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Critiques de Alain Corbin (141)
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Les conférences de Morterolles, hiver 1895-18..

Ce que j’apprécie chez Alain Corbin c’est ce style, une microhistoire, on part de la personnalité de l’orateur puis le cercle s’élargit par l’étude du recensement de la population et de la place de chacun, et notamment des femmes, au sein de la communauté rurale. Le récit est traité sous l’angle de la psychologie sociale.

Ce ne sont pas des cours du soir servis par des instituteurs payés…mais 10 conférences, en soirée, en surplus du travail de Mr Beaumord qui recevra une médaille de bronze, la somme de 100 francs, et quelques livres. Il gagnera en prestige et en autorité sur sa classe et au sein des familles environnantes. Mr Beaumord va redresser l’école sur 10 années consécutives.

Sa note passera de 14 à 16/20. Elles auront lieu dans sa salle de classe « le seul local de cette taille qu’il était possible de chauffer, les soirs d’hiver. »

Il est traité de prétentieux par le curé qui se voit partiellement évincé de la communauté et relégué au second rang.

Au cours de cet hiver 1895-96 on découvre la place de l’instituteur laïc et républicain, et également secrétaire de mairie, au sein de la communauté rurale de Haute-Vienne. Il présente aux villageois ce qui parait indispensable à la vie pratique : les bienfaits du travail, comment entretenir et cultiver les terres, les bienfaits de l’union, de l’association, de l’entraide et coopération, de la gelée ses causes et ses effets, des renseignements administratifs, des conseils techniques.

Il y parle de la politique d’expansion de la République française, grandeur d’une mission civilisatrice, avec la conquête de Madagascar, « la terre promise de l’expansion française » , de « l’héroïsme des jeunes soldats de la République qui ont mené ce combat au service de la Patrie »

Les conférences-populaires envisagées par Jules Ferry (avril 1882) doivent être attrayantes. Elles doivent être soutenues par le maire, le médecin, le notaire, les artisans du village et tous les notables qui la composent, tous capables, en venant écouter la conférence, de fédérer une population disparate qui pourrait bénéficier d’une parole novatrice. L’instituteur y dispense la « somme des connaissances qu’il n’est plus permis d’ignorer ». Les maires déplorent que les livres qui circulent ne soient pas « à la portée des populations rurales » en dehors de l’almanach et de la vie des saints. L’enseignement d’alors était rigoriste et autoritaire, à même de faire des hommes selon Dieu et la société. Ces réunions représentent un désir de s’ouvrir au progrès en s’appuyant sur un savoir scientifique et non plus fondé sur l’univers du conte, sur l’inertie de la routine.

Le « droit usuel », la morale, le patriotisme et l’instruction civique s’invitent au programme.

Véritable croisade nationale, l’éducation populaire a connu son heure de gloire à la fin du 19è, début du 20è siècle et a permit la création d’associations d’anciens élèves des écoles primaires, des sociétés mutualistes, afin de façonner la société française et d’instaurer un système d’éducation public, laïc, gratuit, et obligatoire.

Sous l’aiguillon de l’influente Ligue de l’enseignement et de l’inspecteur général de l’instruction publique, émerge l’engagement éducatif des « maîtres », dans la formation des jeunes générations, combatifs, dévoués à leur mission, ils défendent l'école de la République, laïque et patriotique, structure de la doctrine sociale de la IIIè République. Déterminés à transmettre le savoir et les valeurs civiques, essentiellement pour renforcer l’identité nationale et assurer la cohésion sociale.

Entre 1870 et 1914, la France connaît une évolution politique qui enracine peu à peu la république. Ce faisant, une démocratie libérale s'installe et les populations obtiennent de plus en plus de droits.

La III ème République est aussi un moment d'affirmation de l'empire colonial français. Elle contribua aussi a la mise en place de la liberté de la presse (1881), du droit de réunion (1881), de la liberté syndicale (1884), de la loi sur le divorce (1884) permettant ainsi à une société plus libre de se constituer.

La loi de 1901 introduira la liberté d’association laïque non professionnelle et le développement des sociétés de prévoyance et de solidarité pour couvrir les frais de retraite, de maladie ou d’accident de l’enfant devenu majeur.

Alain Corbin fait un parallèle avec les maçons travailleurs saisonniers qui faisaient des allers-retours à la capitale et se targuaient de connaitre un beau monde et pour qui savoir lire et écrire leur facilitait l’intégration à la vie de la grande ville.

On y voit de belles cartes postales sépia de Morterolles du début de 20è siècle, la mairie et les écoles, la rue principale, la place de la poste, du champ de foire, de nouvelles constructions en Limousin par la confrérie des maçons où les « aînés » se chargent de guider les « nouveaux ».

Mr Beaumord conclut ses conférences par cette exigence : « Pour nous tous, cela doit constituer une leçon, qu’il vous faudra méditer sur le chemin du retour »









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Les Cloches de la terre : Paysage sonore et..

C'est en 1994 qu'est paru ce très beau livre d'Alain Corbin. Quelques années auparavant cet historien des sensibilités avait sollicité l'odorat à travers le miasme et la jonquille. Cette fois ci, il interroge l’ouïe et s'attache à nous restituer dans une langue raffinée les paysages sonores (expression magnifique) et la culture sensible dans les campagnes au XIXème siècle. Comme pivot de cette étude, il s'intéresse à un objet qui peut sembler marginal aujourd'hui à savoir la cloche...Enfin incongru, pas tant que ça si on y réflichit...n'avez vous pas remarqué la joie des enfants (et d'autres) à entendre et voir sonner les cloches, ces cloches si pratiques pour se repérer dans le temps ou l'espace quand on a oublié sa montre ou sa carte de randonnée...ces cloches qui font encore souvent la fierté de certaines bourgades...Mais aussi des cloches qui cassent les pieds avec leurs sonneries tous les quarts d'heures et leurs envolées assourdissantes à l'heure de sonner l'angelus...C'est peut être à partir de ces observations très contemporaines que Corbin nous restitue l'importance symbolique et affective que les hommes ont entretenu avec cet objet.

Corbin rappelle tout d'abord que le monde sonore de l'homme rural du XIXème siècle est marqué par un profond silence. La cloche rompt ce silence parfois avec violence. La cloche est aussi l'expression sonore d'une dimension sacrée dans des sociétés encore largement empreintes par le christianisme. Mais la cloche est aussi un objet communautaire : sa fonte par exemple est l'objet des efforts de toute une paroisse qui se retrouve unie derrière elle. Le moment de la coulée est un temps de rassemblement de la communauté.

Tout cela explique que l'attachement de beaucoup à leur cloche, au son de leur cloche, cela peut expliquer aussi la conflictualité entourant cet objet. La cloche est un objet important, un enjeu même.

Pour Corbin la cloche est même le principal média des campagnes au XIXème siècle : elle annonce les réjouissances, les drames ou donne l'alarme. On lui confère même des vertus quasi magiques : certaines ont la réputation d'éloigner la nuée, les orages, certaines guérissent les maladies, d'autres éloignent les démons ou à l'inverse permettent de convoquer les anges.
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Histoire de la virilité, tome 3 : La virilité e..

Avec les éclats du féminisme, les revendications gays, la promotion de nouvelles figures métrosexuelles, la virilité ne cesse d’être questionnée. Critiquée, refoulée, dissimulée, on en vient à se demander si elle reste encore un élément reconnu, valorisé, ayant droit de cité. Cette monumentale Histoire de la virilité s’empare du problème pour l’envisager dans tous ses aspects. Réunissant un panel de spécialistes de l’histoire des mentalités et des représentations de la virilité.

Cela fait grosso modo une 20 d’années que la question de la virilité et de l’identité masculine a émergé dans le champ historiographique à travers les "gender studies".

Que « masculin en soit venu à supplanter « viril » est bien le signe qu’il y a, décidément, quelque chose qui a changé dans l’empire du mâle. La virilité est-elle, pour autant, en crise ?

le siècle dernier aurait donc vu cette crise se développer. Les nombreux auteurs de ce dernier tome nous permettent en tout cas d’envisager tous les aspects de L’histoire de la virilité des cent dernières années à partir du cas de la France mais aussi d’autres pays européens et des États-Unis:

Les origines , les mutations et les déconstructions de la domination masculine , La virilité face à la médecine, la violence masculine et son recul, la fabrique de la virilité (au travers des figures du soldat, du sportif, du criminel et de l'aventurier),la virilité fasciste, ouvrière, coloniale, post coloniale, à l'écran, dans la peinture, la sculpture, la photographie.

On aura compris qu’on a là un ouvrage riche dont il est difficile de rendre compte en quelques lignes, chaque contribution méritant une attention particulière.

Et si ce tour d'horizon est très complet il n'en reste pas moins à la portée de tous, les auteurs n'ayant pas là pour faire dans le charabia incompréhensible !

Il reste à essayer de synthétiser les réponses à la question centrale : Crise de la virilité ou pas et dans quelle mesure ?

es différents auteur, mettent en évidence cette crise de la virilité et le recul de la domination masculine tout en montrant leurs limites.

Dans son chapitre intitulé « Mutations homosexuelles », "Florence Tamagne" relativise quant à elle le recul de l’homophobie ; or on sait que le regard porté sur l’homosexualité est révélateur de la représentation dominante de la virilité : « L’appropriation d’éléments associés à la culture gay par les masculinités hétérosexuelles ne signifie pas pour autant la remise en cause de la domination masculine ou la disparition de la violence homophobe.""»

A partir de ces conclusions ambivalentes, L’histoire de la virilité étant dépourvue d’une conclusion générale, le lecteur peut supposer que la virilité a encore une longue histoire devant elle même si sa reconfiguration, en lien avec la remise en cause de la domination masculine, semble un acquis, du moins dans les pays occidentaux.

Tous les textes ne se valent pas mais la somme est intéressante même si au final on a surtout un état de lieux de la question.

#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay
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Historien du sensible

Pour qui aime l'histoire du XIXème siècle, il me semble qu'il s'agit là d'un livre vraiment passionnant. Alain Corbin, grand historien des sensibilités ( et de plein de choses bizarres ou étonnante de manière générale ) s'y entretient avec Gilles Heuré et revient sur son oeuvre si originale. Il sera donc question dans ce livre des odeurs à l'époque moderne et contemporaine, de la naissance du désir de rivages, d'un humble sabotier ornais du XIXème siècle qui ne savait ni lire ni écrire et dont Alain Corbin entrepris un jour de faire la biographie comme s'il se fût agit d'un homme très important. Il sera également question des cloches dans le paysage sonore au XIXème siècle.

Pour ceux qui voudraient découvrir ce grand historien de manière plus accessible, il s'agit d'un livre simple et accessible au style moins difficile que les livres habituels de Corbin.

Seul reproche, mais ce n'est pas vital, le livre a paru il y a plus de 20 ans et ne comprend donc pas certains thèmes étudiés plus récemment par le grand historien (les arbres, le silence, le plaisir féminin...).

En tout cas, passionnant !
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La rafale et le zéphyr

Quel beau titre, très poétique, qui fait davantage penser à un vers de Victor Hugo plein de lyrisme et d'élan qu'à un ouvrage historique sérieux, didactique et froid. Mais ce n'est pas pas un livre purement intellectuel, car son sujet lui-même est poétique, la perception du vent dans l'histoire. Alain Corbin est un historien du corps, qui a évolué comme historien des sensibilités. Il travaille sur l'évolution des représentations, des sensations et des perceptions de phénomènes qui touchent les hommes : les odeurs, les bruits et le silence... Ici, ressentir le vent se fait par tous les sens : ouïe pour évaluer la force d'une brise ou d'une bourrasque, vue avec l'observation de feuilles qui volent, odorat car le vent apporte des senteurs, le toucher quand on ressent sur sa peau la caresse ou la violence du vent, même le goût aussi.

Le titre oppose deux termes, comme deux éléments perçus différemment de façon parallèle au cours de l'histoire. La "rafale" renvoie à l'étude scientifique du vent, le développement des appareils de mesure, des prédictions, des analyses des tempêtes... C'est au XVIII ème siècle, à l'époque des Lumières, que les premières expérimentations rationnelles apparaissent, les connaissances progressent vraiment au XIX ème siècle.

Le terme de "zéphir", lui, renvoie à la perception poétique du vent, de la conception mythologique des Grecs qui incarnent les formes du vent avec le dieu Eole ou, à la conception biblique qui y voit le souffle de l'esprit divin voire la colère divine comme un châtiment, au souffle du Printemps chez Botticcelli, au lyrisme romantique. Évidemment, Alain Corbin évoque Victor Hugo, par exemple avec les Travailleurs de la mer, mais aussi Leconte de Lisle. Enfin, le vent est aussi perçu pour son potentiel érotique, notamment lorsqu'il dévoile les formes féminines collant leurs vêtements sur le corps, ou qu'il émeut les femmes en provoquant des caresses sensuelles.

Je regretterai juste d'un point de vue très personnel que dans un court panorama plus contemporain, Alain Corbin n'ait pas évoqué la Horde de Contrevent, roman où le vent est le personnage principal, sous toutes ses formes.
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Les Cloches de la terre : Paysage sonore et..

Le magistral essai d’Alain Corbin sur la symbolique sacrée, sociale et politique des cloches est réédité en poche. Il ressuscite un monde proche, mais perdu.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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L'harmonie des plaisirs

État des lieux de l’érotisme au XVIIIe siècle : connaissances médicales sur la sexualité (qui signifie alors « mode de reproduction d’une espèce »), diagnostics et remèdes ; inspiration depuis la littérature des pratiques et des fantasmes sexuels.



La partie « médicale » ne m’a pas paru passionnante car les considérations médicales sont évidemment complètement dépassées, empruntes de morale et de religiosités. L’analyse est cependant aussi précise qu’érudite.



Plus amusante est la partie « littéraire » en ce que les techniques d’écriture des romas érotiques voire pornographiques, y sont analysées (thèmes, lieux, mise en contexte des scènes, etc).



Néanmoins, le biais par cette seconde approche n’est pas moins grand pour aborder la « sociologie » de la sexualité que celle de la partie médicale puisque les fantasmes et la moralité la structurent tout autant (mais subvertis bien entendus).



Ce n’était de toute façon pas la démonstration qui nous était proposée. Il s’agissait plutôt d’établir que nous étions passés, en traversant le XVIIIe siècle, de la promotion « culturelle » de coïts harmonieux dont la simultanéité des jouissances est l’heureuse récompense des satisfactions réciproques, et la procréation l’inspiration privilégiée, à une sexologie savante, aussi précise du point de vue scientifique que de son lexique, qui décrit certes parfaitement la fonction individuelle, mais dont le développement s’est produit par l’anéantissement des charmes que présentait la conception établie au siècle des Lumières : nous aurions échangé les harmonieuses jouissances contre de repoussants orgasmes.



La littérature pornographique et la dérive de jugements assimilant les diverses pratiques sexuelles identifiées à des déviances en auraient été les signes annonciateurs. Plus loin, ce serait la prise d’influence du monde protestant dans le monde des idées devant les travaux issus de la pensée catholique qui expliquerait ce passage.



Il se dégage ici, quelle que soient les explications de cet effondrement, une forme de nostalgie…
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La rafale et le zéphyr

Dans un ouvrage passionnant, l’historien du sensible, des sensibilités et du XIXe siècle, cherche à retracer les différentes manières dont les individus ont pu percevoir, imaginer, dire, rêver, sentir, éprouver, ressentir, le vent pour le comprendre et le dompter.



Ce livre est un voyage fascinant dans cet élément mystérieux et puissant. Au fil des siècles, tous les plus grands artistes ont été influencés, inspirés, par cet élément naturel, symbole du temps et de l’oubli.
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Histoire du repos

Alain Corbin revient sur la notion de repos à travers les siècles. Évidemment c'est tout d'abord par rapport aux textes religieux que le terme de repos est défini avant d'évoluer au fil du temps et des plumes, de penseurs tels que Bossuet, Jean-Jacques Rousseau, Pascal, Alain...



C'est un ouvrage très intéressant, empli de références. J'ai apprécié ma lecture même si elle était tout de même plus exigeante (évidemment) que pour un roman. Alain Corbin est historien et le texte n'est pas destiné à divertir (ne pensez pas y trouver quelques anecdotes pittoresques, amusantes).



Un texte qui nous éclaire sur l'évolution de ce concept et nous instruit sans nul doute.
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Les Cloches de la terre : Paysage sonore et..

Alain Corbin fait résonner avec une puissance rare ce « bruit d’un autre temps » qu’il sait rendre soudain plus proche que nous ne pouvions l’imaginer, nous qui en venons, et qui l’avons effacé
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le village des

Cet ouvrage classique est bien plus que l'analyse d'un fait divers. À partir du tragique événement de Hautefaye, l'auteur aborde l'évolution de notre rapport à la violence. C'est un livre que je recommande pour les amateurs d'histoire culturelle ou ceux qui souhaiteraient découvrir ce champs (et oui, on ne fait pas que l'histoire de l'État, des guerres et des princesses...).



Si vous l'avez apprécié, vous pouvez aussi vous tourner vers "Laetitia" d'Ivan Jablonka. La narration est similaire, le sujet moins dépaysant (l'affaire Laetitia Perez), mais la plume de l'auteur est beaucoup plus touchante.
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Histoire du repos

Le sens du repos, ce qu'il signifie pour les populations occidentales est très différent selon les époques. Celui que l'on connaît aujourd'hui, l'idée de récupérer des forces et qui s'oppose à la fatigue est récent.

Pendant 2000 ans, le repos avait des racines religieuses, associé au repos éternel, au Salut, à l'ars moriendi, l'art de bien mourir.

Pascal oppose repos à agitation, au divertissement, c'est pourquoi les hommes en ont peur car confrontés à eux-mêmes.

Rousseau l'associe à la rêverie dans la Nature "loin de la foule importune".

Chez les religieux, le repos dominical s'associe à nourriture spirituelle, ils craignent la paresse, l'oisiveté ou son aspect festif.

Cependant, le dimanche se sécularise et avec l'arrivée du travail industriel, le repos réparateur, récupérateur de forces s'oppose à la fatigue, au surmenage.

A partir des années 1960, les loisirs remplacent le plein repos.

Un essai court mais très riche qu'on ne peut explorer en quelques lignes (nombre de détails qui n'en sont pas sont évoqués comme l'apparition au XVIIIème siècle du mobilier permettant de se reposer)
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La vie électrique : Histoire et imaginaire (X..

Voici un bouquin qui est passionnant.

Nous utilisons tou.te.s au quotidien, de l'électricité et ce livre parlera donc, ou devrait parler à la plupart d'entre nous.

De ses tout débuts, je dirais, de ses prémices, où elle n'était que curiosité divertissante avant de devenir médecine miracle, jusqu'à nos jours où elle questionne, banal élément du confort minimal actuel... Le rapport à l'électricité, ses usages, les peurs et fantasmes à son sujet... tout à tellement évolué, s'est transformé et, parfois inversé, du tout au tout!

Bref, vous en apprendrez probablement pas mal en lisant ceci. Comme j'ai appris beaucoup de choses très intéressantes. L’expérience, cependant, me dit que les personnes avec déjà des connaissances sur le sujet vont s’estimer un peu flouées…

Ca se lit et s'assimile aisément.
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Sois sage, c'est la guerre

Un petit livre d'une centaine de pages bien plaisantes à lire. Alain Corbin nous raconte les souvenirs qu'il a conservé de la guerre mais surtout il nous raconte une époque.

Celle de nos grand-parents , sans télévision , sans voiture , sans tout le confort moderne dont nous bénéficions mais une époque également où la solidarité , la vie en commun existait encore , une époque où le docteur , le professeur ou le curé étaient respectés.

C'est très bien écrit dans un français impeccable et c'est empli de nostalgie malgré la dureté de la guerre .

Une lecture très agréable.
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Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot

Louis-François Pinagot : "un Jean Valjean qui n'aurait pas volé de pain". C'est parce que ce sabotier analphabète de l'Orne n'a laissé aucune trace dans l'Histoire que Alain Corbin décide de le faire revivre dans ce livre aussi instructif qu'émouvant. Pourquoi l'Orne ? Parce que l'historien a une connaissance intime de ce département. Pourquoi Pinagot, et pas un autre nom qui figure sur l'état civil ? Parce qu'il a une vie suffisamment longue (78 ans) pour rendre ce travail intéressant.

Dans un parcours en 10 chapitres, Corbin reconstitue le microcosme géographique, le contexte politique, familial, l'univers mental dans lesquels le sabotier a vécu.

Dans l'espace d'une vie (chapitre 1), nous découvrons une Normandie très différente de l'image d'Epinal que nous avons aujourd'hui, un terre encore massivement consacrée à la culture céréalière, même si le bocage y est déjà présent. Pinagot appartient cependant au monde des confins, des bois, un monde plus marginal que celui des cultivateurs.

Bien qu'il appartienne à la fraction la plus pauvre de sa commune, et qu'il fasse partie un temps des "indigents" exemptés de certaines taxes, on vit longtemps dans sa famille, souvent au-delà de 70 ans. L'Orne n'est pas un pays de régime autoritaire où l'aîné hérite seul du patrimoine familial. Les écarts de richesse au sein de sa parentèle et ses relations amicales sont faibles (chap.3). En dépit de la loi Guizot (1833) qui imposait aux communes l'entretien d'une école primaire, l'analphabétisme reste très prégnant dans le monde rural auquel appartient Pinagot : les petites communes n'ont pas toujours les moyens de payer un instituteur et le paiement des frais de scolarité reste à la charge des familles (chap.4).

Les sabotiers se marient souvent à des fileuses, remplacées de plus en plus par des gantières qui travaillent pour des marchands-fabricants (chap.5). Les "arrangements" (contrats oraux) donnent souvent lieu à des litiges : dans la forêt, les vols de bois - bois de chauffage ou bois d'œuvre - sont fréquents et les gardes forestiers doivent redoubler de vigilance et d'astuce pour démasquer les coupables. Les amendes peuvent s'élever pour certaines familles à plusieurs mois de salaire ! (chap.6).

Dans "le passé décomposé" (chap.7) et "les invasions" (chap.8), Alain Corbin reconstitue les représentations du passé d'Alain-François Pinagot. Si l'Orne a été moins directement touché que d'autres départements de l'Ouest par la chouannerie, les communes ont pâti néanmoins de la guerre civile et des déprédations commises par les légions de chouans et les armées républicaines. Les deux invasions prussiennes (1815 et 1870-1871) sont restées également dans les mémoires car elles ont donné lieu à des réquisitions de vivres, des pillages de linge, d'argenterie, et des tributs de guerre qui ont pesé lourdement sur les finances des communes.

Dans les deux premiers tiers du 19ème siècle, les crises frumentaires sont encore légion et donnent lieu à des attaques de convois de céréales, la constitution de barricades (1828-1832, 1839...). Les "indigents" constituent dans certaines communes jusqu'à un quart de la population de certains hameaux ou communes. Il faut attendre les premières années du Second Empire pour que la mendicité dans le département recule de façon sensible.

C'est à cette époque que Louis-François Pinagot peut acquérir une petite maison à deux ouvertures et sortir de la classe des indigents.

Quelles furent les convictions politiques de Pinagot ? Comment sa citoyenneté s'est-elle construite ? Difficile de l'estimer. Au moment de la Restauration, les fêtes de souveraineté (où l'on commémore Louis XVI, le roi-martyr) sont présentes dans certaines communes. Le premier scrutin auquel Pinagot a pu participer concerne l'élections des officiers et sous-officiers de la Garde nationale. Avant 1848, date de l'instauration du suffrage universel masculin, il ne peut pas voter comme le font certains membres de sa famille qui ont paient un cens suffisant pour le faire. Mais même après 1848, les sabotiers, à la différence des cultivateurs, utilisent peu le droit de vote. Il faut attendre la toute fin de l'Empire (1869) pour qu'une majorité de cette corporation l'utilise. Signe que l'enracinement de la République est tardif dans ce "pays".

Il faut attendre une pétition municipale de 1871 pour que Alain Corbin découvre pour la première fois la seule trace manuscrite, une croix malhabile, de la main de Alain-François Pinagot.
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Histoire des sensibilités

Un travail original qui se lit bien (une centaine de pages accessibles). Nous abordons d’un nouveau point de vue les sensibilités humaines au cours de l’histoire, mais aussi l’histoire de la réflexion autour de ce sujet (en abordant Rousseau et son baromètre de l’âme par exemple). Les chapitres sont courts (peut-être même parfois un peu trop…), ce qui nous permet d’aller à l’essentiel… C’est un ouvrage que je relirai avec plaisir.
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Histoire du repos

Professions libérales surmenées, salariés au bord du burn-out… Nous n’avons pas toujours été épuisés, explique l’historien des sensibilités dans « Histoire du repos ». Jadis le travailleur savait ménager sa peine… et ses nerfs.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..
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Histoire du repos

Dans cet essai historique, l’ historien des sensibilités esquisse les façons dont les individus ont perçu la notion de repos, depuis la Bible jusqu’au milieu du XXe siècle avec le remplacement du repos par le loisir. Cette étude retrace l’évolution du mot et de ses différentes façons dont il est perçu en fonction des époques et des milieux sociaux.



Se reposer, se détendre, le réclusion, la disgrâce, de confiner, se mettre en retrait, décompresser, s’adonner à la rêverie, le repos éternel, la quiétude, se relâcher, faire une pause, ou encore se délasser, toutes ces formes ont pour finalité le repos de l’esprit et du corps. Le repos corporel évolue avec la révolution des meubles. Les intérieurs se transforment. Ainsi, les sièges rigides du XVIe siècle laissent place aux commodités du XVIIe siècle et évoluent vers une société de confort au XIXe siècle.



Je me suis délecté de ce livre fascinant qui ouvre les portes de nombreuses pistes de réflexions.

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Histoire du repos

L’historien Alain Corbin publie une histoire du repos très documentée.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Histoire du repos

L’essayiste Alain Corbin s’intéresse à la notion de repos.
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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