent ensemble leur capacité à analyser les silences et les mensonges des adultes. Mieko Kawakami livre un roman très touchant sur l'amitié, mais aussi sur la prise de conscience du monde adulte, en jouant brillamment sur le contraste entre la légèreté du langage de l'enfance et l'écriture particulièrement puissante et bouleversante du souvenir et du ressenti de ses deux personnages.
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Vie à vendre

Que faire, quand on est pris d'un soudain dégoût de la vie et que même la mort ne semble pas être une issue ? C'est la question qui s'impose à Hanio, vingt-sept ans, lorsqu'il se réveille à l'hôpital après un suicide raté. Puisque sa vie ne lui est plus d'aucun intérêt, le jeune homme a une idée : la vendre au plus offrant, qui pourra tout exiger de lui... L'offre trouve facilement preneur mais Hanio, engagé successivement dans de troubles affaires de coeur, dans les agissements d'une organisation secrète ou encore dans une affaire d'espionnage international impliquant le vol d'un collier et des carottes empoisonnées, commence à regretter d'avoir perdu tout contrôle sur sa vie...
Enchaînant les épisodes rocambolesques, cette parodie débridée de romans policiers est sans nul doute le roman le plus drôle de Yukio Mishima. Restée inédite en France jusqu'à aujourd'hui, cette farce existentielle à l'humour acide présente une facette savoureuse de ce grand auteur japonais, tout en donnant une vision nouvelle d'une de ses grandes thématiques : le contrôle de chacun sur son existence, dans une volonté de puissance exacerbée dont Hanio est le parfait contre-exemple.
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Les dames de Kimoto

A Wakayama, au sud de la baie d'Osaka, il est une légende qui se transmet de mère en fille : il est de mauvais augure de remonter le fleuve pour se marier. Respectueuse des coutumes ancestrales, Toyono a élevé sa petite fille Hana dans la plus pure tradition japonaise et arrangé un mariage avec un riche propriétaire terrien. Installée de l'autre côté du fleuve Ki, Hana est à son tour une épouse modèle, entièrement dévouée à son mari. En réaction, sa fille Fumio aspire à une existence libérée de tous carcans, résolument tournée vers le monde moderne. C'est sa fille Hanako, la dernière née, qui parviendra, enfin, à relier les valeurs des femmes qui l'ont précédée. A travers quatre générations, Les dames de Kimoto nous immerge intimement dans un Japon en pleine mutation. En racontant l'histoire du point du vue des femmes, Sawako Ariyoshi dresse un portrait saisissant et raffiné de la condition féminine au tournant du XIXe siècle. Portant fièrement leur lignée, Hana, Fumio et Hanako sont le magnifique miroir d'une société en mouvement, à la recherche d'un équilibre tissé entre transmission et émancipation.
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Les délices de Tokyo

C'est la semaine du goût, et on a puisé dans nos souvenirs de lecture pour choisir les romans les plus gourmands... On commence avec une pâtisserie qu'on aime particulièrement : les dorayakis japonais, liés pour toujours au roman de Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo ! - - -
Dans un coin de Tokyo, le jeune Sentarô prépare et vend des dorayakis, ces petites pâtisseries japonaises à base de pâte de haricot rouge. Peu passionné par son métier, il subit le morne quotidien de sa boutique, dont la faible clientèle ne suffit pas à rembourser ses dettes. Un jour de printemps, Tokue, une vieille dame aux doigts déformés, se présente avec une demande inhabituelle : mettre son savoir-faire au service de sa cuisine. D'abord sceptique, Sentarô accepte son aide après avoir goûté son incomparable pâte de haricots rouges. Bientôt, c'est tout le quartier qui se précipite pour déguster les savoureuses pâtisseries confectionnées par Tokue. Odeurs, chaleur, crépitements, textures... Si Durian Sukegawa met délicieusement nos sens en éveil, c'est pour mieux nous parler du temps qui passe, de transmission et de générosité, tout en explorant un pan méconnu de l'histoire de son pays. On en sort apaisé et revigoré, certain que les dorayakis n'auront plus jamais tout à fait la même saveur...
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Les 47 Rônins

Peu d'épisodes de l'Histoire du Japon ont eu une postérité aussi importante que celle des 47 rônins. Portée plusieurs fois à l'écran, sujet de nombreuses pièces de théâtre et même d'un ballet de Maurice Béjart, l'histoire de ces 47 samouraïs qui jurèrent de venger leur maître, condamné par le shogun à la mort par seppuku, tient à la fois du conte moral et de l'aventure de cape et d'épée. le roman-fleuve que consacre Jirô Osaragi à ces 47 héros trouve le point d'équilibre entre un récit épique et une reconstitution minutieuse de l'époque d'Edo.

Si la complexité des intrigues imbriquées et le fourmillement de personnages fait des 47 rônins un roman redoutablement complexe, la toile de fond que dessine Osaragi est une parfaite introduction au Japon du XVIIIe siècle. Au gré de mille décors pittoresques, de la cour du shogun aux plus paisibles campagnes, les 47 ronins assure un dépaysement total tout en permettant de pénétrer le système de valeurs qui régissait cette société de guerriers désoeuvrés.
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Cristallisation secrète

Yoko Ogawa a l'art des atmosphères étranges qui troublent son lecteur. Cristallisation secrète ne fait pas exception à la règle. Sur une île japonaise, les objets disparaissent sans crier gare. Mystérieusement, les uns après les autres. D'abord, ce sont les oiseaux, puis les fleurs, les photographies… tous s'effacent progressivement de la mémoire des habitants. Dans cette vie qui s'amenuise, la narratrice, romancière, n'écrit, justement, que sur la disparition. Sa rencontre avec R., fidèle éditeur qui sait se souvenir, va bouleverser son quotidien et son rapport aux mots. A la fois récit intime et parabole du totalitarisme, on lit cet envoûtant roman d'une traite, jusqu'à l'évaporation de l'auteur même.
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Instantanés d'Ambre

Derrière quatre hauts murs de briques, une mystérieuse fratrie évolue à l'abri des regards extérieurs. Enfermés par leur mère depuis leur plus tendre enfance, Opale, Ambre et Agate ne connaissent rien - ou presque - du monde environnant. Ce qu'ils en savent, ils l'ont appris dans la collection d'encyclopédies illustrées héritée de leur père. Au fil des récits et des jeux, ils ont inventé leur propre monde, enchanté et inquiétant. Parfois, la vie surgit au creux des pages, celle de la benjamine disparue, dont la silhouette s'agite au fond du regard d'Ambre. Pendant des heures, Ambre s'efforce de la dessiner et de la mettre en mouvement. Par amour pour sa mère, pour se souvenir, pour figer l'éternité. Dans cet espace clos, c'est ainsi que le temps passe, entre illusion et trouble, douceur et effroi.

Tissé de poésie sourde et de non-dits, Instantanés d'ambre s'anime pour qui sait tendre l'oreille. Tout en suggestion et retenue, Yoko Ogawa excelle à dire les zones de violence et d'inconfort - celles d'une enfance tragiquement perdue, pourtant miraculeusement ressurgie grâce au pouvoir des images et des mots.
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La papeterie Tsubaki

Lorsqu'elle reprend, à l'aube de ses vingt-cinq ans, la papeterie familiale, Hatoko ne s'attend pas à ce que ce lieu change à ce point sa vie. Renouant avec l'art de la calligraphie que lui avait appris sa grand-mère, elle reprend le rôle d'écrivain public que celle-ci tenait auprès de ses voisins. Lettres d'amour ou de condoléances, échanges chaleureux avec des amis perdus de vue... Au travers des lettres qu'elle signe pour ses clients, Hatoko redécouvre sa propre intériorité.

Peuplé de personnages secondaires attachants, La Papeterie Tsubaki déborde de la délicatesse et de l'humanité qui rendaient le Restaurant de l'amour retrouvé et le Jardin arc-en-ciel si attachants. Scrutant aussi bien le grain du papier et les mouvements du pinceau que les émotions vacillantes d'Hatoko, Ito Ogawa compose dans ce nouveau roman un paysage de l'intime d'une rare sensibilité.
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Le Jardin Arc-en-ciel

Ni la différence d'âge, ni la désapprobation de leurs familles n'aura raison de l'amour d'Izumi et Chiyoko. le hasard qui pousse cette mère célibataire et cette jeune lycéenne au bord du suicide dans les bras l'une de l'autre a des airs de coup du destin : indéfectiblement liées, elles vont élever deux enfants ensemble et ouvrir une maison d'hôtes où elles mettront en oeuvre leur capacité à écouter et aider les autres. Sous leur pavillon arc-en-ciel, Izumi et Chiyoko construisent leur propre mode de vie et parviennent, à leur manière douce et discrète, à faire évoluer les mentalités dans le petit coin de campagne qu'elles ont choisi pour s'établir.

Modeste et attachant, le Jardin arc-en-ciel donne la parole successivement aux quatre membres de cette famille finalement très ordinaire, et dépeint avec minutie leur bonheur frêle mais toujours régénéré à force de bienveillance et de soutien mutuel.
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