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EAN : 9791097515294
263 pages
Editions la Trace (02/05/2020)
4.55/5   10 notes
Résumé :
Recueil de lettres témoignant de six années de rencontres hebdomadaires des auteurs avec les patients de l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne-sur-Mer. Illustrés d'oeuvres réalisées par M. Cadéo, ces échanges révèlent la profondeur intérieure de personnes en fin de vie prises en charge dans cet établissement.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Cher Alain,

Je pensais à vous ce matin, peu de temps avant de vous lire à travers votre courriel. Dans une petite escapade buissonnière que je m'accorde parfois durant le travail, le temps d'un battement d'aile de colibri, sur les chemins des livres ou des rêves, parfois même les deux, lorsque les mots de mes rapports d'ingénieur, bien plus terre à terre, me saturent l'esprit... le hasard, s'il existe, fait bien les choses.

Je viens de terminer Lettres en Vie et je profite de la douceur de cette nuit de fin d'été, et du silence paisible qui s'est installé, pour vous écrire ces quelques mots. C'est un moment de quiétude que j'apprécie. le silence se pose, l'obscurité m'enveloppe mais ces Lettres vibrent et résonnent pourtant autour de moi comme le souffle chaud d'un sirocco ou d'un zéphyr qui ne faiblirait pas.

Ces correspondances et ces échanges au sein de l'Unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer sont des Lettres de Lumière... Elles m'ont inondé d'une vive incandescence au milieu de cette obscurité...

Ce sont des lettres de solitude, des lettres d'émotions, des lettres de larmes au goût de sel... Ce sont également, et surtout, des lettres de courage, d'espoir, de don de soi et de paix intérieure.
Elles sont l'extraordinaire témoin de la beauté de l'Âme humaine, que l'on effleure délicatement de nos mains ignorantes à travers tous ces témoignages et échanges.
Echanges…
Je me répète mais c'est bien de cela qu'il s'agit. On ne s'enrichit de notre passage terrestre qu'à travers ces échanges avec l'autre, celui qui a voyagé et vécu, celui qui a aimé et souffert, celui qui aspire à passer de l'autre côté le coeur paisible et l'âme en paix.

Les lettres de ces praticiens et praticiennes de l'impossible, ces passeurs de vie, sont admirables. Il s'en dégage la force tranquille d'une vague centennale fluant au milieu de l'océan, prête à se briser sur tous les rochers du monde pour mieux renaitre dans les brumes d'un matin après la tempête, une fois la mort survenue… Puissiez-vous les remercier pour leur travail de chaque instant et leur abnégation…

Les lettres de ces résidents, éphémères papillons, aventuriers, baroudeurs ou simples voyageurs de l'esprit, marchant d'un pas léger, décidé ou encore craintif vers leur ultime bivouac, m'ont touché avec une émotion vive à fleur de peau… Ces belles âmes ne fuient pas la vie, elles sont la vie… Et votre frère Michel et vous-même, dans votre connivence fraternelle et votre bonté de chaque instant, n'êtes pas innocents à cela !

Ah. Que j'aurais aimé me faire souriceau pour observer, de mon coin de pièce, ces « échanges du Lundi » à l'Hôpital de la Seyne sur Mer, durant ces six années passées avec ces compagnons d'infortune. Ces premiers pas probablement hésitants sur la route d'une idée folle, ces apprivoisements à pas feutrés, cette confiance qui nait d'un point commun, ces échanges qui se construisent grain après grain dans le désert de sables mouvants de la quête de l'autre, ces cuirasses de glace qui fondent à la fois sous la rondeur de vos mots et sous les teintes chaleureuses des peintures de Michel, ces trapillons de bois tordu et de clous rouillés qui s'ouvrent enfin sur des coeurs peinés et flétris mais toujours vivants…

Et scintillent alors ces lumières de vie, d'un plein feu crépitant à nouveau, comme une seconde naissance, dans les yeux de Jeanne, Fabienne, Jocelyne, Antoine, Noël et tous les autres, saltimbanques jamais repus saluant la foule dans un dernier tour de piste !

Pour reprendre les mots de Frédérique, médecin de cette unité de soins, déposés avec tant de justesse et d'à-propos (je ne pourrais mieux les dire), « vous avez cette capacité de sonder l'être en face, percevoir dans quel état il se trouve et d'adresser les mots dont il a besoin au bon moment et de là où il se trouve car vous êtes dans la rencontre de l'absolu des êtres, dans l'absolu du moment, sans jugement ».

Votre frère Michel, quant à lui, illustre vos mots de son art à travers ses propres émotions visuelles et dit à votre égard que « votre écriture si vivante est capable d'exercer une action bienfaisante, d'aider à l'ascension des hommes afin de s'éloigner de l'exactitude froide et figée pour parler le langage du coeur. La vie qui s'en dégage, la ferveur de l'émotion qu'elle communique ont seules le pouvoir de transmission ».

Comment lui donner tort lorsqu'il parle en ces termes et lâche ce mot : VIE ?

C'est pareil à une nuée d'étourneaux ou au gracieux ballet des grues cendrées prenant leur envol dans un ciel flamboyant sous l'équinoxe d'automne, cet équilibre parfait où le jour et la nuit se parlent d'égal à égal en se transmettant le témoin… Comme un rituel de passage de l'ombre à la lumière…

Merci de nous partager cette intimité, ce « bout » de vie, avec autant de sensibilité, de poésie et de pudeur.

Ces lettres, Cher Alain, sont des Lettres de Vie !

- - -

Avec toute la bienveillance de vieux loups veillant sur leur meute, la sagesse et la force tranquille des ours et l'abondante générosité d'un troupeau de bisons ruant au plein galop, Alain et Michel, « les frères Cadéo », se sont fait fourmis afin d'apprivoiser patiemment, chaque lundi et durant six années, les belles âmes-résidentes de l'Unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer (Toulon).

Tels des castors charpenteurs, accompagnés de sa plume pour l'un, de ses pinceaux pour l'autre et du personnel soignant de l'Unité, ils ont su bâtir, consolider et prendre soin de cette fragile ossature qui maintient la flamme de vie de ces feux follets arrivés au bout du voyage et nous offrent ces magnifiques Lettres de Vie, correspondances intimes entre des êtres qui se croisent à l'aube de l'Au-delà.

Lisez-les ! Elles arrivent dans votre librairie ce 02 octobre.

(Les droits d'auteur sont intégralement reversés à l'A.P.S.P. PACA)
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Magistral, perpétuel, « Lettres en Vie » dépasse tout entendement. Lire et retenir. Etreindre, s'émouvoir, plus que l'imperceptible, les rayons lumineux percent au profond des pages. Ce qui advient lorsque le langage est phare, consolation des altruistes. Ecrire les épiphanies, le sablier d'un hors-temps, hors de l'espace, les mains agrippées au drap de l'arrêt. Ecrire les murmures, rassembler les morceaux d'étoiles échappés des chemins des rappels. « Lettres en Vie » est oeuvre d'un collectif des soins palliatifs et plus encore. Dostoïevsky parle du « saint des saints » lorsqu'il évoque « L'Homme dans l'homme. » Six ans de fraternité et plus encore. Rassembler l'épars, relier l'Etre à sa chair, à la vie, reconnaître le frère, la soeur, le père, le compagnon, l'hôte. Connecter le tempo et ne pas craindre la suite. Laisser les courants enlacer ce que le fleuve inscrit en invisibilité absolue. Alain Cadéo est écrivain, un collecteur de mots. Michel Cadéo est artiste peintre. A pas feutrés, altiers et humbles, ils vont franchir La porte. Celle de l'unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer. Celle de « La Maison » à Gardanne. Soignants et patients sont en osmose dans le sublime du levier, Haut les Paroles ! Transcrire ici, les myriades alphabétiques, ce qui est don pour le prochain, pour soi-même. Alain Cadéo cueille les bouquets des silences. Il devine les mots à l'ombre des regards qui s'illuminent subrepticement. Cet homme de bonté, de compassion apaise les maux, encre salvatrice, écorce Mère. On pleure de par cette puissance intrinsèque, de par le pictural de Michel Cadéo, grandeur et liant. Les couleurs entonnent les dires, sans contrefaçon, dans ce juste qui attise les expressions, les mouvements, les braises de la remontée des temps. Les flammes colorées, portraits des malades, les ressentis et les souffrances par l'abandon de soi. « Bonjour Jocelyne…. Chaque geste est un appel… Sur un radeau perdu au milieu d'un océan glacial. Alors celui qui capte la moindre syllabe, celui qui reçoit la moindre brise de tendresse, qu'il se dépêche de recueillir le soupir des naufragés du Monde. » On reste en assise sur le fil de ces échanges, on voudrait être l'essence même de ces partages, de ces remontées des eaux qui apportent l'énergie vitale. « Docteur, endormez-moi, je sais que c'est le moment, je n'en peux plus, je n'arrive plus à respirer… » « Catherine dort maintenant, et moi, je vais rentrer chez moi et écouter votre voix tout à l'heure sur France Inter. La vie reprend son cours, le temps reprend son droit. Affectueusement, Frédérique. (Médecin). » « Lettres en Vie » est Babel, le collectif de l'universalité. le regard qui annonce le théologal, la fraternité des Bienfaiteurs. « Et quelques fois sur nos frêles embarcations, appuyé contre un mât de fortune, dans une aube glacée, se lèvent des attols de nuages aux couleurs insensées, et on se dit : c'est ça l'éternité. » le feu prend vigueur, la puissance altière de ce qui est vérité, criant et bouleversant. Ce recueil est le passage d'une rive à l'autre. Etre et se métamorphoser en Soi. « Salut à toi Joachim …. La phrase exacte de Dostoïevsky est la suivante : « vous n'avez pas de tendresse, mais seulement de la justice : c'est pourquoi vous êtes injustes… » « Et toi, tu en es rempli de tendresse. » Michel Cadéo dévoile le spéculatif, les intériorités qui renaissent à l'aube d'une vie renouvelée. Peintre de Vie. Alain Cadéo est le philosophe hédoniste. Il arrime les mots, palais de justesse, d'exactitude, les sens en alerte. Fusion d'un Carpe Diem, saisir le rare, la rosée éphémère n'est plus. Ce grand livre est fondamental. Bouleversant, trop beau, il est à tous. Il est un modèle, une construction infinie. Un maillon qui résistera dans l'Après. « Michel C. Et au passage heureusement que j'ai un frère comme toi, on ne se le dit pas assez, mais c'est tellement précieux : la connivence. Alain C » Publié par les majeures Editions La Trace.
(A noter : Les droits d'auteurs de ce livre seront intégralement reversés à l'Association Pour les Soins Palliatifs qui est à l'initiative de ce projet. Les Editions La Trace s'impliquent et reverseront 2 euros par ouvrage à l'APSP).
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Alain Cadéo dont j'ai lu beaucoup d'oeuvres, que je connais personnellement, qui est un ami, un frère de coeur, m'a transmis ces Lettres en vie, le dimanche 11 octobre, à l'occasion de nos retrouvailles à la pizzeria du Colombier au Revest, en compagnie de Martine. Annoncées depuis le printemps, j'attendais la parution de ces Lettres d'autant plus qu'il m'avait proposé de vivre éventuellement cette expérience d'accompagnement. Cela ne s'est pas fait.
Cet ensemble de lettres et de peintures (car Michel Cadéo, le frère cadet d'Alain est peintre et il a rendu compte de ses rencontres avec les patients au travers de portraits et de paysages-voyages oniriques) est une oeuvre d'humanité dans le sens où les deux frères (solides et mystérieux comme leurs confrères rochers au large des Sablettes à La Seyne) et les soignants font preuve d'humanité envers les patients. Faire preuve d'humanité, c'est voir l'humanité de l'autre même très diminué, parce que très diminué, parce que se dévalorisant, s'isolant. Faire preuve d'humanité c'est le reconnaître comme corps-esprit-âme, c'est l'accompagner avec bienveillance, bien-traitance, le soutenir dans ses essais de rester humain, digne, propre, coquet. C'est l'énergiser, lui redonner accès à ses désirs et rêves, à son enfant intérieur retrouvé. C'est l'esprit « soins palliatifs » tel que pratiqué à La Maison à Gardanne, pionnière dans ce domaine : le soin est un art, l'art est un soin selon la formule du docteur Jean-Marc La Piana.
En quoi est-ce un art ? Chaque patient est unique, une personne unique, un être unique et chaque rencontre, chaque moment est unique. Aucun protocole, aucune expérience ne peut préparer au caractère inédit, imprévu de la rencontre. Cela relève du ressenti et de l'intuition, facultés éminemment sensibles, d'un autre niveau que le mental qui juge, supposant un travail sur soi de nature spirituelle. Sans ce travail préalable de nettoyage, de dissolution des carapaces, cintres et panoplies dont nous nous affublons pour paraître, pour jouer le jeu, le jeu social, sans ce travail pour retrouver l'enfant qui est en nous, l'enfant porteur de notre être, il ne semble pas possible de pouvoir se mettre sur la même longueur d'onde que ce patient que je visite.
(aujourd'hui, je suis sensible aux deux enfants que nous portons en nous, l'enfant intérieur, lui-même double, l'enfant blessé car tout enfant connaît, vit un jour ou l'autre des blessures à vie, à vif, enfouies ensuite, l'humiliation par exemple, et l'enfant rêveur avec son jardin secret où il peut se réfugier quand ça tangue ; et l'enfant des étoiles, l'enfant de lumière, venu du ciel, d'en haut, qui nous visite parfois, faisant sentir le mystère de l'Éternité et de l'Infini ; pour donner un exemple, mon enfant intérieur pourrait être Coco, celui qui va au royaume des morts parce que les morts ont peur d'être oubliés et mon enfant de lumière est le petit prince qui apprend à voir avec le seul regard vrai, le regard du coeur),
Ce patient que je visite, le voilà en fin de vie, ne bougeant qu'un pouce, n'ayant qu'un filet de voix, de grosses difficultés respiratoires, des difficultés motrices s'il s'assoit, tente de se lever, de bouger. Par quels canaux va passer la mise en phase : le sourire, le toucher, la tendresse, le regard, l'écoute, la compassion, un récit, une sollicitation, une invite, une première lettre... ? le livre ne témoigne pas de cela.
Les lettres d'Alain sont des portraits personnels des patients rencontrés dans leur intimité et dans leur être (dans la mesure où il s'est révélé). Portraits personnels en ce sens qu'Alain s'y met en jeu avec ses mots, ses images, ses exhortations, ses rejets et sa quête de sens, de beauté, de bonté, de perfection, d'Éternité, de grands espaces terrestres, célestes, de grandes profondeurs et houles océaniques. Portraits d'intimité car quand les patients se racontent, se livrent, se révèlent, on en retrouve trace dans les lettres (pas de détails, juste le parcours, le tracé d'une vie) et portraits faisant émerger l'être, l'enfant retrouvé donnant sens à un dernier acte de vie, par exemple le tableau réalisé par un patient pour le restaurant de sa fille et qui s'en va, le tableau exécuté ou tel autre écrivant un conte pour sa femme. Ces lettres sont des poèmes, elles ont le pouvoir que Novalis donne à la poésie : La poésie est le réel absolu.
Aux lettres d'Alain qui poussent à vivre la vie jusqu'au bout parce que l'abord est pour certains d'abord réservé, en retrait, mettant en avant le rien qu'on est, la fatigue, l'épuisement, pour d'autres l'abord est d'entrée curieux, ouvert, lettres qui sont de véritables porteuses de lumière et d'énergie (au sens quantique, agissante aux niveaux les plus profonds, infimes), les patients répondent par leur enchantement, leur étonnement d'être reçus, compris, soutenus.
L'équipe s'est aussi mise à l'écriture, médecin, psychomotricienne, psychologues, infirmières, accomplissant non seulement le travail quotidien d'accompagnement, (y compris des patients remarquables, c'est-à-dire à ne pas réanimer), mais s'investissant dans les rencontres du lundi en fonction de leurs disponibilités.
Les 27 oeuvres de Michel Cadéo, portraits et paysages-voyages oniriques, accompagnant les lettres des uns et des autres (femmes, hommes, pas d'âge donné, sauf exception, pas de milieu d'origine ou de profession exercée) ont sans doute été réalisées après les rencontres sur la base de ce que Michel avait vécu, ressenti, prenant peut-être des croquis.
Le regard dans ces portraits a quelque chose du regard des portraits du Fayoum, d'il y a 2000 ans, l'intensité. Quand le corps est au bord des falaises, des gouffres, seul le regard intérieur, celui porté par le sourire intérieur, sourire de béatitude, peut l'amener ailleurs. Comme l'a si bien dit G.K. Chesterton : Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes, à la légère.
Va jusqu'où tu ne peux pas, ces mots de Kazantzakis sont pour Alain Cadéo comme un ex-voto, invitant au voyage, de nature spirituelle, c'est-à-dire de dépouillement, de purification, d'élévation. Ce fut la règle de vie de van Gogh : Mourir à soi-même, réaliser de grandes choses, arriver à la Noblesse, dépasser la vulgarité où se traîne l'existence de presque tous les individus… » Il disait aussi que peindre pour lui c'était le moyen de se tirer de la vie.
Ces Lettres en vie sont un OUI à la Vie.
Lien : http://les4saisons.over-blog..
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Précision liminaire tous les droits de cet ouvrage seront reversés à l'Association Pour les Soins Palliatifs.
Le lecteur a entre les mains un très bel ouvrage où auteurs et maison d'éditions ont de conserve oeuvré pour donner à vivre ce passage, cette transmission.
Donc un immense merci à eux.
Pour ceux qui auraient peur du sujet, du terme « soins palliatifs » qu'ils soient rassérénés, ces pages sont une étreinte, celle faite dans la pureté de la bienveillance, de l'attention à l'autre.
« Pour ma part, cette rencontre permet à une personne de libérer son esprit tourmenté et de s'évader du contexte hospitalier. …être un homme dans sa vie d'homme. »
Dans notre société dite « évoluée » il y a rarement une place pour la vieillesse, la maladie et le handicap. Au mieux si vous faites partie de cette catégorie vous devenez transparent au pire un encombrant.
Lettres EN vie montrent que « chacun peut être chez lui dans la chaleur des mots. »
Ma première image a un nom : les « frères Cadéo & Cie ».
Car c'est une invitation à un voyage particulier, au coeur de l'humain : « Être un homme dans sa vie d'homme ». C'est cette noblesse de l'être qui est ici offerte.
Il n'est pas question de retranscrire mot à mot les rencontres, les confidences faites lors de ces moments. C'est plus que cela, mettre en mots les regards échangés, les coeurs qui se sont ouverts, les pudeurs transgressées, les douleurs oubliées, la maladie éloignée pour quelques instants précieux où l'être dans son entité est là, présente au monde. de vraies rencontres d'homme à homme.
Les peintures de Michel sont de la même veine, faire émerger des émotions en couleurs, les immortalisées pour dire vous êtes cela aussi. Car les êtres rencontrés n'ont jamais imaginé être un jour, un jour seulement « source d'inspiration ».
Quand on s'est habitué à dire le minimum, à vivre a minima pour continuer la route, pour préserver sa dignité, sa pudeur, par peur de déranger, d'ennuyer, il faut de vraies rencontres pour faire céder les barrages.
C'est un livre où les frères Cadéo, frères passeurs arrivent à incarner le temps, le suspendre pour mieux le pénétrer.
« Les soins palliatifs ne sont composés que d'aventuriers : soignants, patients, proches. Ils vivent des expériences uniques, où rien n'est prévisible, il faut pouvoir les alimenter, les protéger. »
Merci à tous, soignants, auteurs et maison d'édition de nous avoir permis de vivre ceci :
« L'aventure se veut humaine, partagée et aussi solitaire, elle nourrit le désir de chacun. Oser ces rencontres est sans doute la plus belle des expériences, elle permet, peut-être, d'être au coeur de la vie, au coeur de sa propre vie. »
J'ajouterai que l'ensemble est un tout d'humanité, de douceur et de lumière. Chacun aura sa lecture car il sera face à lui-même.
« Osez, osez …plus rien ne s'oppose à la nuit…et que ne dure que les moments doux » A Bashung.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 octobre 2020.

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Nous sommes tous des passants ici-bas, mais quelle trace, quels souvenirs restera-t-il de notre passage ?
Durant six années, « les frères Cadéo » sont venus rencontrer les patients en fin de vie dans l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital de la Seyne.
Grâce à un travail collectif incluant la participation du personnel hospitalier (médecin, psychologue, psychomotricien, infirmière), un transfert d'humanité, mêlant mots et matières, s'est réalisé, visite après visite.

Dans ce contexte si particulier, Alain et Michel se sont fait messagers, passeurs, correspondants, nochers, pour cueillir un peu de cette parole, et c'est bien deux regards particulièrement chaleureux qui ont permis l'éclosion de la part la plus belle, la plus intense, la plus lumineuse de chacune des personnes visitées : le regard d'Alain, agissant avec ses mots de velours, offrant le Verbe, offrant la reconnaissance, celui de Michel, caressant avec ses pinceaux, offrant la couleur, offrant la mémoire.
Ce qui intéresse Alain Cadéo, c'est la marge, les marges, et ici, au bord de la vie, ce qui en émane est comme une écume lumineuse que les frères sont venus recueillir.
Attendant la mort, c'est bien la vie qui est venue à la rencontre des patients de l'unité, en la personne des frères Cadéo.

Alors qu'y a-t-il dans notre dernier lit ? de la peur ? de la souffrance, de l'effroi ?
Étonnamment non ! Pour qui sait poser les bonnes questions, pour qui sait entendre et écouter, il y a l'enfance qui émerge, le réveil des souvenirs endormis.
Des images, des parfums, des fleurs, des arbres : thym, cyprès, lilas, roses, violettes, hortensias, lauriers-fleurs, romarin, saules, marronniers…
Des images synesthésiques de lumière et de vie.

Grâce à l'écoute, à la présence, au regard, la nudité de l'âme n'est plus à craindre. Chaque être se révèle dans sa singularité. Et Jocelyne peut comprendre les paroles d'Alain lui disant pourquoi « elle n'est pas rien », comment « Chaque seconde est un murmure, chaque regard un aveu, chaque geste un appel ».

Grâce à l'écoute, à la présence, au regard, la vie peut aussi être vécue jusqu'au bout. Ainsi, Josyane recommence à se faire belle, le jeune Anthony, malgré son extrême faiblesse, réalise son rêve et se rend au festival « mangazur », Alain, avec la participation active de Michel et de toute l'équipe de l'unité, peut, avant de mourir, créer la peinture envisagée pour le restaurant de sa fille.

En refermant « Lettres en vie », j'ai pensé, et cela m'est apparu comme une évidence,  combien la fin, les fins, toutes les fins, se devaient d'être belles.

Alors, n'y a-t-il pas plus bel accompagnement que celui permettant aux personnes en fin de vie d'effectuer ce passage dans les meilleures conditions d'enveloppement, dans un sentiment d'apaisement optimal ?
N'est-ce pas l'acte de charité le plus élémentaire que leur accorder une réelle écoute, de redonner à chacun la plus belle part de sa vie, de les autoriser à être vivants jusqu'à leur dernière minute de vie ? Ne devrait-on pas faire de cela une règle absolue ?

Ce livre a l'immense mérite de réconcilier avec l'idée de la mort ceux qui pourraient en être effrayés. Cette lecture fait de nous, fera de vous, des privilégiés ayant pu, avant l'heure, comprendre toute la grandeur du vivant, toute la richesse de nos vies, toute la beauté qui nous constitue.
En ce sens, ce livre est un trésor dont on aurait bien tort de se priver. Car on en ressort embellis, enrichis, agrandis. Et allégés aussi, bien sûr, de l'angoisse que la mort pouvait parfois représenter.

Rachel
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Jocelyne,

Je repense ce matin à votre timide « je ne suis rien... » Aucun de nous ne pèse lourd et à la fois chacun d’entre nous est irremplaçable.

Chacun d’entre nous a un rôle particulier à jouer dans cet immense puzzle qu’est l’histoire du monde.

Je ne suis rien qu’une herbe folle, un liseron, un coquelicot dans un grand champs laissé à l’abandon. Je ne suis rien qu’une étincelle dans le cœur d’un brasier ou comme disent les anciens : « une goutte d’eau dans l’océan ».
Et pourtant, dans les molécules de ce « rien » il y a toute l’histoire de la Vie, la mémoire du Temps et sans doute aussi notre capacité d’évolution.

Je ne sais qui disait : « Tu peux choisir d’être ton propre roi »... C’est-à-dire prendre la pleine mesure de ce « rien » qui pourtant contient tout et à qui tout revient.
Votre regard sur l’être humain, sur la nature, votre filet de voix comme un zéphyr sur les collines, votre écoute, votre simplicité font de ce « rien » un magnifique récipient capable de recevoir toute la beauté du Monde.

Bien à vous.
Alain et Michel C.
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« Vas jusqu’où tu ne peux pas... »
Cette petite phrase d’un écrivain Crétois, Kazantzaki, fait partie de mon oratoire personnel. Nous avons tous ainsi dans nos cerveaux et nos cœurs quelques sentences comme des ex-voto qui nous permettent de franchir notre lot de gouffres. Ces mots, car ce ne sont que des mots, ont pourtant la capacité de nous porter sur l’océan de nos doutes, ce sont nos radeaux de bambous, lianes, varech, vieilles planches, fibres de cocotier, c’est fait sans doute de bric et de broc et pourtant ça nous porte et ça flotte, d’un horizon à l’autre... Et quelque fois sur nos frêles embarcations, appuyé contre un mât de fortune, dans une aube glacée, se lèvent des atolls de nuages aux couleurs insensées et on se dit : c’est ça, l’éternité.
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Au fond, ce ne sont pas les mots qui comptent, ils disent si peu, ils sont si loin de ce qu’ils voudraient dire. Non, ce qui compte c’est ce qui se dissimule derrière les intonations, ce sont nos voix intérieures, nos états d’âme, réalité de nos déserts que nous sommes seuls à parcourir et c’est à la surface de nos yeux, sous la peau de nos mains, sur les intimes tremblements de nos mains, qu’il faut lire toutes nos attentes.
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Ne crains pas la fatigue, cet abandon dans le sommeil, les anges aussi sans doute replient leurs ailes à l’ombre des nuages mais c’est pour mieux les déployer, étincelantes, vivifiées, dans l’or liquide des seuls regards aimés.
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On ne dira jamais assez à quel point l’imaginaire d’un enfant est d’autant plus riche qu’on l’a laissé, volontairement ou non, grandir en toute indépendance. Au milieu d’une mer de Raison, il y a ces îles invisibles faites de rêves tressés, de douceurs et de bons paquets d’algues bleues sur lesquelles poussent mille mandariniers, fruits de nos fuites, face à l’indifférence de nos aînés.
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