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Citations de Rachilde (169)


Seuls, les funèbres corbeaux, luisants de prospérité comme le bon terreau noir, se promenaient en bandes et trituraient du bec, faisant peu à peu la conquête de leur véritable domaine seigneurial, une contrée que dominaient la pourriture et le silence.
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Maintenant, comme jadis, l'homme a dépouillé sa force, brisé son sceptre. Efféminé, comme l’Éphèbe antique, au pieds de la Volupté, il se couche.
La volupté est femme.
Dans l'irradiation d'une aurore vengeresse, la femme enverra pour l'homme la possibilité d'une fabuleuse chute.
Elle inventera des caresses, trouvera de nouvelles preuves aux nouveaux transports d'un nouvel amour et Raoule de Vénérande possédera Jacques Silvert...
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La nuit tomba. Il y eut des éclipses.
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Il a essayé de lire pour s'aller promener dans un autre monde, et il s'est aperçu qu'il ne savait plus lire.
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Malheur à ceux qui aiment l'Amour !
Car ils sont toujours trahis : les aimerait-on immensément, on ne les aimera jamais assez !
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Je me retournai comme un voleur honteux, et mes yeux rencontrèrent deux yeux de femme dans lesquels ils tombèrent.
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Il se tourna, dodelinant sa sacrée tête de moribonde.
"C'était lui qui chantait !..."
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Je demeure solide au poste.
L'idée fixe du devoir, c'est le commencement de la folie.
... Et je suis fou, car je n'espère plus rien, je n'attends plus rien... pas même la belle noyée de la marée montante !...
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Comme elle est belle, cette lune pure, perle tombée, tête coupée, luisante du plaisir d'un autre, mais n'en disant jamais rien...
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Car le jeune fou qui aime est semblable au vieux fou qui se souvient.
Et tous les deux meurent un peu chaque jour d'avoir trop attendu.
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Quelques années encore, et cette jeune créature aura, sans les aimer jamais, connu autant d'hommes qu'il y a de grains au rosaire de sa tante. Pas de milieu ! Ou nonne, ou monstre ! Le sein de Dieu ou celui de la volupté ! (...) Elle ne connaît pas le vice, mais elle l'invente.
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Il regardait, cet homme, comme implorent les chiens souffrants, avec une vague humidité sur les prunelles. Ces larmes d'animal poignent toujours d'une manière atroce. Sa bouche avait le ferme contour des bouches saines que la fumée, en les saturant de son parfum viril, n'a pas encore flétries. Par instant, ses dents s'y montraient si blanches à côté de ses lèvres si pourpres qu'on se demandait pourquoi ces gouttes de lait ne séchaient point entre ces deux tisons. Le menton, à fossette, d'une chair unie et enfantine, était adorable. Le cou avait un petit pli, le pli du nouveau-né qui engraisse. La main assez large, la voix boudeuse et les cheveux plantés drus étaient en lui les seuls indices révélateurs du sexe.
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L'homme sentit le froid que laissait pénétrer la porte ouverte; il releva l'abat-jour de la lampe et se retourna.
— Est-ce que je me trompe, monsieur ? interrogea la visiteuse, désagréablement impressionnée; Marie Silvert, je vous prie.
—C'est bien ici, madame, et, pour le moment, Marie Silvert, c'est moi.
Raoule ne put s'empêcher de sourire : faite d'une voix aux sonorités mâles, cette réponse avait quelque chose de grotesque, que ne corrigeait pas la pose embarrassée du garçon tenant ses roses à la main.
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Il admirait sa robe de deuil, toujours la même, ayant fini par prendre tellement sa forme qu'il la voyait toute nue et toute en peau noire comme un être qui sortirait d'un incendie.
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Derrière lui, le long de sa colonne vertébrale, montait ce regard pesant, tenace, empli de sortilège ; il lui mordait la nuque, s'enfonçait en ses plus sensibles fibres, lui dévorait la cervelle. Cette douleur imaginaire devint, un instant, tellement atroce qu'il fut sur le point de se retourner, de lui crier des injures.
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Un soir, je vins guetter en compagnie de mon ancien. Nous fumions nos pipes sous la pluie, n'échangions point nos pensées, car nous n'en possédions guère de nouvelles. Il ruminait son alphabet, probablement; moi, je comptais les jours à tirer avant la prochaine sortie de ce purgatoire. L'eau du ciel nous ruisselait dans le dos, sur les bottes, imbibait nos habits comme des éponges; on en avalait des pintes malgré soi, rien qu'à sucer son tuyau de pipe, la fumée bleue se transformait en buée grise, on fumait de la pluie, quoi!
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On dit que les femmes ont des antennes au cœur. Rachilde a des antennes au cerveau. Pour avoir deviné à vingt ans, en écrivant "La Scie", l'irrémédiable médiocrité de la vie et son inutilité, il faut une l'hyperesthésie intellectuelle que la seule sensibilité féminine n'explique pas. Avec ces délicats filaments qui prolongent son intelligence, elle flaire la mort à travers l'amour, l'obscène à travers la santé, la terreur à travers le calme et le silence. Comme une chatte aux écoutes, elle dresse l'oreille, et elle entend la petite souris de mort qui ronge, ronge les murailles, les idées, la chair. Et elle allonge voluptueusement la patte pour jouer avec la petite souris mortelle.

Marcel Schwob, Préface
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L'HOMME. - Eh ! mon Dieu ! je ne verrai personne, j'aurai un jardin clos de murs, un jardinier sourd, une cuisinière muette, et... je lirai les journaux pour me désennuyer.
L'ANGE. - Si tu ne vois personne, on pensera que tu as des raisons pour te cacher. Si ton jardin a des murailles, on y grimpera la nuit pour découvrir tes crimes... et prendre tes poires ; si ton jardinier est sourd, il n'entendra pas ; si ta cuisinière est muette, elle ne le dira pas. Si tu lis les journaux dans une pareille solitude, tu deviendras fou au bout de six semaines. Tu apprendras que les maisons fermées et les jardins clos sont suspects, qu'on y réunit généralement des boulangistes... ou des femmes. La fatalité voudra qu'un nouveau-né strangulé soit déposé dans le chemin creux longeant tes murailles : si on le trouve, on fera une descente de police chez toi. Le sourd et la muette t'accuseront, l'un par son incohérence, l'autre par des signes désespérés. Si tu te défends sérieusement, tu es très coupable. Si tu ne te défends pas, tu es abject. Ceux qui auront volé tes poires donneront des preuves certaines. […] Si tu t'es permis de suivre la Gazette des Tribunaux plus attentivement que la Revue des Deux-Mondes, on pensera que tu cherchais déjà ton système de défense. Il ne te restera plus qu'à te munir d'un bon avocat, qui te fera envoyer au bagne en plaidant les circonstances atténuantes ; et si tu vas au bagne, tu finiras par te croire criminel... tu y mourra en avouant des histoires fabuleuses.
"Scie"
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Dans une lueur de phosphore, elle aperçut une face sauvage et souriante où éclataient deux prunelles diaboliques. Elle crut que deux étoiles venaient de lui cheoir des nues, décrochées par Satan.
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François Lévincé est né avant terme et cela se voit encore, bien qu'il ait atteint ses trente-cinq ans.
[...]
Notez que François, ni trop laid, ni trop beau, ni trop bête, ni trop intelligent, pourrait devenir facilement quelqu'un comme... tout le monde, sans ces deux mois d'avance !...
Mais l'étoffe lui est mesurée, cette étoffe dans laquelle on taille des personnalités qui se touchent le front en disant : j'ai quelque chose là...
Elle lui est si mesurée, si mesurée, que lorsqu'il respire il semble avoir peur de se déchirer, en se gonflant d'un long souffle.
[...]
Son tempérament est plein de palpitations, de craquements, d'éblouissements, d'épeurements, de vertiges qu'il n'avoue pas et qui le rendent malade.
Il tremble en tenant un verre à bras tendu, ne pose jamais le pied quelque part sans avoir le tâtonnement de celui qui cherche un trou.
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