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Citations de Rachilde (169)


Selon ma compréhension terrestre, j'imagine qu'en mourant mon regard, illuminé d'autres lueurs, ce sera rivé à ton regard, noir de désespoir, aura photographié en toi tous les incidents du voyage, et que cette collection d'instantanés, se déroulant hors de tes prunelles, pourrait servir à l'histoire de ma mort.

"L'imitation de la mort"
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Elle n'est pas sotte, pas cruelle, oh ! non, elle achève les petits chats, qu'elle écrase en marchant, pour ne pas les voir souffrir ; elle est incapable d'une mauvaise action discernée.
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Qu'importe ce que le passé peut laisser de traces puisque le présent est là pour les effacer !
Les souffrances ne survivent que parce qu'on les élève en des tiroirs secrets comme de mauvais reptiles. Il y a des boîtes qu'il ne faut jamais ouvrir.
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J'ai dû tuer cet homme par ma naissance encore plus sûrement que je voudrais tuer les rivaux que je m'invente. On tue comme on respire et, en soufflant sur une lampe, on éteint un coeur. Où sont les âmes que nous étouffons parce que nous ne les comprenons pas... ou qu'elles ne veulent pas nous comprendre ?
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J’étais plein de mélancolie.
Ma chambre, au soleil levant, n’inspirait pas non plus de gaietés folles. Elle était claire, nue comme une coquille d’œuf et semblait vide pour toujours. Mon lit de camp, bien propre, bien astiqué des pieds, était sur le modèle des lits d’hospice. Il tenait le moins de place possible, et ma petite horlogerie de gardien scintillait entre les étagères avec l’apparence d’outils de chirurgie. Sur ma table, les livres ne me tentaient pas. J’avais jamais été grand liseur. J’aimais mieux perfectionner mes idées à moi tout seul, soit pour mon métier, soit pour ma jugeote, que de m’informer de celles des autres.
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Le jeune docteur causant dans l’embrasure d’une croisée avec un vieil ami de la maison disait, montrant Raoule : - Un cas spécial, monsieur. Quelques années encore, et cette jolie créature que vous chérissez trop, à mon avis, aura, sans les aimer jamais, connu autant d’hommes qu’il y a de pater et d’ave au rosaire de sa tante. Pas de milieu ! Ou nonne ou monstre ! Le sein de Dieu ou celui de la volupté ! Il vaudrait peut-être mieux l’enfermer dans un couvent puisque nous enfermons les hystériques à la Salpêtrière ! Elle ne connait pas le vice, mais elle l’invente !
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l'homme est matière, la volupté est femme, c'est l'éternelle inapaisée.
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La première fois que je vis cet étrange personnage, qui se jouait à lui-même la comédie d'une existence littéraire poussée jusqu'à l'absurde, ce fut dans le salon du Mercure de France de la rue de l'Echaudé-Saint-Germain.
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S'il l'avait vu danser ? Oh ! oui, et un tourbillon passait en rêve. Une valseuse noire dont les jupes s'envolaient comme de sombres feuilles d'acanthe autour du beau fruit défendu, d'un corps lisse et souple, que l'on rêvait plus blanc, plus lisse et plus souple parce qu'il était voilé de deuil. Deuil de qui ? Deuil de quoi ? Un affreux deuil prémédité avant la lettre, pour aguicher les pierrots dont l'imagination aigrie de bonne heure, avait picoré le fumier de Baudelaire, les jours de pluie.
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Et alors j'entrepris l'étude la plus sérieuse qu'on puisse faire d'une chose rituellement légère, c'est-à-dire celle de la danse orientale. A la lueur banale de ce sourire, c'est-à-dire de la provocation au désir sensuel, je cherchai l'art qu'on peut extraire de la volupté. Une folie lascive pourrait-elle dépasser la brutalité de l'acte auquel, fatalement, elle entraîne et, le jugulant, le maîtrisant, arriverait-elle à en montrer seulement la pure beauté ? Rien ne doit être immoral d'une image plastique absolument réussie.
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La fille s'y cachait dans le seul vêtement de ses cheveux roux, une chevelure embrouillée, souillée, allongée de fétus et de feuilles pourries qu'elle devait avoir laissé traîner dans tous les fumiers des écuries extérieures. Elle paraissait morte, tellement son corps se tendait immobile sous le mince manteau. On ne lui voyait ni face ni main ; rien que deux pieds dépassant cette queue de vache furieuse, étalée comme un défi.
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« Elle semblait née pour jouer ce rôle de jolie cruelle avec ses yeux rapprochés comme ceux des félins, sa lèvre dédaigneuse et ses dents pointues férocement blanches. » (p. 181)
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Sous un dais de mousseline indienne, une soie de Brousse aux nuances irisées, changeantes, tantôt d'un bleu sombre constellé d'astres roux, un amas de coussins bariolés et des satins pâles formaient le lit.
Cela ressemblait davantage à un grand œuf, un œuf de laque blanche tout plein de friandises joyeusement colorées et papillotées de dentelles.
En face du lit se dressait, sortant d'un pouf de cygne, un divan circulaire entièrement revêtu de ce miraculeux duvet, un Eros noir, une antique statue de marbre, verdie aux contours, sans doutes restée fort longtemps exposée aux morsures du vent et aux larmes de la pluie. Cet Eros avait dû, jadis, tenir un arc de métal, mais son bras droit, replié à la hauteur des yeux, n'exhibait plus qu'un moignon, la main était partie avec la corde tendue, et le bras gauche manquait totalement. L'enfant, à la fois lamentable et farouche, faisait resplendir des prunelles d'émeraudes serties en deux camées blancs et il ouvrait, grands, au milieu de sa face de nègre féroce, des yeux d'une réelle existence divine.

Page 68 (troisième description de la chambre d'Eliante)
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Trente-six ans de travail et une ration de cadavres ! Il en était gras, le monstre, d'avoir dévoré des ouvriers. Sa croupe, hors de l'eau, luisait comme enduite d'une viscosité ; son esplanade, lisse comme du marbre, présentait l'aspect d'un perron de préfecture, tant elle était blanche et jolie, mais, tout autour, quand la vague se recroquevillait sur elle-même, on découvrait des trous, des vieux trous de dents gâtées, et cela sentait la marée, âprement, avec un surgoût de sang pourri.
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...je porte en moi le secret de toutes les sciences en ne sachant qu'aimer. J'ai le dégoût de l'Union, qui détruit ma force, je n'y decouvre aucune plénitude voluptueuse. Pour que ma chair s'emeuve, et conçoive l'infini du plaisir, je n'ai pas besoin de chercher un sexe à l'objet de mon amour!
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Ils demeurèrent une seconde enlacés ; Laure se fondait tout entière sur sa bouche, comme un fruit s'écrasant. Des odeurs de roses Sans les cheveux, et au bout des doigts, elle l'entourait d'un vertige extraordinaire, le poussait à un abime qu'il devinait frais et sombre, tout pareil aux frondaisons luxueuses d'un grand parc. Des sentiers sablés d'or se roulaient en spirales devant lui; des bras nus, une forêt de bras nus, se jouaient à son cou; il était caressé par une tresse de cheveux noirs flottants qui prenaient la dimension d'une fumée d'incendie.
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... Et la lune, perle tombée, tête coupée, fière de l'absence de son corps, s'en allait, s'en allait pudiquement, chaste et lointaine, inaccessible, emportant le mystère d'une bouche muette qui, peut-être, n'existe pas...
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Il est deux heures de l'après-midi. Violent coup de sonnette, je vois entrer chez moi un employé de M. Monnier, qui a l'air pressé :
"Mademoiselle !... manque trente pages pour finir volume. Passez vite chez éditeur... couverture prête... bonnes feuilles aussi, mais pas pouvoir tirer le reste sans les trente pages... se dépêcher de nous les apporter !..."
Stupeur de ma part. Voilà bien M. Monnier, mon excellent éditeur ! Trente pages et probablement les faire en vingt-cinq minutes ! Oh ! le monstre !
La dernière fois il s'agissait de soixante et onze lignes à retirer au moment de paraître... sans toucher à l'intrigue...

Préface de l'auteur
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"son père avait été un de ces débauchés épuisés que les œuvres du marquis de Sade font rougir, mais pour une autre raison que la pudeur"
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Elle rentra, et ils poussèrent un cri. Elle tenait un pot de fard, qu'elle avait répandu tout entier sur le devant de son costume. Cela formait une écharpe torrentielle d'un rouge obscur partant de la ceinture jusqu'aux franges en chenilles, et de ses deux doigts trempés au fond du pot elle creusa sa gorge, les promena sur son sein nu et traça le chemin du sang qui jaillit à flot.
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