Le nouveau roman d’Annelise Heurtier (auteur de Sweet sixteen et Le carnet rouge) est une plongée fascinante au cœur des années 60 à travers le regard d’une jeune fille en lutte avec une société en plein bouleversement.
Il est toujours difficile de dire ce que l’on aurait fait à la place de quelqu’un… surtout quand il s’agit d’un contexte, d’une époque différente. On ne peut pas répondre à cette question avec un regard de 2018.Je n’ai pas eu la même éducation et les choses ont bien changé depuis.
Mais honnêtement, je pense que je n`aurais pas eu le courage de Catherine. Je crois que j’aurais eu peur de tous les dangers que l’on associait à la course à pied !
Non, pas vraiment. La plupart de mes romans nécessitent beaucoup de recherches documentaires pour retranscrire des époques, des lieux que je ne connais pas. Pour ce projet, j’ai eu la possibilité d’interroger des femmes qui avaient 16 ans dans les années 60 (merci à elles : Annick, Danielle, Marie-Paule, Marie-Claude et beaucoup d’autres) alors c’était presque plus facile que d’habitude. Cela m’a permis de confirmer ou d’infirmer les éléments que j’avais pu trouver sur internet, dans des reportages d’époque ou dans des documents.
Je ne sais pas trop. Ce n’est pas vraiment intentionnel. A mon avis, j’ai l’impression de sonner plus « juste » si je me mets à la place d’un personnage féminin… parce que je suis une fille, tout simplement.
Je ne me définis pas comme une auteure engagée, je ne crois pas avoir cette prétention là. J’écris simplement sur des sujets qui m’interpellent en tant que citoyen, en tant que personne. Je n’ai pas non plus la prétention de faire passer des messages. Qui serais-je pour oser le faire ? Chacun doit construire sa propre pensée. Par contre, si je peux susciter cette réflexion par le choix de mes sujets, c’est tant mieux. C’est aussi le rôle de la littérature, surtout quand on s’adresse à des êtres en construction !
Cela ne s’est pas fait de manière intentionnelle. Mes premiers écrits n’étaient pas destinés à être publiés, ils s’adressaient à ma petite nièce de 9 ans. J’y ai pris goût et j’ai continué sur cette lancée. La littérature de jeunesse est très riche et est un vrai challenge. Je la pense plus exigeante que la littérature générale, d’ailleurs
C’est une idée récente. Je pioche mon inspiration dans mon quotidien, je repère des « graines » que j’essaie de faire fleurir ! J’ai trouvée celle-ci en 2017, quand on a beaucoup parlé du cinquantième anniversaire du marathon de Kathrine Switzer. Etant moi-même coureuse, il m’a semblé que cette graine avait un potentiel de floraison intéressant.
Non, je ne m`attends jamais à quoi que ce soit… cela m’évite d’être déçue ?
A vrai dire, j’ai toujours peur que le sujet, ou en tout cas la manière dont je me l’approprie, ne soit pas intéressant !
Je ne sais pas si j’aborderai de nouveau le féminisme dans un prochain roman. Cela dépendra de la graine que je sélectionne !
Il n’y en a pas vraiment puisque je n’ai jamais pensé que je deviendrais auteure. Par contre, j’ai des souvenirs très marquants de livres que j’ai lus lorsque j’étais enfant ou adolescente. En primaire, j’ai dévoré Roald Dahl. Ensuite, en 5°, il y a eu Le parfum, de Patrick Süskind, qui m’a fait découvrir le pouvoir des mots. Je le relisais chaque année, c’était une sorte de rendez-vous que je ne manquais jamais. Et il y a eu Émile Zola, bien sûr ! Les Rougon Macquart, tome 7 : L`assommoir ...un très beau souvenir.
Je vais dire Roald Dahl. Je connaissais par cœur tous ses livres.
Le parfum, de Patrick Süskind.
Il y en a beaucoup ! Dernièrement, je me suis fait ce reproche à propos de Guerre et paix de Léon Tolstoï et L`Iliade et l`Odyssée d`Homère. Mais je les ai chez moi, donc je vais m’y mettre !
C’est une question difficile… car il faut que ladite perle soit méconnue ? Peut-être la trilogie de Célestine Hitiura Vaite ? L`arbre à pain, Frangipanier et Tiare. Superbe, pour qui connait un peu la Polynésie.
Il n`y en a pas. Je suis très cliente des classiques.
En ce moment, je lis beaucoup de romans et d`essais sur le Japon, car c’est le sujet de mon prochain roman ! Je relis également avec mon fils Les Pilleurs de sarcophages, que j’avais lu au même âge que lui.
Découvrez La fille d`avril d`Annelise Heurtier aux éditions Casterman :
Entretien réalisé par Camille Bobroff.
Café littéraire des jeunes avec Annelise Heurtier (FRANCE) Sweet Sixteen - Casterman avril 2013 Little Rock, rentrée scolaire 1957. le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher. Cette histoire est inspirée de faits réels. Annelise Heurtier est une autrice française née en 1979. Grande voyageuse, elle a gardé un lien de coeur très particulier avec l'Outre-mer (Tahiti, Antilles) où elle a effectué trois expatriations. Traduits dans de nombreux pays, ses ouvrages rencontrent un franc succès. Souvent inspirés de faits réels, ils sont autant de prétextes au voyage, à la découverte de cultures différentes, de parcours de vie singuliers, ou de problématiques d'actualité : l'isolement de certains adolescents à l'ère d'Internet (Chère Fubuki Katana), les violences sexuelles dans le sport (PUSH ), l'émancipation féminine (La fille d'avril, inspiré de l'histoire de la marathonienne américaine Kathrine Switzer), le racisme ou encore la question de la masculinité. Son roman Sweet Sixteen, publié en 2013 aux éditions Casterman, a été primé à de nombreuses reprises. Considéré comme un classique de la littérature jeunesse, il est étudié dans de nombreux collèges.
Dans l'histoire, qui est la narratrice noire ?