Citations de Ann Granger (353)
Bien que la maison ne fût pas celle du défunt, on avait respecté les conventions. Les rideaux étaient tirés, les miroirs couverts. Même le piano était drapé d'un tissu noir.
Les fantômes viennent de l'intérieur de nous-mêmes, pas de l'extérieur.
Ce qu'il y a, avec les secrets, ce n'est pas uniquement qu'on n'en parle à personne. C'est qu'il n'existe aucun moyen de savoir si on est le seul à les connaître. D'autres ont très bien pu y accéder par des voies différentes. Dans ce cas, ce ne sont plus du tout des secrets, et c'est bien là l'ironie. Ils deviennent des choses que tout le monde sait, mais que nul ne mentionne. Sans en avoir conscience, chacun se retrouve au cœur d'une conspiration qui consiste à masquer une vérité dérangeante.
Me Thorpe senior, le grand-père était un vieillard à l'air farouche, qui brandissait un cornet acoustique et couvert des pieds à la tête de châles écossais. Je prévoyais quelques difficultés de communication.
Une fois que l'on nous eut servi une tasse de thé, Colby me posa la question que tout anglais adresse au visiteur qui vient d'arriver :
- " Quel temps faisait-il à Londres quand vous êtes parti ?
- Abominable, répondis-je..."
Je lui ai expliqué que l'épuisement pouvait avoir plusieurs origines, parmi lesquelles la faim et la peur.
Plus difficile à prouver mais tout aussi réel, la perte de tout espoir.
Je crois que cet enfant est mort parce qu'il n'avait plus aucune raison de vivre.
Toutefois c'est mon opinion personnelle et non pas un avis médical.
Devant le coroner, je parlerai de mauvaise alimentation et de faiblesse générale.
Quitte à ne rien accomplir d'autre sur cette terre, j'espère contribuer à faire avancer le jour où les gens renonceront à leur attitude superstitieuse envers les maladies de l'esprit, attitude qui subsiste même chez les plus éduqués. Sans oublier cette opinion absurde selon laquelle une telle maladie ne serait guère respectable, on ne sait pourquoi. Les gens continuent à cacher leurs proches affligés d'une maladie mentale, ou bien se voilent la face
Son histoire était triste, mais beaucoup d'histoires de meurtres le sont. Ce qui ne les rend pas moins abjectes pour autant.
L'inspecteur Ross, d'après ce que m'a confié Miss Martin, est un parfait gentleman.
J'ai vu beaucoup de choses terribles inspirées non pas par la haine, mais par une forme dévoyée d'amour. Il m'arrive parfois de penser que l'amour est un moteur des plus puissants mais aussi des plus dangereux.
— Tout cela me paraît louche. Ne me dites pas que je suis policier et que je suis enclin au soupçon. Enfin, oui, si vous voulez, je suis policier et je suis enclin au soupçon mais ce n’est pas sans fondement. Il y a quelque chose de pas très net dans cette affaire, Lizzie, je vous prie de me croire !
Telle une vieille dame desserrant son corset, la locomotive émit un long soupir puis elle enveloppa tout et tout le monde dans un linceul de vapeur et de fumée. La nuée tourbillonna autour du quai et monta jusqu'au plafond de la gare où elle resta piégée. L'odeur du souffre me ramena à mon enfance, dans la cuisine de Mary Newling, un matin où j'étais chargée d'écaler les oeufs durs.
Les enfants non désirés ne naissaient pas tous dans les familles pauvres. Chez les riches aussi, un enfant pouvait devenir un désagrément, parfois à cause d’un remariage, ou bien parce qu’il s’agissait d’une fille alors qu’on voulait un garçon, qu’il était laid et emporté au lieu d’être beau et charmant.
Côtoyant les gredins et les canailles qui traînent toujours aux abords des ports, allaient et venaient des citoyens beaucoup plus honorables : des travailleurs de retour chez eux, des femmes pressées à la recherche d'un ingrédient pour leur dîner ou des enfants chargés de rapporter pour deux pences de thé. Les pauvres n'achètent pas leur thé en paquet, mais par petites pincées, servies dans une feuille de papier repliée, qui correspondent à la quantité nécessaire pour une infusion.
Il a peut-être réussi à faire bonne figure jusqu’à présent, à cacher sa peur, mais l’instant se rapproche. L’évidence a aiguisé ses facultés. Il est prêt à tout pour retarder l’échéance fatale. Pour gagner quelques heures, quelques jours… Cela peut sembler dérisoire mais, pour quelqu’un dans sa situation, ça ne l’est pas.
A toute heure du jour et de la nuit, avec un manque criant de considération pour l’officier de police et sa vie privée, des cambrioleurs soulageaient les citoyens de leurs objets de valeur, des aigrefins mettaient en oeuvre leurs intrigues ingénieuses, tandis que le meurtre, le plus impitoyable des prédateurs, rôdait dans les ruelles des faubourgs et se glissait, invisible, dans les demeures des nantis.
- Vous êtes un partisan de la paix, docteur ! m'exclamai-je, surpris par la passion de son discours.
Il haussa les épaules de façon éloquente.
- Mes convictions ne sont pas à la mode et j'avoue que j'hésiterais à les clamer haut et fort. Dans bien des lieux, on me taxerait d'antipatriotisme. Je suis patriote, cependant, mais je suis aussi médecin. Je cherche à préserver la vie, pas à la détruire.
Un homme sait, quand il s’engage au service de la reine, ce qu’il fait, ou du moins il devrait le savoir. Le cheval n’a pas le choix.
Il est vrai qu’à dix-sept ans un anniversaire est encore un événement que l’on attend avec optimisme.
On dit qu’un officier de police a un sixième sens pour flairer les ennuis. Personnellement, je n’aime guère faire confiance à mon intuition, je préfère m’appuyer sur des éléments concrets que je pourrai produire devant un tribunal et transformer en preuves pour épingler un criminel.