L'avant propos l'annonce: c'est via la littérature qu'Alain Finkielkraut choisit d'appréhender l'amour.. et sa fin!
Quelques extraits des œuvres choisies, mais des commentaires.
aucune prétention d'exhaustivité, tant sur le nombre de cobayes (5), que sur la portée générale des commentaires.
chacun apporte des angles différents, même si, malgré le titre (l'amour pourrait durer) semble se dessiner une vue à peine contredite d'amour qui s'étiole inexorablement, s'use, s'affaiblit.
Quant à l'amour fou, il est exécuté d'un tranchant "idiotie de l'amour fou".
Désillusion? Pas totalement. L'amitié érotique est évoquée comme alternative, mais sans grande conviction. L'amour indiscutable des parents de Kepesh est quant à lui juste mentionné en une petite phrase seulement.
Un essai agréable (et non une thèse) qui incite à se plonger dans les romans mentionnés.
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Il y a des œuvres qu'on ne sait pas bien par quel bout prendre parce qu'elles sont complexes ou simplement compliquées mais assurément consistantes.
Je n'ai pas le sentiment que ce soit le cas pour cet essai d'Alain Finkielkraut que je trouve touffu et brouillon.
Tout au long de ces 160 pages, l'essayiste court en zigzag, en avant et en arrière, après le concept d'humanité, les théories de l'humanisme, les tentatives de théorisation et d'explication des causes des idéologies nazie et communiste (merci à Hannah Arendt) et finit sa course dans un marigot où les French Doctors côtoient la civilisation du web, le monde village et la fin des frontières.
L'auteur donne de nombreux signes qu'il a étudié la philosophie, lu divers auteurs dont certains philosophes et, comme il était recommandé à mon époque en cours de philosophie des terminales scientifiques, émaille sa production de nombreuses citations.
Au-delà de ces prérequis de bon ton, de quel apport original nous gratifie-t’il? Quelle thèse défend-il qui éclairerait qu'il conclue l’essai sous forme de question:" Inutilité du XXe siècle?"
Quel système de pensée est le sien qui fonderait l'idée qu'un siècle doive être utile? Et utile à quelles fins?
Je n'en ai pas vu l'ombre d'un, cela ne rentrait manifestement pas dans l'essai.
Bien sûr je n'exclus pas que le taillis m'ait caché la futaie et qu'un plus futé que moi taille en pièces ma critique.
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Beaucoup de concepts, difficile de résumer cet essai. Nous retrouvons l'opposition de la France, nation politique fondée sur des concepts abstraits, universels issus des Lumières par rapport à l'Allemagne, Nation culturelle, pays du romantisme, des croyances particulières, de l'identité et des racines. L'une comme l'autre nient aujourd'hui leur passé, ne veulent plus apparaître comme des héritiers, ne voient plus comme les hommes de la Renaissance dans la culture une nourriture spirituelle. Pour nos contemporains, l'homme est en devenir, ne doit pas se souvenir de son passé (sauf pour commémorer). Les oeuvres d'art ne sont plus reçues pour leur originalité, leur beauté, sur leur capacité à nous transcender mais en fonction de leur représentativité culturelle. Au nom de l'égalité, on respecte tout et tous (l'homme contemporain le dit en tout cas, se pensant beaucoup plus tolérant que ses ancêtres) mais on n'admire plus rien. Toute hiérarchie est vécue comme une oppression.
Des passages très intéressants sur les intégrismes actuels, sur le peuple juif, sur la perception différente de la défaite de 1940 et de Vichy aujourd'hui et il y a quelques décennies.
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J’ai vécu la lecture de cet ouvrage comme une véritable satisfaction intellectuelle. Les pensées qui y sont exprimées sur le thème de l’identité bénéficient d’une telle conscience professionnelle (Alain Finkielkraut est un philosophe), qu’aucune autosatisfaction ne semble avoir pris le pas sur l’intention de parvenir à quelque chose de constructif. Ainsi peut-on parler ici d’une œuvre, qui plus est transpire le bon sens et la libre pensée. Ce thème, si actuel, est trop souvent abordé par des « journalistes-écrivains », qui nous bombardent de faits historiques et de statistiques, et qui plus est, luttent pour se défaire d’une couleur politique. Ce n’est pas le cas ici. L’ouvrage scanne les difficultés que rencontrent actuellement la société en traitant ces sujets dans le fond (leurs origines, leurs causes et leurs conséquences). Les idées sont clairement énoncées et ainsi agréablement accessibles. Alain Finkielkraut nous permet de comprendre d'abord, afin de pouvoir mieux entreprendre (si ambition il y a !).
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Prétentieux et réactionnaire. Aucune véritable analyse sous le vernis de culture livresque exhibée sans goût. Triste de voir ce que sont devenus les "intellectuels" d'aujourd'hui, censés représenter le fin du fin de l'esprit français et qui se réclament de l'héritage de Sartre etc. On a davantage l'impression d'avoir affaire à un "people" ("l'autre jour, je dînais chez Milan Kundera avec Philip Roth...") qu'à un homme de lettres sérieux. Et malgré le titre au comble de la prétention (comme si monsieur Finkielkraut détenait LA SEULE exactitude !), il n'y a aucun véritable ligne directrice dans cette juxtaposition d'articles, sinon de faire mousser son auteur en lui donnant une occasion de cracher son venin sur à peu près tout ce qu'il y a de bon en France. Ainsi, les homos ont le tort d'oser défier la nature en réclamant le droit de procréer, Stéphane Hessel est un ado attardé (jaloux, Finkielkraut ?), et ceux qui osent comparer la France d'aujourd'hui à celle des anti-dreyfusards et des collabos ont simplement une peur bleue de la réalité et veulent la fuir... Dégueulasse.
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Découpé en 8 grands chapitres et issu du cours de l'auteur à l'Ecole Polytechnique, ce livre s'attache à nous faire réfléchir sur notre époque en introduisant quelques grands penseurs.
L'intérêt principal de l'ouvrage reste à mon sens l'angle de présentation de ces philosophes, parfois en claire dissonance avec l'image habituellement présentée (par exemple Nietzsche rempli de compassion pour les plus faibles).
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Discours VS. Méthode
Alain Finkielkraut a beaucoup de défauts, on pourrait même dire qu’il n’a quasiment que ça (le premier d’entre eux étant à peu près tout ce qu’il raconte)
Au milieu de tout ça, il y a curieusement un truc qui me plait chez lui. Sa méthode. Il part des livres. Il mène sa réflexion et la discussion à partir d’eux. Le dimanche matin sur France Culture, on sent que la lecture d’une citation déclenche en lui quelque chose de sincère. Il y a une émotion. Je ne vais pas aller jusqu’à dire qu’elle me touche mais je la sens.
L’ironie est qu’il a malheureusement aussi le défaut de sa qualité (rappelons qu’il a surtout des défauts) : l’ouverture aux idées semble toujours chez lui un enfermement. Il ne semble pas accéder au réel autrement que par les livres.
Il est l’exemple “vivant” du primat des idées sur les faits que l'on rencontre chez beaucoup d’intellectuels français (*). Simon Leys avait bien compris cet esprit. Cette brillante et enthousiaste cécité, cet idéalisme agonistique qui se termine rarement dans autre chose que dans le totalitarisme.
Simon Leys avait décidément bien observé les (anciens) maos français.
Finkielkraut, avant de devenir le réac hebdomadaire de France Culture (entre autres), avait commencé sa carrière militante dans le maoïsme. Son discours a changé, pas sa méthode. Il faut croire qu’on ne se refait jamais entièrement..
* en particulier français. Simon Leys est Belge, la distance améliore souvent l'objectivité.
PS : J’adore Simon Leys. Lisez les livres de Simon Leys :)
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Il faut lire cet essai plusieurs fois pour en retirer “ la substantifique moelle “. Alain Finkielkraut, éminent penseur de notre temps,entrebâille la porte de son univers mental et confie au lecteur des pensées très subtiles sur l’Amour en tant que révélation de la transcendance de l’Autre, sur sa judéité et sur l’Etat d’Israel . Il parle aussi de la langue , non pas simple outil de communication mais véritable joyau dont on doit préserver la beauté. Au passage il avoue ses erreurs de jeunesse et sa lente métamorphose intellectuelle, aboutissement de rencontres philosophiques et littéraires .
Comme Heidegger, son maître à penser, il croit que la technique, en l’occurrence aujourd’hui les nouvelles technologies fait
de l’Homme un déraciné , un “anywhere “ et qu’il est donc en grand danger.
La lecture de ces réflexions m’a apporté un réel enrichissement car l’auteur réussit à explorer le tréfonds du monde actuel avec une rare finesse.
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Ce sont des transcriptions des échanges qui ont eu lieu lors de l'émission "Réplique" animée par AF le samedi matin. On ne retrouve pas la vivacité et l'animation de l'émission en direct, ai-je trouvé - à lire avec l'esprit de découverte.
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Quelques extraits de cet essai très intéressant.
Encore une fois, on peut s'offusquer que la désinformation et la caricature fassent de Finkielkraut un misogyne, une raciste... un "facho". Tout ce qui est dit est éclairé, argumenté et je dirais presque que cela tombe sous le sens.
Il s'interroge sur l'égalité hommes-femmes, le voile islamique, l'identité nationale, le livre et Internet... A aucun moment, la pensée n'est celle d'un réactionnaire, loin de là.
La critique qu'on a pu entendre de ce livre montre encore combien on ne lit pas et on s'empresse de faire un résumé caricatural, outré, déformé. Belle époque du prêt-à-penser.
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Cet ouvrage fort utile aurait mérité d'être plus épais, plus conséquent. Les citations qu'il contient sont souvent de deuxième main, et quand on remonte aux sources on découvre que le texte en était approximatif, voire faussé.
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L'ouvrage d'Alain Finkielkraut est assez inégal. Sa première partie est consacrée à une présentation des différentes conceptions de la culture sur le mode de la vulgarisation. L'approche universaliste, née du monde des Lumières, qui voit dans la culture un patrimoine commun à l'humanité est opposée à la conception communautariste, au Volksgeist germanique et au repli sur soi qu'il suppose. L'auteur marque sa préférence pour une culture d'adhésion, visant au partage. Cette première partie a le mérite de présenter clairement les grands enjeux du débat. C'est le genre de bouquin qui ouvre des portes dans une formation intellectuelle.
La seconde partie du livre est plus axée sur la tension entre démocratisation de la culture et démocratie culturelle. L'auteur y perd son objectivité et carricature l'évolution des politiques culturelles depuis 68. Fustigeant la politique du tout se vaut, éructant contre les formes artistiques populaires, il verse dans l'à-peu-près intellectuel, crie qu'avant c'était mieux et que la culture de masse d'aujourd'hui est naturellement stupide.
Si le constat est pertinent jusqu'à un certain point, qu'on pense aux émissions débiles dont nous bassines les chaînes de TV, il n'en reste pas moins que la question de la culture se pose aussi dans un cadre social donné. Après l'échec de toutes les politiques de démocratisation de la culture, les tentatives de démocratie culturelles, d'implication des citoyens dans les projets, dans leur définition et dans leur mise en oeuvre ont permis à des groupes éloignés de la culture instituée, la seule qui semble trouver grâce aux yeux de Finkielkraut, de s'approprier leur propre destin.
Le discours selon lequel il y aurait une vraie culture dont les initiés peuvent nous ouvrir les portes et un nuage de sottises qui ne méritent que mépris s'inscrit dans une tradition historique de modelage par les classes dominantes de la symbolique liée à la culture.
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Pour combattre le négationisme, impitoyable !
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Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu’elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers « pour en arracher le riche et l’étrange ».
Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j’accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J’ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m’ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence de la vie et du monde.
Arendt, Kundera, Levinas, mais aussi Valéry, Canetti, Tocqueville, Nietzsche, Thomas Mann, Virginia Woolf ont été quelques-uns de mes guides. Dans leur sillage, j’ai essayé de penser à nouveaux frais l’expérience de l’amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l’Europe, la fragilité de l’humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas.
A. F.
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