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Critiques sur le theme : biographie (153)
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Le récit du combat

Dans ce récit initiatique et autobiographique, Luc Lang retrace certains épisodes de sa vie au prisme de son lien étroit avec le judo puis avec le karaté. du combat tendre et fondateur avec son père adoptif, quand il était enfant - scène qui ouvre le roman sur une joie primitive -, à sa progression teintée de doutes sur les tatamis, le narrateur revisite sa vie, ses sursauts, ses drames et résurgences, à l'aune d'un art de la chute et d'une philosophie dépeinte avec humilité et profondeur.


Plus qu'un texte sur la passion des arts martiaux, le Récit du combat est à la fois le cheminement d'un homme à la recherche d'un équilibre, sa quête intérieure, et l'analyse subtile des mouvements qui traversent une vie, de l'enfance à l'âge adulte, en un relevé intime des secousses et des vibrations qui fondent un être. L'auteur y déploie une réflexion vertigineuse sur le corps et l'écriture qui devient, sous la plume précise du romancier et karatéka, un art du geste juste et de la bonne distance. En revenant sur ce qui fonde poétiquement l'axe d'une vie, Luc Lang nous livre un texte saisissant et lumineux, d'une grande originalité.
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Les monuments de Paris

Dans son premier livre Fugitive parce que reine, Violaine Huisman racontait la folie de sa mère. Ici, c'est au père, patriarche tutélaire et flamboyant, et au grand-père brillant et avant-gardiste, qu'elle rend hommage dans un long roman à l'écriture raffinée.


En parlant de l'émotion de la perte de son père, l'autrice convoque également la figure de son aïeul Georges Huisman et nous narre ainsi le parcours rocambolesque d'un homme d'origine modeste à l'ascension fulgurante, qui deviendra Directeur des Beaux-arts dans les années 1930.


En 1939, ce fils de parents juifs d'origine hollandaise, à l'initiative (avec Jean Zay) de la création du Festival de Cannes et du Palais de Chaillot, doit fuir, d'abord en embarquant dans le paquebot Massilia vers les territoires de l'Afrique française du Nord, puis, de retour en France, en s'installant en zone libre. Une fois la guerre terminée, ce personnage illustre devra se battre pour retrouver sa “vie d'avant”.


En mêlant introspection et enquête historique, en s'appuyant à la fois sur des études universitaires et sur ses souvenirs, l'autrice nous propose une incursion dans le destin de sa famille, véritable traversée de la culture française à travers les époques, et nous montre que l'intime rejoint bien souvent la grande Histoire.
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Les Contemplées

A la suite d'une manifestation à Tunis, une jeune Française est emmenée à la Manouba, la prison pour femmes de la capitale. A partir de ce moment les repères se diluent. Dépossédée de son identité, et assaillie par de violentes sensations - la couleur verdâtre des couloirs délabrés, les odeurs d'urine, de sueur et de cigarette - elle découvre hébétée la cellule où elle vivra avec vingt-huit autres codétenues. Après la peur, le rejet, le refus de partager quoique ce soit avec ces dangereuses prisonnières parfois condamnées pour meurtre, la narratrice finit par se rapprocher de ses compagnes d'infortune, par partager leur quotidien, et apprendre leur histoire.
A travers ce témoignage, Pauline Hillier donne corps et voix à ces femmes mises au ban de la société tunisienne, pour n'avoir pu supporter la condition dans laquelle les enfermaient des lois entièrement édictées par les hommes. le respect et la grande finesse avec lesquels l'autrice restitue leurs portraits, sensible à leur humanité, à leurs espiègleries, attentive à leurs gestes et à leurs regards au sein de ce huis clos insalubre, produisent des lignes d'une justesse souvent bouleversante et qui ne manquent pas d'humour. L'épilogue réserve une surprise particulièrement forte en émotions.
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La Femme silencieuse: Sylvia Plath et Ted H..

Éminente représentante de la narration non-fictionnelle et de la littérature du réel, la journaliste Janet Malcolm publie "La Femme silencieuse" en 1994 aux Etats-Unis, plus de trente ans après le suicide de Sylvia Plath. Elle y dissèque avec finesse le foisonnement de discours, de biographies, de témoignages qui ont exacerbé la légende littéraire et personnelle de l'autrice, en figeant les protagonistes de sa vie dans des camps bien distincts, et notamment son mari Ted Hughes qui fut parfois tenu pour responsable de sa mort. Retraçant avec une précision méticuleuse le devenir posthume de son oeuvre, Janet Malcolm s'attache à libérer l'autrice des récits qui enserraient sa mémoire, quitte à prendre position, elle aussi, dans les débats et les querelles qui ont suivi sa disparition.
De cette vertigineuse enquête ressort une réflexion brillante sur l'entreprise biographique, les limites et les chausses-trappes auxquelles elle est nécessairement soumise, et l'illusion à vouloir dessiner une vie dans sa stricte vérité. Pour le lecteur de ce texte, c'est aussi le plaisir renouvelé de plonger dans le mystère d'une autrice dont l'oeuvre flamboyante continue de fasciner.
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Nous voulons tous être sauvés

Dans “Nous voulons tous être sauvés”, Daniele Mencarelli raconte son hospitalisation pendant l'été 1994 qui a vu l'Italie en finale de la coupe du monde de football. Daniele, alors âgé de 20 ans, est interné pour la première fois dans un service de psychiatrie sous le régime de l'HSC (hospitalisation sans consentement), suite à un accès de violence envers son père. Il partage sa chambre avec cinq autres patients qui sont tous atteints de maladies mentales. le personnage contraint par un règlement intérieur strict nous partage les 7 jours de son hospitalisation - correspondant aux 7 chapitres du roman - rythmés par les visites des différents médecins, la distribution des repas ou des médicaments…et par les discussions entre les différents malades réunis dans cette chambre.
L' auteur nous fait découvrir sans caricature l'univers clos de la folie mais sa vision, empreinte d'humanité, nous amène à réfléchir sur la différence. Les nombreux dialogues entre les patients - aux modes de pensées différents - rythment le quotidien et le roman. Ce texte aborde ainsi des questions existentielles dans un monde contemporain où la science fait tout pour anesthésier les personnes un peu trop singulières. N'est-il plus normal de souffrir ? D'être triste ? de se sentir en décalage ? D'être envahi par la culpabilité ?
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Alice Guy

De nos jours, avoir « sa bande dessinée » est devenu le signe d'une reconnaissance, cela inscrit définitivement une existence dans l'inconscient collectif et la grande Histoire. Il est donc tout à fait légitime et heureux qu'Alice Guy, première femme cinéaste, reprenne vie sous les mains de la dessinatrice Catel et de l'auteur José-Louis Bocquet. Leur travail hyper documenté restitue librement l'histoire de cette femme pleine de fougue, intelligente et déterminée, qui a collaboré avec tous les grands noms liés à l'invention du cinématographe : Georges Demenÿ, les frères Gaumont et les frères Lumière, Georges Méliès… de sténodactylo chez Gaumont à ses propres tournages aux États-Unis, Alice Guy fait ses armes et ses preuves au milieu de tous ces hommes, « légitimée » par sa finesse d'esprit, sa répartie et son intérêt immense pour le cinéma dont elle comprend très vite les enjeux artistiques et économiques.
Il n'est pas une vignette où Alice Guy ne soit présente, tel un fil rouge au coeur de chaque événement historique. Évincée pendant des décennies de l'histoire du cinéma, Alice Guy retrouve enfin sa place au Panthéon du 7e Art parmi Méliès, Feuillade, Chaplin ou Keaton.
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Euphorie

Sylvia attend son second enfant. Elle se démène tant bien que mal entre sa vie de famille et son désir d'écrire tandis que son mari, Ted, s'occupe du jardin et se consacre à l'écriture dans son bureau. C'est pourtant grâce à la bourse d'écrivaine obtenue par Sylvia que le couple et la petite Frieda occupent cette maison dans la campagne anglaise. Sylvia, l'américaine, ne peut se résoudre à cette vie rangée et bourgeoise. Et les déplacements de Ted pour des enregistrements de poèmes à la BBC éveillent ses soupçons d'adultère. A la naissance de leur deuxième enfant, ses doutes se confirment : elle découvre la liaison de son mari avec la poétesse Assia Wevill. Pourra-t-elle surmonter cette trahison ?
Ce roman introspectif nous plonge dans les états d'âme de la romancière et poétesse Sylvia Plath jusqu'à nous laisser percevoir son souffle et son « Euphorie ». de manière progressive, l'écrivaine décrit avec acuité les humeurs d'une femme isolée dont l'imagination et les attentes se heurteront cruellement à la réalité. Héroïne féministe, Sylvia est doublement discriminée, entre une profession qu'elle ne pourra exercer car réservée aux hommes, et le rôle de femme au foyer qui lui est intimement prescrit. Ce roman est un hommage sensible au destin trop tôt achevé de l'artiste Sylvia Plath.
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Mon nom est sans mémoire

Alors qu'elle s'apprête à fêter ses 50 ans, Michela Marzano découvre que le dernier prénom de son père est Benito. Elle s'interroge alors sur ce qui a poussé son grand-père Arturo à donner à son fils, né en 1936, le prénom de Mussolini. Elle découvre que cet homme, qu'on lui avait toujours présenté comme un petit magistrat de province estimé, puis un député monarchiste, avait été un fasciste de la première heure et même un « squadistra », un des bras armés du régime. Passée la sidération, elle s'attelle à retracer la vie de ce grand-père qu'elle a peu connu - son mariage, ses enfants, sa carrière - pour comprendre pourquoi il a pu adhérer à la politique du Duce.
A travers ses recherches méticuleuses, parfois frénétiques, dans les archives nationales, les livres d'histoire, ainsi que dans les photographies et documents familiaux, l'autrice oscille entre la honte face au passé de son grand-père et une certaine tendresse pour cet homme patriote, dévoué à ses administrés. Elle rend, aussi, en partie justice à son père Ferruccio, professeur d'économie résolument de gauche, en comprenant que le passé paternel a pu le rendre si dur envers ses propres enfants. Michela Marzano, professeure de philosophie à Paris, ancienne députée du Parti démocrate italien, nous propose un très beau roman interrogeant les non-dits familiaux, mais aussi la question du refoulement et de l'amnésie dans l'Italie contemporaine.
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Beyrouth-sur-Seine

En septembre 1975, Kaïssar et Hanane, étudiants libanais et jeunes mariés, arrivent à Paris pour un séjour de deux ans afin de terminer leurs études. Mais le déchirement du Liban a déjà débuté ; ils ne repartiront jamais vivre dans leur pays. Quelques décennies plus tard, Sabyl, leur fils « né à Beyrouth dans une rue de Paris », enquête et recueille les témoignages de ses parents. Plus son récit progresse, plus les frontières s'estompent. Les peurs se mêlent, celle pour les leurs, restés sur le sol libanais, celle des bombes qui, dans les années 80, les frôlent et installent le conflit libanais dans leur quotidien parisien.
Dans son troisième roman, Sabyl Ghoussoub pose les jalons de l'histoire du Liban, de 1975 à 2021. Il observe ce territoire laminé, recense les engagements individuels, les querelles de pouvoirs, l'escalade de la violence. Dans le même temps, il refuse l'explication et l'analyse pour ne retenir, dans cet enchaînement et enchevêtrement de faits, que l'absurde et l'indéchiffrable. le lecteur est saisi et touché par ce roman qui place l'individu et la famille au-delà des événements. Dans cet exil forcé, le territoire familial est l'ancrage, la boussole, la terre d'adoption. L'art, au coeur de la vie, pacifie et ouvre une voie plus lumineuse dans laquelle la figure du père, journaliste et poète au destin bouleversé, se détache avec une intense tendresse.
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Les Enfants endormis

Les Enfants endormis est un double récit. C'est d'abord l'histoire familiale de l'auteur qu'il restitue en se replongeant dans une boîte à chaussures contenant des photos de famille et des films super 8. Il raconte l'ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses dans l'arrière-pays niçois. Cette histoire familiale, c'est aussi et surtout celle qui conduit son oncle Désiré vers un destin tragique. Désiré fait partie de ces enfants endormis, ces jeunes frappés par la drogue, que l'on retrouve à demi-inconscients dans les rues des villages, une seringue plantée au creux du bras. Certains contractent le virus du sida, comme Désiré, alors que la maladie est encore mal connue et tue..
L'autre histoire que raconte Anthony Passeron, et qui fait écho à celle de Désiré, est celle de la recherche. L'auteur retrace l'épopée qui conduit des médecins et chercheurs américains et français à comprendre cette maladie dévastatrice, que l'on pensait réservée aux hommes homosexuels.
À la manière d'un archéologue, avec une écriture claire livrée sans pathos, Anthony Passeron dévoile une tragédie familiale, intime mais aussi collective qui répond à une passionnante enquête sur la découverte du sida. En dépeignant à la fois la vie d'une jeunesse en perdition, et la plongée dans le déni d'une famille paralysée par la honte et la détresse, il offre un magnifique roman haletant et bouleversant.
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Pour le centenaire de la disparition de Marcel Proust, laissez-vous charmer par la bande dessinée de Chloé Cruchaudet : « Céleste », prévue en deux tomes. le quotidien de l'écrivain y est raconté du point de vue de Céleste Albaret, sa gouvernante et secrétaire. En 1956, Céleste se souvient de son arrivée au service de "Monsieur" juste avant la 1ere guerre mondiale. À cette époque, jeune mariée, venue de la campagne, inactive et peu encline aux tâches ménagères, elle jouera pourtant un rôle grandissant dans la vie de l'écrivain comme dans son oeuvre.
Nous retrouvons tout le talent de l'autrice pour conter avec subtilité et humour la rencontre de ces deux êtres décalés que tout oppose en apparence. Les dialogues sont savoureux. Graphiquement, elle multiplie les trouvailles pour représenter l'univers feutré et délicat de l'écrivain, la musicalité de sa prose, les surgissements de l'inspiration, les fantômes obsédants qui peuplent son univers. Voici un livre qui permet d'approcher avec légèreté un auteur souvent jugé difficile et dont la stature de Grand Écrivain peut intimider.
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Le secret de la force surhumaine

Inconditionnelle du sport, la narratrice Alison raconte comment ce dernier est entré dans sa vie. Depuis l'enfance, elle est initiée par sa famille à l'endurance. Dès l'adolescence, elle prend conscience que les sports lui servent à s'affirmer, mais plus tard, ils lui permettent aussi de nourrir son inspiration en tant qu'écrivaine. le sport la rapproche de la nature et de la littérature comme celles et ceux qui ont poursuivi une quête de soi, des transcendentalistes à Jack Kerouac. Au fil des âges et des relations amoureuses, l'autrice assouvira-t-elle sa recherche d'apaisement ? Découvrira-t-elle ce qu'elle nomme « le secret de la force surhumaine » ?
Alison Bechdel aborde ici un thème peu commun en littérature, celui du sport comme essence de la vie et auquel on s'adonne sans compter. Ce récit haut en couleurs s'apparente à un manuel technique d'initiation aux sports. Sur le mode de l'autobiographie, l'autrice se confie sur ses angoisses, à l'image des tomes précédents relatant le parcours de ses parents. Agrémenté de références littéraires, comme à son habitude, le récit composé par l'autrice est celui de la recherche d'une voie intermédiaire et réconciliatrice entre le corps et l'esprit.
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Vivre vite

Contrainte de vendre la maison qu'elle a achetée vingt ans plus tôt avec Claude, son compagnon, l'écrivaine se remémore les circonstances de l'emménagement. A l'époque, l'effervescence de l'acquisition est vite supplantée par la tragédie, puisque Claude décède dans un accident de moto quelques jours seulement après la remise des clés. Quitter ces murs, c'est revenir au moment où tout a basculé. Egrenant tous les « si » qui auraient pu changer le cours des choses, l'autrice s'emploie à mettre à nu l'engrenage invisible des événements qui ont mené au drame. Elle passe au crible les grandes et les petites décisions, les hasards et les motivations inconscientes, tous ces détails qui ont conduit à l'irréparable, et dont on se dit, comme toujours après coup, qu'ils auraient pu être évités.
Brigitte Giraud ne refait pas l'histoire, mais par la répétition d'une minuscule conjonction, par le pouvoir de l'écriture, elle ouvre des fenêtres sur d'autres mondes possibles. L'émotion que procure le roman tient au caractère à la fois naïf et insensé du projet, celui de l'amoureuse, qui au moment de rendre les clés, regarde une dernière fois derrière elle pour affirmer que d'autres réponses existaient. Avant de tourner la page, elle retient suspendus par ses mots des instants de joie adolescente sur une bande-son rock'n roll, passés avec un homme qui aimait plus que tout « vivre vite ».
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Vivance

Un homme solitaire repeint sa maison à petits coups de pinceaux. Il étire le temps, bavarde avec son voisin, observe les mouvements de son chat qui, un jour, disparaît. L'homme enfourche son vélo pour le retrouver, et prend la tangente lui aussi, dans un périple ponctué de rencontres, de hasards, d'ascensions éprouvantes pour le corps et l'esprit. Si le roman de David Lopez n'est conduit par aucune intrigue, le récit qu'il déroule fascine car il interroge notre liberté, sonde notre désir de nous sentir vivant. Et parce qu'il fait le portrait subtil, émouvant et drôle, d'hommes et de femmes désillusionnés dont les rêves, à y regarder de plus près, sont toujours bien vivaces malgré leur vie bancale.
Dans une écriture minutieuse qui restitue l'infime, attentive à tous les composants du vivant - humains, animaux, paysages -, le narrateur fait corps avec le réel, dans sa trivialité et sa beauté. Qu'il observe la traversée d'un insecte sur son tapis de sol, reconstitue une conversation, une attitude, la forme d'une route, les variations d'une voix ou les fragilités de ceux qui l'entourent, la description touche juste, au plus près des sensations, des intentions et des intériorités. Un récit hypnotique et précis, d'une grande humanité.
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Les Presque Soeurs

A Montargis, en 1942, trois soeurs, Mireille, Jacqueline et Henriette, sont amies avec les fillettes Kaminsky. En juillet, les parents des six enfants sont raflés et déportés. Comme des milliers d'autres orphelins, elles sont parquées dans les camps d'internement du Loiret. A Beaune-la-Rolande, Pithiviers puis Paris, la survie des fillettes, âgées de 3 à 13 ans s'engage dans des conditions terrifiantes, une traversée qui fera d'elles, pour toujours, des « presque soeurs » unies dans la détresse et le courage. Au cours de cette errance, de camps en foyers, après plusieurs tentatives, les soeurs Kaminsky parviennent à s'échapper. Les soeurs Korman n'auront pas cette chance, elles ne reviendront jamais.
Dans ce récit-enquête, à la fois historique et intime, Cloé Korman reconstitue le parcours poignant des cousines de son père. Elle se livre à une recherche rigoureuse et précise, étayée par les archives du Cercil, Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement du Loiret et Musée-mémorial des enfants du Vel' d'Hiv'. La force du roman tient à l'équilibre particulièrement réussi entre cette trame historique qui ausculte les rouages de l'administration française et le récit intime, à hauteur du regard et des émotions de ces six fillettes. le lecteur est saisi, comme devant un de ces dessins d'enfant représentant la barbarie.
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