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Critiques de Adeline Yzac (48)
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Fille perdue

"Le monde haïrait-il tant les filles ?"

Celui dirigé par les émissaires d'un dieu, assurément. Les religieux n'ont jamais été très détendus de l'entrejambe (pour les autres).

Aujourd'hui chez les islamistes - l'actualité en Afghanistan en est un sinistre exemple -, il y a moins d'un siècle en France, quelques décennies en Irlande (Magdalene Sisters). J'en passe.

Exorcisme, lapidation, procès en sorcellerie & bûcher. Combien de filles/femmes victimes ?

Parenthèse : ce monde-là hait ouvertement les homosexuels aussi. Mais les voit-il comme des hommes ?

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Anicette a eu l'honneur et le bonheur de découvrir les délices onanistes dès douze ans. Un voisin l'a surprise et s'est amusé à raconter à tous cet événement intime. Pauvre c** !

Horreur, malheur, salsa du démon !

Ce doux geste jette l'opprobre sur sa famille de quincailliers prospère et bien en vue. Tant pis si le grand-père fréquente les bordels, ça n'a rien à voir. Les hommes ont des besoins irrépressibles.

Anicette, elle, est une 'fille perdue', une 'vicieuse', certainement 'folle à lier', cette 'insanité morale' en est la preuve criante. Nous sommes à la fin du XIXe siècle.

La 'jolie poupée' innocente jusqu'alors exhibée près du comptoir de la boutique pour attendrir les clients sera mise à l'écart. Au grenier, dans un premier temps, où son arrière grand-mère va la choyer en douce, puis dans un pensionnat de 'seconde zone' où elle côtoie des filles de prostituées. On est affamées et on prie, prie, prie, même avant le petit déjeuner. Il lui en faut, à ce dieu des bonnes soeurs et autres gens d'église, pour pardonner un truc pareil.

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Le ton est elliptique, s'apprivoise. On se concentre pour suivre les méandres de la pensée de la jeune fille, ses souvenirs, et son présent entre brimades et moments de répit.

L'effort en vaut la peine.

Cette douloureuse histoire montre que la société occidentale a progressé sur la sexualité féminine. Mais l'on sait, l'on voit, que nous ne sommes jamais à l'abri de retours en arrière brutaux et radicaux.

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Un récit poignant et révoltant qui témoigne du sort de nos aïeules corsetées, (f)rigidifiées - sort qui nous a laissé des stigmates et me fait rejeter de plus en plus cette institution-là, pour tous ses dégâts sur les femmes, de son emprise morale culpabilisatrice à d'autres violences, directes, physiques, sur enfants et autres personnes non consentantes...

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• Merci au libraire des FdO pour l'idée.
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Enea la cathare

Les cathares chantaient la gloire de la vie et de l'amour du prochain. Qu'on soit croyant, ou pas, on ne peut qu'être sensible à leur quête immortelle. Enéa, la jeune héroïne de ce roman a grandi protégée comme dans une coquille de noix pendant des années, mais le monde se révèle un jour pour elle « comme une terre où la méchante herbe aurait repris ses droits ».



Le « monde » des cathares a séduit le pays d'oc par sa volonté farouche de garder vivante leur foi et leur culture, avec leur mode de vie épuré opposé aux fastes de certains catholiques d'alors. Accusés d'hérésie, déclarés hérétiques au IVe concile de Latran en 1215 (pour des raisons de doctrine jugées incompatibles avec la foi chrétienne dont pourtant ils se revendiquaient) ils seront combattus, pourchassés et vaincus malgré une influence très importante dans le midi de la France. C'est que le pouvoir de l'Église officielle s'en trouvait alors grandement compromis. Ces hommes et femmes ont défié les deux plus grandes puissances d'alors, l'Eglise romaine et le roi de France.

Mais en 1244, la dernière forteresse Montségur est tombée… c'est la débandade. Tout est-il vraiment fini ?



Appréciant ce sujet historique depuis mon plus jeune âge, je suis tombée par hasard sur ce livre pour ados écrit par une auteure à suivre assurément.

Dans ce récit qui se déroule en fin de chasse aux cathares, il y est surtout question de perte de liberté, de terres volées par les plus puissants, mais on y observe avant tout les dégâts générés par une religion unique. Sujet intemporel qui m'émeut où qu'on se situe dans le temps ou géographiquement.

Le récit d'Enea la cathare s'appuie sur une trame solide et s'adresse autant aux adultes qu'aux adolescentes grâce à une langue soutenue, poétique parfois, qui retranscrit parfaitement l'ambiance en campagne comme en cité, en refuge comme en forteresse. On s'y croit, je me suis régalée.

Avancer dans l'ombre, en rusant, en cachant sa foi, en jouant double jeu, tel était réduit le quotidien des derniers cathares pourchassés avec une violence inouïe : « le monde ressemblait tout d'un coup à un vêtement qu'on retourne. On lui avait appris l'endroit tout en lui enseignant l'envers, et voilà que la doublure qu'il fallait tenir cachée aux yeux du monde prenait d'un coup toute la place. Pourquoi cette vie à deux faces ? ».



C'est là l'autre bonne surprise de ce roman qui m'a conquise, comment un texte délicat à souhait peut mettre en lumière ces vies difficiles faites de mensonge pour ne pas renier leur foi, le tout dans une région gangrenée par l'intolérance et la délation.



“Le plus intolérable serait un Dieu tel qu'on le souhaite.” de Oscar Wilde.

On y revient toujours…




Lien : http://justelire.fr/enea-la-..
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Fille perdue

J’ai lu « Le bal des Folles » de Victoria Maas et « La salle de bal » d’Anna Hope dans lesquelles les femmes se trouvent emprisonnées à l’asile pour non-conformité aux exigences du XIXème siècle. J’ai lu divers essais sur la place des femmes dans la société, sur les douloureux jugements que l’on a portés sur elles, sur l’internement en hôpital ou en prison, sur le poids du patriarcat et de la religion, sur les rôles qu’elles avaient à tenir sans droit à l’indépendance… mais jamais je n’avais lu d’écrit sur les mascarades médicales visant à détruire les organes du plaisir.



Dans les médias, de nombreux témoignages nous alertent sur des pratiques barbares faites aux femmes qui perdurent : on entend parler de l’excision imaginant sans doute que cette pratique se limite à certains pays ou à certaines cultures. Pourtant, cette pratique sous couvert d’une justification médicale fut réalisée, en France, sur des jeunes filles.



Anicette, petite fille ordinaire d’une famille ordinaire, petite chérie que l’on couve, se voit un jour réduite à l’état de dépravée pour avoir exploré son corps. De l’institution religieuse dans laquelle on la place à l’hôpital où l’on espère la traiter de son hystérie, ce roman relate son terrible quotidien.

Texte à la langue particulière – à la fois vive, rude et complexe, « Fille perdue » nous plonge dans la spirale de l’intolérance et de la peur face au désir féminin.

Une lecture intéressante.
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Le jour des oies sauvages

CHALLENGE ABC 2013/2014 (19/26)



Je dois avouer que j'ai choisi ce livre un peu par dépit, ne trouvant pas d'auteur en "Y" qui me convienne, dans les rayons de la médiathèque, et ceci bien sûr dans le cadre du challenge ABC. Je me suis donc "rabattue" sur la littérature jeunesse.

La claque ! J'ai failli recopier l'intégralité de ce court (trop court ?) roman dans les citations tellement les mots sont beaux et importants, ces mots qu'Ange parviendra peut-être à dire à la psychologue qu'il a accepté de rencontrer sur les conseils de la mère de son amie Naema. Ces mots qui lui permettraient de prendre enfin son envol dans la vie à l'image de ces oies sauvages qu'il a aperçues le jour de sa rencontre avec la jeune fille.

Pour la première fois, une oreille adulte l'écoute sans le juger et s'intéresse à ce qu'il appelle "sa vie de nul" : un père alcoolique qui le frappe, une mère soumise qui supporte, une sœur placée dans un foyer. Pourtant au village, tout le monde connait la situation...



Magnifiquement bien écrit, les paroles d'Ange lui sont aussi difficiles à prononcer, qu'il est dur au lecteur de les entendre, ce petit roman est plein d'espoir et m'a totalement séduite, moi qui ne suis pourtant pas une amatrice de ce genre de littérature. 17/20
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Fille perdue

Anicette, la poupée, la petite, la nouvelle, la demoiselle, mademoiselle... Autant de termes pour désigner cette enfant, puis jeune adolescente fin XIXe début XXe siècle, que les adultes malmènent par la parole. Elle devient la perfide, celle qu'on doit éloigner au couvent, puis l'hystérique que l'on doit remettre entre les mains de chirurgiens parisiens pour avoir découvert son corps de femme et le plaisir qu'il peut ressentir, à une époque où être une femme est presque un crime.

L'autrice raconte la vie de cette Anicette, jeune Montpelliéraine, fille de quincaillers. D'abord les femmes de sa famille, puis les nonnes, aucune bienveillance envers l'enfant. Aucune sororité à une époque pour la parole des hommes et celle du dogme font loi. En témoigne le passage d'Anicette à Paris, parmi les médecins qui ont tous les droits sur les patientes, ils les exibent comme des bêtes, les scarifient sans consentement.

Un récit très fort. Qui cependant pour moi, se perd parfois dans une narration qui au départ n'est pas très claire. C'est dommage.
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Fille perdue

Bien que cette histoire était intéressante il me manquait un petit quelque chose pour vraiment appréciée ma lecture. Ce roman me donnait vraiment envie mais malheureusement il n’a pas matché avec moi. Au moins grâce à ce roman j’aurais appris qu’au 19ème siècle la France pratiquait l’excision sur les femmes. J’ai trouvé l’écriture complexe et je ne suis pas arrivée à m’attacher aux personnages.
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Très vieux monsieur

Au début, tout va bien pour Très Vieux Monsieur. Il apprécie chacune des minutes que la vie lui apporte, est entouré de gens qu’il aime et qui l’aiment, comme Très Vieille Dame et Toute Petite Fille, et sait s’amuser et faire rire son entourage.



Mais vient le jour où Très Vieux Monsieur ne reconnaît plus Très Vieille Dame ni Toute Petite Fille. Puis le jour où il oublie de plus en plus de choses essentielles. Où la tristesse s’empare de lui. Mais au nom de tout ce qu’il a été, de tout ce qu’il a apporté à autrui, de l’amour qu’il a donné aux siens, Très Vieux Monsieur demeure bien entouré. L’amour ne s’éteint pas pour un détail, si énorme soit-il.



Belle leçon de vie que ce livre sur l’Alzheimer destiné aux petits. Beau témoignage d’amour et de tendresse pour les familles qui voient un de les leurs tout doucement perdre les pédales et la raison. Très Vieux Monsieur est, vous l’aurez compris, un album bouleversant, mais pas triste. Et même plein d’humour. Notamment cette scène où Très Vieux Monsieur à qui Très Vieille Dame lui explique qu’ils sont mariés depuis plus de cinquante ans lui dit : « Ça m’étonnerait bien que je me sois marié avec une aussi vieille fiancée. »
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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De quelle couleur sera le bébé ?

De quelle couleur sera le bébé? Gris comme l’éléphant? Blanc avec des rayures noires comme un zèbre? Noir avec des pois blancs? De nombreuses possibilités s’offrent aux deux héroïnes de cet album plein de fantaisie à qui on a annoncé l’arrivée d’un cousin dans quelques mois. Comme leur tante Zoé a la peau blanche et les cheveux roux alors que leur oncle Arb a la peau noire et les cheveux noirs, les deux petites y vont de toutes sortes d’idées farfelues qui raviront autant les jeunes lecteurs que les moins jeunes. Pour preuve : je n’ai plus cinq ans depuis longtemps et j’ai adoré cet album signé Adeline Yzac qu’a illustré Anne Crahay, illustratrice et blogueuse avec qui je vous invite à faire connaissance.



Le mot « métis » ne fait pas référence qu’à la couleur ou au mélange de peaux. Il a une bien jolie signification que vous ne découvrirez qu’à la toute fin de ce bel album qui m’a conquise. Un album à la fois ludique, intelligent et sensible.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Très vieux monsieur

A la retraite, Très Vieux Monsieur est plutôt du genre à bien en profiter, entre jeux, sorties, lectures, voyages. Ses voisins, ses amis, sa famille aiment ce vieux bonhomme plein d’allant. Mais un matin, il demande à Très Vieille Dame, à qui il est marié depuis « cinquante ans, deux mois et un jour » ce qu’elle fait dans son lit, semblant ne plus la reconnaître. La même chose avec Toute Petite Fille. Très Vieux Monsieur serait-il en train de perdre la tête ? Il semble de plus en plus ailleurs, oubliant au fur et à mesure les mots, les autres, le sourire aussi.



Voilà un bel album qui traite tout en sensibilité de la maladie d’Alzheimer, de l’oubli qui prend de plus en plus de place. En peu de pages, Adeline Yzac et Eve Offredo arrivent à faire passer la détresse liée à cette maladie, aussi bien pour le malade que pour ceux qui l’entourent. Les illustrations, que je trouve magnifiques, montrent avec subtilité la « chute » de ce vieil homme, le chamboulement qui fait de lui un autre mais aussi le lien avec la famille et la difficulté pour celle-ci de le voir devenir si différent. Et chacun apprend à vivre à ses côtés, autrement.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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Fille perdue

Très déçue par ce roman dont j'attendais beaucoup.

Intéressant sur le plan historique, mais si loin de "nous". J'espérais une belle écriture, je n'ai pas du tout accroché à celle-ci. Les personnages n'ont pas suscité ma sympathie, tout au plus ma pitié.

Je ne déteste pas les retours en arrière d'habitude mais ici ils m'ont paru embrouillés et désordonnés, sans intérêt. Une suite de faits, sans réelle cohérence, c'est ainsi que j'ai lu cette histoire.

Dommage.
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Le jardin de Jeanne

Une lecture poignante, qui mériterait d'être plus connue.

Jeanne a la soixantaine. Elle quitte de bon matin la ferme de Bon Abri pour prendre un train qui l'emmènera en ville, afin d'y signer des papiers. Très vite, le trajet se transforme en voyage intérieur. Nous découvrons au fil des pages que Jeanne cache une fêlure profonde, et qu'elle a lutté, et lutte encore, pour enfouir le souvenir de cette part d'elle-même qu'elle ne veut pas (re)vivre.

Adeline Yzac offre un roman très touchant sur la recherche d'identité. Car Jeanne n'est pas née à Bon Abri, elle y est arrivée vers l'âge de 3 ans, en 1944, recueillie par la famille Faure. Au fil des années, Jeanne se sent partagée entre ce qu'elle est et ce qu'elle a été : "deux personnes l'habitent, l'une cachée au coeur d'une contrée lointaine et qui tient verrouillé le grand et terrible registre des histoires perdues, et l'autre qui n'a de cesse de s'éloigner au plus vite de ce livre maudit en vivant en douce à Bon Abri, en tournant le dos à ces écritures." Restée seule toute sa vie, Jeanne a trouvé refuge dans son jardin, qu'elle a cultivé avec toutes ses émotions. Plus le train approche de la ville et plus Jeanne a du mal à refluer ses souvenirs.

Ce roman m'a vraiment prise au coeur, tant le combat de Jeanne avec elle-même et ses souvenirs, mêlés à la grande Histoire, est bouleversant. La forme du récit, un dialogue que Jeanne entretient avec elle-même, renforce la puissance de ce témoignage. Je suis vraiment contente d'avoir pioché ce livre sur les rayonnages de la bibliothèque, car cela a été une très belle rencontre !
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Fille perdue

Un pan entier de l’histoire des femmes et de la médecine dont on soulève enfin le voile. Cela s’est passé en France mais pas que, au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, avant que l’on ne comprenne que ces pratiques étaient barbares et mutilantes. Plus j’avançais dans ma lecture plus je sentais monter en moi le vent de la révolte et du courroux. L’histoire poignante de cette enfant, de cette petite fille qui pour un geste « déplacé » on parle ici de masturbation, vu comme tel à son époque, et dans une famille bourgeoise et moralisatrice, va voir sa vie entière s’effondrer. Anicette va être envoyée dans une « Institution religieuse » une sorte de maison de redressement mais le fait est qu’on se débarrasse d’elle de la pire des manières.

« Vous savez pas, la jolie poupée des Bru, je l’ai trouvée qui s’affairait la main au panier. Et ça y allait ! »

J’ai été un peu surprise du style de l’auteure et je me suis même retrouvée en difficulté parfois mais l’histoire elle-même est tellement bouleversante que c’est rapidement passé au second plan. Une astuce littéraire pour nous plonger dans l’ambiance des années 1800. L’auteure nous raconte au travers d’Anicette et de son amie Vincianne, l’intolérance, l’hypocrisie d’une caste qui se veut bien pensante, j’y trouve surtout une ignorance crasse de l’évolution de l’être humain et un irrespect total de la personne. Je ne peux même pas me consoler en me disant qu’il s’agissait d’une autre époque. Non, parce que, aujourd’hui encore la pratique de l’excision n’a pas disparu. Les temps changent et on n’hésite plus fait appel à la médecine, à la chirurgie pour « corriger » ce qui a besoin de l’être dans les cas de transgenres. On ne confond plus la découverte de son corps chez l’enfant et une soi-disant perversion. Mais toute cette violence faite aux femmes me reste en travers de la gorge. Un livre puissant à découvrir. Bonne lecture.


Lien : http://latelierdelitote.cana..
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De quelle couleur sera le bébé ?

Deux petites filles se demandent si le bébé de leur tata à la peau claire et de leur tonton à la peau foncée sera blanc, noir ou un savant mélange des deux.



Cette histoire est simple mais efficace dans le message. L'auteure a une très belle façon de décrire le métissage et ça apporte une vraie force à son texte.
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L'enfant à la bouche de silence

Ce roman raconte l'enfance d'un garçon sourd et muet qui prend petit à petit conscience qu’il est la cause de l'exil de ses parents, frustrés de devoir quitter une vie de mondanité mais n'ayant pas d'autres solutions car incapables d'accepter le handicap de leur enfant. Sur cette petite île de Malte, il rencontre Aviva, puis Svetlana qui seront pour lui les moteurs de sa renaissance. L'auteur traite avec beaucoup de finesse et de psychologie la différence, la difficulté pour des parents d'accepter le handicap de leur enfant. Il est tendre, dur et violent à la fois à l'image de ces parents perdus et inaccessibles.
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Les trois rives du fleuve

Il est rare de trouver une écriture aussi poétique pour s’adresser à un public de douze ans et plus que celle d’Adeline Yzac dans Les trois rives du fleuve. Une écriture qui bouleverse le lecteur parce que les mots sont utilisés avec parcimonie en ne ménageant pas l’effet. Parce que les images fortes qui se révèlent au détour de chacune des phrases vous font entrer dans un monde où vont se croiser trois âmes blessés qui ne savent pas ce qui les attendent. Nora, treize ans, qui a peut-être commis l’irréparable. Toby, cinq ans, dont la mère est chaque fin de semaine victime de la brutalité de son papa. Daniel, un médecin solitaire, qui a du mal avec les autres.



Chacun d’eux est à un tournant de sa vie. Le fleuve les réunira. C’est au bord de celui-ci qu’a choisi de vivre Daniel, loin des siens, loin de la ville. C’est là que se sont réfugiés Nora et Toby qui ont perdu leur chemin. C’est là que va se jouer le destin de chacun. Ensemble et séparément.



Adeline Yzac ayant choisi d’accorder à chacun des personnages et à tour de rôle un chapitre, vous serez pris dès les premières lignes par l’histoire de Nora qui ouvre le livre. Puis par celle de Toby qui vous fera peut-être verser quelques larmes. Et finalement par celle de Daniel. Il se peut même que vous vous demandiez pourquoi vous êtes en train de lire quelque chose de si triste. Mais en même temps vous serez touchés par les personnages, par cette pudeur empreinte de poésie dans l’écriture d’Adeline Yzac, et vous vous attacherez à eux.



Puis, vous fermerez le livre après une fin où chacun trouvera son chemin afin de marcher vers demain sans trop de tristesse. Et longtemps, très longtemps, vous penserez à Nora, à Toby, à Daniel. Vous espérerez que quelque part au bord d’un fleuve chacun d’eux est heureux. Pour vous, ils ne seront plus des personnages.
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Fille perdue

« La petite monte les trois marches de pierre du bureau de la quincaillerie. »

Poignant, « Fille perdue » est une page arrachée du cahier des désespérances. Ce roman social, engagé, lève le voile sur un XIXème siècle encerclé par les aprioris, les conventions. Les femmes dans ces années austères avaient par obligation la posture du silence, les désirs renfloués, le corps effacé. Ne jamais frôler des yeux l'annonce d'une gestuelle déplacée dans cette époque muselière. Mais voilà Anicette (prénom de l'enfant) ressent les prémices d'un printemps en son corps. Elle est vue, montrée du doigt, dénoncée à son père. L'enfance vole en éclat. Anicette est la seule fille dans une fratrie masculine. La quincaillerie familiale est gérée d'une main de fer par son père. Gâtée, heureuse, choyée, Anicette est jusqu'alors bercée par ses peintures, ses dessins, les loisirs d'une fillette épanouie. La famille est aisée, mais la parole des femmes est enfouie sous terre. Mutisme.

« Dans la maison Bru, toutes les voix ont changé. -Ainsi soit-il. Une voiture te conduira demain à l'institution des soeurs. Adieu. »

Son arrière-grand-mère, pour le dernier soir lui implore un ultime dessin. L'enfant ressent l'ombre à venir subrepticement. le dessin est exutoire, cendres retenues par une arrière-grand-mère avant-gardiste et brillante. Aimante et féministe, le mystère caché dans cette maisonnée pétrie de faux-semblants.

« Et il y a la terrifiante découverte, ceux qui aimaient haïssent. Ceux qui aiment mènent à l'échafaud. Elle avait lu ça dans les livres d'histoire. Des familles soudain déchirées. Fauchées par on ne sait quoi. Par la faute de l'un. La poupée et la vicieuse. »

Anicette et les écritures, la lecture, la peinture, bandeau sur sa mémoire. La voici dans l'antre des Soeurs, vingt fillettes auprès d'elle. La rigueur, la froideur, le spartiate, l'abolition de la libre-pensée, son corps en arrêt de vie. Elle va se lier avec Vinciane. Affronter les affres, l'institution muraille.

« Jure-moi de ne pas m'abandonner. -Je te l'ai juré déjà, Vinciane. -Quoi que tu découvres, jures-moi. »

Vinciane, sa fidèle, cache aussi un lourd secret. Comment ces deux enfants grandissantes peuvent-elles se métamorphoser ? Devenir des femmes, lorsque les aspirations sont reflouées, boue sale devenue. Les religiosités, les mesquines croyances et les tabous trop prégnants effacent tout espoir. « Fille perdue » est un témoignage. Superbement écrit par Adeline Yzac, son olympien apaise les drames. Ces femmes mutilées dans leur chair, le corps caché, linge sale. Anicette est un symbole. Lisez ce grand livre qui rend hommage aux femmes meurtrissures. Mémoriel, douloureux car véridique. La morale bien-pensante, la science aux abois, les femmes au fronton de la parole brisée en mille morceaux. « Fille perdue » est une urgence de lecture. Publié par les majeures Éditions La Manufacture des livres.

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Nuèch blanca

Immergé dans un paysage de neige, à l’abri d'un salon douillet, on se retrouve à partager un délicieux moment du quotidien de deux femmes d'âge mûr. A la fenêtre Lilia dans son habit de cosmonaute se manifeste occasionnellement et expose son bonheur en interrompant la conversation de sa Mamète Gélou qui interroge sa vie tout autant que sa venue.



C'est à travers ses brides d'échanges qu'on prend acte de cette nécessité d'évasion familiale, qu'on mesure le besoin de répondre à l'injonction de vie de l'enfant destinée à se jouer d'une pathologie bien singulière.

Une pudeur tout à l'avantage de l'auteur s'inscrit dans un style plein de douceur et de subtilité, bien qu'on manque un peu de repères directionnels.



A mi mot, tel un tricot qui entrecroise ses mailles endroit-envers, l'histoire familiale, les traditions, l'environnement et la particularité du vécu de Lilia se devinent, se dessinent dans un rythme de lecture calqué sur la maturité des personnages principaux. Ce choix d'agencement narratif aère la pesanteur du sujet principal et permet d'aborder le thème de la maladie infantile sous un angle bienveillant.



Voilà un bien beau roman offrant une découverte culturelle qui nous fait voyager du Sud de la France hostile à Lilia de part son ensoleillement, aux aires de jeux nordiques si épanouissantes dont elle profitent généreusement pendant tout une semaine.

Un mot suffit a qualifier ce roman: "Aquo's polit" (Touchant)

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Le jardin de Jeanne

Puissant, prenant, original ....à lire absolument
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Fille perdue

Anicette est la petite dernière de sa fratrie, choyée par les siens et passionnée de lecture, rêverie, dessin et couleurs. Elle vit dans la quincaillerie familiale à Montpellier à la fin du XIXe siècle dans un milieu « respectable » où la parole des femmes est tue par la religion dont la morale dirige tout.

Un jour, un des employés la surprend en train de se caresser, portant désormais honte et surnom de « vicieuse ». Perdue pour sa famille, elle est alors envoyée dans une institution où les religieuses devront la «redresser » et purifier son âme… Là-bas, les sœurs sont maltraitantes et Anicette vit la rigueur, la froideur, l’abolition de sa pensée et la négation de son corps. Avec Vinciane sa seule amie qui cache un lourd secret, elles sont victimes de brimades de la part des autres filles et une ultime crise les conduit à Paris, entre les mains de médecins tout puissants et suffisants de certitudes.

Ce roman historique dresse un constat poignant sur la condition des femmes à l’aube du XXième siècle, destinées à rester à leur place dans une société paternaliste régentée par la morale et sommées d’étouffer leurs envies et leurs désirs. Quand la religion se révèle impuissante, c’est la médecine balbutiante et barbare qui prend le relais et mutile les femmes pour éradiquer vice et hystérie.

L’écriture de ce texte est superbe dans un style tout en ellipses et retenue mais qui décrit les faits bruts et la sidération de l’enfant, arrachée à son milieu sans explications. Des flashbacks permettent au lecteur de reconstituer le fil du récit, évoquer les souvenirs de la petite et mesurer l’étroitesse de son milieu familial petit bourgeois, sans états d’âme ni recul sur la brutalité de leurs actes.

Ce roman intense nous éclaire sur l'histoire méconnue de l'excision en France et bouscule avec certains passages, très durs à soutenir. Cet hommage singulier aux femmes suscite des émotions et nous apprend beaucoup sur l’évolution de la prise en compte de la sexualité féminine.

Très fort, à découvrir absolument !

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Le jardin de Jeanne

Très bon livre, je vous le conseille vivement !
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