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Critiques de Alice Ferney (1078)
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La Conversation amoureuse

J’ai eu un gros coup de coeur pour ce roman, qui raconte une l'histoire d'une relation difficile à définir entre un homme et une femme. Ce qui se passe entre Pauline et Gilles, tous deux mariés, est analysé par l’auteur très finement tout au long de leur première rencontre au restaurant (c'est la plus grande partie du récit), au cours d'une soirée, et au fil du temps. Les flash backs permettent de repérer les mécanismes de la séduction qui s’enclenchent, la façon dont un désir prend forme, à l'origine, le premier regard, etc. Une histoire d’amour, de sexe, un charme. La flatterie, la possession, l’inexplicable.



Autour de ce couple, en gravitent d’autres, dont les époux de Pauline et Gilles, tous deux à mon goût très sympathiques. C’est l’occasion de réfléchir sur la vie de couple en général. Et dans ce livre, on est assez largement servis, pour que nous y pensions suffisamment. Tous les cas de figures sont envisagés, jusqu’à celui du couple heureux.



L’auteur aborde le sentiment du désir et comment Gilles s’y prend pour séduire Pauline. Les intentions sont ambigues. J’ai trouvé drôle que Gilles dise de Pauline : « Je suis la personne qui vous connait le mieux au monde ». A noter que Gilles est un séducteur. Et pas de chance, Pauline est pour lui la femme la plus amoureuse qu’il connaisse. Heureusement, il dit aussi plusieurs fois : « J’ai besoin que vous existiez ».



Misà part tout ça, ce que je n’ai pas trop aimé, c’est évidemment la position de la femme, qui en générale à son désavantage et parfois insistante. Peut-être Alice Ferney a-t-elle surtout voulu maintenir une vision réaliste de la société ? Je n'en sais rien de précis. Dans la structure de la plupart des couples présentés, l’homme est plus âgé d’une génération entière. Peut-être aussi pour aller dans ce sens? ... Afin de montrer que l’homme peut décidément tout se permettre dans le champs de la séduction, contrairement à la femme. Ou peut-être pas. Un roman à lire, un petit bijou.

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L'élégance des veuves

Un auteur que je viens de découvrir avec bonheur. Un très beau livre. Des portraits émouvants de femmes. Un retour sur le passé, sur la vie des femmes à la fin du 19 ème siècle et dans la première moitié du 20 ème. Un roman triste, sérieux, rempli de nostalgie. Un livre que je conseille. Un auteur dont je veux découvrir d'autres oeuvres.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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L'Intimité

Lecture de ce livre choisi lors de la masse critique de chez Babelio. Attirée par la belle couverture de chez Actes Sud et par l'auteure Alice Ferney.



Je suis partagée entre de l'enthousiasme et de l'énervement avec cette lecture... Il faut dire que tous les personnages féminins de cette histoire nous poussent dans nos retranchements et nous interrogent différemment.



Je qualifierais néanmoins ce livre de "bavard" et intellectuel car à un moment j'ai eu du mal avec toutes les informations glanées sur le net, une sorte de trop plein m'a envahi.



Pourtant les deux premières parties Ada et Sandra m'ont beaucoup plu. Toutes les parties sont aux noms des personnages féminins de l'histoire. Ada la femme d'Alexandre la mère de Nicolas et Sophie, morte en couche, Sandra la voisine féministe et faisant le choix du célibat et de la non maternité, Alba la femme asexuelle qui veut un enfant mais pas le porter, Anna la fille rêvée par Alba et qui serait portée par autrui et enfin Alma la potentielle mère porteuse.



Je crois qu'en fait le personnage d'Alba m'a profondément dérangée. Oui dérangée ! L'auteure a voulu sans doute bousculer des principes mais là, waou, elle ne fait pas dans la dentelle. Alba m'a énervée dans son entêtement et dans sa non considération des hommes, son aveuglement.



Oui, je le dis haut et fort je l'ai détesté pour son égoïsme brutal ! Je ne sais pas si dans la vraie vie il y a beaucoup de personne asexuelle mais dans ce cas là pourquoi chercher quelqu'un qui n'a pas ce désir et l'embarquer malgré lui dans des désirs d'enfants abracadabrants.



Pauvre Alexandre. Dans cette histoire cet homme charmant n'aura pas eu de chance c'est le moins que l'on puisse dire. J'espère que les hommes ne seront pas toujours relegués au troisième plan dans leurs désirs charnels et désirs de paternité.



Alice Ferney bouscule et interroge notre intimité et surtout celle des femmes. Ce livre met en avant de grands débats sur les orientations et les identités sexuelles et sur toutes les possibilités de procréation.



Je me suis sentie plus proche de Sandra dans cette histoire et j'ai été touchée par ce que peuvent vivre les hommes. J'ai trouvé également que le fait de se trouver dans un milieu très privilégié où l'argent ne fait pas défaut influe énormement sur les choix des personnages.



Ce livre nous fait réfléchir et pour m'a part m'a fait prendre partie et renforcé dans certaines idées. L'importance de la protection des personnes et leur non utilisation à des fins mercatiles en font bien évidemment partie.



Pour moi, faire porter un enfant à une autre personne n'est pas envisagable et je suis heureuse que la Loi française interdise encore ces procédés au nom de l'indisponibilité du corps humain. Alba ne m'aura pas fait changé d'avis sur cette question, ni les pratiques américaines ou étrangères sur la question.



Un livre réussi, mais un peu "bavard" (qui intellectualise beaucoup...) et extrème peut être dans le choix de ces personnages. Mais c'est ainsi qu'Alice Ferney met en avant toutes ces questions intimes qui sont au coeur de notre société actuelle en mutation.



Merci à Actes Sud et à Babelio pour cette lecture



qui m'a appris beaucoup de choses



et m'a placé au centre de débats contemporains interessants et importants !



A vous d'entrer dans l'intimité de ces femmes et de cet homme ...



et d'interroger votre propre intimité et vos choix.



Je serais curieuse de lire plus d' avis masculin sur ce livre...

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Grâce et dénuement

Je crois que c'est la première fois, si ma mémoire est bonne, que je lis une oeuvre qui nous raconte d'une façon très belle la vie de ces gens du voyage... Ferney nous narre, sans censure, et avec un plume délicate et sensible, les conditions de vie très dures des gitans. Elle nous raconte les préjugés, le manque d'éducation, la crasse, les évictions, la mise de côté, la marginalité, le sentiment d'être partout chez soi tout en appartenant à nul part... Elle nous parle aussi d'une communauté tissée serrée, de l'amour, de la filiation, des liens du sang, du sexe, de la fraternité... Au delà de l'histoire, qui se suffi à elle-même, ce roman, toujours actuel, sert, je l'espère, à nous dresser un portrait juste, sensible et vrai de ce peuple, afin de briser un peu le tabou, le mépris et les préjugés... Un très beau texte que je recommande à tous.
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Dans la guerre

Un ouvrage de très grande qualité sur la guerre 14-18



Alice Ferney nous entraîne au cœur de cette guerre atroce qui a massacré et mutilé des millions de personnes.

D'une écriture ciselée et haletante, l'auteure décrit et analyse avec retenue et exactitude l'horreur ainsi que les sentiments.



Un livre marquant et touchant que je vous invite à découvrir.

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Dans la guerre

Beaucoup de romans ont évoqué la première guerre mondiale. Mais j'ai trouvé ce livre original et émouvant: il présente deux points de vue, à travers la narration et les lettre échangées: celui de Jules, homme terrien fort attachant, parti sur le front de l'Est dès août 1914 et celui de Félicité, sa femme tant aimée, qui doit survivre, avec son petit garçon à la ferme, dans les Landes, en compagnie de sa sévère et dure belle-mère.



Alice Ferney écrit fort bien, et sait à merveille restituer l'ambiance de l'époque. Et surtout, elle nous fait pénétrer dans les pensées de ses personnages , avec un sens psychologique très sûr. Les douleurs des tranchées, l'attente des femmes à l'arrière, l'absurdité de la guerre, la fragilité des destins, tout est analysé profondément , avec justesse.



Et comme j'ai aimé le lien exceptionnel entre Jules et son chien Prince, qui plutôt que de se laisser mourir sans son maître, décide de le rejoindre sur le front, très loin de chez lui! Cela m'a fait penser au " Collier rouge" de Jean-Christophe Rufin.



Quelques longueurs néanmoins, mais cette lecture m'a donné beaucoup de plaisir et d'émotion: l'amour de Jules et Félicité, en dépit de tout, le rapport fusionnel entre un homme et un animal, les réflexions sur le manque, l'absence, la folie guerrière, voilà une oeuvre prenante, poignante, que l'on garde en mémoire. A découvrir, même si le livre n'est pas récent, peu de critiques, pourtant il mérite votre attention!

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Cherchez la femme

Cela fait près d’un mois que j’ai quitté les différents protagonistes de cette histoire. Je les avais laissés à leur triste sort, c’est bien là que ça coince. Il faut en convenir, l’auteur n’a pas une vue optimiste sur ses personnages. Ils ne m’ont pas manqué !



Alice Fernay nous dresse notamment le portrait de Serge et Marianne. Elle nous entraîne dans leur destin, dans les méandres de leur vie et de ses vicissitudes. Quelques années de bonheur et après le chaos. La part de l’autre, inconnue qui se révèle délétère au fur et à mesure des années de mariage.



L’auteur donne des indices sur le futur de l’histoire, c’est ce qui m’a permis d’aller jusqu’au bout des 500 pages.

J’en attendais beaucoup, mon avis est mitigé.



J’ai l’impression d’avoir lu un PANCOL amélioré. Je ne suis pas très tendre mais c’est mon ressenti.

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Cherchez la femme

A travers l'histoire de plusieurs personnages sur deux générations successives, qui s'épousent, se croisent, font des enfants, divorcent, meurent ou reconstruisent leur vie, Alice Ferney passe une fois de plus au peigne fin les rapports amoureux, parentaux et filiaux. Et quand je dis au peigne fin, c'est plutôt au scalpel que je devrai dire, ou aux rayons X. Tout est décortiqué avec précision et méthode dans une analyse psychologique -presque psychanalytique- glaçante qui pourrait faire desespérer de cette condition humaine si chère à Balzac si elle n'était pas tempérée par la douceur de quelques belles âmes, ilôts deséspérés de tendresse dans un océan de mesquineries, d'égoïsmes et de petitesses en tous genres. Alice Ferney ne juge jamais ses personnages, elle leur trouverait plutôt des circonstances atténuantes, comme l'ignorance de leurs motivations dûs aux pulsions inconscientes. Il n'en reste pas moins que le mal qu'ils se font les uns aux autres est décrit d'une manière forte, impitoyable et juste. Elle démonte un à un les mécanismes qui rendent les relations humaines si difficiles, par une écriture percutante et incisive qui atteint la cible chaque fois au centre, et , en grand écrivain, sait rendre de manière radicale la déchéance d'un être.

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si j'ai déploré à plusieurs reprises le fait qu'à vouloir trop pousser l'analyse Alice Ferney finit par tourner en rond et que de ce fait il y a des longueurs qui auraient pu être évité. Pour tout dire, on a quelquefois l'impression qu'elle radote.

C'est la raison pour laquelle je n'ai mis que quatre étoiles à un livre dont la profondeur et la pertinence en aurait mérité cinq.
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Le ventre de la fée

Il était une fois... un joli conte de fée... Et comme tout conte de fée, une jolie fée. Et dans le ventre de la fée, un bébé... Jusqu'ici, tout va bien. Un jour, naquit donc l'enfant, l'ange Gabriel. Avec un prénom comme ça, il ne peut effectivement qu'être angélique. Je ne sais pas ce que tu penses de moi, peu importe j'aurais tendance à dire, je ne vaux pas le coup qu'on s'épanche sur mon cas, mais crois-tu que je sois le genre à lire des contes de fée... Alors, oui, Gabriel est l'unique fils d'une femme magnifiquement belle, mais à la vie trop éphémère pour notre petit ange qui se retrouve rapidement esseulé au milieu de ses silences, ses démons, ses pulsions.



Et pendant ce temps-là, je fredonne, Gabriel-le- Tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie Et l'enfer Ouais, devient comme un espoir car dans tes mains je meurs chaque soir... Au masculin, prémonitoire.



D'ange Gabriel, cet enfant devint adolescent, une fille, une première fois, fragile et mal à l'aise dans cette chambre de garçon remplie de photographies de chattes en gros plan. Elle crie, il la veut. Il lui mort les seins, elle crie encore. Et plus elle crie, plus il bande. Il lui arrache sa culotte, sur ses cris - ou ses pleurs maintenant. L'excitation au zénith du jeu. Bien loin des histoires de fées, l'ange devint ainsi monstre. Et ce n'est que le début de l'histoire d'un premier roman où parfois des ventres de fée surgissent des ogres affamés de sang, de sexe, aux pulsions assourdissantes. Et parfois d'un roman surgissent des mots durs, des mots noirs, des instincts terrifiants, des pages que l'on tourne mais que l'on ne devrait pas.



J'ai besoin de m'allonger, sur un lit à regarder un plafond lézardé, sur un canapé à regarder à travers un toit sans lune, sur un divan à consulter une psy... Oui, je crois que j'ai besoin d'une analyse d'urgence. Cette pulsion frénétique à tourner des pages aussi sombres que malsaines, et dire que j'ai aimé un tel bouquin, dans le moindre détail jusqu'à la putréfaction des corps... Ai-je le droit d'aimer lire un tel roman, si glauque aux relents de pourriture dégoulinante et de chairs dépecées ? Je me pose des questions, je prends un verre peut-être même deux, la bouteille se vide, pour me donner du courage ou l'envie de gerber ce parfum de mort en moi. Car malgré tout, j'y ai trouvé de la poésie, dans les mots, dans les actes décrits, dans l'univers de Gabriel, cet ange noir. J'ai besoin de laver la poussière qui colle à ma peau, à mon âme avarié...
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L'Intimité

Dans ce roman touffu, Alice Ferney aborde de nombreux sujets comme la rencontre amoureuse, le désir d’enfant, la maternité et la famille recomposée. Très actuel, son roman raconte aussi la réalité des sites de rencontre et de la GPA (gestation pour autrui) de la recherche amoureuse sur des sites de rencontre avec les problèmes d’éthique qui en découlent.



Le roman se scinde en cinq parties qui portent chacune le prénom d’une femme qui traverse l’existence d’Alexandre, laquelle sera ponctuée de joies, de drames et de renonciations.

Ada, la première, est la compagne aimée d’Alexandre et la future mère de sa fille. Hélas ! Un drame durant l’accouchement prive à jamais la petite Sophie de sa mère. Alexandre va devoir se reconstruire et s’occuper de sa fille. Il peut compter sur Sandra, une amie féministe et libraire qui devient sa confidente.

Après le deuil viendra le désir d’aimer à nouveau. C’est Alba qu’il choisit, malgré ou à cause de sa singularité qui va l’entraîner sur un chemin tortueux et lui présenter Alma.



Sandra, l’amie fidèle et discrète, est le fil rouge de l’histoire. A chaque atermoiement du héros, chaque rebondissement de l’histoire, elle est là, écoute sans juger mais parle avec franchise et argumente ses propos à l’aune de ses convictions féministes. C’est par son truchement que l’auteure aborde des problèmes sociétaux comme les familles recomposées, la rencontre amoureuse, le désir d’enfant et, le plus sensible, la gestation pour autrui.

Je me suis attachée à Alexandre, si démuni après le deuil mais qui rebondit de façon inattendue. Par contre, j’ai trouvé sa relation avec Alba moins convaincante peut-être à cause de ce parti pris de l’auteure de vouloir aborder plusieurs thèmes à la fois : désir féminin, maternité, adoption, GPA, au risque de modifier le comportement d’Alexandre dont l’évolution me semble quelque peu artificielle. Il doit faire face au caractère affirmé et obstinée d’Alba et semble tout accepter juste pour amener le sujet sur la table.

J’ai lu avec intérêt les arguments antagonistes au sujet de la GPA, même si le romanesque s’efface au profit de l’essai. Alice Ferney s’appuie sur une documentation précise et large qui permet de mieux appréhender les enjeux et les dangers de la GPA.

On peut regretter parfois que l’argumentaire prenne trop le pas sur le romanesque mais si l’on accepte le fait que les personnages ne soient, par le truchement de leurs dialogues et de leurs choix, qu’un stratagème pour introduire un essai philosophique, alors oui ce roman est passionnant à lire.



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L'Intimité

L'intimité.

Celle d'Alexandre, quarantenaire, veuf et père, entouré d'une palette de figures féminines pour illustrer la possibilité d'un couple, dans toutes ses composantes, amoureuse, sensuelle, asexuée, maternelle et amicale.



Depuis Ada, morte en couches en le laissant exsangue dans une solitude de paternité, jusqu'à Alba, intellectuelle cérébrale sans sensualité se battant pour devenir mère, en passant par le rayonnement de l'amitié fraternelle avec Sandra, compagne des heures noires.



Alexandre se confronte et découvre en profondeur cette facette opposée mais complémentaire de l'essence humaine, le désir féminin/ou pas, le désir de maternité/ou pas, la charge essentielle et dangereuse de la procréation, l'implication et le dévouement souvent innés dans le concept de famille et d'enfants.



Il faudrait mettre ce livre dans les mains des hommes, ça leur dessillerait sans doute les yeux. le lecturat d'Alice Ferney n'est sans doute pas très masculin et il y a matière ici à les faire s'interroger (ou au moins réfléchir) aux différences fondamentales, biologiques et sociales des deux sexes. L'auteure prend beaucoup de hauteur et décortique jusqu'à l'os une société qui veut tout maîtriser. Sa démonstration est intellectuelle, philosophique, et comme toujours parfaitement claire et fluide. Il faut simplement avoir du souffle pour l'accompagner.



J'ai toujours admiré sa capacité de mise en mots des ressentis intimes, de les expliquer avec une extrême simplicité. Elle possède en outre un don remarquable d'observation pour décortiquer les sentiments, les caractères et les usages de société. Elle sème des petites perles d'évidence avec la régularité d'un métronome.

Et ça me plait bien!

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Les Bourgeois

Bourgeois par le patronyme, bourgeois par le statut social.



Alice Ferney observe à la loupe le fonctionnement d'une grande famille catholique, aux naissances dans l'entre-deux-guerres. La tribu Bourgeois de 8 garçons et 2 filles, sorte d'ectoplasme fusionnel, mouvant et autosuffisant, est un vaste sujet d'étude par ses composantes de personnalités, de mentalités, de trajectoires.



Inséparable du contexte social et historique sur plusieurs décennies, ce focus sur la famille bourgeoise aisée, évoque les valeurs éducatives et chrétiennes, la rigueur de bon ton où on doit savoir se tenir droit dans les grandes joies et les drames. Un mode de fonctionnement disparu, jugé archaïque et réactionnaire, en socle de pater familias.



Un récit exclusivement narratif en voix off, où se mêlent les anecdotes et, en creux, une réflexion sociologique passionnante. Collé à l'histoire du siècle, l'album-photo suit chaque génération en accompagnant l'évolution des mœurs et des mentalités. Une forme très proche de L’élégance des veuves et de la superbe adaptation cinématographique qui en a été faite (Eternité-2016 par Tran Anh Hung).



L'auteur pousse au plus loin ses réflexions sur la vie, la confiance en l'avenir, la mort, le souvenir, le statut des femmes, l'éternel recommencement des choses, une génération en remplaçant une autre.

Car " les grandes familles ne finissent pas de mourir...comme si elles payaient la rage qu'elles avaient eue à proliférer "



Je me demande comment Alice Ferney arrive à exprimer aussi clairement des ressentis qui font écho en moi et que je suis bien incapable de formuler. Le parfum de nostalgie passéiste qui imprègne ce récit de souvenirs est touchant, universel, sans jugement ni concession. Une vie passe si vite...



Un livre à la fois intime et social de l'ordre bourgeois, dans lequel on se projette aisément, dans un fonctionnement familial qu'on a pu connaître, de près ou de loin.

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Cherchez la femme

Les couples dans tous leurs états!

Ou plutôt : la femme dans tous ses états!



Car au fil de ce gros pavé de plus de 500 pages, une palette de couleurs féminines se décline sur fond de quête identitaire et de reconnaissance personnelle.



En nous invitant dans l'intimité d'une famille dès les années 50, ce sont diverses situations matrimoniales au fil des changements de mentalité de notre société, que l'auteure décortique.



Opus 1: l'épouse infantile, narcissique, velléitaire, sans avenir personnel dans son statut de femme au foyer, aux cotés d'un mari à "l'inertie bienveillante", épousé pour de mauvaises raisons.

Entre les maternités et la vision familiale rétrograde du chef de famille, les illusions de statut social et d'existence privilégiée retombent comme un soufflet tiédi, ne laissant en guise d'avenir radieux, qu'aigreur et extrême solitude.



Opus 2: l'épouse intelligente, active, brillante, aimante, libre de ses choix, les assumant avec élégance et romantisme, battante et conciliante à la fois pour réussir sa vision harmonieuse du couple, malheureusement amoureuse d' un conjoint mystificateur, égocentrique et prétentieux.



Opus périphériques de toutes ces femmes, fortes, manipulatrices, tyranniques, injustes, envieuses, portant culotte et verbe haut, mais capables de plus beaux sourires, auprès de conjoints "courageux" dans leur fuite, courbant le dos pour affronter les tempêtes conjugales et avoir la paix.



Quelles belles visions du mariage!



Alice Ferney a des envolées lyriques pour décrypter avec une précision d'entomologiste une famille bancale et dysfonctionnelle, tombant dans tous les pièges de la vie conjugale et de l'éducation des enfants. Le propos est efficace et détaillé (trop?), la dent est dure et féroce.

Dans cette étude au microscope, l'écriture s'emballe parfois comme un manège tournant fou, jusqu'à frôler la saturation et l'overdose pour la lectrice que je suis, tout en reconnaissant le brillant talent d'analyse et de psychologie.



C'est quand même d'une tristesse infinie. La maitrise des caractères est remarquable et fait apparaitre une fascination pour la noirceur des individus. On assiste en direct, en spectateur un brin voyeur, à des conflits familiaux, tonitruants ou larvés, dans lesquels la femme n'a pas le beau rôle.



Le pire, c'est qu'on arriverait presque à se reconnaitre dans certaines d'entre elles! Ca interroge...



Et, il n'y a qu'un pas d'en attribuer la responsabilité à l'homme... dans tous ses états lui aussi!



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Dans la guerre

Un roman historique poignant, magnifiquement écrit, qui plonge le lecteur dans l'enfer et l'absurdité de la guerre de 14-18, dite la Grande Guerre.



2 août 1914. Dans un petit village des Landes, les cloches de l'église sonnent à toute volée, la guerre vient d'être déclarée. « Par décret du président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée, ainsi que la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées. »

Jules, comme « tout français soumis aux obligations militaires » se voit contraint de quitter sa famille et de rejoindre immédiatement son régiment. Avec un arrière-goût d'amertume et rempli de doute, il laisse derrière lui, dans la ferme familiale, Félicité, son épouse bien-aimée, Antoine, son fils d'à peine deux ans, Julia sa mère, une femme aigrie et dure, enfin Prince son chien dévoué, un superbe colley qu'il a élevé patiemment et qui lui voue affection et fidélité. de nombreux conscrits, des jeunes qui, pour la plupart, n'ont jamais quitté leur région mais qui ont une certaine soif d'aventure et de revanche s'en vont la fleur au fusil, vêtus de leur ridicule pantalon rouge, de leur veste à boutons dorés, et d'un simple képi sur la tête. Ils sont persuadés que la guerre ne va durer que quelques semaines et qu'ils seront de retour pour finir les moissons. Celle qu'on croira la « der des der » s'éternisera pendant quatre ans. Une boucherie abominable et un absurde gâchis.



Dans la guerre, un titre parfait pour un roman bouleversant où le lecteur est entraîné malgré lui dans un conflit meurtrier. Confronté à l'enfer des tranchées, aux obus qui sifflent sournoisement et viennent faucher des vies, aux marches interminables en rase campagne, aux ordres contradictoires, il partage la vie de quelques soldats Jules, Brêle, Joseph, Arteguy, Rousseau et le lieutenant Jean Bourgeois, sans oublier le fidèle Prince devenu chien soldat et mascotte du régiment. Certains hommes, qu'on croyait éternels, mourront hélas au combat, comme tant d'autres. Les cadavres, souvent en morceaux, se comptent par centaines de milliers, jonchent le sol et seront inhumés sur place dans des fosses creusées par leurs camarades. Les descriptions de cette horreur quotidienne sont d'un réalisme saisissant presque insoutenable. Et pourtant l'autrice ne fait que relater la vérité sur un absurde massacre qu'on ne voudrait plus jamais voir.



Et pendant ce temps, les femmes qui ont vu partir leurs maris, leurs fils, leurs frères, font front, s'organisent et prennent en charge courageusement et efficacement les travaux des champs ou de la ferme. Même à bout de force et dans une angoisse permanente, elles se mobilisent dans l'espoir que les hommes reviendront sains et saufs de la guerre et reprendront leurs place comme au temps du bonheur. Dans la ferme de Jules, pourtant, la cohabitation belle-mère - belle-fille est difficile. Mesquineries, jalousie, hostilités et coups bas font partie du quotidien.



J'ai beaucoup aimé ce roman et en conseille vivement la lecture. La plume d'Alice Ferney est absolument magnifique, tous les mots y sont choisis avec réalisme et précision. Et que dire de la lenteur de la première moitié de l'ouvrage, avec des textes très denses, sans aération, où les dialogues sont encastrés dans des pages sans paragraphes. Cela crée une atmosphère étouffante à la limite du supportable, si bien qu'une pause pour reprendre son souffle est parfois nécessaire. La guerre s'éternise et le lecteur en est le premier témoin. Dans la guerre est un roman puissant, un roman dont le décor est la première guerre mondiale, un de plus pourrait-on dire. Mais celui-ci est écrit par une femme avec toute sa sensibilité. Elle n'a pas uniquement souhaité relater des faits historiques, des batailles meurtrières, elle s'est attachée à décrire des sentiments humains, des ressentis, des émotions, des doutes, des réflexions sur l'absurdité de la guerre. C'est cet aspect qui m'a profondément touchée.



#Challenge ABC 2023 / 2024
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Grâce et dénuement

Grâce et Dénuement est le roman qui m'a permis d'entrer dans l'univers de son auteure, Alice Ferney. C'est sans doute celui qui m'a le plus ému à ce jour... Je le trouve magnifique, empli d'humanité et de poésie.

C'est un roman publié il y a quelques années. Sans doute, d'une certaine manière, par les mots et la façon de les dire, est-il actuel, plus que jamais...

Au bord de nos villes, il y a des caravanes parqués parfois de travers dans des endroits qui semblent clos, parfois c'est un terrain vague ou abandonné, des morceaux de ferraille autour d'elles jonchent le sol où courent des enfants aux visages et aux cheveux sales, criant à tue-tête, parfois pieds nus.

Alice Ferney nous invite à visiter un camp de gitans et les conditions difficiles dans lesquelles vivent leurs occupants et en particulier les enfants. Parfois il n'y a ni eau ni électricité.

Esther, ancienne infirmière reconvertie en bibliothécaire est éprise d'une idée merveilleuse, un désir presque incroyable mais que ne devrait pour autant pas surprendre, celui d'initier par elle-même, à la lecture, des enfants de gens du voyage privés de scolarité.

Comment parler de deux mondes qui cohabitent à proximité, dans une incompréhension souvent totale et réciproque ? Ces deux mondes seront-ils un jour réconciliables ?

Alice Ferney parvient avec beaucoup de justesse, de pudeur, de compassion aussi, à nous dépeindre une réalité que l'on peine parfois à accepter de voir. Elle dépeint ce qui est, ce qu'elle voit, ce qui parfois est insurmontable, elle le fait sans jugement.

C'est ainsi qu'elle parvient à entrer dans ce monde fermé, avec ses codes, ses règles, elle apprend à connaître les familles, une famille en particulier où règne une veuve et ses cinq fils, c'est presque un clan en soi, mais surtout il y a des enfants illettrés, non scolarisés, libres si l'on veut, toujours dehors qu'importe les saisons, le temps qu'il fait, il peut pleuvoir, il peut venter, les enfants peuvent courir pieds nus dans la gadoue, ils sont libres c'est vrai... Esther s'en émeut, Esther s'en indigne, l'indignation est souvent un premier geste, un premier geste vers une autre liberté, celle d'apprendre.

Quand Esther franchit les portes de ce camp de gitans, elle n'a pas encore franchi toutes les frontières pour parvenir jusqu'au coeur de ses enfants. Il y a les rebuffades, les moqueries, la méfiance d'un monde qui lui est tout d'abord hostile... Mais c'est une hostilité où les enfants sont les premières victimes, parce que les obstacles sont multiples pour les amener à être scolarisés.

Mais à force de ténacité, Esther poursuit obstinément son désir. L'apprentissage est un chemin, il suffit de poser un mot, puis deux, puis trois, les autres viennent après. Des pas se déroulent, ce sont des histoires qu'on raconte à des enfants ahuris en se promenant sur les pages d'un livre, des rêves qu'on imagine, un doigt se promène attentif, court sur une phrase pour rattraper une image, un paysage, un oiseau, rejoindre le bord d'un monde insoupçonné.

J'ai été touché par le parcours d'Esther passant d'infirmière à bibliothécaire, continuant d'une autre manière à apporter le soin, seul l'outil change... Ici c'est le livre...

C'est aussi un livre peuplé de belles voix intérieures, celles qu'on n'entend si peu souvent, Alice Ferney nous invite à tendre nos visages vers ces voix qu'elle jette dans son écriture poétique comme des constellations. Elle nous invite à lever les yeux, faire ce pas de côté nécessaire, le temps d'un livre qu'il ne faut surtout pas refermer comme une porte...
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Le Règne du vivant

ATTENTION-ATTENTION-ATTENTION : ce livre pourrait sauver la planète !

On n’a pas l’habitude de lire Alice Ferney sur ce terrain là mais encore une fois, son écriture élégante et poétique fait mouche, en particulier dans ce vibrant plaidoyer pour la terre, un plaidoyer pour que le règne de l'homme ne soit pas la fin du règne du vivant.

Pas de complainte écolo-larmoyante dans ce récit, mais des faits : des océans devenus la décharge du monde, une faune marine systématiquement pillée dans l’indifférence générale des hommes et de la communauté internationale, des animaux marins qui agonisent par milliers dans les océans tandis que les salons de toilettage pour chihuahuas se multiplient…

Une fiction bien réelle et un hommage poignant pour ce personnage de Magnus Wallace dont on devine vite la véritable identité, celle de Paul Watson co-fondateur de Greenpeace puis de Sea Shepherd. Magnus Wallace, activiste écologiste incorruptible et indomptable, fondateur de l’association Gaïa, essaie par tous les moyens de faire comprendre au monde que le seul vrai prédateur de la nature est l’homme et lutte avec des moyens dérisoires mais un sens phénoménal de la communication contre le pillage illégal organisé des richesses de la mer et le massacre de la faune, préférant protéger la vie que la propriété (en l’occurrence, les bateaux de pêche).

Aiguillonné par la curiosité, et très vite porté par l’admiration, un journaliste norvégien s’embarque sur l’Arrowhead avec une poignée de militants s’opposant activement à la pêche illégale en zone protégée, c’est Asmussen, le narrateur.

Et là, alors qu’on était, comme Asmussen, légèrement sceptique, on découvre avec effarement les agissements des énormes bâtiments de pêche qui harponnent les requins pour couper leurs ailerons, avant de les rejeter vivants à la mer, où ils coulent à pic et se noient, qui, contournant les règlements internationaux, continuent de massacrer les baleines et les dépècent parfois vivantes sur le pont des bateaux-usines.

L’homme peut faire le choix d’améliorer la vie des humains sur Terre, en protégeant le vivant sous toutes ses formes. Tel est le message d'Alice Ferney qui, par le biais de son personnage, embrasse la cause de son héros en célébrant la beauté souveraine du monde marin et questionne le devenir de «cette Terre que nous empruntons à nos enfants". Dans quel état allons-nous la laisser? Pourront-ils y vivre encore, et comment ?

L’actualité rattrape quelquefois la littérature et il est dommage que les prix littéraires n’aient pas récompensé ce livre à sa juste valeur, alors que

les Sea shepherd ont été arrêté le 30 août 2014 (soit 10 jours après la parution du livre) et que les autorités ont laissé faire ce massacre annuel où une trentaine de dauphins pilotes ont été sauvagement exécutés sur les îles Feroe, au nom d’une tradition vieille de 1000 ans et que cette semaine, les députés ont reconnu aux animaux la qualité symbolique d’«être vivants doués de sensibilité» …

LISEZ, faites lire et sauvez la planète !

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Cherchez la femme

Deux générations, deux couples. le premier formé dans les années 60. Le second, dans les années 80. Chacune de ces unions chaotiques s'est-elle construite sur de mauvaises bases, sur des malentendus, des faux-semblants ?



Ce récit a beau couvrir plus de soixante-dix ans d'une histoire familiale, il présente très peu les événements qui ont marqué la vie des protagonistes. L'auteur dissèque en revanche les personnages, leur personnalité, leurs comportements et leurs relations tellement complexes - ceci inlassablement, de manière redondante, lancinante.



Il est question de mères, de leur influence et de leur pouvoir destructeur, de la place des enfants dans une famille et de celle des adultes dans une société. Mais aussi, et surtout, de sensation de vacuité, de dépression, d'alcoolisme, de manipulation, de cruautés conjugales, de divorce...



Le propos est très sombre, pessimiste, sans lueur d'espoir ; même lorsque les relations semblent s'apaiser, l'auteur laisse entendre - et ce dès les premières pages - que ce n'est qu'un répit, que tout est voué à l'échec.



Le lecteur y voit forcément un miroir et ne peut que s'interroger sur ses propres comportements. Qu'est-ce qu'aimer ? Sommes-nous jamais sincères ? avec nous-mêmes ? avec les autres ? en public ? avec nos proches ? Comment réagirions-nous si, comme Marianne... ?



La plume d'Alice Ferney est ici fouillée, précise, exquise. Elle évoque celle de Zola pour la minutie et la rigueur, celle de Zweig pour ces mêmes caractéristiques et pour la pertinence des analyses psychologiques. J'ai également pensé à Maupassant, Irène Nemirovsky, et à la vision désabusée de Bazin sur le couple dans les années soixante (cf. le Matrimoine, notamment).



J'ai peiné sur ce livre. D'abord parce que l'écriture m'a semblé tellement admirable que je lisais très soigneusement chaque phrase, où chaque mot compte. Ensuite parce que cette lecture est d'emblée douloureuse, perturbante. Enfin parce que certains personnages finissent par tomber dans la caricature et que leurs attitudes, difficiles à admettre, agacent.



Pour qualifier cet ouvrage : entre le génial, le brillant... et le pénible, redondant, glauque.
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Grâce et dénuement

Thème de l'histoire =

* Esther, libraire, a l'envie d'initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité *.



Quelle chaleur, quelle douceur, quel oubli de soi et de son quotidien, quelle empathie ; tout cela l'auteure Alice Ferney, arrive à le faire passer au travers du regard, de la voix, des gestes d'Esther, la gadjé, lors de ses visites aux enfants , le mercredi, des livres plein sa voiture.



Lectures qu'elle dispensent à ces enfants aux regards de braise en qui elle découvre un petit public attentif et plein d'à propos.



Ces enfants qui ont envie d'apprendre et de s'émerveiller, vont se blottir autour d'elle et l'écouter religieusement, en buvant ses paroles comme on boit à la source intarissable d'un bonheur nouveau et éphémère.



Regards sans concession mais indulgents sur les envies et les désirs brimés de ces familles qui ne possèdent rien, dans des silences étouffants, plein de pudeur et parfois douloureux.

Ces femmes et ces hommes avec leur envie de vivre, leur envie d'Etre.



Ce livre porte et insuffle un élan immense de tendresse, d'amour et de tolérance.



Superbe écriture !
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Le ventre de la fée

L'illustration de couverture est un détail d'une peinture de Klimt représentant une femme enceinte nue, dont le titre est "L'Espoir I".

En effet, quelle plus belle représentation de l'espoir qu'un ventre tout gonflé de cet enfant à naître, de cette promesse de vie à venir pour laquelle on imagine mille et un scénarios ?

Tous positifs, bien sûr !

La fée a connu, elle aussi, cette attente merveilleuse, cette espérance folle, ces moments de grâce où la femme se sent si forte, rendue invincible par la vie qu'elle porte en elle par la magie d'un corps qui peut enfanter.



Avec son écriture précise, élégante et délicate, Alice Ferney décrit à merveille ce personnage de femme qu'elle appelle la fée. La rencontre, le désir d'enfant et la naissance de Gabriel, prénom qui révèle bien ce que ce nouveau-né représente pour ses parents.



Tout va pour le mieux en ce début de roman qui commence comme un conte de fées.



De la suite, je ne révèlerai rien ; je vous laisse la surprise parce que c'est l'un des intérêts du livre.

Sachez simplement que le récit bascule dans une tout autre direction.

Sachez aussi que la légèreté initiale fait place à quelque chose de lourd, d'horrible, de difficilement supportable.

Alice Ferney passe allègrement de la lumière à l'obscurité, de la vie et ses aspects les plus joyeux à ce que certains êtres humains peuvent avoir de plus sombre.

Si le titre n'avait déjà été pris par Nietzsche, ce roman aurait pu s'intituler "Par-delà le bien et le mal".



Ce livre m'a bousculée, et j'ai aimé ça.

L'abomination de certaines scènes provoque un profond dégoût mais le style d'Alice Ferney est tellement poétique et limpide que l'opposition entre le fond abject et la forme lumineuse fait qu'en tant que lectrice, j'ai été fortement troublée.

J'ai apprécié certains paragraphes, m'en voulant aussitôt de les apprécier.

Une expérience de lecture assez vertigineuse.



Ce roman au titre trompeur est le premier d'Alice Ferney et elle y montre déjà tout son talent.

Il offre un double contraste saisissant entre le début de l'histoire et la suite, entre la beauté de l'écriture et l'horreur du récit.

Âmes sensibles, s'abstenir, ce livre est d'une noirceur folle !
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Grâce et dénuement

Les gitans... Un peuple en marche et en marge.

Une communauté dont on nous a appris à nous méfier.

Je me souviens très bien que ma grand-mère nous mettait en garde contre les enlèvements d'enfants !

Et pourtant les gens du voyage intriguent et fascinent même, par cette capacité qu'ils ont à vivre en autarcie.

L'importance qu'ils attachent à leur "tribu" n'a d'égal que le mépris qu'ils ont des lois et leur obstination à les contourner.



C'est dans ce milieu qu'Alice Ferney nous invite à suivre Esther, jeune bibliothécaire touchée par la précarité dans laquelle évoluent des enfants pourtant pleins de vie et d'avenir.

Touchée aussi par des femmes dont la destinée est pieds et poings liés à leurs maris violents, méprisants, oisifs, mais aussi passionnés et constamment bafoués dans leur fierté d'homme.

Des femmes dont le ventre est en constante effervescence, toujours en recherche de maternité parce que les enfants sont leur seule raison de vivre.

Touchée enfin par Angelina, l'aïeule, mère dans ses tripes, mère à 100% de cinq fils tous différents les uns des autres.

Elle les connait par coeur, ses fils.

Elle sait leurs faiblesses, leurs coups de gueule et leurs coups de poing, leur lâcheté.

Mais l'esprit de clan est le plus fort, on ne renie pas sa chair et son sang !



Esther a décidé de faire la lecture aux enfants.

Alors, chaque semaine, elle gare sa voiture en bordure du camp et elle laisse venir à elle ces "laissés pour compte", ceux qu'on ignore, méprise,rejette.

Et ses lectures sont comme une étincelle, un déclic, un feu qui couve, une semence de laquelle germera le désir de la connaissance et la conscience d'autre chose.



Pour nous raconter cette tranche de vie, Alice Ferney calque sa plume sur le langage simple de ce peuple analphabète en utilisant des phrases courtes, ponctuées de nombreuses propositions incidentes.

Mais elle sait aussi, comme à son habitude, communiquer une émotion, donner force à un sentiment, le faire vibrer intensément dans notre âme de lecteur.

Après L'élégance des veuves, elle a su à nouveau me séduire avec cette très belle oeuvre !
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