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Critiques de Amélie Cordonnier (393)
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Un loup quelque part

L'amour maternel est-il inné ou acquis ? Peut-on l'avoir à la naissance d'un enfant et le perdre ensuite ? Puis aimer sans réserve un de ses enfants et se mettre petit à petit à rejeter le second ? Voici le genre de questions qu'on se pose à la lecture de ce livre, qui choquera sans doute plus d'un parent.

Elle, c'est la mère d'Esther, 8 ans, et d'Alban 5 mois. On ne la nomme jamais, mais l'histoire est narrée de son point de vue. Elle est mariée à Vincent, un brave gars mais qui ne réalise pas trop ce qui se passe entre sa femme et leur bébé. Ce bébé qui au départ "n'était pas voulu, mais (qui)a été attendu" , et accueilli avec joie. Mais voilà que tout-à-coup, il n'est plus parfait, il a un défaut. Oh, pas grand-chose, juste une petite tache noire dans le cou. Mais les jours suivants, il va y en avoir d'autres, de différentes nuances... Affolée, la mère va chercher une explication auprès du pédiatre, et celle qu'il va lui donner va bouleverser la vie de toute la famille. Et l'aveu tardif du grand-père maternel ne va rien arranger, au contraire.

On assiste dès lors au "désamour" de la mère pour son bébé, qui va même se muer en dégoût, à tel point qu'elle va le comparer au cafard de "La Métamorphose" de Kafka, et songer à "l'écraser". Elle voudrait le rendre, comme on peut rapporter un achat qu'on regrette, ou qui ne convient finalement pas. Et surtout, elle ne veut pas qu'on le voit, y compris Esther, qui elle, adore son petit frère et se pose bien des questions.

Ce qui m'a surtout frappée dans cette lecture, c'est l'aveuglement de l'entourage, alors qu'une certaine forme de maltraitance est manifestement visible à n'importe quel personne un tant soit peu attentive. Et le pédiatre ne se pose pas trop de questions non plus, alors qu'il aurait un rôle d'accompagnement à jouer face à la détresse de la mère. Il est facile d'accabler celle-ci, mais est-elle la seule à blâmer ? Elle se retrouve seule face à son "problème", et le résout par de mauvais moyens, ne sachant à qui s'adresser.

L'écriture est assez agréable, truffée de références littéraires, de jeux de mots et s'adapte aux différents registres de vocabulaire des personnages Esther, le grand-père...). Mais elle m'a quand même semblé bien froide et trop distanciée par moments. Par contre j'en ai appris beaucoup sur les nuances de couleurs !

Le sujet m'a interpellée car il y a eu un cas similaire dans ma famille adoptive il y a 4 générations, et à l'époque il n'y avait pas d'autres alternatives envisagées que la culpabilité de la mère, aussitôt répudiée et mise au ban de la société blanche protestante dont elle faisait partie. Son "honneur sali" a été lavé des décennies plus tard par une explication scientifique...mais sa vie était gâchée depuis longtemps ! A l'heure actuelle, ce genre de cas ne devrait plus susciter de réactions aussi violentes, puisqu'on sait en trouver l'explication.

Je reste sur un ressenti mitigé, ce livre n'a pas soulevé l'enthousiasme en moi, et m'a plus surprise que choquée.



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Un loup quelque part

«Moi, je broie plutôt du noir»



Dans son second roman, Amélie Cordonnier confronte une femme à son bébé dont la peau noircit au fil des jours. Et pose des questions essentielle sur la filiation, l’amour maternel et la transmission.



C’est avec un premier roman choc Trancher que nous avions découvert Amélie Cordonnier. Elle y sondait la psychologie d’une femme subissant jour après jour les agressions verbales de son mari. C’est le même sillon qu’elle creuse avec Un loup quelque part qui met aux prises une femme confrontée à un lourd secret de famille et à un fils dont la peau noircit au fil des jours. Une épreuve douloureuse qu’elle va devoir affronter à vif. Car rien n’aurait pu lui laisser imaginer qu’un beau matin la peau de son fils allait se consteller de petites tâches. Alban était né «normal» comme sa sœur Esther. À 35 ans, avec Vincent, son mari, elle s’était réjouie de voir la famille s’agrandir. Mais tout va changer lorsqu’elle constate cette pigmentation bizarre, comme si son fils avait bronzé. «Elle a tellement flippé cette nuit et toute la matinée, qu’elle a fait des kilomètres de recherches sur Internet, et franchement, elle le regrette. Il n’y a que des horreurs sur Doctissimo. Elle a tout lu à propos des maladies de peau du style impétigo (…) A fait tout un tas d’élucubrations.»

Le second choc viendra du pédiatre qui lui explique que la couleur de la peau des bébés n’est pas fixée à la naissance, qu’elle est déterminée par la quantité et la nature des mélanines contenues dans la peau. Et que le teint est d'abord une question de génétique. Autrement dit, il faut rechercher un ancêtre noir dans sa famille. Pressé de questions, son père comprend qu’il n’a plus le choix. «Alors tout à coup, il avoue: "Tu as été abandonnée à la naissance, on t’a adoptée quand tu avais trois mois." Puis le souffle court, ajoute: "On avait prévu avec maman de te le dire pour tes douze ans. Mais sans elle, je n’ai jamais trouvé le courage…" La grenade qu’il lâche fait tout exploser. La terre s’ouvre sous ses pieds. Chute sans fin dans un puits sans fond. Un silence de mort la cueille. Et quelque chose meurt d’ailleurs en elle à cet instant-là. Qui ne saurait se résumer à l’insouciance ou à la joie. Une force lui est arrachée. Comme un membre amputé, qu’elle sent déjà en moins.»

C’est non seulement un sentiment de trahison mais aussi de honte avec lequel elle doit désormais affronter le regard des autres. Aussi décide-t-elle de cacher ce mal qui la ronge, de nier sa souffrance en cachant cette peau, en rejetant cet enfant du malheur. En concentrant son amour sur sa fille Esther. «C’est choquant mais comme ça. Faut pas croire que ça la fasse rire, elle est la première à souffrir. Si l’amour maternel pouvait s’inoculer, ce serait déjà fait.»

À l’aide d’un nuancier de couleurs qu’elle a trouvé chez Leroy-Merlin, elle note au jour le jour l’évolution des teintes de la peau d’Alban, élabore des stratégies pour cacher ces zones qui s’assombrissent, enfilant des gants et allant même jusqu’à tricoter une cagoule, manquant presque d’étouffer son fils sous les couches de vêtements.

Quand Vincent part en déplacement professionnel en la laissant avec ses angoisses, elle craque. Se rappelle le texte étudié en troisième: «À croire que Kafka s’est enkysté en elle. C’est comme si elle avait contracté La Métamorphose il y a des années, et que celle-ci avait attendu la naissance d’Alban pour se réveiller et les contaminer.» Alors elle s’enfuit, prend la route vers le sud pour rejoindre son père, sans pour autant pouvoir se débarrasser de ses idées noires. «Elle ne sait que faire de cette peau, mais pressent qu’elle risque d’y laisser la sienne.»

Amélie Cordonnier confirme ici tout son talent. En confrontant cette femme à une épreuve aussi inédite que traumatisante, elle nous parle de l’amour maternel, de la nécessité de connaître ses origines, de la force des liens familiaux. L’écriture se fait au scalpel, mettant à vif les sentiments. Car ici encore, pour guérir, il faut d’abord Trancher.


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Un loup quelque part

Comment une mère peut-elle soudainement éprouver un sentiment de rejet pour son enfant? Que se passe-t-il donc dans son esprit pour qu'elle ressente une telle hostilité envers son bébé de 5 mois ?

C'est ce que nous raconte Amélie Cordonnier dans ce roman où problèmes d'identité et amour maternel s'emmêlent.



Voici une femme qui semblait épanouie.

Aimée de son mari et de sa fille aînée, c'est avec bonheur qu'elle avait accueilli son deuxième enfant, Alban, dans leur foyer confortable et sans histoire.

Et voilà qu'elle ne supporte plus son fils, qu'il lui fait horreur et la dégoûte. Alors que son entourage le trouve adorable, elle le voit se métamorphoser en cloporte. Le bébé se transforme, il ne correspond plus à ce qu'elle attendait. Elle ne le reconnaît pas et n'en veut plus.



Alors, elle dissimule ce petit étranger aux yeux de tous, et elle dissimule à tous les sentiments contre nature qu'elle éprouve à son encontre. Elle a honte de lui, et elle a honte de cette honte. Kafkaïen, non ?

Sa répulsion est si forte qu'elle le néglige et qu'elle doit lutter contre la tentation de lui faire du mal.



Et c'est dans la tête de cette femme, qui a peur d'elle-même, que l'auteure isole le lecteur entre la culpabilité et la détresse.

J'avoue avoir éprouvé assez peu d'empathie pour la mère (dont on ignore le nom). Il n'empêche que l'appréhension m'a envahie crescendo à la lecture de cette histoire fort bien écrite.

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Trancher

Le thème de la violence conjugale n’est certes pas facile à traiter mais il n’est pas facile non plus à lire. Il ne faut être ni dans le jugement ni dans la plainte, ni dans le larmoiement mais savoir écrire ou lire en écoutant pour tenter de comprendre l’inconcevable et encore mieux enrayer ce processus.

Ici Amélie Cordonnier nous relate l’histoire d’une violence conjugale violence qui ne se voit pas puisqu’elle est verbale. La violence d’Aurélien envers sa femme est tue comme très souvent à l’extérieur mais bien exprimée dès la porte fermée et n’épargne pas Vadim et Romane les deux enfants. Cette violence telle un poison, ronge la femme qui est prise dans un dilemme : partir ou rester ? On ressent bien l’ambivalence des sentiments et la difficulté pour tous, y compris Aurélien, de vivre avec cette violence mais je n’ai toutefois pas été emportée par cette histoire, que j’ai lue avec un certain détachement, même si par moment, j'ai eu envie de crier STOOOOP à la place de la femme d'Aurélien.

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Pas ce soir

Amélie Cordonnier aime bien traité de sujets singuliers et qui sortent de l'ordinaire. Dans son premier livre, Trancher, elle nous parle de la violence verbale dans un couple. Dans son deuxième, Un loup quelque part où est abordé le postpartum des femmes et le racisme. Une nouvelle fois, l'auteure nous surprend avec ce sujet tabou qui peut à un moment où un autre atteindre le couple.

Est-ce par l'usure au bout de vingt ans de mariage ?

Isa décide à cinquante ans de dormir seule dans la chambre de sa fille.

Son mari se pose pleins de questions, qu'a-t-il fait pour en arriver là ?

Isa lui dit que ça évitera d'entendre ses ronflements .

Il croyait que c'était pour un soir, mais cela devient habituel. Cela fait longtemps qu'il n'a pu toucher Isa, la caresser, la sentir.

Pourquoi se refuse-t-elle à lui ? Le manque d'attention, de petit cadeau, de mots doux ?

Ces vendredis passés avec ses amis sans pouvoir leur expliquer le mal dont il souffre, trop fier pour en parler et peur des moqueries.

S'en sortiront-ils ? Arriveront-ils à se remettre ensemble ? Leur couple résistera-t-il ?

L'auteure aborde ce livre en se mettant à la place de l'homme, ce qui est original et j'adore quand un homme parle à la place d'une femme ou inversement la femme qui se met à la place de l'homme et là cela le fait bien.

Les pensées des hommes passent par beaucoup d'images, mais là l'auteure nous immisce dans leur univers, c'est-à-dire le regard porté autour de lui, les publicités qui donnent à voir des femmes toujours des femmes, les applis pour rencontrer quelqu'un, le sport pour être musclé.

L'auteure a également parsemé son récit de quelques titres de chansons. Le thème du livre aborde la cruauté de la fin du désir dans le couple. La tendresse des gestes peut rester et les mots revenir, le début d'une discussion.

J'ai aimé l'écriture fluide et incisive de l'auteure.

Ce livre traite de l'abstinence dans le couple, un sujet tabou et très original, qui ne laissera personne indifférent.

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En garde

J’ai lu tous les livres d’Amélie Cordonnier, mais, ce livre-ci, la touche de près.

Que se passe-t-il derrière la porte, que l’on ferme, le soir ? Que se cache-t-il ?

Une question que l’auteure se pose à chacun de ses romans et qui nous raconte une histoire différente à chaque fois.

Dans En garde, suite à un appel anonyme au 119, une enquête sociale est diligentée et là, c’est la famille de l’auteure qui en fait les frais.

La famille reçoit une convocation pour rencontrer les assistantes sociales. A partir, de ce moment, tout un processus est déclenché. L’Administration française n’est pas toujours simple

Cette famille heureuse se trouve prise dans un engrenage prêt à la broyer. Une famille prise au piège car il n’est guère aisé de prouver que l’on aime ses enfants.

Comment sortir de cet enfer ?

Au fur et à mesure du récit, la tension monte. On peut ressentir l’angoisse des parents, le stress qui monte, la colère qui gronde, tout un panel de sentiments surgissent.

Une histoire pareille laisse des traces.

On est pris dans ce récit et les pages se tournent toutes seules. Un livre que j’ai dévoré.

Une fois de plus, un sujet qui ne laissera pas indifférent et c’est ce que j’aime dans les livres d’Amélie Cordonnier.

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Un loup quelque part

****



Quand Alban vient agrandir la famille de la narratrice, elle ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Il n'était pas voulu mais son arrivée est finalement accueilli avec plaisir par Esther, sa grande soeur et Vincent, son papa. La vie de famille prend donc un autre rythme mais quand la narratrice aperçoit une tâche brune dans le coup de son fils, tout tourne au cauchemar...



Amélie Cordonnier a écrit un premier roman particulièrement réussi. Trancher avait emporter mon coup de coeur de lectrice en 2018. J'attendais donc Un loup quelque part avec envie et impatience.

Une fois encore, Amélie Cordonnier frappe fort ! Elle s'empare d'un sujet sensible et tabou et en fait un roman puissant et addictif.



Le fameux instinct maternel est mis à mal et on suit la narratrice dans une descente aux enfers vertigineuse. Comment aimer un enfant qui ne ressemble pas à celui rêvé ? Comment accepter l'image qu'il renvoit, le secret dévoilé sur ses origines et la filiation qu'il affiche ? Comment supporter les sentiments de rejet et de dégoût qui prennent tout l'espace ?

La narratrice a bien du mal à rester lucide et à gérer ces émotions, qui l'isolent de sa famille et la coupent de sa propre vie.



Amélie Cordonnier interroge avec justesse sur ce qui se cache derrière l'image d'une "bonne mère", sur ce qui se joue dans la maternité et ses propres racines et sur ces sentiments parfois contradictoires qui s'entrechoquent dans ces périodes riches en émotions.

Avec son écriture rythmée, cinglante, Amélie Cordonnier ne nous épargne rien. Mais on ne peut que la suivre sur le chemin tortueux mais heureusement lumineux qu'elle nous dessine...



Un grand merci aux 68 premières fois pour cette lecture percutante et touchante...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Trancher

Amélie Cordonnier signe ici un livre percutant, tout comme les insultes qu’un mari balance au visage de sa femme.



Aurélien, pourtant d'un excellent abord à l'extérieur est un tyran domestique entre quatre murs il humilie verbalement sa femme, la met plus bas que terre et l’assomme de mots orduriers y compris à l’occasion des scènes les plus intimes



La romancière aborde peu traitée dans la fiction de la thématique de la violence verbale au sein du couple et montre comment cette mère de famille tente de ne plus flancher devant la violence des mots de son conjoint.



Comment peut-on rester avec un homme capable de nous parler de cette façon, de nous traiter de cette façon? .



Ce récit écrit à la deuxième personne du singulier, un parti pris , qui empeche le lecteur de rester indifférent au drame qui se joue entre ces lignes tente de répondre à cette épineuse question du syndrome de Stokholm.



Amélie Cordonnier est une jeune auteur à saluer pour l'audace de son propos !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pas ce soir

Les gens qui ne baisent pas sont invisibles...



Amélie Cordonnier fait partie des auteurs que je suis et que je n'ai pas lâchée depuis son superbe et inégalé premier roman «Trancher».



Elle a l'habitude de fouiller au plus profond des âmes et se met pour la première fois dans la tête d'un homme.



Le roman s'ouvre sur une scène charnière, Isabelle décide de faire chambre à part. Elle n'en fait pas un drame et l'annonce calmement à son mari, comme quelque chose de naturelle.



Sauf que pour le mari, le calvaire commence et le décompte des jours sans sexe et sans tendresse est lancé.



C'est le récit d'une frustration qui prend de l'ampleur jusqu'à prendre toute la place. L'homme devient obsédé par le sexe et se rend bien compte que les corps érotisés sont partout. Porno, sextoy... il cherche un ersatz au contact charnel de la peau d'Isabelle, qui lui manque profondément.



Un roman délicat, comme toujours, qui pousse la réflexion jusqu'au bout. Une plume remarquable, faite de métaphores, de paroles de chansons, de jeux de mots et qui nous retranscrit parfaitement les pensées de cet homme en crise, obsédé et finalement très malheureux.



L'usure du couple est-elle inévitable ? Comment s'aimer sans la sexualité ? Peut-on vivre sans tendresse ?



Une belle lecture, malgré un scénario et une fin un peu faibles, que j'ai préférée à «Un loup quelque part», son précédent, mais qui m'a moins marquée que le glaçant «Trancher».















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Un loup quelque part

Amélie Cordonnier avait frappé les esprits avec son premier roman "Trancher", qui racontait la violence domestique dans toute sa perversion avec un homme qui abreuvait de saillies verbales son épouse qui n'en pouvait plus.



Avec son deuxième roman, "Un loup quelque part" , Amélie Cordonnier confirme ici qu'elle aime sonder cette violence domestique, dans toutes ses dimensions, puisqu'ici ce n'est plus la relation conjugale qui est au centre de cette violence mais la relation filiale.



Comme dans "Trancher", on est immergé dans la tête ( même si la romancière a abandonné le "tu" du premier roman, le dispositif est assez proche), d' une jeune femme qui n'est jamais nommée, et si, contrairement à "Trancher" cette jeune femme n'est pas la victime mais bien le bourreau., elle est également en grande souffrance et le lecteur assiste mi impuissant, mi révolté, mi irrité ( tiens, on compterait pas de travers à Baz'art?) à son douloureux flirt avec une folie qui ne dit pas son nom.



En effet, mère d'une grande fille de 8 ans, Esther, l'héroïne d'un loup quelque part s'aperçoit un jour que le bébé qu'elle vient d'avoir, Adam, développe à 5 mois des taches mystérieuses sur plusieurs parties de son corps.





S'apercevant vite de la raison de ses tâches (raisons qu'on ne développera afin de conserver intact une partie du mystère à ceux qui veulent le découvrir), elle va développer un vrai sentiment de rejet à l'égard de son enfant , commencçant à exercer une maltraitrance particulièrement perverse auprès de ce petit être qui sent bien, comme toute la famille du reste, que quelque chose coince chez cette maman de plus en plus à la dérive et qui se voit quelques points communs avec.la métamorphose de Gregor Samsa, le célèbre personnage de Kafka.



"N’en peut plus de devoir prendre sur elle pour le nourrir, l’habiller, le baigner. S’en veut de réprimer un mouvement de recul chaque fois que les doigts d’Alban agrippent son pull. Culpabilise de ne jamais le bercer. De ne pas savoir le consoler. A honte de ne pas aimer le regarder, le toucher. De ne pas l’air tout court. »



Brisant les tabous entourant lien maternel, et osant montrer qu'il peut exister des mères qui n'éprouvent pas un amour absolu pour la chair de sa chair, "Un loup quelque part "aborde un sujet passionnant qui fait imploser une violence sourde et psychogoliquement difficile à soutenir.



Le sujet aurait pu être casse gueule si Amélie Cordonnier ne possèdait pas cette plume si délicate et subtile, à base de phrases très courtes, tranchantes , obsédantes ( jouant beaucoup sur les homonymies de mots) qui décrit dans un style percutant et aiguisé comme une lame cette descente aux enfers d'une femme qui devra vaincre des démons intérieurs enfouis au fond d'elle pour essayer de trouver cet amour maternel qui se dérobe terriblement à elle.



Une lecture certes dérangeante mais passionnante qu'on ne peut que vous conseiller en numérique ou en papier dès que les librairies pourront ouvrir ..



Et comme on a eu très récemment la chance d'interviewer son auteure, on vous prévient qu'une longue interview d'Amélie Cordonnier est à venir prochainement pour mieux comprendre avec elles les tenants et aboutissants de son roman..


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un loup quelque part

J'aime les livres qui bousculent un peu les tabous, comme par exemple l'attachement d'une mère à son enfant qui ne va pas toujours de soi. C'est intéressant d'essayer de comprendre ce désarroi pour une mère de ne pas parvenir à aimer d'emblée. D'appréhender sa culpabilité de ne pas avoir la maternité innée. C'est ce sujet qu'aborde Un loup quelque part, mais pas seulement. Il vient mettre à jour que des secrets de famille peuvent être à l'origine de certains blocages. Toutefois quand ils paralysent l'amour au point de devenir maltraitante envers son enfant, un malaise se crée en nous. D'autant que pire qu'un rejet, l'enfant devient objet de répulsion, comparé à un cafard comme dans La métamorphose de Kafka... Et ce dégoût nait de l'apparence de Alban, son bébé, dont la peau devient noire... Ce qui rend peut être le propos encore plus dérangeant.



C'est donc une lecture pour ma part tout en paradoxe. Ce qui m'a tenue en haleine c'est naturellement d'avoir le fin mot de l'histoire : allait-elle se terminer par un drame, ou les nœuds tortueux et souffrants du rejet allaient-ils trouver une issue vers l'amour ?

Même si j'aurais aimé une psychologie davantage creusée, j'ai aimé ce livre malgré le malaise qu'il suscite.



L'écriture de l'auteure est fluide et agréable, si ce n'est, pour ma part, les moments où elle use et abuse de rimes dans ses phrases. Le but est certainement d'y apporter une rythmique, une mélodie mélancolique. Mais cet effet trop artificiel m'a personnellement dérangée.



Une "lecture coup de poing" (comme l'indiquait la pastille sur la jaquette) dont on ressort marqué(e).

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Pas ce soir

Pour l'avoir rencontrée dans un salon en 2018, je peux vous affirmer qu'Amélie Cordonnier est aussi douce que son visage d'ange le laisse présager. Mais maintenant que j'ai lu tous ses livres, je ne suis plus sûr que ce bref échange sympathique soit vraiment représentatif ! En effet, au vu du choix de ses thèmes, je pense que je n'ai pas vu toutes ses facettes !



Après avoir parlé de la violence verbale et morale, du trouble de la maternité, elle s'attaque à un nouveau tabou qui sévit dans les couples. Comme son nom l'indique, « Pas ce soir » s'intéresse à la chute du désir. Ce sujet a déjà été traité à de nombreuses reprises, mais l'originalité de ce livre repose sur l'angle choisi. Dans cette crise familiale, on suit uniquement le point de vue du mari.



Avec lui, on assiste à l'effondrement de la libido et à l'éloignement de sa femme. Ses questions, ses frustrations, ses colères et ses espoirs nous sont dévoilés au fil des mois. Aucun filtre, aucune pudeur, rien ne nous est épargné. L'autrice alterne d'ailleurs les passages presque poétiques avec les passages assez vulgaires, au diapason du cerveau de l'homme délaissé. Cette instabilité de la pensée représente parfaitement le comportement d'un individu qui passe par différentes phases psychologiques. le lecteur vit son mal être à ses côtés.



Amélie Cordonnier est l'écrivaine de l'intangible intimité. Elle passe derrière le rideau et nous met face à la réalité, sans redouter de choquer. Ses romans sont des claques qui nous ébranlent mais qui ont un effet salutaire sur la liberté de la parole. Elle ouvre des portes de discussion.



Pour ma part, en dépit de quelques réflexions caricaturales, j'ai pris un plaisir malsain à plonger dans les méandres de ce couple. Et j'ai hâte de découvrir quelle nouvelle barrière elle va me faire franchir la prochaine fois !
Lien : https://youtu.be/z6NIiSY8Ung
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Trancher

«La femme parfaite est une connasse»



Le premier roman d’Amélie Cordonnier va sonder la psychologie d’une femme qui subit jour après jour les agressions verbales de son mari. Après un premier répit, il reprend ses insultes. Faut-il dès lors Trancher?



« Alors ça sort, sans prévenir. Personne ne s’y attend. Ni toi ni les enfants qui se figent instantanément. Je suis chez moi, quand même, alors ferme ta gueule, une bonne fois pour toutes, connasse, si tu veux pas que je la réduise en miettes. Uppercut. Souffle coupé. Tu baisses la tête sous l’effet du coup. Quand tu la relèves, tu vois, sur la table, les miettes du petit déjeuner que tu n’as pas encore débarrassé. La porte claque aussi fort que sa menace. La honte cuit tes joues. Tu ne sais que dire, alors tu te tais. C’est un silence atterré qui vous accable tout à coup. Dans les yeux horrifiés de Romane, la surprise le dispute à l’effroi. Vadim ronge ses ongles, son frein aussi, tu le vois bien. » Un épisode parmi d’autres. Des dérapages qui s’accumulent. Mais pourquoi Aurélien se laisse-t-il aller? N’avait-il pas demandé pardon, ne s’était-il pas promis d’arrêter? Et pourquoi les vieux démons se réveillent-ils? Après le choc, la sidération vient la phase de honte, de culpabilisation. Qu’a-t-elle à se reprocher? Parce qu’après tout cela ne vient pas forcément de lui. Lui qui suivait des séances chez le psy…

Amélie Cordonnier déroule avec habileté le fil des sentiments et des émotions. Quand l’épouse comprend dans le regard de ses enfants combien elle est victime, quand elle doit faire bonne figure lors des repas de famille, mais surtout comment le poison s’installe insidieusement, transformant le quotidien en un enfer. La peur d’un nouveau dérapage s’ancrant littéralement dans les tripes. Au propre autant qu’au figuré. Un épisode, lors d’un déplacement en voiture, viendra du reste illustrer de manière spectaculaire ce mal insidieux.

Pour s’en sortir, elle va employer plusieurs stratégies. Par exemple minimiser «Allez, c’est bon, maintenant. Arrête de pleurnicher comme ça, ton père n’est pas mort au Bataclan !». Ou alors essayer l’évitement, la fuite. Ou encore essayer de le confronter au drame qu’elle et ses enfants affrontent en lui montrant des films plus ou moins explicites pour le faire réagir comme Une séparation, Le Client d’Asghar Farhadi, L’économie du couple de Joachim Lafosse ou encore Nahid d’Ida Panahandeh. Et, en désespoir de cause, utiliser la méthode Coué «à cause de Proust et de son fichu Temps retrouvé».

Mais les «tirades incendiaires d’Aurélien» reprennent vite le pas sur les promesses de rédemption, sur les jours de rémission, sur les tentatives – maladroites il est vrai – de regagner les faveurs d’une épouse de plus en plus malheureuse.

Et qui réussit à se persuader qu’elle n’est pas «la gourde, la bonne à rien, la fille incapable et médiocre qu’il décrit.»

Vient alors le temps de l’action. De prendre l’air, de se confier à son amie Marie, voire même de s’offrir une séance de sexe à l’impromptu.

Je ne dirai pas une ligne de l’épilogue de ce livre, sinon qu’il vous réserve encore une belle salve d’émotions. Refermant ce roman choc, je me dis que nous serons nombreux à nous précipiter sur son prochain opus.




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Trancher



Un weekend de septembre, à Cabourg, on peut en rêver, mais quand l’escapade tourne au cauchemar pour ce couple et ses deux enfants, on s’interroge. Que s’est-il donc passé ?

L’originalité de ce récit réside dans le choix de la narratrice de relater un pan de sa vie à la deuxième personne du singulier, façon de prendre de la distance et de se livrer à l’introspection. Cela peut surprendre d’autant que cela installe une proximité parfois troublante, dérangeante avec le lecteur.

Elle fait défiler le film de sa vie en flashback : la rencontre avec Aurélien, leur premier baiser, puis leurs promesses. Elle se remémore en dressant son portrait ce qui lui a plu dans ce garçon. Puis elle évoque leur vie commune, la naissance de Vadim.

Et ces vacances ratées qui l’ont plongée dans l’engrenage de la dépression. Puis le voyage en Croatie qui fut celui de trop. L’explosion verbale d’Aurélien, c’est la goutte qui fait déborder le vase : retour immédiat à Paris et séparation. Une nouvelle vie avec garde alternée. Un époux qui, ne voulant pas s’avouer vaincu, suit une thérapie et tente la reconquête. L’héroïne va succomber, reprendre la vie commune comme à zéro. Une entente, une harmonie inimaginables avant, les lient à présent. Aurélien a décidé que son épouse serait «  sa priorité », il la complimente, participe aux courses. Un vrai miracle pour cette femme auparavant si fortement éprouvée. Intense émotion réciproque quand une deuxième naissance est attendue.

Une parenthèse de bonheur à laquelle l’héroïne a du mal à croire. «  N’est-ce pas du chagrin qui se repose » ?

Dans la deuxième partie du récit, on revient à Cabourg et on plonge dans l’enfer auquel le couple et les enfants sont confrontés avec la même violence verbale qu’il y a sept ans. Comment y voir clair quand on est englué dans les mots pervers, violents, humiliants de l’autre ? Il y a Marie, la confidente, qui l’aide à se projeter à ses 40 ans.





Comme l’affirme Guy Corneau ; « Lorsque nous mettons des mots sur les maux les maux dits deviennent des mots dits et cessent d’être maudits ».

Cette nécessité de consigner dans son iPhone ce chapelet de phrases assassines, de mots qui entaillent tels des rasoirs, cette litanie déversée, sert d’exutoire à la narratrice. Comme le dit Amélie Nothomb : «  un mot contient de la nitroglycérine qui peut tuer ou sauver ». On devine facilement les dégâts collatéraux de ce genre d’ agression psychologique pour l’entourage.

Pour la victime, le compte à rebours est enclenché. La voici en proie aux atermoiements, taraudée par le dilemme : le quitter ou pas. Situation qui rappelle celle d’Aurore, héroïne de Serge Joncour dans Repose-toi sur moi  pour qui « c’est un choix démesuré de quitter la personne avec qui on vit, avec qui on est installé depuis des années, avec qui on a des enfants, c’est une décision impossible à prendre, parce qu’elle ouvre sur trop d’abîmes ...». Quelle résolution va-t-elle prendre pour ses 40 ans ? Sa recherche d’un logement préfigurerait-elle son départ ?

Et la narratrice de prolonger le suspense alors que la nouvelle année se profile.



Amélie Cordonnier met en scène, avec beaucoup de réalisme, un couple en crise, elle montre avec subtilité comment la violence s’immisce, « peut se mettre en sourdine, pour mieux resurgir ». Situation dramatique quand les enfants en font les frais. A l’ère du « me too », c’est l’occasion de dénoncer ce harcèlement verbal qui blesse, humilie et détruit. L’auteure pointe les ravages de l’alcoolisme dans ce couple.

Ce témoignage incite à réagir, à être vigilant, à demander du soutien dans un cas semblable ou à en apporter. Qui n’a n’a pas connu des familles aux abois ?

L’auteure signe un premier roman perturbant, à l’écriture nerveuse, pleine de rage, qui suscite l’empathie. Une belle plume à suivre.





N.B. : Le bandeau de la couverture représente un détail du tableau « La Visite »

de Félix Valloton, peintre aussi choisi pour le bandeau du roman de Serge Joncour : CHIEN-LOUP, Flammarion.
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En garde

Bienvenus en Absurdie !

Si chaque injustice fait l’objet d’un livre, les libraires ressembleront bientôt aux archives de Julien Courbet, et je ne crois pas que la littérature en sorte grandie.

Confirmation avec le livre d’Amélie Cordonnier qui n’a rien d’un chef d’œuvre. Mais son témoignage est fort, animé d’une rage légitime. Un livre utile, pour reprendre l’expression consacrée.

L’étalage de l’infortune personnelle n’a d’intérêt que s’il a une portée universelle. « En garde » (beau titre) revêt cette dimension : quand la machine administrative s’emballe et que l’État s’empare de notre intimité, on flirte avec « Brazil » ou « 1984 » … Alors le totalitarisme n’est plus loin (p144), et il faut alerter.

Cependant, quelque chose me dérange dans la démarche de la journaliste : est-ce un récit de vie (à charge) ou un roman ? La nuance a son importance. Si c’est une fiction, l’imagination débordante de l’auteure nuit parfois à la crédibilité de son histoire. Si c’est du vécu sans additif, l’appellation « roman » fait douter de la véracité et de la gravité du propos.

Les faits racontés : une famille bourgeoise parisienne (l’autrice étant la mère) est convoquée par les services sociaux après le dépôt d’une plainte anonyme (au 119). Les enfants seraient maltraités. S’en suit une situation ubuesque (pages 113, 137, 164, 180) qui, outre les entretiens humiliants, oblige la famille à héberger un inquisiteur agréé pour le moins invasif, au risque de la déstabiliser. Comble et paradoxe.

L’histoire est suffisamment hallucinante pour mériter une lecture mais elle tombe souvent dans un voyeurisme qui m’a mise mal à l’aise.

Bilan : 🌹

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Trancher

Un premier roman choc abordant le mal-être dans un couple et qui me fait songer au livre « Le malheur du bas » d’Inès Bayard… Ici, il n’est toutefois pas question de viol, mais de violence conjugale avec, principalement, des humiliations verbales… Rapidement, Amélie Cordonnier donne le ton avec sa plume incisive, brutale et pleine d’émotion. Elle utilise une narration à la seconde personne, comme si l’héroïne se parlait à elle-même ou telle une voix-off s’adressant directement à la jeune femme… voire au lecteur ! En effet, jamais l’auteure nommera cette mère de famille, ce qui donne la sensation au lecteur de pouvoir se mettre à sa place… C’est assez déstabilisant. Hélas, je dois reconnaître que ce ne fut pas une lecture pour moi. Le sujet, à la fois réaliste et difficile, a plutôt eu tendance à me mettre un coup au moral. C’est comme une bulle noire le temps d’une heure/une heure et demi de lecture. Une ellipse littéraire dont on ne ressort pas bien… Certes, on me dira que j’avais pleinement conscience de la thématique de « Trancher » grâce au résumé néanmoins, j’ai tout de même souhaité le lire, car il a été sélectionné et recommandé par une amie du club des lecteurs de ma médiathèque… Je me devrais donc d’essayer !



Le récit nous plonge au cœur de la tourmente avec une femme au quotidien chaotique. Il y a plusieurs années, elle a fait une dépression et a quitté son mari Aurélien suite à sa violence verbale et psychologique. En effet, celui-ci est incapable de se contrôler et se met régulièrement à la rabaisser. Bipolarité ? Perversion narcissique ? Syndrome de la Tourette ? Une chose est certaine : Aurélien ne se souvient pas lorsqu’il agresse oralement sa compagne, mais le mal est fait et marque à jamais… L’héroïne avait fini par laisser sa chance à son époux… Jusqu’à ce qu’il recommence ! Les scènes sont assez bien retranscrites et suscitent beaucoup d’émoi. On ne peut pas s’empêcher d’être en colère face à la situation, tandis que l’on espère qu’une décision radicale va être prise avant que le pire ne soit commis… D’autant qu’entre les injures et la violence physique, il n’y a malheureusement qu’un pas ! Cet ouvrage, c’est le combat psychologique d’une mère à bout qui ne sait plus quoi faire et dont le désespoir la ronge de l’intérieur. Pour préserver ses enfants qui assistent à chaque scène, elle use de créativité en leur proposant, par exemple, de mettre des petits pois dans leurs oreilles ou de rire ensemble. Avec courage, elle fait tout son possible pour garder la face… Mais son grand Vadim et sa petite Romane ne sont pas dupes…



Ce titre a pour qualité de provoquer plusieurs réactions chez le lecteur. Impossible de rester insensible et ce, que ce soit en mal ou en bien ! Cela prend à la gorge ! On se demande où est la place de l’imagination, s’il y a du vécu et pourquoi Amélie Cordonnier a choisi ce sujet en particulier. Pour ma part, j’ai été sensible à la situation… Mais j’ai aussi regretté le langage volontairement trop cru que l’auteure utilisait parfois. C’est par exemple le cas lorsque l’héroïne décide de coucher avec un inconnu, en pleine rue : « Sa queue en toi. Qui palpite. Ta robe bleue relevée sur ton cul. Tes seins durs, à l’air, échappés du soutien-gorge qu’il n’a pas dégrafé. L’urgence, le froid et l’inconfort qui stimulent le désir. La tête renversée vers lui, pour pouvoir l’embrasser. Le lécher, plutôt. La langue que tu passes sur tes lèvres lorsque c’est trop, que ça t’inonde. Ton cul offert. Vos corps emboîtés, agrippés, bite suintante, chatte trempée. » Je n’en ai pas vu l’intérêt, si ce n’est provoquer ou aller dans le trash. Il y a bien d’autres manières de décrire ce passage, ainsi que les autres ayant un rapport avec le sexe ! J’ai eu l’impression de voyeurisme, ce que je n’ai pas du tout apprécié ! Quant au dénouement, j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose… Chacun est libre d’imaginer ce qu’il désire, ce qui m’a assez frustrée. Ainsi, même si l’on parle d’un sujet que l’on oublie lorsque l’on mentionne la violence conjugale, je n’ai pas été satisfaite… Cela dit, la majorité des critiques sont positives ! Tout est une question de goût, mais ce ne sont pas les miens.
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Un loup quelque part

Amélie Cordonnier a un vrai talent pour parler avec justesse de la vie des femmes bousculées par la vie, de leur fragilité et de leur force.



Une fois de plus, nous voilà plongés dans la tête de cette femme, déjà mère, qui n'aspirait qu'à vivre une vie tranquille, sans difficultés majeures, en apparence.



C'est ainsi que lorsque après avoir accueilli Esther, huit ans plus tôt, elle comprend qu'elle est de nouveau enceinte, sans se réjouir. Vincent est tellement content lui, qu'elle n'a pas le coeur de mettre fin à sa grossesse.



Tout s'est si bien passé la première fois. Seulement voilà, quelques jours après sa naissance, ce bébé joufflu se met à l'inquiéter. Que se passe-t-il avec Alban, d'où vient cette tâche ?



"Qu'il soit un démon, qu'il soit noir ou blanc, Malheur à celui qui blesse un enfant"



Le loup est lâché dans la bergerie. Est-elle victime ou bourreau, les deux peut-être ? Difficile pour le lecteur de rester insensible à ce qu'elle vit. L'amour maternel est-il inné ou instruit par la famille qui nous a chéris ?



Amélie Cordonnier nous offre un roman descriptif avec peu de dialogues dans lequel perce l'angoisse, l'urgence, la folie contrôlée de cette mère qui découvre sa propre histoire avec cette naissance.



L'auteure, une fois de plus, bouscule les idées reçues, la société et ses certitudes, avec un roman percutant qui restera en mémoire.

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Pas ce soir

Ce livre est éclatant !

Après Agathe Ruga, il est mon second gros coup de coeur de ce mois !



A l'heure du féminisme, où l'on se polarise sur toutes les différentes souffrances et maltraitances de la femme, je reçois ce roman comme une très longue et tendre caresse pour l'homme que je suis.

Alors un énorme MERCI, Amélie !



Je ne connaissais pas cette excellente auteure.

Pourtant j'étais venu l'écouter au « Café littéraire », au dernier festival du livre Paris, en avril dernier.

Amélie avait parlé de son dernier roman et j'avais tout de suite su qu'il allait me plaire.

Mais j'étais loin de me douter que l'auteure avait écrit, avec un style assez cru, un roman aussi vivant, aussi puissant, une histoire d'homme très vraie et efficace. Et qu'elle avait de surcroit osé traiter de ce sujet tabou et grave, mais vieux comme le monde, avec de l'humour et de délicieux jeux de mots.

*



Car le choix du roman d'Amélie Cordonnier était clair, c'était celui de donner de la place à l'abstinence forcée d'un homme, en entrant dans la vie intime d'un mari.

D'un mari amoureux qui est détruit, décomposé dans son âme par une trop longue privation de tendresse, d'amour et surtout de sexe.



D'ailleurs l'auteure a été jusqu'à minimiser la souffrance qu'éprouve sa femme Isabelle, le second personnage de cette histoire.

Et je peux comprendre que ce roman ait pu gêner ou déplaire à certaines lectrices.



Pour moi, Amélie a dû être probablement un homme dans une de ses vies antérieures.

Et je suis admiratif, que l'auteure ait pu se mettre remarquablement dans la peau et surtout dans le cerveau d'un homme. Presque intrigué qu'elle ait pu décrire d'aussi vrais sentiments d'homme, avec ses fulgurantes sensations.

Avec ses terribles sentiments de frustration, de vexation, de refoulement, de honte.

Des sentiments qui le rendront égoïste, aveugle, et qui l'empêcheront souvent de chercher à comprendre la propre souffrance de son épouse ou de sa concubine, celle qui se refuse chaque soir, chaque semaine à lui.

Avec ses vraies douleurs et ses questionnements sur sa virilité méprisée.

Avec cette lourde culpabilité de trainer sa trop grande libido.

Avec ses fantasmes d'homme qui viennent ensuite le hanter, impitoyables. Et qui deviendront très vite des obsessions.

Avec ses films insensés qu'il se fait dans la tête et qui tournent en boucle et lui brouillent l'esprit.

Avec cette vision déformée d'un monde érotique qui l'entoure, où les hommes et les femmes ne sont que des animaux en rut et en chaleur, qui circulent, qui se croisent, qui se séduisent, qui se sentent, qui se reniflent, qui veuillent le coït, qui forniquent, qui cherchent une libération, une jouissance furtive, un plaisir sexuel, même des plus tristes lorsqu'il est virtuel.



Un homme frustré avec aussi ses envies lugubres parfois de violences verbales, de violences sexuelles, de violences conjugales, qui l'amèneront inexorablement à forcer et violer sa propre épouse.

*



Amélie Cordonnier a tout dit ou presque sur les relations très compliquées parfois conflictuelles du couple. Parce qu'il y a cette différence sur les aspirations, la perception et le sens de la vie de chacune et chacun. Parce qu'il y a toujours eu un énorme décalage entre les désirs sexuels de l'homme et ceux de la femme, surtout lorsque la demande chez le mari est démesurée malgré lui. Et quelque soit l'amour que l'un porte à l'autre

Parce qu'il y a cette différence physiologique, biologique et hormonal qui est parfois insupportable, parfois insurmontable et qui fracassera, désunira doucement les êtres.



La vie de couple n'a jamais été un long fleuve tranquille. C'est un tourbillon d'envies, de séductions, d'émoustillements, de désirs inavoués et inavouables, de petits compromis tacites, de résolutions, de promesses, mais aussi de frustrations, d'absences, de désillusions, d'abstinences.

Tout peut aller très vite lorsque bercé par le ronron du quotidien et englué dans les petits problèmes personnels, ce couple oublie d'entretenir la tendresse et le désir mutuel, ce feu qui unit les corps, la nuit et qui les rend vivants.

*



C'est alors qu'apparaissent insidieusement les mots.

Des mots qui dans la bouche d'une épouse peuvent, sans qu'elle en ait conscience, avoir une puissance dévastatrice sur son époux.

Des mots tranchants, des mots violents, des mots castrateurs, des mots qui vous mutilent l'âme.

Des mots, des phrases toutes faites qui émasculent le mari, l'homme, le mâle.

Des mots qui le rejettent et l'enferment dans sa solitude, son mutisme, sa consternation.

Des mots qui lui font ravaler son amour-propre, sa salive.

Des mots qui maltraitent son orgueil et son être tout entier.

Des mots qui lui font douter qu'il est vraiment un homme.

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Un loup quelque part

J'ai été tentée par ce livre parce qu'il était présenté par Babelio dans les nouveautés poche à lire. Comme d'habitude, j'ai lu les deux premières lignes du résumé éditeur, et je me suis dit que j'allais lire un roman qui lève un peu le tabou de l'amour maternel. Comme d'autres l'ont fait dans des essais, Elisabeth Badinter avec « L'amour en plus » en 1980, et Philippe Ariès, historien et sociologue, avec « L'enfant et la famille sous l'Ancien Régime », des livres qui étaient dans la bibliothèque de l'école d'éducateurs de Jeunes Enfants où j'ai fait mes études. Livres que j'ai dévorés. Inutile de dire que ces sujets touchant à l'enfant, et les rapports mère-enfant m'ont toujours passionnée, la psycho-socio étant l'un de mes intérêts majeurs.



Ici, dans ce livre, écrit dans un style très entraînant, les mots et associations d'idées rendent le roman vraiment très agréable à lire.



Cette jeune maman, la narratrice, passe la visite du 5e mois chez le pédiatre pour son bébé, Alban. Et lors de la visite le pédiatre remarque des taches brunes dans le cou de l'enfant. Puis dans son dos. L'explication du pédiatre est toute simple : l'enfant est métis. La jeune mère manque s'étouffer, et comme si ce n'était pas assez, il rajoute qu'elle devrait rechercher dans sa famille s'il y a des noirs, parce que parfois « ça » saute une génération. le pédiatre dit qu'à moins qu'elle ait trompé Vincent, son mari, qu'il connait pour avoir suivi ses neveux et nièces, et leur ainée Esther également, l'explication la plus probable est qu'elle soit elle-même métisse. Cette révélation est une bombe pour elle. C'est tout simplement impossible. Pas de noirs dans sa famille. le pédiatre lui a dit que les enfants métis sont blancs a la naissance, et foncent ensuite.



Rentrée chez elle, elle ne dit rien mais sa fille Esther, bientôt huit ans, comprend qu'il y a un loup quelque part. Sa mère prétend que tout va bien, et pourtant tout est bouleversé. Elle est devenue quasi muette, décide qu'Esther ne prendra plus son bain avec son petit frère qu'elle adore. Au fil des jours la peau d'Alban fonce. La mère va acheter un nuancier Leroy Merlin sur les conseils d'un forum internet de mères d'enfants métis. Il peut foncer très vite.



Elle est dégoûtée par cet enfant, regarde cette transformation comme La Métamorphose de Kafka, compare Alban à un cafard, essaie de ne pas trop le toucher. Après avoir parlé de ce que le pédiatre a découvert avec son mari, rien n'a changé pour lui, mais tout a changé pour elle. Elle ne veut pas le regarder, sauf pour étudier sa peau au nuancier. Laisse Alban des heures sans manger. Sans le changer. Il la dégoûte. Elle ne veut pas d'un enfant noir. Ni d'un ado ébène. Quant à elle, ça veut dire qu'elle est noire ? Elle ne serait pas elle-même alors ? Elle reste enfermée chez elle, ne sort que pour aller chercher Esther à l'école, et pour que personne ne voie cet enfant trop foncé, elle lui met des moufles par tous les temps, lui a tricoté une cagoule qui cache son visage, et va même jusqu'à lui mettre du fond de teint éclaircissant. Et après ce long moment de repli et de rejet, elle prend les deux enfants et part dans le Sud, chez son père, pour lui demander des explications.

Bon. L'ensemble du livre, malgré le style enlevé, est on ne peut plus dérangeant. le fait qu'elle se réfère constamment au cafard de Kafka en parlant de son fils. Dérangeant dans ses incohérences : au début l'enfant a cinq mois, et rentrée de chez le pédiatre, l'enfant est né il y a quelques semaines, trois au grand maximum. Et là, la narratrice professe qu'elle n'a jamais aimé ce bébé. Jamais. Moi je suis interloquée, si c'était la visite des cinq mois, elle l'a donc détesté dès qu'elle a compris qu'il devenait noir. Et donc aimé avant. C'est plein de contradictions. La fin également, est peu convaincante. Elle ne fait aucune recherche sur ses vraies racines, et moi ça m'interpelle. Comme dans « Trancher » en 2018, les incohérences et les invraisemblances sont nombreuses. Et elles diminuent énormément l'intérêt du livre, qui serait plutôt un thriller, dont la fin nous laisserait sur notre faim.



Alors pour moi, mon avis est donc très mitigé, une fois le livre refermé. Bon sujet, bon style, mais incohérences et invraisemblances, explications de fin loupées.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Trancher

Quand on est jeune, on se dit que si notre petit ami nous insulte, on le quitte tout de suite. On a, souvent, l’intolérance de la jeunesse qui ne comprend pas ceux qui restent.





Mais, lorsque l’on est mariée depuis plusieurs années et qu’on est maman, quand les injures commencent, il est plus difficile de trancher. Et si, cela recommence après sept ans d’accalmie, est-ce le détonateur pour partir ou pense-t-on qu’il est trop tard ? Les enfants deviennent la raison de rester, mais aussi celle de partir. Lorsqu’on lit dans leurs yeux ce que l’on subit, il faut trancher. Pour soi, pour eux.





La narratrice a toujours fait des listes. Celle qu’elle tient, dans ce livre, est particulière : une liste d’insultes. Pour prendre conscience de la situation, pour avoir l’électrochoc, car quand c’est trop gros, on élude, on n’en parle pas. La longueur de la liste montre l’accumulation de ce qu’elle subit.





Elle parle à la deuxième personne du singulier. C’est une façon de prendre de la distance avec ce qu’elle vit, pour ne pas dire « je », c’est trop difficile de se dire que c’est elle qui vit cette situation. Ce tutoiement permet aussi d’impliquer le lecteur pour qu’il ressente les faits de l’intérieur.





La violence n’est pas physique, elle est verbale et psychologique, aussi plus insidieuse. Un coup, cela peut laisser une marque, les mots ne laissent que des cicatrices invisibles. Difficile de réaliser ce qu’il se passe, sans traces, surtout qu’Aurélien n’est pas toujours offensant. La liste permet de trancher en pesant le pour et le contre.





Ce livre raconte le cheminement de la narratrice pour trancher. Elle confie les outrages, qui sont parfois durs à lire, ses doutes, ses hésitations et ses décisions. C’est un roman qui remue, le lecteur est pris à partie par ce tutoiement, il ne reste pas indifférent et se pose les mêmes questions que cette femme. Il est tellement impliqué que, je pense, qu’il respectera son choix quel qu’il soit.





Trancher est un roman percutant sur un fait de société.





Je remercie sincèrement Emma de Livres à lire qui avait organisé un concours sur Instagram et Amélie Cordonnier et les éditions Flammarion pour l’envoi de ce livre dédicacé.




Lien : http://www.valmyvoyoulit.com
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