Un homme solitaire repeint sa maison à petits coups de pinceaux. Il étire le temps, bavarde avec son voisin, observe les mouvements de son chat qui, un jour, disparaît. L'homme enfourche son vélo pour le retrouver, et prend la tangente lui aussi, dans un périple ponctué de rencontres, de hasards, d'ascensions éprouvantes pour le corps et l'esprit. Si le roman de
David Lopez n'est conduit par aucune intrigue, le récit qu'il déroule fascine car il interroge notre liberté, sonde notre désir de nous sentir vivant. Et parce qu'il fait le portrait subtil, émouvant et drôle, d'hommes et de femmes désillusionnés dont les rêves, à y regarder de plus près, sont toujours bien vivaces malgré leur vie bancale.
Dans une écriture minutieuse qui restitue l'infime, attentive à tous les composants du vivant - humains, animaux, paysages -, le narrateur fait corps avec le réel, dans sa trivialité et sa beauté. Qu'il observe la traversée d'un insecte sur son tapis de sol, reconstitue une conversation, une attitude, la forme d'une route, les variations d'une voix ou les fragilités de ceux qui l'entourent, la description touche juste, au plus près des sensations, des intentions et des intériorités. Un récit hypnotique et précis, d'une grande humanité.